B. DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT TOUJOURS INSUFFISANTS
Les moyens de fonctionnement de l'armée de terre ont connu depuis 1997 une très forte dégradation que le budget 2000 permettra de stopper sans pour autant remédier aux plus graves insuffisances.
1. La dégradation des moyens de fonctionnement de l'armée de terre
Comme pour l'ensemble des armées, la réduction du format de l'armée de terre au cours de la période de programmation devait s'accompagner d'une diminution du volume global des moyens de fonctionnement. Cette dernière a toutefois été beaucoup plus forte que prévue, subissant le contrecoup du surcoût des rémunérations et charges sociales au sein d'un titre III supposé constant.
Evolution des moyens de fonctionnement de l'armée de terre
(en millions de francs courants)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
% 96/99 |
Fonctionnement des forces |
2 775,5 |
2 682,8 |
2 567,5 |
2 377,6 |
- 14,3 |
Services de soutien (1) |
2 620,8 |
2 650,8 |
2 529,4 |
2 278,1 |
- 13,1 |
Alimentation |
1 711,9 |
1 550,9 |
1 415,5 |
1 245,5 |
- 27,2 |
Entretien programmé des matériels |
228,6 |
228,6 |
218,6 |
148,6 (2) |
- 35,0 |
Musée de l'armée |
3,8 |
4,8 |
4,8 |
4,8 |
+ 26,4 |
Total |
7 340,6 |
7 117,9 |
6 735,8 |
6 054,6 |
- 17,5 |
(1)
Hors direction du service national
(2) Transfert de 70 millions de francs du titre III au titre V
Telle que retracée dans le tableau ci-dessus, la diminution des moyens
de fonctionnement de l'armée de terre a été pratiquement
équivalente en trois ans à ce qu'elle aurait dû être
sur toute la durée de la programmation.
Cette dégradation s'est traduite par une
baisse
régulière du taux d'activité des forces :
80
jours en 1996, 78 jours en 1997, 75 jours en 1998 et
70 jours seulement en
1999,
le niveau d'entraînement considéré comme
nécessaire est, rappelons-le, de 100 jours par an.
L'année 1999
a incontestablement marqué une accentuation
dans cette évolution négative, avec une
contrainte
exceptionnellement forte
sur le fonctionnement des services de soutien et
sur leurs
prestations au profit des forces.
Cette situation a été analysée de manière
détaillée en début d'année au cours de la
" revue du titre III " opérée par le ministère
de la défense.
2. Un effort trop limité pour remédier aux insuffisances
Le projet de budget pour 2000 marque un arrêt de la dégradation des moyens de fonctionnement de l'armée de terre, ceux-ci ayant été légèrement relevés par rapport à la stricte application de la réduction du format.
Evolution des moyens de fonctionnement de l'armée de terre en 2000
(en millions de francs courants)
|
1999 |
2000 |
% |
Fonctionnement des forces |
2 377,6 |
2 364,0 |
- 0,6 |
Services de soutien |
2 278,1 |
2 220,8 |
- 2,5 |
Alimentation |
1 245,5 |
1 120,6 |
- 10,0 |
Entretien programmé des matériels |
148,6 |
149,7 |
+ 0,8 |
Musée de l'armée |
4,8 |
9,3 |
+ 93,6 |
Total |
6 054,6 |
5 864,4 |
- 3,1 |
En 2000, les moyens de fonctionnement de l'armée de terre diminueront de 190 millions de francs (- 3,1 %), alors que le seul effet programmé de la réduction du format représente une économie supérieure à 380 millions de francs.
a) Le fonctionnement courant
S'agissant des dépenses de fonctionnement au sens strict
(fonctionnement des forces et services de soutien), elles passeront de
4 655,6 à
4 584,8 millions de francs (-
1,5 %)
.
Cette réduction de 70,8 millions de francs résulte de
plusieurs mouvements :
- une
économie de 241 millions de francs représentant l'effet
programmé de la réduction de format,
- diverses mesures nouvelles
, pour un total d'environ
170 millions
de francs
, de réévaluation des dotations.
Ces mesures nouvelles se décomposent comme suit :
- une
actualisation des produits pétroliers
pour 17 millions
de francs,
- un crédit de 32 millions de francs au titre de la
sous-traitance
, gagé par des suppressions d'emplois
d'appelés et de personnels civils,
- une augmentation des
mesures d'accompagnement de la professionnalisation
pour 75 millions de francs englobant des crédits pour des
opérations de communication liées aux recrutements (33 millions
de francs et des crédits pour les locations immobilières (17
millions de francs) et les frais de déplacement des personnels civils
(25 millions de francs) dans le cadre de la mobilité des personnels,
- une légère augmentation des moyens alloués aux
réserves
(+ l,3 millions de francs),
- et enfin, un
crédit supplémentaire de 52 millions de francs
pour
remédier partiellement aux insuffisances
constatées lors de la " revue du titre III ", et se
décomposant en 20 millions de francs pour l'entraînement des
blindés à l'étranger et 3 jours d'activité
supplémentaires par rapport à 1999.
Ces différentes mesures
, pour positives qu'elles soient,
demeurent néanmoins insuffisantes
.
L'actualisation des produits pétroliers est calculée sur des
hypothèses optimistes (dollar à 6 francs et baril à
14,6 dollars) eu égard aux cours actuels, ce qui pourrait se
traduire l'an prochain par des tensions sur le chapitre concerné.
Par ailleurs, le budget souffre d'un
manque de près de
130 millions de francs
par rapport aux remises à niveau que le
ministère de la défense avait lui-même jugé
nécessaires à l'issue de la " revue du titre III ".
Ce déficit porte pour un tiers sur les
locations
immobilières
et les
frais de transport
et pour les deux-tiers
restants sur l'
activité des forces
.
En effet, après avoir enregistré un niveau historiquement bas
d'activité des forces en 1999 (70 jours), le ministère de la
défense s'était fixé comme objectif de remonter à
80 jours en 2000, afin d'atteindre en 2002 les 100 jours d'activité
annuels considérés comme indispensables à
l'entraînement des unités.
Les arbitrages budgétaires ne permettent de gagner que 3 jours
d'activité supplémentaires, progrès manifestement
très insuffisant au regard de l'écart de 30 % entre
l'entraînement effectif des forces et le niveau requis.
b) Les crédits d'alimentation
Etablis
à
1 120 millions de francs pour 2000
, les crédits
d'alimentation diminueront de 10 % par rapport à 1999.
D'autre part, la
prime globale d'alimentation
, qui demeurait
fixée à 24,40 francs depuis 1996, sera portée
à 24,55 francs en 2000 (de 22,80 francs à 22,94 francs pour
les forces françaises stationnées en Allemagne), soit une
actualisation de 0,6 %.
Cette dotation demeure cependant
inférieure d'environ
30 millions de francs au niveau nécessaire
.
Votre rapporteur a déjà souligné à plusieurs
reprises la nécessité d'aligner l'armée de terre sur les
autres armées en ce qui concerne la prise en charge du repas de service
de midi, cette distorsion paraissant encore moins acceptable dans le cadre de
la professionnalisation.
c) Les crédits d'entretien programmé des matériels
Seule
une part résiduelle (7 %) des crédits d'entretien
programmé des matériels figure désormais au titre III. Il
s'agit du financement des opérations de maintenance et de
réparation des matériels terrestres et des équipements de
transmissions d'infrastructure que la direction centrale du matériel et
la direction centrale des télécommunications et de l'informatique
" sous-traitent " dans le secteur industriel. L'ensemble des
opérations concernant les matériels aériens ainsi que
l'acquisition des rechanges nécessaires pour le soutien des
matériels terrestres et des équipements de transmission
d'infrastructure figurent au titre V.
En 2000, les
crédits inscrits au titre III
pour l'entretien
programmé par la direction centrale des télécommunications
demeureront inchangés (25,7 millions de francs), alors que ceux
relatifs à l'entretien programmé par la direction centrale du
matériel progresseront de 0,9 % (124,1 millions de francs).