3. L'école recentrée sur ses priorités : des évolutions à inscrire dans la durée
a) La définition du « socle commun » : l'affirmation d'une obligation de résultats
Considéré, par certains, au moment de sa définition dans la loi d'orientation pour l'avenir de l'école, comme une « culture au rabais », le socle commun de connaissances et de compétences constitue une avancée que le ministre a qualifiée d' « historique » au moment de sa présentation : il s'agit en effet, pour la première fois, de définir et hiérarchiser les « attendus » de l'école , c'est-à-dire ce que chacun doit impérativement maîtriser pour poursuivre sa formation dans de bonnes conditions et s'insérer dans la société.
Ce recentrage sur les priorités de l'école ne serait pas essentiel si tous les élèves parvenaient, effectivement, à une bonne maîtrise des savoirs fondamentaux : or, au moins 15 % des élèves entrent en sixième avec de graves difficultés en lecture, qu'ils n'ont quasiment aucune chance de compenser au cours de la scolarité au collège.
Le socle commun, dont le contenu a été précisé par décret 37 ( * ) , est conçu comme une combinaison de connaissances fondamentales, de capacités à les mettre en oeuvre, mais aussi d'attitudes. Il se décline en sept piliers :
- les cinq domaines de connaissances et de compétences fixés par le législateur, à savoir :
* la maîtrise de la langue française ;
* la pratique d'une langue vivante étrangère (la loi avait précisé « au moins une ») ;
* la connaissance des principaux éléments des mathématiques et la maîtrise de la culture scientifique et technologique ;
* la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication ;
* la culture humaniste ;
- deux autres domaines correspondant à des compétences qui, comme le précise le décret précité, « ne font pas encore l'objet d'une attention suffisante au sein de l'institution scolaire » :
* les compétences sociales et civiques ;
* l'autonomie et l'initiative.
Le socle se compose de plusieurs paliers, permettant d'évaluer, à chaque étape de la scolarité, sa maîtrise effective par les élèves.
En effet, comme le souligne le Haut conseil de l'éducation (HCE), qui avait formulé ses recommandations dans un avis rendu le 23 mars 2006 : « L'exigence dans le contenu est indissociable d'une exigence dans l'évaluation : l'école a une obligation de résultats, effectifs et vérifiables . »
Ainsi, l'acquisition du socle sera évaluée trois fois au cours de la scolarité obligatoire afin de vérifier la progression des élèves :
- en CE1, afin de s'assurer de la maîtrise de la lecture et de l'écriture ;
- en fin d'école primaire, afin notamment de valider l'acquisition des règles fondamentales de grammaire, de conjugaison et de calcul élémentaire ;
- en fin de collège, le diplôme national du brevet constituera la dernière étape de validation de la maîtrise des sept éléments du socle commun.
Enfin, un livret personnel permettra à chaque élève, à sa famille et aux enseignants de suivre l'acquisition progressive des compétences.
Un comité d'orientation sur les programmes, composé de sept groupes de travail, a été installé le 18 octobre dernier par le ministre de l'éducation nationale, en vue d'adapter les programmes de l'école et du collège « dans l'esprit du socle commun » , c'est-à-dire en organisant, notamment, la complémentarité entre les disciplines.
En outre, alors que le « cahier des charges » de la formation des enseignants est en cours de préparation, votre rapporteur insiste sur la nécessité d'articuler le contenu et les exigences de cette formation avec cet objectif prioritaire d'acquisition du socle commun , notamment en vue d'« outiller » les enseignants pour faire face à l'hétérogénéité des classes et mieux répondre aux difficultés d'apprentissage de certains élèves.
* 37 Décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006 relatif au socle commun de connaissances et de compétences et modifiant le code de l'éducation.