2. Assurer l'égalité des élèves sur le territoire national
Carte des formations, équilibre entre le CAP et le baccalauréat professionnel, évaluation de la certification intermédiaire, mise en place des passerelles et de l'accompagnement personnalisé : tous ces points examinés par votre rapporteure constituent des noeuds centraux de la réforme. Pourtant, l'impression s'est dégagée au fur et à mesure des auditions d'un pilotage ministériel insuffisant. Les politiques académiques prennent le pas sur le cadrage national. Elles-mêmes sont minées par l'autonomie accrue laissée aux établissements.
Votre rapporteure partage le souci de tenir compte de la réalité du terrain, comme l'on dit, et de la situation exacte du tissu économique et de l'emploi dans chaque bassin d'activité. C'est une nécessité si l'on veut construire des parcours de formation débouchant sur une insertion professionnelle réussie. De même, le dialogue et la mobilisation coordonnée de l'ensemble des acteurs locaux, services déconcentrés de l'État, établissements, collectivités territoriales, entreprises et partenaires sociaux, ne peut être que positive.
Ceci posé, il n'en reste pas moins que la disparité extrême de mise en oeuvre de la réforme de la voie professionnelle n'est pas acceptable, ni au nom de l'efficacité, ni au nom des principes.
La floraison d'initiatives locales n'a de sens et d'utilité que dans le cadre d'un schéma directeur national affichant des priorités clairement définies et définissant les limites dans lesquelles doit se déployer l'autonomie administrative, financière et pédagogique des recteurs et des établissements. Ce cadrage national doit également proposer des critères et des instruments d'évaluation des solutions adoptées localement pour décliner les innovations comme l'accompagnement personnalisé. Sans évaluation, il n'y aura pas d'identification des bonnes pratiques, ni des dérives. La mutualisation des expériences sera malaisée et le bilan de la réforme impossible à tracer.
Plus fondamentalement, il n'est pas possible de transiger avec le principe d'égalité entre les territoires comme, surtout, entre les élèves. Il faut résister à la tentation insidieuse d'une décentralisation de l'éducation, qui laisse la porte ouverte à tous les excès. La valeur des diplômes et des formations doit rester strictement nationale et ne doit pas dépendre du lieu où l'on étudie, sous peine de doubler l'inacceptable tri social des jeunes d'une sélection géographique. À l'enfermement dans une catégorie sociale de génération en génération risquerait de s'ajouter le cloîtrement dans un territoire. Le maintien de l'égalité devant l'éducation de tous les élèves est indispensable pour accroître la mobilité sociale et assurer le développement des zones défavorisées.