3. Pistes de réflexion
a) Les difficultés du dépistage
• Des résultats inégaux du dépistage
Le dépistage est aujourd'hui réalisé pour l'essentiel à 80 % par les médecins de la protection maternelle et infantile, les 20 % restants étant partagés entre la médecine scolaire et les hôpitaux. Les médecins généralistes sont encore aujourd'hui très peu sensibilisés au risque saturnique.
Le dépistage en Ile-de-France est très variable selon les départements. Paris et la Seine-Saint-Denis assurent 85 % de dépistages totaux. Les Yvelines travaillent à la mise en place d'un dépistage systématique (non ciblé) lors de l'examen des deux ans. Les autres départements paraissent relativement en retard (30 dépistages en Essonne, 10 dépistages en Seine-et-Marne en 7 ans...).
Il existe de grandes divergences dans les pratiques et dans l'attention portée au risque de saturnisme entre les départements. Le Ministère chargé des affaires sociales pourrait utilement rappeler, par circulaire, les enjeux et les moyens d'y faire face.
Sur 12.000 enfants étudiés entre 1992 et 1999, 6.700, soit 58 % ont été perdus de vue c'est-à-dire n'ont pas eu de second plombémie. Les enfants diagnostiqués dans les classes à risques sont cependant bien suivis : 97,5 % des enfants avec une plombémie initiale supérieure à 250 ug/l ont été suivis. Ce qui signifie aussi que 6 enfants ont été « perdus de vue » et ont été probablement affectés de façon durable par l'exposition au plomb.
• Les limites de la loi
Malgré ses avancées incontestables, la loi reste imparfaite sur de nombreux points. En premier lieu, la loi impose des mesures d'urgence palliatives, voire transitoires, mais ne règle pas le problème du plomb. Il suffit par exemple de recouvrir les peintures, il n'est pas obligatoire de les enlever. On s'éloigne du risque plomb par une petite barrière de peinture. Le contrôle portera sur l'absence de plomb dans les poussières, mais combien de temps le « remède » tiendra-t-il ?
En second lieu, la loi prévoit des travaux uniquement dans les zones dégradées. Il s'agit donc d'une protection immédiate, mais pas d'un dispositif de sécurité pérenne. Certaines zones peuvent être protégées aujourd'hui et être dégradées demain. La loi permet de mieux réagir mais pas d'anticiper. L'absence de « diagnostic plomb », prévu avant la vente n'est pas sanctionné et n'est pas un obstacle à celle-ci.
La définition de zones à risques laisse inévitablement des trous. Il peut y avoir des logements à risques dans des immeubles apparemment sains et entretenus. Par ailleurs, comment classer les pavillons isolés en zone rurale ?
• Toute réponse appelle une connaissance très fine de la situation et des risques réels d'exposition. Comme on l'a vu, il n'y a pas de superposition entre présence de plomb et accessibilité de plomb. Enfin, les risques majeurs concernent les logements occupés par les très jeunes enfants. Cette dernière correction n'est presque jamais faite.
Les limites et insuffisances évoquées ci-dessus permettent d'envisager quelques orientations, avec d'une part, un renforcement des actions d'informations et, d'autre part, une réelle action de prévention sur des cibles précises.