INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

L'examen de ce projet de budget pour 2002 s'ouvre dans un contexte très particulier.

Après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, le plan vigipirate renforcé a été mis en oeuvre.

Les forces de sécurité sont appelées à une vigilance de chaque instant. Les moyens juridiques mis à leur disposition ont été renforcés, pour une période de deux ans, par la loi n° 2001-1062 du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne. Grâce au concours du Sénat, ces nécessaires mesures ont pu être adoptées dans un bref délai.

Mais au delà de la lutte antiterroriste, cette discussion budgétaire s'ouvre alors que les policiers de tous corps expriment un profond malaise à travers le pays.

Les policiers sont les premières victimes de l'insécurité. Depuis le début de l'année, sept des leurs sont décédés en opération de police. Votre commission tient à exprimer sa solidarité à l'ensemble des personnels.

Ils réclament plus de considération et de moyens face à une insécurité en accroissement. Ils souhaitent également que leur action soit mieux relayée par la justice.

Les pouvoirs publics ne peuvent rester indifférents à un tel malaise. Comment les citoyens peuvent-ils se sentir en sécurité si les forces de l'ordre elles-mêmes se sentent menacées ?

En 2000, la police a constaté avec la gendarmerie nationale, plus de 3,7 millions d'infractions, soit une augmentation de 5,72 % par rapport à l'année 1999. Elle doit faire face à une délinquance de plus en plus violente mettant en cause un nombre alarmant de mineurs. Les chiffres du premier semestre 2001 ont accentué la tendance à la hausse de la criminalité.

Structurellement, la police doit relever des défis multiples tant sur le front de la délinquance de proximité que sur celui des réseaux internationaux impliquant une coopération internationale active.

Ponctuellement, elle subit d'importantes contraintes en raison de la réactivation du plan vigipirate et de la surveillance des transferts de fonds liés au passage à l'euro fiduciaire.

Dans ce contexte, le projet de budget pour 2002 n'est pas de nature à répondre aux attentes.

S'établissant à 5,044 milliards d'euros (33,086 milliard de francs), il est en augmentation de 3,4% par rapport au budget 2001 , ce qui représente certes une augmentation supérieure à celle du budget de l'État.

Cette augmentation n'est cependant pas suffisante pour répondre dans de bonnes conditions à l'accroissement de l'insécurité que connaît le pays ni pour achever, comme prévu, la généralisation de la police de proximité.

L'accroissement des crédits permet principalement le recrutement de 3000 agents supplémentaires .

Il est cependant à craindre que la réduction du temps de travail prescrite par le décret du 25 août 2000 n'absorbe entièrement cet effectif supplémentaire.

Or, dans la ligne des orientations définies au colloque de Villepinte en octobre 1997, la dernière phase de la généralisation de la police de proximité devrait s'achever au cours de l'année 2002. Une telle orientation nécessite cependant des moyens importants placés au contact des populations.

Mais du fait des difficultés à placer sur le terrain un nombre suffisant de policiers, cette politique repose entièrement sur des emplois jeunes , mal formés, mal encadrés, dont le recrutement est problématique et auxquels la loi relative à la sécurité quotidienne a accordé des pouvoirs de police judiciaire. Cette politique ne rencontre d'ailleurs pas véritablement l'adhésion des personnels.

De graves hypothèques pèsent donc sur la généralisation de la police de proximité.

En outre, les moyens d'équipement et de fonctionnement de la police , resteront notoirement insuffisants pour permettre à celle-ci d'accomplir normalement ses missions.

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