Projet de loi de finances pour 2000, TOME III - AIDE AU DEVELOPPEMENT
BRISEPIERRE (Paulette)
AVIS 92-TOME III (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
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-
INTRODUCTION
-
I. LE CONTEXTE GÉNÉRAL : UNE AIDE
NÉCESSAIRE ET POURTANT MENACÉE
- A. LA REMARQUABLE RÉSISTANCE DES PAYS DE LA ZONE FRANC À UNE CONJONCTURE ÉCONOMIQUE TRÈS DIFFICILE POUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
- B. LA RÉCURRENCE DES FACTEURS DE FRAGILITÉ
- C. LES RISQUES D'UN DÉSENGAGEMENT
- II. LA RÉDUCTION DES CRÉDITS DESTINÉS A L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT : UNE REMISE EN CAUSE DES PRIORITÉS DIPLOMATIQUES DE LA FRANCE
-
I. LE CONTEXTE GÉNÉRAL : UNE AIDE
NÉCESSAIRE ET POURTANT MENACÉE
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 92
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME III
AIDE AU DÉVELOPPEMENT
Par Mme Paulette BRISEPIERRE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
2
)
(1999-2000).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Il n'est pas excessif de le souligner, la stabilisation du budget du
ministère des Affaires étrangères, après plusieurs
années de baisse, a été obtenue au prix d'une
nouvelle
compression
des crédits destinés à l'aide au
développement.
La fusion des administrations des Affaires étrangères et de la
Coopération dans le cadre de la réforme décidée en
1998 a ainsi joué en faveur du Quai d'Orsay et au détriment de la
rue Monsieur.
Cette évolution n'est pas indifférente au regard des
priorités diplomatiques de la France : elle annonce en effet une
banalisation de la place de l'Afrique dans notre politique
étrangère.
Une telle orientation est-elle conforme aux intérêts de la
France ? Votre rapporteur ne le croit pas, comme il tentera de le montrer
dans les pages qui suivent.
*
Le présent rapport évoquera d'abord le contexte général dans lequel s'inscrit l'action de la France. Il dressera ensuite un premier bilan de la réforme de la coopération et montrera enfin que les moyens financiers prévus par le budget 2000 sont loin des ambitions affichées.
*
* *
I. LE CONTEXTE GÉNÉRAL : UNE AIDE NÉCESSAIRE ET POURTANT MENACÉE
A. LA REMARQUABLE RÉSISTANCE DES PAYS DE LA ZONE FRANC À UNE CONJONCTURE ÉCONOMIQUE TRÈS DIFFICILE POUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
L'évolution de la conjoncture économique internationale au cours des derniers mois confirme la confiance que votre rapporteur avait placée dans les perspectives de croissance des pays africains de la zone franc. En effet, d'après les estimations du FMI, la zone franc a enregistré une croissance de 5,5 % en 1998. Cette performance apparaît d'autant plus remarquable qu'elle s'inscrit dans un contexte très défavorable pour l'ensemble des pays en développement.
1. Les pays en développement, principales victimes du ralentissement de la croissance économique
D'après la Banque mondiale, les pays en
développement
ont connu, en 1998, le plus faible taux de croissance depuis la crise de la
dette des années 80. Le taux de croissance par habitant devrait
progresser seulement de 1,5 % en 1999 contre 1,8 % en 1998 (3,2 % en
1997). Quelque 36 pays -parmi lesquels le Brésil, l'Indonésie et
la Russie- représentant 42 % du PIB mondial et plus du quart de la
population de la planète subiront une baisse du revenu par habitant. Si
les chocs financiers provoqués par les crises asiatique, russe et
brésilienne ont joué le rôle d'élément
déclenchant de la crise, la baisse de 12 %, en moyenne, du prix des
matières premières non pétrolières
représente un facteur déterminant du prolongement de la crise
actuelle. Crise aujourd'hui aggravée par le
tarissement du flux de
capitaux privés
vers les pays en développement qui ont
régressé de moitié entre 1997 et 1998 et devraient encore
reculer en 1999.
Le ralentissement de la croissance présente des conséquences
souvent dramatiques pour la population : en Indonésie, où la
production a reculé de 13 % en 1998, 14 à 20 % de la
population connaîtraient un niveau de vie inférieur au seuil de
pauvreté -en Russie, 20 % de la population vivaient dans la
pauvreté selon les indicateurs rendus publics par la Banque mondiale en
avril dernier.
Dans un tel contexte, la croissance de la zone franc prend un relief
particulier.
2. Les pays de la zone franc : un pôle de croissance dans un continent en crise.
L'évaluation par le FMI de la croissance dans les pays
de la
zone franc pour 1998 retient les taux suivants, même si ces moyennes
recouvrent des situations très disparates selon les pays :
- 4,9 % dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA) -Sénégal, Guinée-Bissau, Mali, Burkina Faso,
Côte-d'Ivoire, Niger, Togo et Bénin ;
- 5,8 % dans la Communauté économique et monétaire de
l'Afrique centrale (CEMAC) -Cameroun, Tchad, République centrafricaine,
Gabon, Guinée équatoriale, Congo-Brazaville.
Cette croissance devrait se prolonger en 1999 avec un taux de 6 % pour l'UEMOA
et de 4,4 % pour la CEMAC. Même si ces prévisions restent toujours
sujettes à caution, il ne fait pas de doute que les performances de la
zone franc dépassent celles des autres pays africains : 5,5 % en
1998 contre 2,8 % pour l'ensemble de l'Afrique subsaharienne.
L'évolution favorable attendue en 1999 pour la zone franc confirme ainsi
la tendance enregistrée depuis la dévaluation du franc CFA en
janvier 1994. Depuis cette date, en effet, la croissance du PIB dépasse,
pour de nombreux pays, le taux de croissance démographique (2,9 % en
moyenne).
Toutefois, si les pays de la zone avaient su tirer le meilleur parti jusqu'en
1997 d'une conjoncture plutôt favorable (bonne tenue des cours des
matières premières, relative stabilité du marché
des changes - en particulier le rapport entre franc français et dollar
américain), ils se trouvent désormais dans un contexte
désormais défavorable.
Le maintien de la croissance n'en apparaît que plus remarquable.
.
Un contexte désormais moins favorable
La conjoncture économique générale a été
affectée par la baisse du cours de certaines matières
premières. Elle a été encore aggravée, pour les
pays africains, par de
mauvaises conditions climatiques
-dont les
conséquences n'ont pas seulement pesé directement sur les
campagnes agricoles mais aussi sur l'activité des industries
placées sous la dépendance d'installations
hydroélectriques pour leur approvisionnement énergétique-
et la
récurrence des troubles politiques
dans certains Etats
-Guinée Bissau ou Congo-Brazzaville.
.
Les éléments d'une croissance durable
Le maintien d'une croissance forte au-delà du retournement de la
conjoncture économique s'explique par la conjonction de
différents facteurs.
En premier lieu, les pays de la zone franc sont restés à
l'écart des grands mouvements spéculatifs internationaux.
Ensuite, depuis la dévaluation du franc CFA, les pays de la zone se sont
efforcés d'
assainir les finances publiques
par la maîtrise
des dépenses salariales et une plus grande rigueur dans l'administration
fiscale. Par ailleurs, l'inflation a été contenue à 3,2 %
alors qu'elle s'élevait à 10 % pour l'ensemble de l'Afrique
subsaharienne en 1998. Des réformes de structure ont été
engagées, l'intégration régionale a été
approfondie. Une bourse régionale des valeurs mobilières de
l'UEMOA s'est ainsi ouverte en 1998 à Abidjan, premier exemple de bourse
transnationale dans le monde.
En troisième lieu, les pays de la zone franc se sont distingués
en suscitant un
flux croissant de capitaux privés
, même si
les montants restent encore modestes en 1998. Ainsi, les flux nets de capitaux
privés non monétaires vers l'UEMOA ont atteint 199,5 milliards de
francs CFA en 1998 contre 19,2 en 1997 et un flux négatif en 1996. Les
flux nets de capitaux privés vers la CEMAC se situent à un niveau
plus élevé en raison des investissements pétroliers et
présentent également une plus grande régularité.
Ils se sont accrus en 1998 (malgré la baisse du prix du pétrole)
-les capitaux privés à long terme passant de 319 milliards de
francs CFA en 1997 à 340 milliards de francs CFA.
Cette tendance pourrait se confirmer en 1999 et les flux nets de capitaux
privés vers l'ensemble de la zone franc frôler le milliard de
dollars.
Une telle évolution s'explique, d'une part, par la stabilité que
confère la garantie d'un taux de change fixe entre le franc -aujourd'hui
l'Euro- et le F CFA et, d'autre part, par la confiance qu'inspire aux
investisseurs privés la signature d'accords entre les pays de la zone
franc et le FMI (11 pays sur les 14 qui forment la zone franc avaient ainsi
conclu un accord avec le FMI). Les flux d'investissements ne peuvent enfin
qu'être encouragés par une croissance qu'ils contribuent à
alimenter. Il y a là les prémices d'un cercle vertueux.
Toutefois, ces flux sont loin d'être à la mesure des besoins des
pays intéressés.
La sécurité juridique des
investissements, même si elle a progressé, doit
impérativement être renforcée
.
Par ailleurs, les économies apparaissent encore bien vulnérables.
La dépendance excessive à l'égard d'un nombre
limité de produits primaires constitue autant d'hypothèques pour
la pérennité de la croissance.
Il n'en reste pas moins que malgré un environnement
général défavorable, les pays de la zone franc
bénéficient en 1998 et 1999 de l'un des plus forts taux de
croissance économique au monde et démentent ainsi la vision
caricaturale, souvent dénoncée par votre rapporteur, d'un
continent africain uniformément plongé dans le
sous-développement.
B. LA RÉCURRENCE DES FACTEURS DE FRAGILITÉ
1. Le poids paralysant des guerres
Le développement économique de l'Afrique reste encore, pour une large part, entravé par la permanence des conflits. Même si, hélas, les guerres font partie du paysage quotidien du continent depuis la décolonisation, ces conflits ont changé de nature au cours des décennies. Les initiatives prises par les Etats africains avec le soutien de la communauté internationale pour lutter contre l'un des maux endémiques du continent apparaissent encore d'une portée limitée.
a) L'Afrique face à un nouveau type de conflit
Dans les
années 60, les conflits africains résultaient pour une large part
de la lutte pour l'indépendance. Dans les deux décennies
suivantes, les situations de belligérance -certes parfois
provoquées par une décolonisation tardive comme ce fut le cas
pour l'Angola et le Mozambique- eurent pour toile de fond l'antagonisme
idéologique entre les Etats-Unis et l'URSS.
Après la fin de la guerre froide, si le continent africain n'a plus
servi d'exutoire à la rivalité Est-Ouest, il n'en est pas moins
resté le théâtre de guerres répétées.
Ces dernières, une fois tombés les oripeaux de
l'idéologie, sont apparues telles qu'elles n'avaient peut-être
jamais cessé d'être : le produit des rivalités d'ambitions,
avec pour ressort profond la revendication d'une prépondérance
pour telle ou telle ethnie.
D'après l'Institut de recherche sur la paix de Stockholm, sur 27
conflits armés majeurs recensés en 1998, 11 se déroulaient
en Afrique. En outre sur les 7 conflits les plus meurtriers, figurent 5 pays
africains : l'Algérie, le Soudan, la République
démocratique du Congo (RDC), la Sierra Leone et le Rwanda.
La crise de l'Afrique des grands lacs présente un concentré du
nouveau type de conflits que connaît le continent : une logique
belliqueuse commandée avant tout par des préoccupations
régionales, le poids des solidarités ethniques, le contrôle
de ressources naturelles comme enjeu majeur -sinon toujours avoué- de la
guerre et enfin, un désengagement des puissances occidentales, avec pour
corollaire l'impuissance relative du Conseil de sécurité.
Aujourd'hui, une vaste zone d'instabilité s'étend de la Corne de
l'Afrique à l'Afrique centrale.
Les conflits actuels en Afrique, présentent deux traits
caractéristiques. D'une part ils sont marqués par la
participation de
combattants de plus en plus jeunes
qui trouvent dans la
guerre non seulement le moyen de se procurer leur subsistance, mais aussi un
exutoire à leurs frustrations face à un système politique
souvent figé : le choix des armes peut constituer pour les
nouvelles générations la meilleure voie de l'ascension sociale.
D'autre part, ils offrent un champ d'intervention pour les
sociétés privées
qui apportent leur concours en
armes ou en mercenaires, contre une rémunération ou la promesse
d'avantages en nature (concessions minières par exemple). Ce
phénomène de " privatisation " des conflits peut
expliquer la
prolongation de conflits en dehors de toute logique politique
ou diplomatique.
La succession des conflits se traduit par un
nombre accru de
réfugiés
. L'Afrique possède en effet le triste
privilège de compter un réfugié sur trois dans le monde
(environ 5,9 millions de personnes). Encore ces données ne
prennent-elles pas en compte les personnes déplacées au sein
même de leur pays (soit quelque 15 millions d'individus).
L'afflux des étrangers représente naturellement pour les pays
voisins un facteur de déstabilisation.
b) Des initiatives encore limitées
Face
à la permanence des conflits, les réponses sont encore
limitées.
Les rêves d'unité africaine -dont le colonel Kadhafi s'est fait
l'écho lors du sommet extraordinaire de l'Organisation de l'unité
africaine (OUA) en septembre dernier à Tripoli- relèvent d'une
rhétorique qui paraît résister au temps, même si elle
n'a trouvé aucun début de traduction.
Il faut toutefois prendre acte de la prise de conscience réalisée
lors du 35
e
sommet de l'OUA à Alger en juillet 1999 par une
quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sur les conséquences
dramatiques de la récurrence des conflits sur le continent. Les
organisations régionales constituent un cadre possible pour favoriser un
règlement de certains conflits : ainsi le sommet de la
Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a
tenté en août 1999 d'élaborer une solution de
règlement au conflit en RDC. Mais ces tentatives se soldent souvent par
un échec : les efforts de l'OUA pour résoudre le conflit
territorial entre l'Erythrée et l'Ethiopie sont restés vains.
Confrontés à ces échecs répétés, les
pays africains peuvent trouver dans le renforcement des capacités
militaires de maintien de la paix une voie peut-être plus efficace pour
réduire les situations de belligérance sur le continent. Cette
orientation apparaît encore récente. Elle suppose le soutien
financier et technique des pays occidentaux. Les propositions en la
matière sont venues principalement de la France. C'est désormais
pour votre rapporteur une dimension essentielle de notre coopération.
Longtemps thème d'une rhétorique sans grands effets, le
renforcement des capacités africaines de maintien de la paix a connu un
élan incontestable
au cours de la période récente.
En premier lieu, il s'inscrit désormais dans une
démarche
multilatérale
associant la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Ces trois pays sont convenus en mai 1997 de promouvoir un cadre institutionnel
ouvert à tous les pays intéressés et destiné
à coordonner, sous l'égide des Nations unies et de l'Organisation
de l'unité africaine, les efforts de la communauté internationale
en faveur du renforcement des capacités africaines de maintien de la
paix en Afrique. Ainsi le dispositif s'articule-t-il autour de deux
groupes :
- un
groupe ouvert à tous les Etats
intéressés
assure l'échange des informations et met en regard les offres et les
demandes ; le secrétariat en est assuré par le département
des opérations de maintien de la paix des Nations unies (la
première réunion de ce groupe s'est tenue à New York le 5
décembre 1997, à l'initiative du secrétariat des Nations
unies, en présence d'une centaine de délégations) ;
- des
groupes ad hoc
limités à quelques pays et
formés de manière ponctuelle pour organiser un exercice
multilatéral de maintien de la paix, équiper un bataillon ou
créer un centre régional de formation au maintien de la paix.
Certains de ces groupes, les plus actifs sans doute, prendront une dimension
régionale.
En second lieu, la France a, pour sa part, clairement marqué une
priorité pour le renforcement des capacités africaines de
maintien de la paix en consacrant à ce domaine près de 20 % des
crédits dévolus à la coopération militaire. Le
programme RECAMP (renforcement des capacités africaines de maintien de
la paix), pendant du projet américain ACRI ("African crisis response
initiative" -quelque 15 millions de dollars en 1998 principalement
consacrés à la formation au maintien de la paix de 8 bataillons
dans 7 pays africains) s'inscrit dans le cadre de l'accord de mai 1997.
Il recouvre trois types d'initiatives :
- le prépositionnement à Dakar, en janvier 1998, du
matériel nécessaire à l'équipement d'un
bataillon africain de maintien de la paix
(ce matériel,
stocké au sein des forces françaises, n'est pas
réservé à l'usage exclusif de l'armée
sénégalaise mais peut bénéficier à tous les
pays de la sous-région à l'occasion d'un exercice ou d'une
opération de maintien de la paix) ;
- le déroulement, à la fin du mois de février 1998, de
l'exercice franco-africain de maintien de la paix "Guidimakha 98
"
rassemblant près de 3 000 soldats africains et 500 militaires
français à la frontière du Sénégal, du Mali
et de la Mauritanie ;
- la création en Côte d'Ivoire, à 20 kilomètres de
Yamoussoukro, d'un
centre de formation au maintien de la paix
qui a
aussi vocation à s'ouvrir aux pays anglophones. Inauguré en mai
1999, il a accueilli ses premiers stagiaires en août pour une formation
d'observateurs dans le cadre d'opérations de maintien de la paix. En
septembre de cette année, un stage de huit semaines, destiné aux
officiers, concernait l'exercice de responsabilités au sein d'un
état-major de niveau bataillon ou brigade multinationale.
Le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix
apparaît comme le champ privilégié d'une
coopération multilatérale dont toutes les possibilités
n'ont d'ailleurs pas été encore utilisées. Ainsi, au
delà même de la concertation au sein des groupes réunis
sous l'égide des Nations unies, la coopération pourrait porter
sur des initiatives concrètes telles que les exercices communs dont le
coût justifierait un
financement conjoint de plusieurs bailleurs de
fonds
. Une telle possibilité devrait être mise à
l'étude dans la perspective des exercices multinationaux
planifiés par la France tous les deux ans :
- un exercice en l'an 2000 au Gabon qui pourrait regrouper les pays volontaires
membres du comité consultatif permanent des Nations unies pour les
questions de sécurité en Afrique centrale
1(
*
)
;
- un exercice en 2002 en Afrique de l'Est qui se déroulerait à
Djibouti.
2. Le fardeau de la dette
a) Un niveau d'endettement stabilisé
Le poids
de la dette constitue encore une entrave indéniable au
développement des pays du sud. Au 31 décembre 1997, l'encours de
la dette totale des pays en développement représentait 1 654
milliards de dollars contre 1 678 milliards de dollars l'année
précédente. La relative stabilité de la dette s'explique
en partie par les opérations de réorganisation consenties par les
créanciers publics et privés et l'octroi de nouveaux financements
en contrepartie des remboursements effectués.
La dette de l'Afrique subsaharienne s'élevait à 219,45 milliards
de dollars au 31 décembre 1997, soit une baisse de 4,5 % par rapport au
montant enregistré le 31 décembre 1996 -diminution explicable par
les mesures d'annulation consenties par les créanciers publics et
privés et l'octroi de nouveaux financements, sous forme de dons de la
part des créanciers publics pour les pays les plus pauvres.
Poids de la dette pour les pays de la zone franc
|
Ratio service de la dette rapportée |
|
|
au PNB |
aux exportations |
Bénin
|
3,2 %
|
13,3 %
|
Les chiffres fournis sont ceux de 1997 et tiennent compte des rééchelonnements accordés à certains pays par leurs créditeurs.
b) Les efforts des créanciers
L'année 1996 avait marqué un tournant dans la
stratégie adoptée par les pays créanciers à
l'égard de la dette des pays en développement. En effet,
l'initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE ou, en
anglais, HIPC -" high indebted poor countries "), adoptée dans
le prolongement du sommet du G7 à Lyon a innové à un
double titre :
- d'une part, elle a prévu une
réduction du stock de la
dette
et non plus seulement des échéances, pouvant atteindre
80 % ;
- d'autre part, elle a intégré dans l'assiette du montant de la
dette réexaminée, outre les créances commerciales
garanties et les créances bilatérales publiques, la
dette
multilatérale
contractée auprès des institutions de
Bretton-Woods.
La part des créances multilatérales dans les stocks de dette
avait, en effet, fortement augmenté au cours de la dernière
décennie à la suite de la multiplication des programmes conclus
avec le FMI et la Banque mondiale et des annulations de dette bilatérale.
Toutefois, la montée en puissance de la nouvelle procédure a
été jugée excessivement lente par les pays
débiteurs. Par ailleurs, les critères d'éligibilité
sont apparus trop sévères tandis que le délai (6 ans) pour
parvenir à une réduction effective du stock de la dette semblait
excessif. Enfin, le pourcentage de réduction, même dans le cas
d'une réduction de 80 %, était estimé trop
sévère. L'initiative concernait en principe quarante-et-un pays
dont la dette représentait, en 1996, 167 milliards de dollars. Seuls 23
pays, cependant, étaient effectivement éligibles et l'endettement
de 8 d'entre eux, reconnu insoutenable.
C'est pourquoi les pays occidentaux ont été conduits à
reprendre l'initiative. La France a ainsi proposé au sommet du Groupe
des sept pays les plus industrialisés (G7) à Cologne en juin
1999, un plan articulé autour de trois volets.
Pour les pays éligibles à l'initiative PPTE, Paris a
proposé d'annuler pour une génération à venir (30
ans) le service de la dette publique (intérêt et capital) et de ne
plus leur accorder que des dons. Pour les créances commerciales
traitées devant le Club de Paris, la France a proposé d'aller
au-delà du taux actuel d'annulations des dettes de 80 %, dites
termes de Lyon.
Le second volet concerne les pays non éligibles à l'initiative
PPTE mais confrontés à un endettement important. Ces pays
bénéficieraient d'un taux de réduction des créances
commerciales de 67 % au lieu de 50 % (sous réserve de satisfaire aux
conditions d'éligibilité fixées lors du sommet du G7
à Naples en 1994).
Enfin les autorités françaises ont également
proposé d'augmenter les possibilités de conversion de dettes en
investissements pour les pays à revenu intermédiaire non
éligibles à des réductions de dettes. Aujourd'hui, 20 %
seulement des encours de dette peuvent être " rachetés "
par des investisseurs étrangers pour financer des projets
d'investissements. Ce seuil pourrait être porté de 40 à 45
% au bénéfice de pays comme le Maroc ou l'Egypte.
La France a toutefois posé deux conditions à la mise en oeuvre de
ces mesures. D'abord, la charge doit en être
équitablement
répartie
entre les pays riches en fonction de leurs revenus
respectifs (il ne serait pas juste en effet que l'effort pèse davantage
sur la France -0,45 % du PIB consacré à l'aide publique- que sur
les Etats -0,12 % du PIB pour l'aide au développement).
En outre, les pays bénéficiaires doivent se montrer exemplaires
en matière de gestion économique et sociale et les marges de
manoeuvre ainsi dégagées doivent être employées aux
dépenses de développement.
Les mesures adoptées par le sommet de Cologne du 18 juin dernier
apparaissent cependant en retrait par rapport à ces propositions.
Certes, l' " initiative de Cologne " a prévu une annulation de
65 milliards de dollars de dettes pour les pays les plus pauvres et l'extension
de critères d'éligibilité à dix nouveaux
pays
2(
*
)
en sus des 41 déjà
concernés. En effet, la dette totale de chacun des
bénéficiaires devrait représenter plus de 150 % de leurs
recettes d'exportation contre 200 % à 250 % requis jusqu'alors par l'
" initiative de Lyon ".
L'application de ces mesures peut cependant revêtir un caractère
paradoxal.
Ainsi, si Haïti n'est pas suffisamment endettée pour
bénéficier des mesures d'allégement de dette, la
Côte d'Ivoire, en revanche, dont la dette (12,5 milliards de dollars -9,5
milliards au titre de l'aide publique au développement) correspond
à 274 % des recettes d'exportation, pourrait bénéficier
d'un allégement annuel de 480 millions de dollars, soit 10 % de son PIB.
Le coût total du dispositif pour la France a été
évalué à quelque 40 milliards de francs.
C. LES RISQUES D'UN DÉSENGAGEMENT
1. L'aide publique au développement en procès
a) Un constat : la baisse continue de l'aide au développement
Le
développement des pays du sud ne saurait seulement reposer sur les
investissements privés.
Les flux de capitaux privés vers les
pays émergents ont chuté de moitié en 1998
. Sous le
coup des crises financières asiatique, russe et brésilienne, ils
sont en effet passés de 149,2 milliards de dollars à 64,3
milliards de dollars. Le rapport du FMI prévoit une reprise modeste en
1999 sur les marchés internationaux des capitaux.
Les cinq pays asiatiques les plus touchés par la crise
(Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Corée et Philippines) ont
subi des sorties nettes de capitaux évaluées à 46,2
milliards de dollars (soit 7 % de leur PIB).
En Amérique latine, les flux ont reculé de 87,3 milliards de
dollars à 69 millions de dollars. En Afrique, ils sont passés de
16,3 milliards de dollars à 10,3 milliards de dollars. Toutefois, hors
l'Afrique du sud où les effets conjugués du ralentissement du
programme de privatisation et de la crise ont entraîné une
réduction des entrées, les flux d'investissements directs ont
progressé, passant de 7,7 milliards de dollars en 1977 à
7,9 milliards de dollars en 1998. Ils ne représentent toutefois que
5 % des investissements destinés aux pays en développement.
L'aide au développement demeure donc indispensable. Or, elle a encore
baissé au cours de l'année 1998.
L'aide publique au développement de la France et des pays du G7
ANNEES |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
|
1998 |
|
||||
PAYS |
En volume Millions de dollars |
% du PIB |
En volume Millions de dollars |
% du PIB |
En volume Millions de dollars |
% du PIB |
En volume Millions de dollars |
% du PIB |
En volume Millions de dollars |
% du PIB |
En volume Millions de dollars |
% du PIB |
FRANCE |
7 915 |
0,63 |
8 466 |
0,64 |
8 443 |
0,55 |
7 451 |
0,48 |
6 306 |
0,45 |
5 818 |
0,4 |
JAPON |
11 258 |
0,27 |
113 239 |
0,29 |
14 489 |
0,28 |
9 439 |
0,2 |
9 358 |
0,22 |
10 683 |
0,28 |
ALLEMAGNE |
6 937 |
0,36 |
6 818 |
0,34 |
7 524 |
0,31 |
7 601 |
0,33 |
5 913 |
0,28 |
5 589 |
0,26 |
ETATS-UNIS |
9 721 |
0,15 |
9 927 |
0,14 |
7 367 |
0,01 |
9 377 |
0,12 |
6 168 |
0,08 |
8 130 |
0,1 |
ROYAUME-UNI |
2 908 |
0,31 |
3 197 |
0,31 |
3 157 |
0,28 |
3 199 |
0,27 |
3 371 |
0,26 |
3890 |
0,28 |
CANADA |
2 373 |
0,45 |
2 250 |
0,43 |
2067 |
0,38 |
1795 |
0,32 |
2 146 |
0,36 |
1 684 |
0,29 |
ITALIE |
3 043 |
0,31 |
2 705 |
0,27 |
1 623 |
0,15 |
2 416 |
0,2 |
1 231 |
0,11 |
2 356 |
0,2 |
Total CAD |
55 941 |
0,3 |
59 156 |
0,3 |
58 882 |
0,27 |
55 438 |
0,25 |
47 580 |
0,22 |
51 648 |
0,24 |
*
Chiffres provisoires
L'effort consacré par les principaux bailleurs de fonds
-regroupés au sein du comité d'aide au développement
(CAD)- s'est réduit au cours des six dernières années. Il
est ainsi passé de 0,3 % du PIB en 1993 à 0,24 % en 1998.
Le
montant global de l'aide française s'est également
contracté
: 33,9 milliards de francs en 1998 -soit 0,40 %
du PNB- contre 36,8 milliards de francs en 1997 -soit 0,45 % du PNB. La France
reste toutefois le deuxième contributeur en volume -derrière le
Japon- et le premier pour l'aide rapportée au PIB parmi les pays du G7.
La baisse s'explique par le poids des contraintes budgétaires, mais
aussi par la défiance croissante vis-à-vis du principe même
de l'aide en vertu de l'axiome américain bien connu -" trade, not
aid ". Cette nouvelle approche, même si elle dissimule bien des
égoïsmes nationaux, s'est aussi nourrie des résultats
souvent décevants de l'aide au développement.
Aussi, pour enrayer le désengagement des bailleurs de fonds
conviendra-t-il d'abord de
relégitimer
l'aide au
développement en en améliorant l'
efficacité.
b) Les conditions d'une aide plus efficace
.
Relégitimer l'aide au développement
La
Banque mondiale
a apporté une contribution importante à
la réflexion sous la forme d'un rapport "
Evaluer l'aide, ses
succès, ses échecs, ses raisons
". Ce document a
été commandé en 1995 dans le contexte d'une forte
réduction de l'aide au développement ; il vise à
justifier l'aide au développement en en soulignant l'impact
potentiellement favorable sur la croissance et la lutte contre la
pauvreté dans les pays bénéficiaires.
L'étude présente trois conclusions majeures.
D'une part, elle met en lumière une indéniable
corrélation entre l'efficacité de l'aide au
développement et le type de politique économique mis en oeuvre
par les Etats concernés
; l'aide contribuerait à la
croissance des seuls pays engagés dans de véritables
réformes de structures : mise en place d'une Etat de droit,
assainissement des fondamentaux économiques, libre-échange. Dans
les pays rétifs aux réformes, l'aide aurait en revanche
encouragé " l'incompétence, la corruption et les mauvaises
politiques ".
D'autre part, sur la base de ce constat, le rapport préconise
un
renversement de la logique de " conditionnalité "
privilégiée par les institutions financières
internationales. Plutôt que d'accorder d'emblée une aide
financière aux pays les plus pauvres, de les conduire à adopter
les réformes nécessaires et de réduire ensuite l'aide au
vu des progrès observés, il conviendrait
d'appuyer les
Etats
déjà engagés dans les réformes de
base
et d'accroître le volume de l'aide financière en fonction
des transformations accomplies. Ce changement d'optique permettrait de
responsabiliser davantage les pays bénéficiaires et de leur
redonner la maîtrise de leur développement.
Enfin, les auteurs du rapport estiment qu'en concentrant l'enveloppe
financière actuelle de l'APD -soit quelque 10 milliards de dollars- sur
les pays en développement dont l'économie est saine, il serait
possible de faire " reculer la pauvreté ", non plus de 7 mais
de 25 millions de personnes. En effet, 32 pays (Inde, Bolivie, Ouganda,
Chine...) dont la moitié de la population se situe au-dessous du seuil
de pauvreté présentent, d'après le rapport, les garanties
nécessaires à une aide efficace. Dans ces pays, un dollar d'aide
extérieur attirerait deux dollars d'investissement.
Selon cette logique, une aide de 300 milliards de dollars, soit 1 % seulement
du PIB mondial, permettrait de faire reculer radicalement la pauvreté
dans le monde.
Certes, le rapport laisse prise à certaines critiques. Il donne peu
d'indications pratiques sur les moyens d'apprécier la qualité des
politiques conduites. Il ne prend pas en compte l'influence de l'environnement
régional alors même que la proximité de pays en crise
constitue un facteur déstabilisant pour des pays " vertueux ".
Il ne permet pas de dégager d'orientations opérationnelles
vis-à-vis des Etats qui ne respectent pas les critères
énoncés. Toutefois, il met en avant des considérations
d'efficacité qui mériteraient d'être méditées
par la coopération française.
.
Renforcer la coordination des bailleurs de fonds
L'efficacité de l'aide passe également par une meilleure
coordination des bailleurs de fonds. Dans le contexte général de
diminution de l'aide, cet effort s'impose avec une plus grande acuité
encore.
Par vocation, les institutions multilatérales devraient fournir le cadre
privilégié de la coordination entre les différents
bailleurs de fonds. La situation n'est toutefois pas si simple car ces
organisations ne constituent pas seulement des instances de concertation, elles
sont aussi de part les fonds dont elles sont les dépositaires des
acteurs
de l'aide au développement. A ce titre, elles peuvent
suivre une logique propre assez différente des orientations
adoptées dans un cadre bilatéral.
Au cours des dernières années, ces organisations ont toutefois
tenté de mettre en place des procédures adaptées.
La coordination au sein de l'Union européenne soulève encore des
difficultés. Certes, le principe est reconnu depuis Maastricht dans le
traité instituant la communauté européenne (article 130).
Dès 1993, le conseil des ministres chargés de la
coopération a engagé une expérience pilote dans six pays
bénéficiant des différents programmes communautaires
(Côte d'Ivoire, Mozambique, Ethiopie, Pérou, Costa-Rica et
Bangladesh). Il reste toutefois beaucoup à faire pour traduire ces
exigences dans les faits. Le succès en la matière dépend
beaucoup des relations personnelles nouées entre les acteurs locaux de
l'aide au développement. C'est là laisser une trop grande part
aux hasards des affinités et des tempéraments. Aussi le Conseil
a-t-il arrêté en février 1998 des " orientations pour
le renforcement de la coordination opérationnelle ". Elles
prévoient notamment l'organisation de réunions
régulières sur place, le développement des échanges
d'information sur les politiques, la possibilité de conduire des
études, des analyses, des évaluations et, le cas
échéant, des
programmes communs.
A une échelle plus large, la Banque mondiale a également
cherché à mettre en place des structures de coordination
adaptées. Elle assure ainsi le secrétariat du
programme
spécial d'assistance à l'Afrique
conçu initialement
pour coordonner l'efficacité des aides à l'ajustement structurel
et devenue, depuis lors, une instance de réflexion et de concertation
destinée à renforcer les programmes d'aide. Elle a aussi
lancé des initiatives plus sectorielles avec le partenariat mondial pour
l'eau, un programme pour l'énergie, ou encore le groupe consultatif pour
la recherche agronomique internationale...
Par ailleurs, le président de la Banque mondiale a proposé
à la communauté internationale d'adopter un "
cadre de
développement intégré
" destiné à
réunir dans un même document pour un pays donné les
stratégies et l'action des divers opérateurs publics nationaux et
internationaux, privés, non gouvernementaux. La démarche ne
manque toutefois pas d'ambiguïté : la forte implication des
services de la Banque pourrait conduire à soupçonner cette
institution, sous couvert du nécessaire renforcement de la coordination,
de vouloir contrôler les politiques bilatérales mises en oeuvre.
Ainsi
l'équilibre entre coordination et contrôle ne semble pas
encore avoir été trouvé
.
En outre, les instances de concertation associent encore trop peu les pays en
développement eux-mêmes. La coordination des donateurs sera-t-elle
à terme assurée par le pays bénéficiaire ? Il
faudrait alors
passer d'une politique d'offre de coopération à
une stratégie de réponse à une demande de
coopération
-comme le préconisent du reste les pays membres
du comité d'aide au développement (CAD) au sein de l'OCDE. Une
telle évolution s'inscrirait dans la logique de responsabilisation des
pays en développement recommandée par le rapport de la Banque
mondiale analysé précédemment.
Les pays en développement ont souvent regretté les
difficultés de gestion liées à la multiplication des
interventions des donateurs. Ils ont contesté, par ailleurs,
l'inégalité introduite au sein de leurs administrations par la
coexistence d'agents rémunérés différemment selon
qu'ils appartiennent à la fonction publique ou qu'ils émargent
à des projets d'aide au développement. L'accueil et l'information
de nombreuses missions d'identification, d'instruction et d'évaluation
des projets représentent souvent, enfin, une lourde charge : ils
mobilisent cadres et services. Une plus grande concentration des interventions
permettrait sans doute de substantielles économies de temps et de moyens.
A échéance moins lointaine, les modalités d'intervention
pourraient dépasser la distinction entre l'aide projet et l'aide
à l'ajustement dans les domaines sectoriels. La voie budgétaire
servirait au financement de programmes de développement dont la mise en
oeuvre incomberait directement aux Etats. Cette évolution supposerait
non seulement le respect des procédures budgétaires et comptables
des pays en développement mais aussi un contrôle rigoureux des
dépenses publiques. En tout état de cause, elle ne peut
s'appliquer qu'aux pays largement engagés dans le processus de
réformes.
2. La renégociation des accords de Lomé : un enjeu décisif pour l'avenir de l'aide au développement
a) Une renégociation imposée
En
février 2000, les accords de Lomé signés en 1975 entre les
pays de l'Union européenne et les 71 pays d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique (ACP) arrivent à échéance. Pourront-ils
être renouvelés comme ils l'avaient été
jusqu'à présent tous les cinq ans ?
L'enjeu est d'importance car ces accords constituent le
cadre principal de
l'aide au développement de l'Union européenne,
elle-même fournisseur du quart des contributions
multilatérales au développement. Cette aide, rappelons-le, repose
sur trois piliers : un régime commercial très avantageux
(liberté d'accès au marché européen sans obligation
de réciprocité pour la quasi-totalité des exportations),
des mécanismes de stabilisation de recettes à l'exportation, une
aide financière, enfin, accordée principalement sous forme de
dons dans le cadre d'une programmation pluriannuelle.
Or les éléments fondateurs des accords de Lomé font
aujourd'hui l'objet d'une double remise en cause. D'une part, l'octroi d'un
traitement préférentiel sous la forme de tarifs douaniers plus
favorables pour un nombre limité de pays contredit la clause de la
nation la plus favorisée, règle fondamentale de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC). Certes, aux termes des règles de l'OMC, des
avantages commerciaux peuvent être consentis entre un nombre
déterminé d'Etats mais ils doivent l'être alors sur une
base réciproque. Aujourd'hui le régime de relations
asymétriques entre les pays ACP et l'Union européenne
bénéficie, jusqu'en 2000, d'une dérogation. Après
cette date, le système devra nécessairement être revu.
D'autre part, au-delà de cet argument juridique, les accords de
Lomé n'ont pas répondu entièrement à leurs
objectifs. En effet, malgré les préférences commerciales
octroyées, les importations des ACP vers les Quinze sont tombées
de 6,7 % en 1976 à 3,4 % en 1997. L'aide n'a pas vraiment servi de
vecteur à une diversification de l'économie des pays en
développement. Ces derniers, à l'exception de l'île
Maurice, peut-être, n'ont pas réellement développé
d'activités de transformation et demeurent tributaires de l'exportation
d'un nombre limité de produits primaires.
Il apparaissait ainsi difficile, à l'expiration de la cinquième
convention de Lomé, de se borner à reconduire le dispositif
existant. Par ailleurs la renégociation de ces accords s'est
engagée dans un contexte difficile. En premier lieu le mouvement de
libéralisation des échanges tend à réduire
l'intérêt d'un système de préférence
commerciale. Ensuite, les pays de la zone ACP apparaissent peut-être
moins comme une priorité au moment où l'Union européenne
se prépare au défi de l'élargissement vers les pays
d'Europe centrale et orientale. Ainsi, il faut le rappeler,
la part
accordée à l'Afrique subsaharienne dans les financements
communautaires est passée de 70 % de l'aide extérieure de l'Union
dans les années 70, à 40 % au cours de la présente
décennie.
Dans un contexte difficile, l'essentiel a toutefois pu être
sauvegardé : grâce à l'appui déterminant de la
France, il importe de le souligner, le principe du maintien d'un partenariat
privilégié entre l'Union européenne et la zone ACP a
été reconnu dans le mandat de négociation confié
à la Commission dans la perspective de l'ouverture des discussions avec
les pays ACP. L'Union européenne a ainsi proposé trois nouvelles
orientations :
- le renforcement de la dimension politique du partenariat afin d'y
intégrer notamment la prévention des conflits,
- l'évolution du système des préférences
commerciales non réciproques vers des accords liant l'Union
européenne avec des régions ou des sous-régions,
fondés sur une libéralisation progressive des échanges
à l'issue d'une période de transition,
- la simplification et le renforcement de l'efficacité de l'aide au
développement à travers une programmation par pays et la prise en
compte de critères de performances dans l'allocation des ressources.
b) Les questions en suspens
Les
négociations engagées le 30 septembre 1998 à Bruxelles se
sont poursuivies dans le cadre de la première conférence
ministérielle à Dakar les 8 et 9 février dernier. Une
deuxième conférence s'est tenue à Bruxelles en juillet et
a permis d'avancer sur plusieurs dossiers. Toutefois, le débat reste
aujourd'hui ouvert sur quatre sujets essentiels pour l'avenir de la relation
Union européenne-ACP.
.
Le contenu et la portée des " éléments
essentiels " de la convention
Aujourd'hui le respect des droits de l'homme, de l'Etat de droit et de la
démocratie représentent des " éléments
essentiels " de la convention. A ce titre, leur violation entraîne
la suspension partielle ou la non-exécution des accords de
coopération (art. 366 bis de la convention). En la matière les
discussions portent sur deux points : d'une part, la revendication des
Etats ACP -récusée par les Quinze- de décider à
parité avec les Quinze des sanctions adoptées ; d'autre
part, les réticences des pays ACP à reconnaître la
" bonne gestion des affaires publiques " parmi les
éléments essentiels de la convention. Ces préventions, qui
ne sont d'ailleurs pas sans fondement, pourront être levées quand
seront davantage précisés les contours, pour l'heure bien
indécis, du principe de la " bonne gouvernance ".
.
La durée de la période transitoire vers un
régime commercial
Pour l'Union européenne, des accords de partenariat avec des Etats ACP
regroupés dans un cadre régional pourraient être
signés en 2005 afin de permettre un accès réciproque aux
marchés sur une période de 10 ans, voire sur une
période variable adaptée au niveau de développement de la
zone considérée. Ici aussi, deux points font discussion. En
premier lieu, sans remettre en cause le principe de tels accords, les Etats ACP
souhaiteraient en reporter la mise en place à 2010. Sans doute faut-il
faire prévaloir en la matière le niveau de développement
observé dans telle ou telle zone. Ainsi l'accord de coopération,
de commerce et de développement signé avec l'Afrique du Sud et
fondé sur la mise en place d'une zone de libre échange s'inscrit
sans difficulté dans le cade fixé par l'OMC même s'il
prévoit -à l'instar par exemple des accords signés par
l'Union européenne avec les pays du bassin méditerranéen
dans le cadre du partenariat euroméditerranéen- un calendrier
progressif et dissymétrique
de l'ouverture des marchés. Un
tel modèle n'est évidemment pas applicable avec les pays du Sahel
pour lesquels la perspective même d'une libéralisation
complète des échanges paraît, à vue humaine,
irréaliste.
Par ailleurs, certains membres de l'Union européenne -principalement le
Royaume-Uni- défendent un système de préférence
commerciale harmonisé et étendu à tous les pays en
développement (tout en admettant le principe d'un accès
privilégié pour les pays les moins avancés). Selon
certaines estimations, un tel dispositif bénéficierait surtout
aux pays non ACP. La spécificité du lien avec l'ensemble de pays
issus de la décolonisation -lien dont la France s'était
efforcée de maintenir la pérennité, à
l'échelle de l'Europe, en promouvant la mise en place des accords de
Lomé- serait ainsi remise en cause. Pour votre rapporteur, notre pays ne
peut se résigner à la dissolution de la relation Union
européenne-ACP dans un ensemble aux contours imprécis.
.
Le maintien du Stabex et du Sysmin
Au moment de la négociation des orientations qu'adopteraient l'Union
européenne dans la renégociation des accords de Lomé,
seule la France avait défendu le maintien du principe de la compensation
des fluctuations des recettes d'exportation -sous la forme d'un Stabex et d'un
Sysmin dont le fonctionnement serait naturellement modernisé. La
stabilité des ressources des producteurs de denrées agricoles ou
de matières premières -producteurs qui constituent bien souvent
l'assise sociale et économique de ces pays- apparaît en effet une
priorité de l'aide au développement. La France a
été entendue sur le principe. Toutefois le mécanisme
élaboré par la Commission paraît aujourd'hui
présenter un lien de plus en plus ténu avec les mécanismes
du Stabex et du Sysmin.
.
La question du financement de l'aide
La négociation relative aux contributions des Quinze au dernier Fonds
européen de développement avait fait l'objet de discussions
très difficiles. Un accord n'avait été trouvé qu'au
prix d'une augmentation substantielle de l'effort financier français.
Les discussions relatives aux ressources du nouveau FED ne se présentent
pas sous des auspices plus favorables. Le maintien en termes réels de la
dotation du FED, même si la Commission plaide en ce sens, apparaît
bien improbable. Au mieux, on pourrait espérer un compromis autour du
maintien en terme nominal des ressources soit, en fait, une érosion des
moyens existants. Au moment où notre gouvernement procède
à une réduction des moyens affectés à l'aide au
développement, il paraît moins bien armé que par le
passé pour défendre auprès de nos partenaires le maintien
de leur effort budgétaire en faveur du FED. C'est pourtant un levier
d'influence essentiel pour l'Europe et la France dans les pays ACP qui est ici
en jeu.
Les semaines qui viennent se révéleront cruciales pour
décider de ces différentes questions. Par ailleurs, la
renégociation des accords de Lomé doit être l'occasion de
remédier aux trois principaux dysfonctionnements observés les
années passées dans la mise en oeuvre de la coopération
européenne dans les pays ACP. En premier lieu, il importe d'assurer une
meilleure coordination entre les objectifs de l'aide européenne et
ceux de la coopération bilatérale.
Or on constate encore sur
le terrain des redondances et des gaspillages alors même que de nombreux
besoins demeurent insatisfaits. Ensuite, et c'est sans doute là une
condition pour répondre à cette première
préoccupation, le circuit de décision pour l'allocation des fonds
devrait présenter une
plus grande transparence.
La
répartition des crédits doit faire l'objet d'un débat au
cours duquel chaque Etat membre peut s'exprimer.
Enfin et votre rapporteur ne cessera de revenir sur ce point qui, à ses
yeux, prime sur tout le reste, la
rapidité des engagements
doit
être recherchée de manière systématique.
II. LA RÉDUCTION DES CRÉDITS DESTINÉS A L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT : UNE REMISE EN CAUSE DES PRIORITÉS DIPLOMATIQUES DE LA FRANCE
A. UNE RÉFORME AUX EFFETS PARADOXAUX
1. La mise en place d'une structure complexe
a) Un circuit de décisions efficace ?
.
L'administration centrale
A la suite de la réforme de la coopération, les moyens et les
compétences de l'ancien secrétariat d'Etat à la
Coopération et du ministère des Affaires étrangères
ont été regroupés principalement au sein de la direction
générale de la coopération internationale et du
développement (DGCID, créée par le décret n°
98-1124 du 10 décembre 1998) -structure dont l'organisation et les
attributions ont été fixées par arrêté du 10
décembre 1998 relatif à l'organisation de l'administration
centrale du ministère des affaires étrangères.
La DGCID réunit ainsi les services de l'ancienne direction
générale des relations culturelles, scientifiques et techniques
des affaires étrangères, la direction du développement et
le centre des études financières et de la coordination
géographique de l'ancien ministère de la coopération.
Le dispositif retenu superpose quatre grandes directions sectorielles et une
direction chargée de la coordination des actions de développement.
La DGCID réunit quatre directions sectorielles chargées de
l'élaboration et de la mise en oeuvre des actions de
coopération :
- la direction du développement et de la coopération
technique ;
- la direction de la coopération culturelle et du français ;
- la direction de la coopération scientifique, universitaire et de
recherche ;
- la direction de l'audiovisuel extérieur et des techniques de
communication.
Par ailleurs, deux missions veillent, d'une part, à la
coopération multilatérale et, d'autre part, à la
coopération non gouvernementale.
La
coordination
des actions de coopération incombera à la
direction de la stratégie, de la programmation et de
l'évaluation. Le service de la coordination géographique assure
la coordination régionale de la programmation et le suivi des
opérations sur le terrain tandis que le service de la programmation, des
moyens et de l'évaluation assure la gestion financière des
crédits destinés à l'aide publique au développement
(même si les crédits spécifiques du Fonds de
solidarité prioritaire -FSP- et ceux mis en oeuvre par l'Agence
française de développement sont gérés par le bureau
du FSP au sein de la direction de la coopération technique).
Ainsi,
le circuit de décision superpose l'intervention d'au moins
deux services - un service sectoriel, un service coordonnateur. Il n'est pas
sûr que cette nouvelle organisation toute cartésienne permette de
raccourcir les délais d'instruction des dossiers.
Par ailleurs, d'autres services concourent à l'aide publique au
développement :
- le service des affaires francophones ;
- la direction des Nations unies et des organisations internationales pour
l'aide publique au développement multilatérale ;
- le service de l'action humanitaire, responsable, en particulier, de la
gestion du Fonds d'urgence humanitaire et de la dotation (chapitre 42-26)
dévolue au transport de l'aide alimentaire d'urgence.
Au total, en administration centrale, près de
580 agents
-dont
530 à la DGCID- gèrent directement les crédits à
l'aide publique au développement.
Le regroupement des structures de l'administration centrale a eu pour
corollaire la transformation des missions de coopération et d'action
culturelle en service de coopération au sein des ambassades.
.
L'alignement des missions de coopération sur le
modèle commun des services d'une ambassade : un processus encore
inachevé
.
La suppression, à compter du 1
er
janvier 1999 des missions de
coopération (par le décret n° 98-1238 du 29 décembre
1998) a d'ores et déjà entraîné une
réorganisation des services extérieurs.
D'abord, les anciens chefs de mission, précédemment nommés
par décret du Président de la République, sont devenus
conseillers de coopération et d'action culturelle désignés
par arrêté du ministère des affaires
étrangères. Ils dirigent les service de coopération et
d'action culturelle (SCAC), au sein de l'ambassade. Dans le dispositif
antérieur, les chefs de mission, placés sous l'autorité
théorique de l'ambassadeur, s'autorisaient des contacts directs avec
l'administration de l'ex-ministère de la coopération pour
revendiquer une large part d'autonomie. L'alignement de la mission de
coopération sur le modèle commun du service d'une ambassade et
l'intégration, à l'échelon central, de l'administration de
la coopération au sein du ministère des affaires
étrangères devrait en principe mettre un terme au
dualisme des
fonctions
d'autorité
souvent observé dans les pays de
l'ancien champ de la coopération.
En outre, en 1999, période de transition, le conseiller de
coopération et d'action culturelle disposait de dotations
spécifiques et conservait la qualité d'ordonnateur secondaire. A
partir de 2000, le responsable du SCAC deviendra ordonnateur
délégué de l'ambassadeur, institué, quant à
lui, ordonnateur secondaire.
En second lieu, si la situation des personnels en poste dans les SCAC reste
temporairement régie par les dispositions antérieures, en cas de
mutation de poste à poste ou de nouvelle affectation, en revanche, les
personnels sont désormais gérés par les dispositions
propres au ministère des affaires étrangères
(arrêté du 1
er
juillet 1996 modifié par les
agents détachés ; arrêté du 28 mars 1967
modifié pour les agents titulaires). En effet, en accord avec le
contrôle financier, cette mesure, destinée en principe à
s'appliquer après la fusion des corps et l'harmonisation des textes, a
été anticipée à la date de tout nouveau mouvement
effectué en 1999 et, principalement, pour le mouvement
général de septembre dernier.
Dès cette année, dans un souci de gestion plus rationnelle des
crédits, le rapprochement des structures comptables de l'ambassade, du
SCAC et de la mission militaire a été recherché afin
d'assurer une fusion effective au début de l'année prochaine. Ce
mouvement devrait aboutir à la création d'un
service
administratif et financier unique
chargé de coordonner la gestion de
crédits du département. Il faut par ailleurs signaler d'ores et
déjà plusieurs économies d'échelle :
- suppression des quotes-parts existantes pour des consommations en commun
(énergie électrique, communications , etc...) ;
- regroupement du parc automobile ;
- regroupement du parc immobilier avec l'instauration d'une commission du
logement sous l'autorité de l'ambassadeur pour les affectations au
départ d'un agent logé dans un immeuble appartenant à
l'Etat français.
b) des économies d'échelle encore mal mesurées pour les personnels
La
plupart des personnels du ministère de la coopération ont
été affectés, d'une part, à la direction
générale de l'administration (au sein de laquelle ont
été intégrés les services venant de la direction de
l'administration générale de la coopération), d'autre
part, à la DGCID.
Les transferts de personnels ont ainsi obéi à la
répartition suivante : 167 agents -soit 32 %- de l'effectif total
du ministère de la coopération ont rejoint la DGA, 253 -soit 48
%- la DGCID et 104 -soit 20 %- divers autres services du département.
La réorganisation de l'administration devrait se traduire par des
économies d'effectifs évaluées à une centaine de
postes
. C'est ainsi que la fusion de la direction générale de
l'administration et de la direction de l'administration générale
a permis de redéployer quelques 37 emplois vers d'autres services du
département. La mise en place de la DGCID a, quant à elle,
conduit à l'économie d'une cinquantaine de postes tandis que la
disparition de la sous-direction des personnels de coopération
programmée pour le 1
er
janvier prochain dégagera 13
emplois supplémentaires.
Les différences de statut entre les personnels des affaires
étrangères et de la coopération ont longtemps
dissuadé toute tentative de rapprochement entre les deux
administrations. L'unification des statuts représente en effet une
tâche d'une ampleur considérable.
La situation statutaire des agents issus des deux ministères n'a pas
été remise en cause pendant la période transitoire de
l'année 1999. Trois séries de dispositions réglementaires
(soumises au nouveau comité technique paritaire du ministère des
affaires étrangères réuni les 22 et 23 juin
dernier) prévoient :
- l'intégration des administrateurs civils de la coopération dans
le corps des conseillers des affaires étrangères ;
- l'intégration des attachés d'administration centrale de la
coopération au sein d'un corps nouveau des secrétaires des
affaires étrangères (formés des attachés des deux
ministères, des secrétaires-adjoints des affaires
étrangères et des contractuels de catégorie A
titularisés dans ce corps) ;
- l'intégration au sein du corps homologué d'administration
centrale des affaires étrangères des corps de catégorie B
et C de la coopération.
La réforme, dans ses aspects statutaires, ne devrait pas emporter de
conséquences négatives sur la rémunération
indiciaire et la carrière des agents de la coopération dans la
mesure où les corps homologués ou spécifiques qu'ils
intégreront présentent une grille indiciaire et un
déroulement des carrières identiques à ceux de leur corps
d'origine.
2. Les risques de dispersion
a) Une coordination encore lacunaire
L'éparpillement de l'aide publique au
développement
entre plusieurs administrations appelait la mise en place d'une instance de
coordination.
La fusion des services de la coopération au sein du ministère des
affaires étrangères répond naturellement à cette
préoccupation. Toutefois, le nouvel ensemble ne gère que
28 % de l'aide publique bilatérale. Bercy forme l'autre pôle
majeur avec 36 % de l'aide.
L'aide publique au développement
|
1998 1 |
1999² |
Aide
bilatérale
|
24 686
|
21 625
|
APD
multilatérale
|
9 186
|
10 050
|
TOM |
4 519 |
4 601 |
TOTAL |
33 872 |
36 276 |
1
Exécution
² Prévision d'exécution associée à la LFI
Le ministère des affaires étrangères, loin de se trouver
conforté par la réforme de la coopération, s'est vu
relégué à la
deuxième place
, derrière
les Finances, pour la gestion de l'aide bilatérale.
Le comité interministériel de la coopération
internationale et du développement (CICID) institué dans le cadre
de la réforme par décret du 4 février 1998 avait pour
vocation de conférer une inspiration commune à une politique de
coopération souvent commandée par des logiques diverses entre
Bercy et le Quai. Cette tentative n'avait rien d'inédit. Rappelons-le,
elle faisait suite au comité interministériel d'aide au
développement (CIAD) dont les résultats s'étaient
avérés décevants.
La nouvelle instance se réunit
une fois par an dans une formation assez lourde
3(
*
)
. Constitue-t-elle dès lors le cadre le plus
adapté pour assurer une direction politique commune à l'aide au
développement ? On peut en douter.
Le CICID s'est réuni pour la première fois, sous la
présidence du Premier ministre, le 28 janvier 1999. Il a pris cinq
décisions d'inégale portée :
- désignation de M. Claude Villain, inspecteur général des
finances comme président du groupe de travail interministériel
chargé de la préparation du rapport annuel d'évaluation de
l'efficacité de la coopération et de l'aide au
développement de la France ;
- accord de principe sur l'organisation d'un
débat parlementaire
non budgétaire, relatif à la politique de coopération
internationale de la France et à ses orientations ;
- approbation du projet de décret paru le 10 février 1999,
portant création du Haut conseil de la coopération
internationale ;
- définition, surtout, de la
zone de solidarité
prioritaire
(ZSP) sur laquelle votre rapporteur reviendra ;
- instruction donnée par le Premier ministre aux ministères
chargés du cosecrétariat du CICID de lui remettre des
propositions en vue d'une réforme du FAC, avant la fin du mois de juin
1999.
.
Le Haut conseil de la coopération internationale
La coopération va-t-elle suivre les voies de la francophonie avec la
multiplication d'institutions dont le rôle n'apparaît pas toujours
clairement e dont les compétences se recoupent. La création du
Haut conseil de la coopération internationale vise en principe à
mieux impliquer la " société civile " dans la
coopération internationale de la France.
Les missions confiées au Haut conseil présentent une
portée limitée. En effet, cette institution :
- émet des avis et formule des recommandations sur les politiques
bilatérales et multilatérales de la France ainsi que sur l'action
des opérateurs privés en matière de coopération
internationale ;
- propose toute mesure de nature à faciliter les échanges sur les
diverses actions publiques et services de coopération ;
- remet chaque année un rapport, rendu public ;
- organise éventuellement une conférence de coopération
internationale regroupant l'ensemble des acteurs publics et privés.
Les crédits nécessaires à son fonctionnement seront
inscrits au budget du ministère des affaires étrangères.
b) Quelle réelle priorité pour la " zone de solidarité prioritaire " ?
Les
contours de la zone de solidarité prioritaire ont été
définis par le comité interministériel pour la
coopération et le développement le 28 janvier dernier. Le choix
du pays prend en compte trois séries de critères.
En premier lieu, la ZSP réunit les
pays les moins
développés
en termes de revenu et n'ayant pas accès
aux marchés de capitaux.
Ensuite, la solidarité de la France s'exerce plus
particulièrement vis-à-vis des
Etats francophones.
Enfin, la définition de la ZSP vise aussi à renforcer la
cohérence régionale des actions de développement
.
Une stratégie régionale de coopération et la mise en
oeuvre de projets rassemblant plusieurs pays devrait, d'après le
ministre délégué à la coopération, permettre
de dégager certaines synergies.
La liste des pays retenus peut être révisée chaque
année. Après les décisions du CICID du 28 janvier 1999, la
ZSP réunit
60 Etats
.
Zone de solidarité prioritaire en 1999
Anciens pays du champ |
Extension en 1999 |
|||
|
Bénin |
1978 |
Djibouti |
Liban |
|
Burkina-Faso |
1980 |
Guinée Equatoriale |
Palestine |
|
Cameroun |
|
Gambie |
Afrique du Sud |
|
Centrafrique |
|
Sainte-Lucie |
Algérie |
|
Congo |
|
Grenade |
RD Congo |
|
Côte d'Ivoire |
1983 |
Dominique |
Erythrée |
1959 |
Gabon |
|
Saint-Vincent |
Ethiopie |
|
Madagascar |
|
St Kittes et Neviez |
Ghana |
|
Mali |
1984 |
Guinée Conakry |
Guinée |
|
Mauritanie |
1985 |
Angola |
Kenya |
|
Niger |
|
Mozambique |
Liberia |
|
Sénégal |
1990 |
Namibie |
Maroc |
|
Tchad |
1993 |
Cambodge |
Ouganda |
|
Togo |
|
|
Sierra Leone |
|
Zaïre |
|
|
Tanzanie |
1964 |
Rwanda |
|
|
Tunisie |
|
Burundi |
|
|
Zimbabwe |
1971 |
Maurice |
|
|
Laos |
1973 |
Haïti |
|
|
Vietnam |
1975 |
Comores |
|
|
Cuba |
|
Cap Vert |
|
|
République dominicaine |
1976 |
Guinée Bissau |
|
|
Petites Antilles |
|
Sao Tomé |
|
|
Surinam |
|
Seychelles |
|
|
Vanuatu |
•
Les moyens de financement
Outre les crédits du titre IV mis à la disposition de nos
ambassades pour la coopération et l'action culturelle, scientifique et
technique, les deux principaux instruments de coopération au sein de la
ZSP reposent sur les financements de l'Agence française de
développement et le Fonds d'aide et de coopération (devenu Fonds
de solidarité prioritaire).
Aucun pays ne dispose d'un droit de tirage automatique qui serait
attribué selon des clés de répartition
prédéfinies. En principe, un " accord de partenariat pour le
développement " conclu avec chaque pays de la ZSP précisera
dans un cadre pluriannuel les différents types de coopération
définis d'un commun accord : développement,
coopération militaire mais aussi maîtrise du flux migratoire. Un
" document-cadre de partenariat " transcrira les termes de cet accord.
A ce jour, les accords de partenariat signés sont peu nombreux : cinq au
total l'ont été (avec le Mali, le Burkina Faso, la Côte
d'Ivoire, la Mauritanie et le Tchad).
La procédure risque de se révéler assez lourde.
Une
approche par projets répond, semble-t-il davantage aux exigences de
rapidité et d'efficacité
.
.
Une zone de solidarité vraiment
" prioritaire " ?
La mise en place de la zone de solidarité prioritaire permettra-t-elle
vraiment de mobiliser les ressources nécessaires pour l'aide au
développement ? Dans ce cas, elle marquerait une nette inflexion
d'une tendance observée depuis cinq ans.
Evolution des ressources accordées au titre de l'aide publique au développement aux pays de la zone de solidarité prioritaire
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
APD bilatérale |
36 706 |
32 085 |
29 438 |
27 877 |
24 688 |
Aide
bilatérale
|
19 241 |
15 112 |
14 198 |
13879 |
11 025 |
En % du total |
52 % |
47 % |
48 % |
50 % |
45 % |
Non seulement l'aide destinée aux pays de la ZSP s'est
réduite de 33 % entre 1994 et 1998 mais sa part au sein de l'aide
totale est passée, sur la même période, de 52 % à 45
%.
Le mouvement sera-t-il enrayé ? Rien dans les moyens
consacrés à la ZSP dans le projet de budget pour 2000 ne permet
de l'attester.
L'extension de la zone de solidarité prioritaire soulève
un
problème de principe et de cohérence.
Une trop grande dispersion de nos moyens peut conduire à une dilution
de notre influence
. A vouloir assurer notre présence dans l'ensemble
des pays en développement, nous courons le risque, surtout au moment
où les moyens financiers sont limités, de ne compter vraiment
nulle part.
Certes, la zone de solidarité prioritaire n'a reçu pour l'heure
aucune traduction budgétaire. Pourquoi dès lors avoir
élargi considérablement le champ des pays
bénéficiaires de l'aide au développement ? Aussi
bien, cette réforme contestable dans son principe pose aussi un
problème de
cohérence
au regard des moyens
budgétaires mis en oeuvre.
B. L'ANALYSE DU PROJET DE BUDGET POUR 2000 : L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT SACRIFIÉE
Les
changements de nomenclature liés à la mise en place d'un budget
unique ne permettent pas toujours de suivre aisément l'évolution
en 2000 des dotations budgétaires de l'ancien secrétariat
à la coopération.
Aussi votre rapporteur a-t-il choisi pour sa part de retracer la part
réservée dans le projet de budget pour 2000 aux crédits
dévolus à l'aide au développement qui étaient
inscrits en 1998 au budget du secrétariat d'Etat à la
coopération et, le cas échéant, au ministère des
affaires étrangères (dont la responsabilité apparaissait
naturellement plus limitée dans ce domaine, même si le Quai
d'Orsay conduisait certaines actions en faveur du
développement).
Catégories de dépenses |
LFI 99 |
LFI 2000 |
Evolution
en MF
|
Concours financiers (41-43) |
265 |
160 |
- 40 |
Assistance technique (42-12-art.10) |
1 224 |
1042 |
- 15 |
Coopération technique (bourses, formation, appui aux organismes concourant à la coopération au développement, appui local aux projets de coopération, fonds de coopération régionaux) |
661 |
669 |
-
|
Appui aux initiatives privées décentralisées (42-13) |
219 |
219 |
- |
Coopération militaire et de défense (42-29) |
780 |
754 |
- 3,3 |
Aide alimentaire (42-26) |
105 |
95 |
- 9,5 |
Action extérieure et aide au développement (68-80) |
17 |
17 |
- |
- Fonds
d'aide et de coopération (68-91)
|
(2 303)
|
(1 300)
|
- 43
|
TOTAL |
5 069 |
4 850 |
- 4,3 |
L'évolution des crédits dément ainsi les ambitions affichées. L'effort d'économie demandé au ministère des affaires étrangères porte principalement sur l'un des deux piliers de notre politique de coopération : l'assistance technique.
1. Une présence humaine amoindrie
a) Une disparition programmée de l'assistance technique civile ?
.
La remise en cause de la spécificité de la
coopération française
L'aide publique française depuis les indépendances s'est
singularisée par la priorité accordée à la
présence d'assistants techniques. A l'inverse, les autres bailleurs de
fonds et, en particulier, les institutions financières internationales
privilégient un mode d'action fondé sur des missions temporaires
d' " experts " chargés dévaluer les besoins et les
réponses adaptées à la situation du pays concerné.
A l'expérience, les avantages du modèle de coopération
français sont avérés : une excellente connaissance du
terrain, une capacité d'expertise reconnue par nos partenaires, une
certaine sagesse qui a prémuni la France contre les excès de
dogmatisme manifestés par les organisations internationales. Ainsi la
France, tout en appuyant les réformes souhaitées par le FMI, a
plaidé pour une application différenciée des
" recettes " libérales. Les institutions de Bretton-Wood et la
Banque mondiale se sont finalement ralliées aux positions
françaises en accordant une plus grande importance aux
considérations d'ordre social
dans leurs projets de
développement. En outre, l'action des coopérants ouvrait souvent
la voie à l'implantation d'entreprises françaises. Elle
constituait par ailleurs l'un des meilleurs vecteurs de la
francophonie.
Ainsi, à maints égards, la coopération française
répondait aux attentes de nos partenaires
Certes, la part de l'assistance technique vouée à la formation
devrait se réduire car elle avait précisément pour
vocation de favoriser l'émergence de cadres à même de
prendre la relève. La baisse de la coopération dite " de
substitution " a ainsi légitimement été
amorcée au début des années 90. Toutefois, le
mouvement
a touché également les coopérants chargés
d'encadrer l'aide-projet
: l'argument de réforme invoqué
a bientôt servi de prétexte à une réduction
flagrante des moyens financiers.
Ainsi le nombre de coopérants est passé de 7348 (2 423
techniciens et 4 925 enseignants) en 1989 à 2 151 (1 027
techniciens et 1 124 enseignants) en 1999, soit une baisse de 70 % en dix
ans !
Cette évolution se poursuivra en 2000 avec la suppression de
40 postes en année pleine.
Or le gouvernement avait déjà reconnu l'an passé que nous
avions atteint la cote d'alerte en dessous de laquelle on ne pouvait descendre
sans compromettre l'efficacité de notre action.
Les crédits de l'assistance technique se réduisent de
15
%
. Seule une partie de cette baisse (90 millions de francs) recouvre un
redéploiement de crédits interne au budget du
département : elle permet en effet d'abonder le chapitre 42-11
consacré à la coopération culturelle et scientifique.
Par ailleurs, le ministère a décidé de modifier la
présentation budgétaire de l'assistance technique : il ne
comptabilisera plus le nombre d'emplois d'assistant et retiendra les seuls
crédits de rémunération au motif de garantir une plus
grande souplesse d'utilisation. Le nouveau dispositif permettra
d'
atténuer l'effet optique des prochaines diminutions d'emploi
.
Ne confirme-t-il pas dès lors
la baisse programmée de notre
assistance technique
?
Cette évolution traduirait un
changement substantiel
de notre
coopération et un
alignement sur les modes d'intervention des autres
bailleurs de fonds
sans toutefois que cette orientation ait
été clairement annoncée par le Gouvernement et sans que le
Parlement ait été consulté.
La réduction des effectifs de l'assistance technique n'apparaît
pas seulement difficilement admissible au regard de la préservation du
modèle français d'aide au développement. Elle paraît
incohérente
par rapport à l'extension de la zone de
solidarité prioritaire. Notre pays a ainsi renoncé à se
doter de moyens supplémentaires dans les nouveaux pays de la zone si on
excepte la création de
quatre emplois seulement
(deux postes de
conseiller de coopération et d'action culturelle en Ouganda et en
Tanzanie, un poste d'attaché de coopération
décentralisée au Viêt-nam et la réactivation du
poste de directeur-adjoint du centre culturel d'Alger).
Les effets de la baisse des effectifs risquent d'être encore
amplifiés par la réduction progressive des coopérants du
service national.
L'assistance technique compte en effet un effectif de
150 coopérants
du service national (CSN) dans les pays de l'ex-champ
; ces emplois
représentent un coût budgétaire annuel de
19 millions de
francs
. Le remplacement des CSN par des professionnels civils
présenterait un coût prohibitif pour le budget. Dans cette
perspective, il faut prévoir une rémunération suffisamment
intéressante pour susciter un volant de candidatures à même
de permettre, en qualité et en quantité, un recrutement
satisfaisant. L'évolution des moyens financiers laisse planer sur ce
chapitre les plus graves préoccupations.
.
Le difficile règlement des questions statutaires
-
La question des rémunérations
Deux réglementations s'appliquent aux personnels de coopération
technique selon leur affectation géographique : un décret de
1992 pour les coopérants des pays de l'ancien champ, un décret de
1967 pour ceux qui exercent leurs fonctions dans un autre pays du monde
(environ 500 agents).
La fusion des administrations des affaires étrangères et de la
coopération impose une unification des statuts des personnels. Deux
mesures ont été adoptées en 1999 pour réduire la
disparité entre les deux statuts et permettre, en particulier,
certaines améliorations au régime de 1992
. Ainsi, une
mesure nouvelle de 16,9 millions de francs au budget de 1999 avait permis de
réévaluer les majorations familiales
au niveau
appliqué par le régime de 1967. Par ailleurs,
l'évolution des rémunérations
visées au
titre du décret de 1992 a été alignée sur le
mécanisme change-prix du décret de 1967 afin de garantir aux
agents affectés dans un même pays une évolution identique
de leurs émoluments en utilisant les mêmes données et en
adoptant la même périodicité trimestrielle.
Toutefois, un important travail réglementaire reste à accomplir
pour unifier le régime de tous les assistants techniques quel que soit
leur pays d'affectation.
Il faut espérer sur ce sujet une plus grande
célérité que dans le règlement du problème
des personnels contractuels.
-
Le règlement longtemps attendu des personnels
contractuels.
Le principe de la titularisation des contractuels de l'assistance technique
avait été posé par la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984
(dite loi " Le Pors ") mais n'avait reçu qu'une application
limitée. La situation de quelque deux cents ayants droit parvenus depuis
plusieurs années au terme de leur mission, laissés sans
affectation et rémunérés par le ministère des
affaires étrangères et l'ancien secrétariat d'Etat
à la coopération, apparaissait particulièrement choquante.
Les décrets fixant les conditions exceptionnelles d'intégration
de ces agents non titulaires devraient enfin être prochainement
publiés au journal officiel. Le dispositif s'articulera autour des
quatre mesures suivantes :
- la répartition des agents par corps et par ministère en
fonction de leur expérience professionnelle et de leurs
diplômes ;
- la mise à disposition des ministères d'accueil des agents
concernés dans l'attente des transferts de crédits du
ministère des affaires étrangères vers les administrations
d'affectation ;
- la mise en réserve par les ministères d'accueil des postes
nécessaires au réemploi des agents ;
- à compter de la date de publication des décrets, les ayants
droit à la titularisation dans un corps de catégorie A de la
fonction publique de l'Etat bénéficieront d'un délai
d'option d'un an pour faire acte de candidature auprès de leur
ministère d'affectation, ce délai étant ramené
à six mois pour les agents de catégorie B et C. Les
intéressés disposeront ensuite d'un délai d'option d'une
égale durée pour accepte la proposition, unique, de
titularisation formulée par l'administration avec indication du niveau
de reclassement.
b) La coopération militaire : la priorité africaine érodée
.
La réduction des effectifs en Afrique
Le nombre des assistants militaires dans les pays de l'ex-champ se
réduira, en 2000, de 366 à 344. La déflation de 22 postes
doit être mise en parallèle avec la création de 19 postes
dans les pays placés traditionnellement sous la responsabilité du
Quai d'Orsay.
Evolution des effectifs d'assistants militaires permanents réalisés par pays
PAYS ex-CHAMP |
du 31/12/98 |
au 31/12/99 |
au 21/12/00 |
ANGOLA |
2 |
2 |
3 |
BENIN |
21 |
19 |
16 |
BURKINA FASO |
15 |
15 |
14 |
CAMBODGE |
12 |
12 |
10 |
CAMEROUN |
43 |
39 |
34 |
CENTRAFRIQUE |
31 |
18 |
16 |
COMORES |
11 |
4 |
3 |
CONGO |
3 |
4 |
6 |
COTE D'IVOIRE |
39 |
36 |
30 |
DJIBOUTI |
32 |
27 |
24 |
ETHIOPIE |
1 |
1 |
1 |
GABON |
36 |
30 |
23 |
GUINEE CKY |
22 |
20 |
18 |
GUINEE EQ |
4 |
4 |
4 |
ILE MAURICE |
1 |
1 |
0 |
MADAGASCAR |
21 |
21 |
21 |
MALAWI |
1 |
1 |
1 |
MALI |
19 |
17 |
17 |
MAURITANIE |
39 |
1 |
10 |
NIGER |
39 |
9 |
16 |
SENEGAL |
30 |
28 |
26 |
TCHAD |
39 |
35 |
31 |
TOGO |
27 |
22 |
20 |
TOTAL ex-CHAMP |
488 - 122 366 - 22 344 |
Entre
1998 et 2000, le nombre des coopérants militaires aura ainsi
été réduit de 144 postes -soit une réduction de
30 % en trois ans. Cette évolution s'explique en partie par la
suspension de notre coopération dans certains pays africains à la
suite de coups d'Etat militaires (au Niger et aux Comores) ou à la
demande des autorités du pays concerné (en Mauritanie,
après l'arrestation en France d'un officier mauritanien).
Cependant, quand les liens sont rétablis, la présence
française retrouve rarement son niveau antérieur (ainsi au Niger,
après le creux de 1999, l'effectif prévu en 2000
s'élève à 16 militaires contre 39 en 1998). Cette
érosion témoigne bien de l'orientation profonde du mouvement vers
une baisse globale des effectifs de coopérants militaires.
Cette évolution appellera une double observation de la part de votre
rapporteur :
- d'une part, les effectifs de l'assistance militaire technique se
réduisent de façon générale et ne répondent
plus aux besoins liés au renforcement de l'Etat de droit dans nombre de
pays où la démocratie apparaît encore fragile ;
- d'autre part, les arbitrages budgétaires conduisent d'ores et
déjà à un
affaiblissement de notre présence en
Afrique
; le risque d'une banalisation progressive du continent
africain, contenue dans le projet de réforme de la coopération,
se concrétise ici de façon manifeste.
.
La formation : une progression modeste au seul
bénéfice des pays hors champ
La progression modeste (+ 3,75 %) des dotations prévues pour la
formation bénéficie aux seuls pays extérieurs au champ
traditionnel de la coopération, conformément à la
directive de transférer les crédits vers les pays de l'Est. Or,
les pays africains continuent d'exprimer des besoins tout à fait
légitimes, s'agissant notamment de la formation aux méthodes de
maintien de l'ordre dans un Etat de droit.
La réforme de notre outil de défense et la réduction
concomitante des effectifs militaires français a pour effet direct de
réduire le nombre de places offertes aux stagiaires étrangers
dans les écoles militaires françaises, alors même que les
besoins en formation de nos partenaires tendent à augmenter en raison
d'une professionnalisation accrue des personnels militaires.
Dans ce contexte, la coopération française a décidé
de soutenir la création d'
écoles nationales à vocation
régionale
en Afrique. Dix écoles fonctionnent
déjà sur le continent : au Sénégal (2), au
Mali (2), en Côte d'Ivoire (4), au Togo (1) et au Bénin (1). En
2000, quatre nouvelles écoles ouvriront :
- le centre de perfectionnement de la gendarmerie mobile de Ouakam
(Sénégal),
- le centre de perfectionnement au maintien de l'ordre de Awae (Cameroun),
- une école de pilotage à Garoua (Cameroun),
- l'école militaire technique à Ouagadougou (Burkina Faso).
En 2000, la direction de la coopération militaire et de défense
du ministère des affaires étrangères prévoit de
former 270 stagiaires africains supplémentaires dans les écoles
africaines à vocation régionale. La croissance des crédits
nécessaires à la formation en Afrique devrait être
compensée par les économies réévaluées
grâce à la diminution des stages effectués en France.
2. L'aide économique : une banalisation de la place impartie à l'Afrique
a) Les concours financiers : une contraction confirmée
Les
concours financiers, rappelons-le, participent au soutien des programmes
d'ajustement structurel mis en oeuvre par les pays bénéficiaires,
pour équilibrer leurs finances publiques. En contrepartie d'un soutien
de la communauté des bailleurs de fonds à l'équilibre de
leurs budgets et de leurs balances de paiements courants, les pays sous
ajustement structurel s'engagent à respecter les objectifs inclus dans
le document cadre de la politique économique élaborée par
les autorités nationales avec l'aide des services du FMI et de la Banque
mondiale et actualisée, sur une période glissante de trois ans.
Les financements d'ajustement structurel prennent deux formes :
- les dons en faveur de l'ajustement structurel pour les pays les moins
avancés ;
- les prêts pour les pays à revenu intermédiaire consentis
par l'Agence française de développement au nom et au risque de
l'Etat, à partir de ressources procurées par emprunts sur le
marché financier et bonifiées par l'article 20 du chapitre 41-43.
La forte régression des concours financiers s'explique par le
succès relatif des plans d'ajustement structurels en particulier en
Afrique de l'Ouest et l'importance, en conséquence des crédits
non consommés sur ces lignes budgétaires. Mais elle trouve aussi
son origine dans la volonté française de privilégier le
versement de l'aide dans un cadre multilatéral (FMI ou Banque mondiale).
Cette évolution appelle deux remarques :
- en premier lieu, l'évaluation des crédits pour 2000
paraît
très
limitative
au regard des besoins compte
tenu de la fragilité de la situation financière de certains pays,
- ensuite, la priorité accordée aux financements
multilatéraux risque de réduire la marge d'appréciation de
la France et sa capacité à faire mieux reconnaître les
besoins de nos partenaires africains.
L'aide budgétaire d'urgence, en principe destinée au financement
d'opérations exceptionnelles, a connu une
extension significative de
son champ d'utilisation
. Ainsi, les contributions au financement des forces
de maintien de la paix (ECOMOG, MISAB) émargent depuis peu aux dotations
prévues pour l'aide budgétaire d'urgence.
En outre, l'aide budgétaire désormais inscrite au budget du
ministère des affaires étrangères n'est pas
dédiée à la zone de solidarité prioritaire en
particulier. En 1999, le chapitre 41-43, article 10, a ainsi pu être
mobilisé pour deux opérations relatives à des
pays
extérieurs à la zone de solidarité prioritaire
;
- 0,6 MF pour l'envoi d'observateurs aux élections législatives
en Indonésie dans le cadre d'un processus international de soutien sous
l'égide du Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD) ;
- 45 MF à la Macédoine pour l'aider à financer un
surcroît de dépenses à caractère social
générées par le conflit du Kosovo.
b) L'aide-projet : une progression sans commune mesure avec l'extension de la zone de solidarité prioritaire
Le
projet de budget pour 2000 se caractérise d'abord par un
transfert
des ressources
du Fonds spécial de développement à
l'agence française de développement et, d'autre part, par une
stagnation
des crédits.
.
Un transfert de ressources du Fonds d'aide et de
coopération à l'Agence française de
développement
Les autorisations de programme inscrites au Fonds d'aide et de
coopération rebaptisé Fonds de solidarité prioritaire
(FSP) se réduiront en 2000 de 43 %, tandis que les crédits
de paiement baissent de 46 %. Toutefois, les crédits correspondants
sont transférés au chapitre 68-93 (nouvellement
créé pour mieux identifier les ressources mises en oeuvre par
l'Agence française de développement et précédemment
inscrites dans le cadre d'un article au sein d'un chapitre).
Ce transfert est inscrit dans la logique même de la réforme dans
la mesure où l'AFD
prend désormais en charge les projets
relatifs aux infrastructures sociales
(éducation et santé).
En outre, ce transfert de ressources tire aussi peut-être les
conséquences de la plus grande efficacité de l'AFD dans la mise
en oeuvre de l'aide au développement.
Toutefois, ce transfert n'est pas indifférent au regard des
procédures de contrôle parlementaire. Certes les parlementaires
sont représentés au sein du comité directeur du FAC et du
Conseil de surveillance de l'AFD. Cependant, la première de ces
instances se prononce sur tous les projets qui lui sont soumis tandis que la
seconde n'approuve que les projets supérieurs à 10 millions
d'euros. Il paraît donc très souhaitable que les
crédits
transférés du FAC à l'AFD continuent de faire l'objet d'un
contrôle parlementaire
.
.
L'aide-projet : cible privilégiée de la
régulation budgétaire
La dotation dévolue aux projets de développement (FSP et AFD
confondus) progressent de 5,3 % alors même que la définition
de la zone de solidarité prioritaire a élargi à 23
nouveaux pays le bénéfice des moyens mis en oeuvre jusqu'à
présent dans les 37 pays du " champ ".
Par ailleurs, en 1999, les crédits ouverts au FSP ont de nouveau servi
de
variable d'ajustement aux mesures d'économie
décidées
par Bercy. Les autorisations de programme ont
été réduites de 15,3 % et les crédits de paiement,
diminués de 7,3 %. Ces annulations ont permis de dégager des
ressources pour l'aide humanitaire pour le Kosovo. L'engagement de la France
dans les Balkans a ainsi pesé sur l'aide accordée aux pays en
développement.
La régulation budgétaire est souvent justifiée par la
sous-consommation des crédits observée chaque année. Votre
rapporteur l'avait déjà souligné l'an passé :
il existe souvent en effet un
décalage entre l'instruction d'un
dossier au sein du Comité directeur du FAC et sa réalisation
effective
.
Les procédures de décision apparaissent excessivement
lourdes.
Souvent, la France promet son aide -à Cuba par exemple- et
l'engagement ne se concrétise que plusieurs années
après, au risque de perdre beaucoup de son intérêt. La
crédibilité de notre pays souffre de ces retards
répétés
.
Une plus
grande déconcentration des crédits
permettant
précisément de raccourcir les délais d'intervention
constitue sans doute une des voies nécessaires de la réforme.
En 1999, le montant total des enveloppes destinées aux crédits
déconcentrés s'est élevé à 82,5 millions de
francs. Le comité directeur ne s'étant réuni moins souvent
en 1999 que dans les années passées en raison de la mise en place
de la réforme, plusieurs décisions programmées doivent
encore obtenir l'approbation du Comité directeur (21,5 millions de
francs) voire même l'accord préalable du comité d'examen
(42 millions de francs).
.
La coopération décentralisée : une
priorité politique sans réels moyens financiers
Les crédits dévolus à la coopération
décentralisée passent de 39,9 millions de francs à 37,7
millions de francs. Cette nouvelle baisse dément la priorité
affichée par le Gouvernement, lors des rencontres nationales de la
coopération décentralisée, au cours desquelles cette forme
de coopération avait été reconnue comme un
" volet important de l'action internationale de la France ".
Le bilan de la coopération décentralisée en 1999
témoigne d'une forte concentration des projets sur quelques zones comme
l'Afrique ou certains pays tels que la Roumanie, la Pologne, la Hongrie et le
Vietnam.
L'intervention de l'Etat dans le cadre de
cofinancements
vise trois
objectifs principaux :
- permettre le " bouclage " d'opérations utiles, techniquement
bien étudiées mais dotées d'un financement
insuffisant ;
- manifester l'intérêt des pouvoirs publics pour une
opération ainsi " labellisée " susceptible
d'accroître la crédibilité d'une action aux yeux du
partenaire étranger ;
- inciter d'autres collectivités à s'engager dans de nouvelles
opérations dont la mise en oeuvre est souhaitée dans le cadre des
évolutions stratégiques décidées.
Par ailleurs, le renforcement institutionnel, la formation supérieure
d'étudiants et chercheurs et l'appui aux partenariats d'entreprises
constituent la priorité affirmée du ministère des affaires
étrangères dans le cadre des
contrats de plan
Etat-région
pour la période 2000-2006 avec, sur 7 ans, un
montant prévu de cofinancement de 95 millions de francs
. Un
dispositif institutionnel a par ailleurs été mis en place
à la faveur de la réforme sous la forme d'une mission pour la
coopération intergouvernementale au sein de la DGCID). Cette mission
dispose d'un bureau plus particulièrement chargé de la liaison
avec les collectivités locales françaises, leurs associations et
leurs partenaires en France et à l'étranger. Le cadre est
posé. Cependant les moyens financiers mis en oeuvre permettent-ils de
répondre aux ambitions affichées ? L'évolution du
budget pour 2000 ne paraît pas de ce point de vue de bon augure.
CONCLUSION
Votre
rapporteur relevait déjà l'an passé que
" l'évolution préoccupante des crédits prévus
en 1999 pour l'aide au développement jetait un doute sur le sens
même de la réforme ; la fusion des budgets et des
administrations ne saurait recouvrir une marginalisation de l'aide au
développement et de la place de l'Afrique au sein de notre
diplomatie ".
Ces appréhensions étaient malheureusement justifiées car
elles se sont trouvé confirmées par la nouvelle baisse des moyens
affectés à l'aide au développement dans le projet de
budget pour 2000.
La réduction des crédits de la coopération ouvre
incontestablement la voie à une
" banalisation " de la
place de l'Afrique dans la politique étrangère de la France.
Une telle évolution ne paraît pas conforme à nos
intérêts nationaux
.
Pour votre rapporteur, la priorité africaine de l'aide au
développement doit être clairement réaffirmée. D'une
part, les progrès économiques accomplis par les pays de la zone
franc constituent un indicateur encourageant pour la politique française
de coopération. Il serait dès lors regrettable de
relâcher l'effort au moment où il commence à porter ses
fruits
. D'autre part, nos liens avec l'Afrique reposent aussi sur la
présence d'une
communauté française
forte de
quelque 150.000 personnes. Il faut faire fructifier et amplifier ce capital
humain. Nous devons admettre à cet égard que
nos compatriotes
n'ont pas toujours bénéficié de l'attention
nécessaire de la part des pouvoirs publics
comme le démontre
amplement le problème récurrent des pensions des retraités
français ayant exercé en Afrique ou les difficultés
d'indemnisation de nos ressortissants parfois ruinés et acculés
au désespoir à la suite d'événements politiques
dans lesquels ils n'ont aucune part de responsabilité.
L'équité, comme la simple logique, commanderait de mettre en
place
d'urgence
une solution enfin stable et définitive à
ce très grave problème qui génère une
désaffection profonde de nos compatriotes vis-à-vis de
l'expatriation. Cette désaffection affaiblit dangereusement la
présence et l'influence de la France dans certaines zones de la
planète où nous avons pourtant tout intérêt non
seulement à maintenir solidement nos positions mais également
à les renforcer dans l'immédiat et pour l'avenir.
Des solutions existent. Une d'entre elles, peut-être la plus simple et la
plus rapide, consisterait à précompter sur les aides
apportées à certains pays les sommes dues à nos
compatriotes, qu'il s'agisse des pensions de retraite ou des indemnités
nécessaires pour la reconstitution de leur outil de travail et la
reprise de leurs activités.
D'autres solutions sont également possibles. Elles ont pour
préalable, dans certains cas, la fermeté et la pugnacité
des négociateurs, mais avant tout, la réelle volonté
politique du Gouvernement de résoudre ce problème. Le jour
où cette volonté politique existera réellement, nous
pourrons mettre sur pied en quelques mois les mécanismes
nécessaires.
Conforter la situation des Français en Afrique apparaît, en effet,
comme un moyen décisif d'encourager nos entreprises à investir
sur le continent.
N'oublions pas que l'influence de la France en Afrique constitue un
élément essentiel de notre rayonnement international. En dehors
d'autres considérations, nous pouvons régulièrement
compter aux Nations unies sur le soutien et la fidélité de nos
partenaires africains et parfois d'eux seuls. En outre, notre politique en
Afrique doit également s'apprécier dans un horizon de moyen et
long termes : le continent africain comptera
1,25 milliard
d'habitants
en 2025, soit 18 % de la population mondiale. Ces
perspectives démographiques constituent à la fois une promesse et
un défi : une promesse car le continent africain représente
un marché au potentiel considérable ainsi qu'une caisse de
résonance pour la francophonie et l'influence française ; un
défi, aussi, car il faudra contribuer au développement harmonieux
du continent.
Telles sont les raisons principales qui plaident pour le maintien de la
priorité accordée à l'Afrique dans notre politique
étrangère. Or cette priorité se trouve aujourd'hui
menacée, d'une part, par l'élargissement de la zone de
solidarité prioritaire et, d'autre part, par l'érosion continue
des crédits de l'aide au développement au cours de la
période récente -érosion qui enlève toute
cohérence aux objectifs affichés par le Gouvernement.
Le budget pour 2000, loin d'infléchir cette évolution
préoccupante, la renforce
. S'il était encore possible de se
prononcer sur un budget séparé de la coopération, ce qui
n'est plus le cas depuis 1998, votre rapporteur aurait appelé à
rejeter cette dotation nettement insuffisante. Dans la mesure où le vote
porte sur l'ensemble du budget des affaires étrangères, votre
rapporteur s'en est remis à l'avis favorable proposé par votre
commission.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent avis lors de sa
séance du 24 novembre 1999.
A la suite de l'exposé du rapporteur pour avis, M. Christian de La
Malène s'est étonné que la création de la zone de
solidarité prioritaire et l'élargissement du nombre de pays
bénéficiaires de notre aide ne soient pas accompagnés
d'une augmentation concomitante des crédits consacrés à
l'aide au développement. Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis,
a confirmé que l'extension de la zone de solidarité prioritaire
risquait en effet d'entraîner une dilution de notre influence.
M. Xavier de Villepin, président, a déploré la
difficulté de comparer les dotations consacrées à la
coopération d'une année sur l'autre en raison des modifications
de nomenclature budgétaire introduites par la réforme. Il s'est
par ailleurs demandé si la baisse des crédits dévolus
à l'Afrique subsaharienne n'avait pas eu pour contrepartie une
réévaluation de l'aide apportée aux pays du Maghreb.
Enfin, il s'est étonné de l'absence du Bangladesh dans la liste
des pays de la zone de solidarité prioritaire et a regretté la
suppression de protocoles financiers destinés à ce pays.
M. Guy Penne a observé que la fusion des administrations n'avait pas
favorisé la lisibilité du budget consacré à l'aide
au développement. Il a également estimé que l'introduction
de nouveaux pays, tels que le Bangladesh, dans la zone de solidarité
prioritaire, pourrait entraîner une certaine dispersion des moyens. Il a
par ailleurs remarqué que la baisse de la dotation affectée
à l'aide au développement avait en partie
bénéficié à la coopération culturelle au
sein du budget des affaires étrangères.
M. Michel Caldaguès a estimé que la commission devait obtenir du
Gouvernement une évaluation comparative précise des
crédits consacrés à la coopération sur la
période 1998-2000.
M. Hubert Durand-Chastel s'est inquiété des risques de
" saupoudrage " de l'aide au développement et a jugé le
budget des affaires étrangères insuffisant à l'heure de la
mondialisation.
M. Xavier de Villepin, président, a fait observer une certaine
corrélation entre l'absence de clarté des crédits
dévolus à l'aide au développement et la réduction
des moyens dans ce domaine en 2000.
M. Daniel Goulet a regretté que l'insuffisance des moyens
consacrés à la formation entraîne un certain effacement de
la France dans les pays traditionnellement bénéficiaires de notre
aide.
Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis, s'est également
inquiétée d'un affaiblissement progressif de l'influence
française. Elle a regretté l'opacité de la
présentation retenue pour le budget de la coopération et
cité à cet égard les crédits réservés
à l'assistance technique qui comptabilisaient désormais les
seules rémunérations sans prendre en compte le nombre de
coopérants. Elle s'est félicitée en revanche de l'effort
accompli par l'agence française de développement (AFD) et par sa
filiale la PROPARCO, en particulier dans les pays du Maghreb.
M. Guy Penne s'est inquiété des conditions dans lesquelles
s'exercerait le contrôle parlementaire, s'agissant des crédits de
l'aide au développement délégués à l'AFD.
Avec M. Xavier de Villepin, président, il a suggéré que le
directeur de l'AFD puisse être entendu par la commission.
Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis, a enfin regretté qu'une
politique restrictive de visas et que l'insuffisance des bourses conduisent
beaucoup d'élèves étrangers, qui avaient
bénéficié d'une aide de la France au cours de leur
scolarité, à se tourner vers d'autres pays pour poursuivre des
études supérieures. La France, a-t-elle ajouté, perdait
ainsi le bénéfice de l'investissement non négligeable
accompli en matière de formation.
*
La
commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du
ministère des affaires étrangères au cours de sa
réunion du mercredi 24 novembre 1999.
M. Pierre Biarnès a estimé que M. Guy Penne, rapporteur pour
avis, avait décrit en fait, des réalités
inquiétantes, liées au manque durable de moyens financiers
accordés au ministère des affaires étrangères.
Notre réseau d'établissements d'enseignement à
l'étranger, par ailleurs exemplaire, devenait de plus en plus
réservé aux enfants de familles aisées ou à ceux
qui pouvaient bénéficier de bourses, mais excluait les autres.
Notre réseau de centres et instituts fonctionnait en partie grâce
à des personnels recrutés locaux qui s'investissaient beaucoup
dans la promotion de notre langue et de notre culture, sans
bénéficier pour autant d'un statut suffisamment protecteur. Il a
estimé que, par delà les déclarations d'intention, les
moyens budgétaires du ministère des affaires
étrangères n'étaient pas à la hauteur de nos
ambitions internationales.
En réponse à M. Xavier de Villepin, président, M. Guy
Penne, rapporteur pour avis, a rappelé les grandes lignes du plan de
modernisation de TV5 et CFI, présenté par M. Jean Stock,
président des deux sociétés, et précisé les
raisons de l'échec du lancement de TV5 Amériques alors que les
effets positifs du plan de modernisation de TV5 Europe commençaient
à être bien perçus. Il a rappelé que TV5
Amériques était gérée par nos partenaires
canadiens, lesquels n'avaient pas, jusqu'à ces derniers temps,
souhaité engager une réflexion sur la stratégie de
programmation et de diffusion de la chaîne, contrairement à ce qui
avait été fait en Europe.
M. Xavier de Villepin, président, s'est ensuite déclaré en
accord avec l'appréciation portée par le rapporteur pour avis sur
les difficultés posées par l'évolution de notre
réseau d'enseignement français à l'étranger, en
particulier pour ce qui concerne l'évolution des coûts de
scolarité qui n'ont pas été contenus dans les limites
prévues lors du vote de la loi créant l'AEFE. Cette situation, a
estimé M. Xavier de Villepin, président, nécessitait de
rechercher de nouveaux partenaires et de nouvelles formules de financement,
telles que les possibilités offertes par la construction d'écoles
en commun avec des partenaires européens. Il a salué l'initiative
du rapporteur pour avis tendant à engager une réflexion sur ce
point.
Enfin, M. Xavier de Villepin, président, a souligné le grand
progrès que traduisait la création de l'agence Edufrance.
L'attractivité de notre enseignement supérieur auprès des
étudiants étrangers constituait en effet une
nécessité qui avait été trop méconnue
jusqu'à présent.
M. Guy Penne, rapporteur pour avis, a précisé que les
responsables d'Edufrance, qu'il avait eu l'occasion de rencontrer
récemment, avaient mis en avant la difficulté qu'avaient des
étudiants étrangers à obtenir des visas de la part de nos
postes consulaires. M. Pierre Biarnès a également souligné
cette difficulté qui empêchait des étudiants
étrangers, dont les dossiers étaient pourtant acceptés, de
rejoindre notre pays.
En réponse à M. Christian de La Malène, M. Guy Penne,
rapporteur pour avis, a indiqué que les bourses de l'AEFE étaient
destinées aux élèves français des
établissements du réseau, les autres bourses du ministère
des affaires étrangères étant accordées aux
étudiants étrangers désireux de recevoir une formation
universitaire en France.
M. André Dulait, rapporteur pour avis des crédits du
ministère des affaires étrangères, a alors estimé
que les éléments positifs du présent budget de ce
ministère pour 2000 l'emportaient sur les éléments
négatifs. En particulier, la réduction tendancielle des
crédits semblait désormais enrayée. M. André Dulait
a donc suggéré à la commission d'émettre un avis
favorable à l'adoption du présent budget.
M. Xavier de Villepin, président, a alors rappelé que Mme
Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis des crédits de l'aide au
développement, avait porté un jugement critique sur les
crédits de la coopération. Il a lui-même estimé que
si l'objectif de la réforme, en fusionnant la coopération au sein
du ministère des affaires étrangères, répondait
à un souhait ancien, sa mise en oeuvre révélait certaines
lourdeurs et un relatif manque de transparence. Il a indiqué que la
commission recevrait prochainement le directeur général de
l'Agence française de développement (AFD), afin de faire le point
sur cette situation. Suivant les recommandations des rapporteurs pour avis, il
s'est dit favorable à une adoption des crédits du
ministère des affaires étrangères pour 2000.
M. Paul Masson a reconnu les aspects positifs du présent projet de
budget du ministère des affaires étrangères pour 2000. Il
a cependant émis de fortes réserves sur les crédits de la
coopération et relevé que l'Union européenne effectuait
désormais, en matière d'aide au développement, un lien
entre les ressources financières qu'elle accordait et la politique
d'émigration des pays destinataires de son aide. Or, a-t-il
estimé, le ministère des affaires étrangères
n'était pas organisé pour mettre en oeuvre cette orientation
européenne que, pour sa part, il approuvait.
La commission a alors émis un
avis favorable sur l'ensemble des
crédits du ministère des affaires étrangères
inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000, MM. Paul Masson,
Christian de La Malène et Roger Husson s'abstenant.
1
Angola, Burundi, Cameroun, Gabon,
Guinée équatoriale, République Centrafricaine, RDC,
Rwanda, Sao Tome et Principe, Tchad.
2
Bolivie, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guyana, Mali,
Mozambique, Ethiopie, Guinée-Bissau, Mauritanie.
3
Le comité interministériel réunit, sous la
présidence du premier ministre, le ministre des Affaires
étrangères, le ministre chargé de l'Economie et des
Finances, le ministre chargé de la Recherche, le ministre de
l'Intérieur, le ministre de la Défense, le ministre chargé
de l'Environnement, le ministre chargé de la Coopération, le
ministre chargé du Budget, le ministre chargé de l'Outremer ainsi
que, le cas échéant, les ministres intéressés par
les questions inscrites à l'ordre du jour.