D. UN CINÉMA QUI BÉNÉFICIE DE SOUTIENS CONSTANTS DES POUVOIRS PUBLICS
Les dépenses de soutien du CNC affichent une remarquable stabilité depuis plusieurs années, tant en montant qu'en répartition, ce qui permet de nuancer le discours parfois tenu sur un désengagement de l'État.
Évolution des dépenses de soutien en faveur de la production cinématographique et audiovisuelle entre 2017 et 2024 (en millions d'euros) |
Nombre de films agréés produits entre 2017 et 2022 |
Au passage, le différentiel constant entre soutien au cinéma et soutien à l'audiovisuel doit être d'autant plus souligné dans un contexte où ce dernier secteur prend une importance économique croissante chaque année, avec la préférence pour le format des séries. Par ailleurs, et en comptant l'ensemble des soutiens au secteur cinématographique (exploitation, distribution, promotion), ce dernier reçoit plus du double du produit de la TSA, soit environ 300 millions d'euros par an.
Avec 287 films agréés produits en 2022, la production cinématographique revient à un niveau plus conforme à son potentiel, après une année 2021 « historique » (340 films produits, pour une moyenne de 282 entre 2010 et 2019).
Dans son rapport précité, la Cour des comptes s'est émue moins de l'usage des aides que du nombre et de la complexité des dispositifs, les qualifiant de « système d'aide touffu qui peine à se réformer ». La Cour dénombre ainsi 120 aides activées en 2021, contre 88 dix ans plus tôt.
Comment favoriser la parité ?
Le CNC est engagé depuis plusieurs années dans une politique de soutien à la parité, via différents canaux. En 2024 cependant, un pas supplémentaire est franchi avec un objectif dédié inclus dans le document stratégique du Centre. Il prend la forme de deux indicateurs : la parité dans les postes clés de production et de création, et le devis moyen des films réalisés par des femmes et par des hommes. On constate sur cette dernière donnée que l'écart tend à se réduire rapidement, le ratio passant de 0,56 en 2019 à 0,82 en 2023, l'objectif pour 2025 étant de se rapprocher de 0,9.
Le Centre appuie cette démarche avec une composition paritaire des commissions attribuant les aides et de leur présidence, l'application d'une condition de parité des jurys pour les festivals et écoles soutenus depuis début 2019, ou encore la création d'un bonus de 15 % pour les films dont les équipes sont paritaires.
La question n'est cependant pas celle de la quantité de dispositifs en valeur absolue, mais de la capacité du CNC à en assurer la gestion et de leur intérêt pour la filière. Elle peut néanmoins se poser, leur fragmentation élevant par définition sensiblement leur coût de gestion, même si cette floraison d'aides diverses traduit la diversité des acteurs qui travaillent dans la filière et pour lesquels, au fil du temps, le CNC a été amené à apporter une aide spécifique.
Il faut donc veiller à maintenir un bon équilibre entre une lisibilité certainement perfectible, le coût administratif de traitement des aides, et leur pertinence pour les différentes parties.