B. UNE REPRISE ÉCONOMIQUE FORTEMENT HANDICAPÉE PAR LE MAINTIEN DE L'EMBARGO
Après la disparition de l'ancien bloc socialiste avec lequel Cuba réalisait près de 80 % de ses échanges, le PIB avait chuté de 35 % entre 1989 et 1993, provoquant d'importantes réformes économiques et l'ouverture aux entreprises et capitaux étrangers.
Cette politique a porté ses fruits, puisque Cuba a retrouvé le chemin de la croissance économique, sans toutefois assurer l'équilibre de ses comptes extérieurs.
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
Taux de croissance en % du PIB |
+ 0,7 |
2, 5 |
7,8 |
2,5 |
1,2 |
6,2 |
Solde de la balance commerciale en milliards de dollars |
- 0,8 |
- 1,1 |
- 1,6 |
- 2,3 |
- 2,8 |
- 2,9 |
Le principal moteur de l'économie cubaine est aujourd'hui le tourisme qui représente 53 % des recettes en devises et 21 % du PIB et tire d'autres secteurs économiques comme le bâtiment. 1,6 million de touristes ont visité Cuba en 1999 dont environ 10 % de cubano-américains.
Deux autres secteurs économiques représentent chacun environ un tiers de la richesse nationale : le sucre avec 4 millions de tonnes produites, soit la moitié de la production d'avant 1990, et le nickel dont Cuba est le 3 e exportateur mondial avec 70 000 tonnes.
Par ailleurs, les productions de pétrole (+ 25 %, 3,5 millions de tonnes prévues) et de gaz (x 2,6) ont fortement progressé en raison de la découverte de nouveaux gisements et de leur mise en valeur grâce à des investissements étrangers.
Cependant cette politique de modernisation de l'économie reste fortement handicapée par une importante dette extérieure (11,3 milliards de dollars, 51 % du PIB) qui n'est plus remboursée depuis 1986 en raison, notamment, de l'ostracisme de la communauté financière internationale, et américaine en particulier. Cette situation contraint Cuba à se financer sur les marchés à court terme à des taux très élevés. Les discussions entamées au sein du Club de Paris pourraient néanmoins aboutir à un compromis courant 2001.
La reprise économique est également fragilisée par la persistance de l'embargo américain contre Cuba décidé au début des années 1960 et renforcé récemment par les lois Toricelli (1992) et Helms-Burton (1996). Depuis 1998 cependant, la tendance semble plutôt être à l'assouplissement. En mars 1998, après la visite du Pape Jean-Paul II à Cuba, le Président Clinton avait autorisé la reprise des vols directs entre Cuba et les Etats-Unis, la possibilité pour les exilés résidant aux Etats-Unis d'envoyer de l'argent à leur famille, l'allégement des procédures d'octroi de licences d'exportation de médicaments et l'autorisation du survol de leur territoire par des avions civils cubains. En janvier 1999, l'exportation de produits alimentaires, l'instauration d'un service postal direct, l'extension des vols charters et l'extension à tous les résidents américains de la possibilité d'envoyer des dollars à Cuba, ont été décidées. Enfin, en octobre 2000, le Congrès a voté une loi prévoyant la levée de l'embargo existant sur les ventes américaines de produits agricoles de base (farine, blé, riz) ainsi que des médicaments et appareils médicaux. Cette loi qui a pour but d'empêcher Cuba de rendre les Etats-Unis responsables des difficultés sanitaires ou alimentaires de la population de l'île, n'aura que des effets limités en raison des restrictions imposées au commerce. Les exportations de produits agricoles ne peuvent en effet bénéficier de crédits ou de financements américains. L'importation de toute marchandise cubaine est interdite. Les exportations autorisées vers Cuba sont soumises à un système de licence contrôlé par le Département du commerce. L'interdiction du tourisme américain est renforcée et la loi Toricelli demeure en vigueur.