3. L'équipement du fantassin
Le programme « Félin » (fantassin à équipement et liaison intégrés) vise à doter les combattants d'un ensemble d'équipements adaptés à la diversité des situations opérationnelles, y compris aux combats de haute intensité. Il s'agit d'un système comprenant la tenue de combat, l'équipement de tête, des équipements électroniques, une arme équipée ainsi qu'une protection balistique ou contre le risque NRBC.
Le système doit permettre, en particulier, les tirs déportés, une bonne observation de nuit ou par mauvaise visibilité, ainsi qu'une capacité à désigner avec rapidité et précision les objectifs justifiables du tir des appuis. Une communication en phonie et en transmission de données est également prévue.
La phase de développement, dont la maîtrise d'oeuvre a été confiée à Sagem, a démarré en mars 2004. Les commandes et les livraisons prévues en 2006 ont été décalées en 2007 (5 045 équipements commandés et les 358 premiers équipements livrés). La mise en service opérationnelle, initialement prévue en juin 2008, est désormais fixée à janvier 2009. Le programme porte sur 31.445 systèmes qui seront livrés jusqu'en 2013. Le coût d'acquisition d'un équipement complet pour un grenadier-voltigeur est évalué à 24.200 euros.
4. L'artillerie et les missiles
Les nombreux programmes en cours dans le domaine de l'artillerie et des missiles visent à renforcer la précision des feux tout en allongeant la distance de tir. Il s'agit de passer des feux massifs de saturation étalés sur le terrain aux feux de précision à des distances accrues, tout en limitant les dommages collatéraux et en réduisant le besoin logistique.
? Les systèmes d'artillerie sol-sol
En ce qui concerne les canons d'artillerie , le programme de valorisation de 74 automoteurs AUF 1 s'est achevé en 2006 avec les 26 dernières livraisons. Par ailleurs, une commande de 73 canons montés sur camions Caesar (CAmion Équipé d'un Système d'ARtillerie) a été passée en décembre 2004, pour une cible finale de 77 matériels. Cette commande inclut la remise à hauteur des 5 exemplaires livrés à titre d'expérimentation en 2000. La livraison des 77 automoteurs devrait s'échelonner entre juin 2008 et juin 2010. Aérotransportable par Hercule C130 ou A400M, le Caesar se caractérise par sa mobilité et son extrême rapidité de mise en oeuvre (mise en batterie en une minute et sortie de batterie en 2 minutes) pour une cadence de tir de 6 coups par minute.
S'agissant du parc de lance-roquettes multiples (LRM) , le programme destiné à le doter d'une roquette de nouvelle génération (LRM-NG) a été réorienté. Le projet d'acquisition d'une nouvelle roquette de portée accrue et plus précise, emportant des sous-munitions dotées d'un dispositif d'autodestruction, est abandonné, au profit d'une nouvelle roquette à charge unitaire . Le programme de lance-roquettes unitaire (LRU), ainsi renommé depuis sa redéfinition, comportera la rénovation d'une partie des engins chenillés M270, qui constituent le lanceur du système et devront être adaptés au lancement de roquettes guidées, et l'acquisition de ces roquettes guidées à charge unitaire. Ce programme, dont le lancement est prévu en 2008, modifiera radicalement le rôle de nos lance-roquettes multiples, avec l'abandon d'un concept de saturation adapté au contexte de la guerre froide au profit de frappes de précision à longue portée.
S'agissant des munitions d'artillerie , le programme d' obus antichar à effet dirigé (ACED) « Bonus » se poursuit . Conçu pour l'attaque et la neutralisation par le toit des chars des blindés légers ou des pièces d'artillerie, cet obus de haute précision développé en coopération entre industriels français et suédois a été commandé à 3 750 exemplaires et la totalité des obus aura été livrée fin 2007, avec la livraison des 661 derniers obus. Une commande supplémentaire de 1 750 obus est envisagée après 2007, la cible finale étant de 5 500 obus.
La livraison du dernier régiment en système de conduite des feux d'artillerie Atlas canon est intervenue en 2006. Il permet, par l'automatisation des liaisons et des tirs de l'artillerie, la gestion de l'information et des communications des régiments d'artillerie. Ce programme portait sur la réalisation de 9 systèmes. L'automne 2006 devrait également voir l'achèvement des livraisons du radar de contrebatterie Cobra destiné à la localisation des lanceurs adverses. Ce programme a été conduit en coopération avec l'Allemagne et le Royaume-Uni. La France a commandé 10 systèmes et les 6 derniers sont attendus d'ici la fin de cette année.
? Les missiles antichar
S'agissant des missiles sol-sol à très courte portée , le projet de budget prévoit la commande en 2007 de 1 500 missiles antichar d'entraînement Eryx , après 1 500 premiers missiles commandés en 2006. Ce missile utilisé par l'infanterie est capable de détruire entre 50 et 600 mètres la plupart des chars actuellement en service. La cible totale du programme est de 9 000 missiles. Les 1 500 missiles commandés cette année devraient être livrés en 2007.
Par ailleurs, la question de la succession du Milan , réputé obsolète à compter de 2010, fait toujours l'objet d'études, l'option de l' achat d'un missile « sur étagères » ayant été retenue suite à l'abandon du programme AC3G-MP (antichar de 3 ème génération - moyenne portée). Une évaluation est effectuée sur les systèmes existants : le système israélien Spike, le Javelin américain et le système Milan ER réalisé par MBDA. Ce dernier, d'une portée de 3 000 mètres, est doté d'une nouvelle charge militaire à très haut pouvoir de pénétration et il vise à traiter toutes les cibles du combat de contact, y compris les chars les mieux protégés. Le coût du Milan ER est moindre que celui des missiles israélien ou américain, car il n'est pas doté d'autodirecteur infrarouge. Cette dernière capacité est destinée à traiter les cibles « chaudes » et mobiles mais ce type de missiles est aujourd'hui majoritairement employé dans bien d'autres situations, notamment contre des bâtiments ou bunkers. L'objectif est de livrer 500 postes de tir et 3 000 missiles entre 2010 et 2012. Votre rapporteur souligne qu'au-delà des considérations tenant au coût des différents systèmes proposés et de leur adaptation aux besoins opérationnels prioritaires des forces terrestres , le choix du successeur du Milan constituera un enjeu très important, le Milan équipant non seulement l'armée française mais également plus d'une quarantaine d'armées étrangères.
? Les systèmes sol-air
En ce qui concerne les systèmes de défense sol-air , la rénovation à mi-vie des systèmes sol-air très courte portée Mistral 2 a été lancée fin 2004 et la notification du développement est intervenue en juin 2006. L'objectif est de rénover 1.750 missiles destinés à la lutte contre les aéronefs à une altitude inférieure à 2 000 mètres et à une distance de l'ordre de 3 km. Les premières livraisons, initialement attendues que pour 2010, sont désormais prévues en 2012.
En revanche, le retrait du service actif du système de défense sol/air Roland est programmé en 2008.
Par ailleurs, la seconde étape du programme relatif au système Martha , qui coordonne les feux des sections de système d'armes Mistral et Roland, a été engagée. Il s'agit notamment d'assurer la coordination avec les systèmes d'armes moyenne portée (SAMP/T). Les commandes ont porté sur 46 systèmes en 2005 et 41 en 2006, la cible totale étant de 87 systèmes. Le premier système devrait entrer en service opérationnel en 2007.
Enfin, le programme de défense sol-air moyenne portée / terre (SAMP/T) , articulé autour du missile Aster 30, poursuit sa montée en puissance. Il doit notamment permettre l' acquisition d'une première capacité de défense antimissiles de théâtre , l'objectif étant de pouvoir intercepter, à compter de 2008, des missiles balistiques « rustiques » d'une portée inférieure à 600 kilomètres. Le troisième et dernier tir de qualification du système, mettant en oeuvre le missile Aster 30 et tous les autres composants du système (module d'engagement, module d'identification, radar Arabel, unité de lancement vertical) a été effectué avec succès le 14 novembre dernier. Au cours de cet essai, le missile a intercepté un drone équipé d'un brouilleur radar volant à 3 000 mètres d'altitude et à une distance de 11 km du lanceur. La phase d'évaluation opérationnelle par l'armée de terre va désormais s'engager.
Ce système doit permettre de détruire un avion à 25 km de distance, un missile plongeant à 2,5 km, un missile de croisière à 10 km et un avion gros porteur à 80 km. Il se compose d'un poste de tir, de 4 lanceurs et de 2 systèmes de rechargement. L'Aster 30 est un missile à lancement vertical guidé par un radar Arabel.
Les objectifs d'équipement ont été révisés à la baisse, passant de 8 unités de tir comprenant un total de 32 lanceurs et de 400 missiles, à 6 unités de tir comprenant un total de 24 lanceurs et de 275 missiles.
Ces 6 systèmes équiperont un régiment 3 ( * ) à 3 batteries de tir et lui conféreront la capacité de protéger une force projetée de 30 000 hommes sur une zone d'environ 80 x 100 kilomètres .
La cible de 275 missiles correspond à une dotation de 10 missiles par lanceur, 35 missiles étant en outre dédiés aux campagnes de tir indispensables pour garantir la capacité opérationnelle des unités. Cette dotation se situe très en deçà du niveau prévu par les normes OTAN, si bien qu'une commande supplémentaire sera nécessaire entre 2010 et 2015 pour assurer une capacité opérationnelle jusqu'en 2030.
La passation des commandes des 6 unités de tir a été achevée en 2004, la livraison du premier système étant prévue en 2007 et les suivantes ultérieurement jusqu'en 2010.
Le système SAMP/T suppose des capacités de détection et de poursuite adéquates qui ne seront acquises par l'armée de l'air qu'à partir de 2011, au travers de l'achat de radars M3R. Quant aux dispositifs de détection par satellite, il est prévu de les tester vers 2008 mais ils ne seront pas opérationnels avant 2015.
Le développement d'une capacité « block 2 », permettant une interception de missiles balistiques d'une portée de 1000 km, pourrait être lancé en 2010 pour une mise en service en 2020.
* 3 Le 402 ème régiment d'artillerie.