EXAMEN EN COMMISSION
Lors d'une réunion tenue le 21 novembre 1995, la commission des affaires culturelles a examiné le rapport pour avis de M. Jean-Louis Carrère sur les crédits de l'enseignement technique inscrits au projet de budget pour 1996.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
M. Adrien Gouteyron, président, a demandé si la dégradation de l'insertion professionnelle des apprentis, qu'il n'avait pas constatée dans son département, avait été mesurée sur une période significative.
Il a ensuite rappelé que la commission d'évaluation et de proposition pour la sécurité des établissements scolaires avait nuancé son analyse quant aux risques présentés par les bâtiments à ossature métallique, même si ceux-ci étaient visés en priorité pour les travaux supplémentaires de sécurité.
M. Jean Bernard s'est demandé si l'étude citée concernant le taux de chômage et l'insertion professionnelle des apprentis englobait les effectifs des centres de formation d'apprentis.
M. Philippe Richert a souligné l'importance du développement récent de l'apprentissage et les progrès enregistrés dans l'enseignement technique et professionnel, ce mouvement pouvant être considéré comme positif même si une certaine déperdition de la formation pouvait être constatée en matière d'insertion professionnelle.
S'agissant de l'apprentissage, il a estimé que la double évolution relevée augmentation des effectifs et réduction du taux d'insertion professionnelle était également liée au fait que les entreprises françaises étaient trop tenues à l'écart de la formation professionnelle, alors que leurs homologues allemandes, qui accueillent une plus grande proportion d'apprentis, contribuaient à un meilleur taux d'insertion.
Il a ensuite souligné les difficultés de passer d'une filière à une autre et la nécessité d'établir des passerelles entre les formations.
Il a souhaité que la poursuite d'un cursus professionnel et technique soit facilitée par la possibilité offerte de sortir et de revenir dans le système éducatif et que les formations correspondantes soient reconnues et valorisées de manière plus satisfaisante afin d'éviter une orientation « par défaut » encore trop fréquente.
S'agissant de la sécurité des établissements, il a estimé que la mise en cause des bâtiments à ossature métallique était sans doute excessive, d'autres éléments étant également à prendre en considération pour assurer la sécurité des établissements.
M. Henri Weber s'est félicité de l'augmentation des effectifs en apprentissage en estimant que cette formule répondait aux besoins d'une population scolaire hétérogène, et à une diversification souhaitable de l'offre scolaire et des parcours des élèves. Il a cependant noté que le développement de cette formule supposait une spécialisation non précoce afin de permettre l'adaptation à l'évolution rapide des techniques et une mise en place de véritables passerelles entre les formations permettant d'acquérir un diplôme, qui reste le meilleur facteur d'insertion professionnelle.
Il a également indiqué que l'attitude des chefs d'entreprise allemands à l'égard de l'investissement de formation résultait d'une tradition ancienne et s'opposait à celle des entreprises françaises qui ne proposent par ailleurs pas suffisamment de stages aux élèves, la formation continuant de relever dans cette conception du rôle de l'État.
Répondant à ces interventions, M. Jean-Louis Carrère, rapporteur pour avis, a notamment apporté les précisions suivantes :
- le constat établi sur la dangerosité des bâtiments à ossature métallique doit en effet être nuancé ;
- les passerelles entre filières existent déjà, notamment entre les IUT et les IUP, et devraient être développées, conformément aux mesures prévues par le nouveau contrat pour l'école ;
- le succès du système allemand d'apprentissage résulte d'une longue tradition de prise en charge de la formation par les entreprises ;
- il sera nécessaire de faire évoluer l'état d'esprit des élèves, des familles et des chefs d'entreprise à l'égard des filières technologiques et professionnelles ;
- l'accroissement en volume de l'apprentissage se traduit nécessairement par une dégradation en pourcentage des taux d'embauché des apprentis.
En conclusion de ce débat, et suivant la proposition de son rapporteur pour avis, la commission a donné un avis favorable à l'adoption des crédits de l'enseignement technique.