Projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale - Tome I : Solidarité
BLANC (Paul)
AVIS 91 - TOME I (2001-2002) - Commission des Affaires sociales
Rapport au format Acrobat ( 246 Ko )Table des matières
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AVANT-PROPOS
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I. LA MARGE DE CROISSANCE FRAGILE DÉGAGÉE SUR
LES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION NE COUVRE PAS LES NOUVEAUX BESOINS
SOCIAUX
- A. LES MARGES DE MANoeUVRE DÉGAGÉES AU TITRE DU RMI SONT ENCORE FRAGILES
- B. L'ÉMERGENCE DE NOUVEAUX BESOINS À SATISFAIRE EN MATIÈRE D'HÉBERGEMENT ET DE RÉINSERTION SOCIALE ET DE FORMATION DES TRAVAILLEURS SOCIAUX
-
II. LA POLITIQUE EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
- A. L'IMPORTANCE DE LA POPULATION HANDICAPÉE
- B. LE PROGRAMME TRIENNAL (2001-2003) DU GOUVERNEMENT ET L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES
- C. LES INSTRUMENTS DE L'ACTION EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
- D. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION
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III. L'ÉVOLUTION PRÉOCCUPANTE DES
CONDITIONS DE FONCTIONNEMENT DU SECTEUR SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL
- A. L'ANNÉE 2000 CONFIRME LA RELATIVE STABILITÉ DES DÉPENSES CONSTATÉE DEPUIS CINQ ANS
- B. DES FACTEURS RÉCURRENTS ET NOUVEAUX DE PRESSION À LA HAUSSE SUR LA DÉPENSE D'AIDE SOCIALE DES COLLECTIVITÉS LOCALES
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I. LA MARGE DE CROISSANCE FRAGILE DÉGAGÉE SUR
LES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION NE COUVRE PAS LES NOUVEAUX BESOINS
SOCIAUX
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
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ANNEXE
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LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
PAR VOTRE RAPPORTEUR
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME I
SOLIDARITÉ
Par M. Paul BLANC,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Nicolas About, président ; MM. Alain Gournac, Louis Souvet, Gilbert Chabroux, Jean-Louis Lorrain, Roland Muzeau, Georges Mouly, vice-présidents ; M. Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Claire-Lise Campion, M. Jean-Marc Juilhard, secrétaires ; MM. Henri d'Attilio, Gilbert Barbier, Joël Billard, Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Jean Chérioux, Mme Michelle Demessine, M. Gérard Dériot, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Claude Domeizel, Michel Esneu, Jean-Claude Étienne, Guy Fischer, Jean-Pierre Fourcade, Serge Franchis, Francis Giraud, Jean-Pierre Godefroy, Mme Françoise Henneron, MM. Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, André Lardeux, Dominique Larifla, Jean-René Lecerf, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Mme Valérie Létard, MM. Jean Louis Masson, Serge Mathieu, Mmes Nelly Olin, Anne-Marie Payet, M. André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Mmes Janine Rozier, Michèle San Vicente, MM. Bernard Seillier, André Vantomme, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
18
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Les crédits relatifs à la solidarité, examinés dans
cet avis, augmentent de 2,6 % en 2002. Cette hausse modérée
ne doit pas masquer le fait que cette année le budget enregistre pour la
première fois une projection en baisse des crédits
destinés au RMI.
Face à cette amélioration permise par une conjoncture plus
favorable et une diminution conséquente du chômage de longue
durée non indemnisé, votre rapporteur a souhaité conserver
la grille d'analyse très pertinente que son excellent collègue
Jean Chérioux a appliquée avec constance depuis la
création de l'avis budgétaire relatif à la
solidarité.
A cet égard, votre rapporteur tient à rendre un hommage
particulier à la qualité de son travail et à le remercier
d'avoir bien voulu lui faire confiance pour poursuivre le chemin tracé
à travers les cinq avis présentés depuis 1997 sur les
crédits relatifs à la solidarité.
Comme M. Jean Chérioux l'a souligné avec vigueur, les besoins
sont tellement immenses dans les domaines de la lutte contre l'exclusion et de
la solidarité envers les personnes handicapées qu'il serait vain
de se borner à repérer les manques ou les lacunes ; la
question qui se pose est donc celle de savoir si le ministère se donne
les moyens de mieux utiliser, sur le plan qualitatif, les crédits dont
il dispose, en un mot de savoir si le budget permet, non pas de
« dépenser plus », mais de
« dépenser mieux ».
Concernant le volet relatif à la lutte contre les exclusions, votre
commission a constaté que la marge de manoeuvre dégagée
par les économies réalisées sur le revenu minimum
d'insertion et la couverture maladie universelle, grâce au retour de la
croissance, semblaient encore fragiles.
Au demeurant, ces économies sont contrecarrées par les
dépenses nouvelles prévisibles en matière de prise en
charge des personnes de nationalité étrangère dans les
centres d'accueil et d'hébergement d'urgence et par les engagements
pluriannuels en matière de formation des travailleurs sociaux.
S'agissant du volet relatif à l'action en faveur des personnes
handicapées, votre commission s'est inquiétée que
l'attentisme du Gouvernement concernant les réformes de fond que
nécessiteraient les dispositifs actuels ne finisse par conduire à
une remise en cause du
statu quo
.
Votre commission a pris acte de la poursuite de l'effort financier prévu
dans le cadre du plan triennal tout en constatant que l'apport de
crédits nouveaux ne permettait pas de rénover ou de
réformer un cadre d'intervention qui date largement de la
première loi d'orientation en faveur des personnes handicapées en
date du 30 juin 1975.
Votre commission a souhaité tout d'abord une réforme en
profondeur des
Commissions techniques d'orientation et de reclassement
professionnel
(COTOREP) qui devraient être articulées et
coordonnées dans le cadre d'un réseau global sous
l'autorité d'une Agence aux prérogatives renforcées
pouvant agir en synergie avec les organismes existants.
Par ailleurs, les besoins en matière d'accueil en institutions
spécialisées demeurent très importants dans notre pays
pour les jeunes handicapés mentaux mais aussi pour les personnes
gravement handicapées sur le plan physique ou à mobilité
très réduite. Le dispositif actuel a besoin non seulement d'un
effort financier mais aussi d'un mécanisme nouveau qui permette de
réaliser une meilleure adéquation entre l'offre de places en
établissements et les besoins des personnes handicapées
elles-mêmes à partir d'une évaluation des situations
personnelles.
Votre commission a appelé de ses voeux un engagement particulier pour
l'accélération de la mise en place des sites pour la vie autonome
et le développement des soins infirmiers à domicile, en tenant
compte des faiblesses constatées aujourd'hui du fait de la
pénurie d'infirmières qualifiées, notamment en milieu
rural.
Enfin, une réflexion doit être menée pour créer les
structures qui devront accueillir demain les personnes handicapées
vieillissantes.
Concernant l'action sociale et médico-sociale des départements,
la commission a constaté que si l'année 2000 s'inscrivait encore
dans un cycle de modération de dépenses, le risque était
grand d'assister à un dérapage de ces dépenses à
partir de 2001 en raison de la mise en oeuvre de la réduction du temps
de travail et de l'entrée en vigueur de l'allocation
personnalisée d'autonomie.
Votre commission s'est inquiétée de la persistance des risques
liés à la remise en cause de la rémunération
versée au titre des heures de permanence en chambre de veille, tout en
regrettant l'absence de décision gouvernementale en ce domaine. Elle a
constaté par ailleurs l'apparition de nouveaux facteurs d'aggravation
des dépenses structurelles résultant de l'augmentation de
l'indemnité de précarité prévue par le projet de
loi de modernisation sociale et par l'effet d'imitation que pourrait susciter
la mise en place de la réduction du temps de travail dans la fonction
publique hospitalière sans retenue ni modération salariale.
Pour toutes ces raisons, votre commission vous proposera un avis
défavorable à l'adoption des crédits relatifs à la
solidarité dans le projet de loi de finances pour 2002.
I. LA MARGE DE CROISSANCE FRAGILE DÉGAGÉE SUR LES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION NE COUVRE PAS LES NOUVEAUX BESOINS SOCIAUX
Le
budget de l'emploi et de la solidarité représente au total
208 milliards de francs en 2002, dont 42 % sont consacrés aux
deux actions qui relèvent de cet avis budgétaire, à savoir
l'intégration et la lutte contre les exclusions
, d'une part, et
le
développement social
, d'autre part.
L'action dite de « lutte contre l'exclusion », qui recouvre
notamment les dépenses liées au revenu minimum d'insertion (RMI),
représente 47 milliards de francs.
L'agrégat relatif au
développement social
, soit
40 milliards de francs,
assez hétérogène,
regroupe notamment les dépenses relatives aux interventions en faveur
des droits des femmes, aux rapatriés, à la formation des
travailleurs sociaux, au financement des
centres d'aide par le travail
(CAT), ainsi que les dépenses d'action sociale de l'Etat
destinées aux personnes handicapées et aux personnes
âgées, y compris les prestations obligatoires telles que
l'allocation aux adultes handicapés
(AAH).
Au total, les crédits relatifs à la solidarité dans le
budget de l'Etat représentent donc
87 milliards de francs,
soit
5 % des dépenses nettes du budget général
qui s'établissent à 1.730 milliards de francs.
La croissance retrouvée permet de dégager des économies
sur les crédits relatifs au revenu minimum d'insertion (RMI) et sur le
financement de la protection complémentaire au titre de la couverture
maladie universelle (CMU) ; toutefois, les économies
réalisées en 2002 apparaissent difficiles à consolider.
A. LES MARGES DE MANoeUVRE DÉGAGÉES AU TITRE DU RMI SONT ENCORE FRAGILES
1. Les économies réalisées au titre du RMI doivent être relativisées
Le
retour de la croissance aurait pu laisser espérer une baisse plus rapide
des effectifs du RMI. En réalité, la décrue n'a
été enregistrée qu'à partir du premier semestre
2000 et encore sur le seul territoire de la métropole ; le
dispositif fait preuve d'une forte « inélasticité au
retour de la croissance ».
Peuvent bénéficier du RMI tous les résidents en France,
sans condition de nationalité -une condition de résidence de
trois ans étant toutefois requise pour les ressortissants de pays
étrangers- à condition qu'ils soient âgés de plus de
25 ans et qu'ils ne soient pas étudiants, ou s'ils ont moins de
25 ans, qu'ils aient au moins un enfant à charge. L'allocation
versée complète les ressources des intéressés de
façon à leur garantir un revenu minimum fixé à
2.608,50 francs par mois au 1
er
janvier 2001 pour une
personne isolée sans enfant à charge et à
3.912,75 francs par mois
1
pour un couple (ce montant est
majoré de 782,55 francs par mois pour chaque enfant à
charge). L'allocation est conditionnée à un engagement du
bénéficiaire à participer aux actions ou activités
définies avec lui et nécessaires à son insertion sociale
ou professionnelle. Cet engagement peut être formalisé dans un
contrat d'insertion.
a) Le dispositif du RMI bénéficie tardivement du retour de la croissance
Au 31 décembre 1999, la France a enfin enregistré une baisse nette de 52.000 bénéficiaires du RMI en métropole dont le nombre s'élève néanmoins à 965.000.
Evolution des effectifs et des crédits afférents au RMI
|
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|
Crédits budgétaires en MF (1) |
|
Décembre 1989 |
335.514 |
|
71.567 |
|
407.081 |
|
6.000 |
|
Décembre 1990 |
422.101 |
25,8 % |
88.044 |
23,0 % |
510.145 |
25,3 % |
8.668 |
+ 45 % |
Décembre 1991 |
488.422 |
15,7 % |
93.939 |
6,7 % |
582.361 |
14,2 % |
14.325 |
+ 65 % |
Décembre 1992 |
575.034 |
17,7% |
96.208 |
2,4 % |
671.242 |
15,3 % |
13.168 |
- 8 % |
Décembre 1993 |
696.589 |
21,1 % |
96.355 |
0,2 % |
792.944 |
18,1 % |
16.631 |
+ 26 % |
Décembre 1994 |
803.303 |
15,3 % |
105.033 |
9,0 % |
908.336 |
14,6 % |
19.217 |
+ 16 % |
Décembre 1995 |
840.839 |
4,7 % |
105.171 |
0,1 % |
946.010 |
4,1% |
22.022 |
+ 15 % |
Décembre 1996 |
903.804 |
7,5 % |
106.668 |
1,4 % |
1.010.472 |
+ 6,8 % |
23.179 |
+ 5 % |
Décembre 1997 |
956.596 |
5,8 % |
111.305 |
4,3 % |
1.067.901 |
+ 5,7 % |
24.230 |
+ 4,5 % |
Décembre 1998 |
993.286 |
3,8 % |
118.822 |
6,8 % |
1.112.108 |
+ 4,1 % |
26.227 |
+ 8,24 % |
Décembre 1999 |
1.017.847 |
2,5 % |
127.176 |
7 % |
1.145.023 |
+ 3 % |
31.900 (2) |
+ 21,63 % |
Décembre 2000 |
965.000 |
- 5,1 % |
131.000 |
3 % |
1.096.000 |
- 4,3 % |
29.255 (3) |
- 8,78 % |
(1)
En millions de francs, compte
tenu des
lois de finances rectificatives.
(2)
Dont 1,82 milliard de francs pour couvrir les
insuffisances de la dotation 1998 (l'augmentation budgétaire nette de
1999 sur 1998 s'élèverait donc à 7,25 %).
(3)
Prévision.
L'évolution des effectifs du RMI en métropole a été
forte jusqu'en 1994, avec une croissance annuelle moyenne de 15 % par an,
liée d'abord à la montée en charge initiale du RMI puis
à la réforme de l'assurance chômage en 1992 qui a conduit
à une diminution du nombre de chômeurs indemnisés.
L'évolution du RMI est en effet largement conditionnée par le
nombre de chômeurs non bénéficiaires des régimes
d'assurance chômage et solidarité, pour qui cette prestation offre
une couverture financière minimum.
De 1995 à 1997, le rythme d'évolution du RMI a fortement
diminué, mais s'est maintenu à un niveau proche ou
supérieur à 5 %, et globalement plus élevé que
celui du chômage.
Depuis quatre ans, le taux de croissance du RMI s'est progressivement
essoufflé (+ 5,8 % en 1997 et + 3,8 % en 1998,
+ 2,5 % en 1999) pour atteindre - 0,9 % en 2001.
Au cours de l'année 2000, pour la première fois depuis la
création du dispositif, le nombre d'allocataires a diminué de
5,2 % en métropole
1(
*
)
. En
parallèle, la croissance des effectifs dans les départements
d'outre-mer s'est ralentie passant de 7 % en 1999 à 3,5 % en
2000. En un an, le nombre d'allocataires du RMI a ainsi reculé de plus
de 52.000 en métropole.
Cette évolution favorable reflète l'amélioration de la
conjoncture économique et, plus particulièrement, la baisse du
chômage non indemnisé.
La baisse du RMI profite principalement aux moins de trente ans et à
ceux qui sont entrés récemment dans le dispositif : le
nombre d'allocataires du RMI de moins de trente ans a diminué de
20 % depuis 1997, soit une baisse de près de 55.000 allocataires.
En outre,
quatre
signes encourageants
sont constatés en
2000.
Tout d'abord, le nombre d'allocataires présents
depuis plus d'un
an
a ainsi diminué de près de 2 % pour la
première fois depuis la création du dispositif. En 1999, les
jeunes et les allocataires récents étaient les seules
catégories à bénéficier du contexte favorable de
l'activité économique.
Ensuite, le mouvement de baisse touche désormais
toutes les classes
d'âge
, à l'exception des personnes de plus de 50 ans qui
relèvent de dispositifs spécifiques.
Par ailleurs, grâce aux créations d'emploi, le rythme des sorties
du dispositif s'est nettement accéléré en 2000 pour
atteindre 350.000 en métropole, soit une progression de 9 % par
rapport à 1999. Ce résultat est d'autant plus remarquable que la
forte diminution du flux d'entrées (+ 345.000 en 2000 contre
+ 392.000 en 1999), a mécaniquement limité le potentiel des
sorties (on rappellera en effet qu'un tiers des entrants au RMI sortent du
dispositif avant six mois).
Enfin, on peut se féliciter que la baisse du RMI se soit largement
diffusée à travers tout le territoire.
A l'exception de trois départements ruraux (Haute-Corse, Ariège
et Lozère), la baisse du RMI profite à l'ensemble des
départements. Les diminutions les plus fortes sont observées dans
l'ouest du pays, autour de l'axe Rhin-Rhône et, pour le bassin parisien,
dans les Yvelines. Les départements qui enregistrent les
résultats moins favorables sont concentrés principalement dans la
partie sud du pays. Globalement, la baisse du RMI a été
modérée dans les départements où le chômage a
le moins diminué et forte lorsque la baisse du chômage a
été vigoureuse.
b) Des économies grevées par les dépenses à venir
Au
total, le Gouvernement envisage donc pour 2002 une diminution des
dépenses de lutte contre les exclusions de
470 millions de
francs
au titre du RMI en tenant compte de la revalorisation de
l'allocation.
La dotation pour 2002 prend en considération une revalorisation du
montant de l'allocation de 2,2 % au 1
er
janvier 2001 et de
1,2 % au 1
er
janvier 2002 compte tenu de
l'hypothèse relative au rythme de l'inflation fournie par la
direction de la prévision
du
ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie.
Les prévisions établies pour l'évolution du nombre
d'allocataires sont les suivantes : - 4,2 % en métropole
et + 4,4 % dans les DOM en 2001 ; - 1 % en
métropole et + 4,4 % dans les DOM pour 2002.
L'économie nette de 470 millions de francs doit être
rapprochée toutefois des
29,38 milliards
de francs que
représente au total la dotation budgétaire pour le RMI dans le
projet de loi de finances pour 2002.
L'économie doit être relativisée également au regard
du
coût des revalorisations successives
du montant de l'allocation
qui apparaissent dans les comptes d'exécution. En décembre 1999,
le Premier ministre a ainsi décidé d'une allocation forfaitaire
de fin d'année dont le montant a représenté
1,6 milliard de francs sur l'exercice correspondant ; de même,
les dépenses liées à l'allocation exceptionnelle de la fin
d'année 2000 représentait 1,53 milliard de francs.
En
d'autres termes, les économies constatées en prévision sur
2002 ont été plus que « gagées » par
le coût des revalorisations de fin d'année intervenues
successivement depuis 2000
.
Pour 2002, la presse a fait état d'informations concernant la prime de
Noël selon lesquelles
« bien que la réunion
d'arbitrage officielle n'ait pas encore eu lieu, il paraît acquis que
l'enveloppe consacrée à cette aide aux personnes sans emploi sera
identique à celle de 2000 à près de 2 milliards de
francs »
2(
*
)
.
Ensuite, le Gouvernement engage une dépense de 270 millions de
francs pour renforcer, au titre de l'API et du RMI, les
procédures
d'intéressement à la reprise d'activité
.
Actuellement, le cumul entre allocation et revenu d'activité joue
intégralement pour un trimestre puis fait l'objet d'un abattement
à hauteur de 50 % pour les trois trimestres suivants. L'objectif de
la réforme est de parvenir à un cumul intégral pendant un
trimestre supplémentaire soit pendant près de six mois.
Cette mesure a été mise en place par le
décret
n° 2001-1078 du 16 novembre 2001
: ainsi,
jusqu'à la première révision trimestrielle, le cumul des
revenus avec le RMI demeure intégral. Lors de la première
révision trimestrielle suivant l'exercice de l'activité, les
revenus du trimestre précédent, appréciés en
moyenne annuelle, sont pris en compte avec un abattement de 100 % (et non
plus 50 %). Enfin, pour les trois révisions trimestrielles
suivantes, les revenus du trimestre écoulé sont affectés
d'un nouvel abattement de 50 % (inchangé). Les modalités de
cumul de l'allocation de parent isolé (API) avec des revenus
d'activité sont semblables à celles retenues en matière de
RMI.
Les dépenses prévisionnelles prennent également en compte
l'exclusion des bourses de l'enseignement supérieur des ressources
prises en compte
pour le calcul du RMI.
Si les bourses de l'enseignement primaire et secondaire (collège et
lycée) sont exclues du calcul des revenus des parents percevant le RMI,
le montant des bourses d'enseignement supérieur perçues par les
étudiants était pris en compte pour le calcul des ressources de
la famille lorsque celle-ci était bénéficiaire du RMI. Le
décret n° 2001-1073 du 16 novembre 2001 a mis fin
à ce qui était perçu comme une injustice.
Votre commission est favorable aux formules d'incitation à la reprise
d'activité
. Il reste que le dispositif issu du décret du 16
novembre dernier aura
une incidence au-delà de la seule année
2002
puisque les mécanismes d'intéressement ont pour effet de
limiter numériquement le nombre de sorties du dispositif.
Certes, le ministère fait valoir que, dans la majorité des cas,
les formules d'intéressement ne sont pas utilisées au-delà
de trois mois, les revenus professionnels de l'intéressé
entraînant le dépassement des seuils fixés par la loi.
Il reste que cet élément statistique repose sur les constatations
établies au cours de l'année 2000 qui peuvent être remises
en cause par l'évolution de la conjoncture économique et le
retournement du marché de l'emploi observé depuis six mois.
On sait que la mise en place, au début de 1999, des mesures
d'amélioration de l'intéressement prévues par la
loi du
29 juillet 1998 de lutte contre les exclusions,
renforçant les
possibilités de cumul du RMI et des mesures d'activité, a eu un
impact important sur le nombre de bénéficiaires de la
mesure : 127.000 personnes bénéficiaient, au 31
décembre 2000, de ce mécanisme en métropole, soit
13,5 % des allocataires du RMI.
c) Les dépenses d'ensemble du RMI se situent toujours à niveau élevé
Comme
les années précédentes, le coût total du RMI
excède largement, pour la collectivité nationale, celui de la
seule dotation budgétaire destinée à financer
l'allocation. Il s'élève en réalité à
46 milliards de francs
en 2000, dont 17 % à la charge
des conseils généraux
3(
*
)
.
La créance de proratisation dans les DOM, le coût de l'aide
médicale assurée par l'Etat pour les personnes sans domicile fixe
et le coût de la mise en oeuvre des aides à l'emploi, viennent
s'ajouter aux crédits destinés au financement de l'allocation
stricto sensu.
Le coût de la créance de proratisation
4(
*
)
dans les DOM s'élève à
913 millions de francs. Les majorations d'aide au logement dont
bénéficient les allocataires du RMI s'élèvent
à 1 milliard de francs.
Le poste essentiel reste celui du coût des
mesures pour l'emploi
(contrat emploi consolidé, contrat emploi-solidarité,
emplois-jeunes) mises en oeuvre au profit des titulaires du RMI dont le montant
total est estimé à
7,2 milliards de francs pour 2000
,
soit une multiplication par sept depuis la mise en place du dispositif
(1 milliard de francs en 1989).
A cela, il faut ajouter les
crédits d'insertion des
départements
résultant de l'obligation légale
d'inscrire à leurs budgets 20 % des sommes versées par
l'Etat l'année précédente au titre de l'allocation, afin
de financer des actions d'insertion pour les bénéficiaires du RMI
: ce montant, qui représentait 1,98 milliard de francs en 1992, est
passé à
4,9 milliards de francs en 2000
(dont
4,5 milliards de francs pour les dépenses en métropole).
Tableau récapitulatif des dépenses liées au RMI en 2000
(en milliards de francs)
|
Etat |
Conseils généraux |
Total |
Allocation RMI |
30,8 |
|
|
Mesures emploi (e) |
7,2 |
|
|
Crédits d'insertion DOM |
0,8 |
|
|
Majoration d'aide au logement (e) |
1 |
|
|
Exonération de taxe d'habitation |
1,16 |
|
|
Crédits d'insertion |
|
4,9 |
|
Total |
40,96 |
4,9 |
45,86 |
Total en % |
89 % |
11 % |
100 % |
d) Le maintien d'un « noyau dur » de personnes installées dans le RMI appelle des solutions innovantes
Près d'un tiers des allocataires ne perçoit
l'allocation que pendant moins de six mois, tandis qu'à l'inverse
plus d'un tiers reste dans le dispositif plus de quatre ans
.
Sur les 345.000 entrées au RMI enregistrées en 1999, un tiers des
allocataires perçoit l'allocation pendant moins de six mois. Comme dans
la plupart des processus d'insertion, les chances de sortie sont plus
élevées lorsque les allocataires sont jeunes,
diplômés ou plus proches de l'emploi.
Phénomène plus inquiétant : la décrue des
effectifs du RMI ne concerne pas fortement les personnes entrées depuis
longtemps dans le dispositif : ainsi en 2000, a-t-on constaté que
le nombre d'allocataires présents depuis plus de deux ans au RMI
avait augmenté de 1,6 %.
Les politiques d'insertion des départements ne sont pas en cause.
La consommation des crédits d'insertion RMI a représenté
4,8 milliards de francs en 1999 (731.755.282 euros), soit
98 % du montant de l'obligation légale
et des concours de
l'année. Le taux de consommation est en hausse significative :
98 % contre 94 % en 1997. Un effort particulier semble avoir
été fait par les départements dont le niveau de
consommation était faible.
Taux de consommation des crédits départementaux d'insertion
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
97 % |
101 % |
96 % |
94 % |
94 % |
98 % |
98 % |
En
même temps, les politiques d'insertion professionnelle par le recours aux
contrats aidés d'accès à l'emploi non marchand (contrats
emploi-solidarité ; contrats emplois consolidés) semblent
avoir atteint les limites de leur efficacité.
Le nombre d'entrées de bénéficiaires du RMI en mesures
ciblées de la politique de l'emploi
(CES, CEC, CIE et SIFE)
a
diminué en 2000
passant de 174 600 à 156 000.
Le recentrage de l'offre d'insertion autour du public RMI demeure stable
conformément aux orientations données au service public de
l'emploi. La part des contrats ou stages attribués à ces
allocataires est de l'ordre de 30 % dans les mesures ciblées pour
2000 (30.8% en 1999).
Dans un contexte de diminution du nombre de mesures aidées pour
l'emploi, liée au développement plus important des
opportunités d'accès direct à l'emploi marchand, le taux
de couverture a connu une certaine baisse : moins de 16 % des allocataires
ont pu accéder à l'une des mesures ciblées dans
l'année 2000 contre 19 % en 1999 et plus de 21 % en 1996, dans un
contexte d'accès à l'emploi il est vrai très
différent.
Dans un tel contexte, il est nécessaire d'imaginer de
s
solutions innovantes
.
Au cours de la séance publique du jeudi 8 février 2001,
réservée aux textes d'initiative parlementaire, le Sénat a
examiné en première lecture, sur le rapport de M. Philippe
Nogrix
5(
*
)
la
proposition de loi
n° 317 (1999-2000) portant création du revenu minimum
d'activité (RMA),
déposée par M. Alain Lambert,
président de la commission des Finances et M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce dispositif innovant permet au titulaire d'un minimum social (RMI par
exemple) de convertir son allocation en un salaire qui lui serait versé
directement par l'entreprise.
Ce dispositif, dégressif sur trois ans, serait neutre pour les finances
publiques et ne remettrait pas en cause le droit aux minima sociaux existants.
Il vise à lutter contre le chômage structurel par une incitation
à l'embauche dans le cadre de contrats de travail à durée
indéterminée. La rémunération des salariés,
qui devrait être légèrement supérieure au SMIC,
serait fixée par des accords de branche professionnelle.
Votre commission des Affaires sociales a approuvé entièrement la
démarche. Elle a souhaité que les négociations de branche
mettent en place un plan de formation, accompagné ou non d'un tutorat,
au profit des personnes embauchées ainsi qu'une prise en charge des
frais de retour à l'emploi.
Votre rapporteur ne peut que regretter que l'Assemblée nationale n'ait
pas souhaité engager la navette sur un dispositif incontestablement
utile.
2. L'allocation de parent isolé (API) ne connaît pas de diminution de ses effectifs
L'API
est à la fois
une prestation à vocation familiale
et
un
minimum social
. Il s'agit d'assurer un minimum de ressources aux personnes
isolées assumant seules la charge d'un ou plusieurs enfants. L'API est
versée par la caisse d'allocation familiale (CAF) ou par les caisses de
mutualité sociale agricole.
Ce n'est que depuis le budget pour 1999 que l'API est inscrite sur les
crédits du ministère de l'emploi et de la
solidarité : la décision de procéder à la
« budgétisation » de l'API -auparavant
financée par la branche famille de la sécurité sociale- a
été prise pour compenser le rétablissement du principe de
l'universalité des prestations familiales.
L'allocation de parent isolé (API) est versée à la future
mère en situation d'isolement ou à toute personne qui du fait du
décès du conjoint ou concubin, d'un divorce, d'une
séparation de droit ou de fait se retrouve seule pour élever un
ou plusieurs enfants. L'allocation est au plus versée pendant un an ou
jusqu'au troisième anniversaire du dernier enfant. Il s'agit d'une
allocation strictement différentielle qui n'est versée que si les
ressources totales du demandeur sont inférieures au montant garanti
variable selon le nombre d'enfants. Pour une personne seule (femme enceinte),
le montant garanti s'élève à
3.295 francs
pour une
femme enceinte
sans enfant à charge et à
4.395
francs
pour un
parent isolé avec un enfant à charge
.
Les ressources prises en compte pour calculer la différentielle
intègrent tous les revenus du trimestre précédant à
l'exclusion de l'allocation logement et de l'allocation pour jeune enfant
(APJE) versée du 4
ème
mois de grossesse au
3
ème
mois suivant la naissance ; elles comprennent
donc toutes les autres prestations familiales.
L'API a été créée en 1976 : ses effectifs ont
connu une forte progression de l'ordre de 14 % par an entre 1978 et 1988.
De 25.000 personnes en 1977, le nombre de personnes concernées est
passé à 75.000 en 1981, 125.000 en 1985 et 150.000 en 1989.
Les effectifs concernés par l'API connaissent à nouveau une
augmentation en 1999 et 2000, alors que la tendance au ralentissement
était encore observée en 1998.
Evolution de l'API
Année |
Nombre de bénéficiaires |
Evolution par rapport à l'année précédente en % |
Niveau
des crédits consommés en trésorerie
|
1989 |
156.000 |
|
3.945 |
1990 |
157.000 |
+ 0,6 |
4.104 |
1991 |
157.000 |
0 |
4.189 |
1992 |
160.000 |
+ 1,9 |
4.311 |
1993 |
164.000 |
+ 2,5 |
4.517 |
1994 |
169.000 |
+ 3 |
4.720 |
1995 |
164.000 |
- 3 |
4.750 |
1996 |
163.000 |
- 0,6 |
4.985 |
1997 |
164.000 |
+ 0,6 |
4.649 |
1998 |
163.000 |
+ 0,6 |
4.561 |
1999 |
168.000 |
+ 3,2 |
4.635 |
2000 |
170.000 |
+ 1,2 |
4.731 |
La
dotation budgétaire
qui était fixée à 4,35
milliards de francs en 2000 et à 4,7 milliards de francs en 2001
augmenterait de 3,6 % en 2002 pour atteindre 4,8 milliards de
francs
.
L'API, plus encore que le RMI, est une prestation qui s'avère lente
à enregistrer les effets d'une amélioration de l'activité
économique, alors même qu'elle a été conçue
pour faciliter la vie des familles pendant une période de recherche
d'emploi.
L'hypothèse, selon laquelle les mesures tendant à
améliorer la couverture des frais pour garde d'enfants liés
à la reprise d'un emploi devaient contribuer à diminuer le nombre
de titulaires de l'API, ne s'est pas vérifiée.
Les créations d'emploi sur la période 1997-2000 auraient dû
entraîner une baisse d'environ 25.000 allocataires, mais cette diminution
théorique ne se retrouve pas dans l'évolution d'ensemble des
allocataires de l'API. En effet si sur cette période, le nombre
d'allocataires a continué de croître à un rythme plus
faible en raison de l'amélioration de la situation de l'emploi
(+ 3,2 % en 1999, + 1,2 % en 2000) l'impact d'une meilleure
conjoncture sur l'évolution des effectifs a été
atténué par deux phénomènes.
Tout d'abord, la mise en place des
mesures de cumul avec des revenus
d'activité,
tout en garantissant une meilleure couverture en cas de
reprise d'activité, a pour conséquence de maintenir plus
longtemps les allocataires dans le dispositif : sur la période
1997-2000, 10.000 bénéficiaires ont été
concernés.
Ensuite, le
nombre des familles monoparentales
évolue
parallèlement à celui des naissances et
augmente depuis
1996
(sur la période 1997-2000, contribution de 11.000
bénéficiaires).
La dotation pour 2002 a été fixée en se fondant, selon les
éléments transmis à votre rapporteur, sur une
stabilisation de l'évolution des effectifs de la dotation, d'une
revalorisation du montant de l'allocation en fonction de la base mensuelle des
allocations familiales, la majoration du barème de l'API dans les
départements d'outre-mer conformément à
la loi
d'orientation du 13 décembre 2000 sur l'outre-mer
et la
prolongation d'un trimestre de la période de cumul intégral de
l'allocation avec un revenu d'activité dans le cadre de
l'amélioration du régime d'intéressement.
En fait, votre rapporteur partage l'objection émise par votre commission
lorsque le financement de l'API avait été
transférée de la branche famille au budget de l'Etat et que M.
Jean Chérioux avait reprise à son compte dans son avis de
l'année dernière.
Tant qu'elle était considérée avant tout comme une
prestation familiale, l'API pouvait éviter de devenir un dispositif
stigmatisant comme peut l'être parfois le RMI ; en revanche,
le
financement direct par l'Etat ne peut que conduire à faire
prévaloir la dimension de minimum social de cette prestation au
détriment de la volonté d'insérer les parents
isolés dans la vie économique
.
3. Les incertitudes sur les économies prévues au titre de la couverture maladie universelle (CMU)
a) Le dispositif de la CMU
La loi
du 27 juillet 1999 a prévu deux dispositifs :
-
une couverture maladie universelle de base
obligatoire ouverte
aux personnes résidant en France de façon stable et
régulière dont les ressources n'excèdent pas 3.600 francs
par mois pour une personne seule. Les dépenses de cette couverture de
base sont prises en charge directement au sein de la branche assurance
maladie ; en 2000, le coût des prestations de la CMU de base s'est
élevé à
10,941 milliards de francs
pour le
régime général.
-
une couverture complémentaire
ouverte sous conditions de
ressources, permettant de bénéficier d'une prise en charge
à 100 % des soins (avec la prise en charge intégrale du
ticket modérateur), de la prise en charge du forfait hospitalier, ainsi
que de divers appareillages. Le bénéfice du tiers payant est
étendu aux intéressés qui ont le choix de leur organisme
d'affiliation, soit une caisse d'assurance maladie, soit une mutuelle, soit une
institution de prévoyance, soit une compagnie d'assurance.
b) La révision à la baisse des crédits
Pour 2001, la prévision de dépenses était de 7,4 milliards de francs au titre de la couverture complémentaire.
Les effectifs détaillés de la CMU au 30 décembre 2000
-
• A la date du 30 décembre 2000, dernier chiffre connu, l'effectif des bénéficiaires de la couverture de base , ou « régime de résidence » s'établit à 1.130.717 personnes . Parmi ces bénéficiaires, 80 % sont domiciliés en France métropolitaine, et la très grande majorité (73 %) sont également bénéficiaires du RMI. 5,4 %, acquittent une cotisation du fait qu'ils dépassent le plafond de ressources en deçà duquel a été instaurée une franchise de cotisations. En outre, 165.519 bénéficiaires du régime de résidence n'ont pas de couverture CMU complémentaire.
• A la date du 30 décembre 2000, dernier chiffre connu, les effectifs des bénéficiaires de la couverture complémentaire sont les suivants :
- 103.000 bénéficiaires affiliés à la CMU complémentaire gérée par une caisse mutuelle régionale ;
- 6.860 bénéficiaires affiliés à la CMU complémentaire gérée par une caisse de mutualité sociale agricole ;
- près de 400.000 bénéficiaires affiliés à la CMU complémentaire gérée par un organisme complémentaire, dont 344.000 affiliés au régime général, 22.000 au régime des non salariés non agricoles et 15.740 au régime agricole.
En définitive, les comptes prévisionnels du fonds de financement de la protection complémentaire de la couverture universelle du risque maladie s'établissent comme suit pour 2001.
Compte prévisionnel du fonds CMU pour 2001
(en millions de francs)
Recettes |
Dépenses |
||
Dotation budgétaire de l'Etat |
6.599 |
Versements aux organismes de sécurité sociale et aux organismes de couverture maladie complémentaire |
7.589 |
Contribution de 1,75 % à la charge des organismes de couverture maladie complémentaire |
1.000 |
Gestion administrative |
10 |
Total |
7.599 |
|
7.599 |
Le
financement de la couverture complémentaire de la couverture maladie
universelle, créée par la loi du 27 juillet 1999,
soulève des interrogations
(chapitre 46-82).
La dotation pour
2002 fait apparaître une
économie de 450 millions de
francs
. Par ailleurs, l'arrêté d'annulation de crédits
du 14 novembre 2001, repris en annexe du projet de loi de finances
rectificative pour 2001, fait apparaître une économie de
521 millions de francs
. On rappellera qu'un milliard de francs
avait également fait l'objet d'une annulation en 2000.
La dotation budgétaire pour 2000 avait été fixée
à 7 milliards de francs et celle pour 2001 à
6,6 milliards de francs en se fondant sur l'hypothèse de
6 millions de bénéficiaires.
Selon les informations transmises par le Gouvernement, le montant de
6,6 milliards de francs fixé par la loi de finances pour 2001
reposait sur une
« connaissance limitée de la montée
en charge du dispositif »
(nombre de bénéficiaires,
dépense individuelle), comme des conditions de sortie des anciens
bénéficiaires de l'aide médicale.
« Cette dernière variable reste la plus difficile à
déterminer. Selon la CNAMTS, environ 900 000 anciens
bénéficiaires de l'aide médicale ont vu leurs droits
s'interrompre au 30 juin 2001. Cependant, le bilan définitif de cette
opération de fin de droits reste incertain : d'une part, de nombreux
anciens bénéficiaires doivent faire réexaminer leurs
droits au cours du deuxième semestre, d'autre part il est impossible
d'apprécier avec exactitude le nombre de personnes qui ne se sont pas
manifestées avant le 30 juin 2001 mais qui tenteront d'entrer à
nouveau dans le dispositif d'ici la fin de l'année.
« Néanmoins, sur la base des premières données
disponibles concernant le nombre de bénéficiaires et le montant
moyen de la dépense individuelle, l'exécution de la loi de
finances pour 2001 devrait dégager un léger reliquat de
crédits non consommés. »
c) Les crédits demandés ne tiennent pas compte des insuffisances du dispositif
Selon
les éléments transmis par le Gouvernement :
« Le
montant de la dotation de l'État au fonds CMU pour 2002 retenu dans le
cadre du projet de loi de finances pour 2002 devrait être de
6,1 milliards de francs. La diminution de crédits s'explique
notamment par les sorties de bénéficiaires, notamment les
personnes dont les droits ont été prolongés jusqu'au 30
juin 2001 et qui sont sortis à cette date si leurs ressources
étaient inférieures à une moyenne mensuelle de
4.000 francs pour une personne seule. »
Votre rapporteur considère que la situation prévue
budgétairement pour 2002 ne tient pas compte de la réalité
des besoins : le Gouvernement procède à l'affichage d'un
abattement de 450 millions de francs pour tenir compte des sorties
prévisibles parmi la population des 900.000 personnes qui
bénéficiaient auparavant de l'aide médicale gratuite et
ont été maintenues à titre temporaire dans le champ de la
nouvelle CMU.
Il reste que les droits de ces personnes qui devaient expirer au 30 juin 2001
ont été finalement reconduits jusqu'à la fin de cette
année par décision ministérielle. Les pressions seront
fortes au cours de l'exercice 2002 pour que les personnes concernées
soient à nouveau maintenues.
En effet, le seuil de 3.600 francs de revenu mensuel prévu pour la
couverture complémentaire de la CMU ne permet toujours pas de couvrir la
population des titulaires des minima sociaux.
Les associations de
handicapés et l'UNIOPSS regrettent particulièrement que les
bénéficiaires de l'AAH ou du minimum vieillesse ne puissent pas
avoir droit à la CMU, à 50 francs près
.
Au demeurant, un certain nombre de personnes qui sont aujourd'hui
écartées du dispositif bénéficiaient de l'ancienne
aide médicale gratuite grâce aux initiatives prises dans de
nombreux départements.
Toutefois, dans la mesure où la suppression de la compétence des
départements en matière d'aide médicale gratuite a pour
contrepartie des abattements effectués sur la dotation
générale de décentralisation des départements qui
sont calculés en tenant compte de l'ensemble des dépenses d'aide
médicale auparavant financées par les collectivités
locales, qu'il s'agisse de dépenses obligatoires ou de dépenses
facultatives et en tenant compte d'un abattement forfaitaire de 5 %. Les
départements ont donc déjà été
amputés des crédits qu'ils auraient pu consacrer à
l'amélioration du dispositif de la CMU, ceci même en tenant compte
de l'abattement de 5 %.
Enfin, va se poser inéluctablement la question de l'adaptation du
montant forfaitaire de 1.500 francs par affilié versé par le
Fonds aux organismes complémentaires.
Ce forfait apparaît
manifestement sous-évalué
.
En ce qui concerne les organismes de protection sociale complémentaire,
le fonds CMU a effectué en 2000 près de 450 remboursements
représentant environ 71 millions de francs. Du fait de
l'augmentation du nombre d'adhésions et de contrats gérés
par les organismes de protection sociale complémentaire, ce montant
devrait
augmenter fortement en 2002.
Ainsi, pour 2002,
la
prévision de dépenses est de 7,492 millions de francs.
La consommation moyenne par bénéficiaire et par an, en 2000, est
de l'ordre de 1.500 à 1.600 francs soit d'ores et
déjà supérieure au seuil des 1.500 francs
précités. Selon une étude de la
Fédération nationale de la mutualité
interprofessionnelle
, le coût moyen de la prise en charge aurait
atteint 1.845 francs en 2001.
Les crédits relatifs à la CMU sont donc frappés par une
double incertitude : sur l'avenir des personnes bénéficiant
d'un maintien des droits d'une part ; sur la pérennité du
remboursement forfaitaire aux organismes complémentaires, d'autre
part.
Dans ces conditions, votre commission ne peut que s'interroger sur la
réalité des économies prévisionnelles
affichées sur ce poste.
B. L'ÉMERGENCE DE NOUVEAUX BESOINS À SATISFAIRE EN MATIÈRE D'HÉBERGEMENT ET DE RÉINSERTION SOCIALE ET DE FORMATION DES TRAVAILLEURS SOCIAUX
1. Les difficultés rencontrées par les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)
a) Un dispositif opérationnel
Destinés à l'accueil, au soutien ou à
l'accompagnement social, à l'adaptation à la vie active et
à la réinsertion de personnes ou de familles en détresse,
les CHRS relèvent de la
loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative
aux institutions sociales et médico-sociales.
Comme le confirme la
loi du 22 juillet 1983 portant répartition des
compétences,
les CHRS relèvent du financement et du
contrôle de l'Etat, au titre de l'aide sociale obligatoire
(chapitre
46-81 du budget solidarité).
L'aide sociale en matière de logement et d'hébergement incombant
à l'Etat résulte de la loi du 23 novembre 1953 et qu'elle a
été élargie à l'accueil des familles par la loi du
19 novembre 1974.
-
•
La capacité
des 735 CHRS, qui emploient environ
9.500 personnes, peut être évaluée doublement :
les places financées par les crédits d'aide sociale obligatoire
de l'Etat s'élevaient au 1
er
janvier 2000 au nombre de
29.968
. Au 1
er
janvier 2000, le coût moyen annuel
par place représentait 85.524 francs.
Mais, si l'on examine l'ensemble des places installées, y compris celles financées par exemple par certaines collectivités locales, le nombre total est évalué à 31.000. A cela, il convient d'ajouter la possibilité pour les CHRS de suivre près de 3.000 personnes en milieu de vie ordinaire sans les héberger.
Au total, les CHRS ont donc une possibilité d'accueil de plus de 30.000 personnes qui peut être évidemment augmentée temporairement en cas de situation très difficile.
- • La dotation aux centres d'hébergement et de réinsertion sociale représentera 2,73 milliards de francs en 2002. Le Gouvernement a prévu une mesure nouvelle de 42 millions de francs permettant la création de 500 places nouvelles, à laquelle sont ajoutés 10 millions de francs pour la réalisation de 30 places pour les mineurs étrangers.
b) Les insuffisance du décret du 3 juillet 2001
Près de trois ans après la publication de la loi
d'orientation du 25 juillet 1998 relative à la lutte contre les
exclusions, le
décret d'application n° 2001-576 du 3
juillet 2001
a enfin été publié. Ce décret qui
était très attendu dans le secteur marque des progrès en
matière de reconnaissance du rôle des gestionnaires et de
légalisation des modes de rémunération des personnes
hébergées.
Le décret précise :
- les conditions de mise en oeuvre des activités, de leur
organisation et de leur budgétisation, notamment celles relatives
à l'adaptation à la vie active et celles relevant de l'insertion
par l'activité économique ;
- les procédures assouplies et différenciées
d'admission à l'aide sociale ;
- les conditions de participation des personnes accueillies à leurs
frais d'hébergement et d'entretien et les modalités de
rémunération des personnes qui prennent part aux actions
d'adaptation à la vie active.
Il détermine, en outre, les dispositions financières applicables
aux CHRS selon les activités qu'ils mettent en oeuvre :
- les actions prévues par l'habilitation ou par la convention
d'aide sociale sont retracées au sein d'un
budget principal
financé en tout ou partie par l'aide sociale de l'Etat ;
- les actions pour lesquelles la convention le prévoit
expressément et les activités de production et de
commercialisation liées aux actions d'adaptation à la vie active
font l'objet d'un
budget annexe
financé en tout ou partie par
l'aide sociale de l'Etat ;
- les actions relatives à l'insertion par l'activité
économique et les actions que l'organisme gestionnaire met en oeuvre
dans un cadre autre que celui du CHRS font l'objet d'un ou plusieurs
budgets
spécifiques
non financés par l'aide sociale de l'Etat.
Interrogé sur les conséquences budgétaires, le
Gouvernement a précisé que l'instauration d'un délai de
transition
« permettant la stabilisation progressive des charges
et produits imputables retracés au sein de chacune des catégories
de budgets (principal, annexes, spécifiques) évitera un impact
qui, à défaut, aurait pu se révéler difficile
à gérer pour certains CHRS, notamment pour ceux qui
fonctionnaient sur des bases minimales. Aucune incidence directe n'est en
revanche attendue sur le niveau des moyens financiers existants au titre de
l'aide sociale de l'Etat. Ceux-ci devraient connaître leur propre logique
d'évolution, en lien en particulier avec la démarche de
renforcement progressif des capacités mise en oeuvre dans le cadre du
programme de lutte contre la pauvreté et l'exclusion
sociale. »
Il reste que les associations gestionnaires concernées regrettent
certaines positions du décret
parfois en retrait par rapport à
l'esprit de la loi du 29 juillet 1998
précité.
Elles considèrent que la logique du projet de loi qui créait un
statut du CHRS, indépendant de l'activité d'hébergement et
la diversité des activités possibles n'est pas affirmée
assez clairement ; la possibilité de faire de l'insertion par
l'activité économique, certes confirmée, apparaît
concrètement
« fortement
limitée
»
par des modalités
budgétaires très restrictives ; en outre, la pratique de la
sous-location en CHRS n'est pas mentionnée alors que c'est
«
une pratique positive et largement
développée
» ; enfin, la veille sociale, la
coordination territoriale et le rôle des réseaux associatifs sont
« quasiment absents ».
c) Le problème récurrent de l'accueil des familles
L'article 135 de la loi du 29 juillet 1998
susvisée
a posé le principe du
droit à la vie familiale normale
des
personnes accueillies en centres d'hébergement, ce qui
génère des dépenses supplémentaires, soit sous
forme de travaux d'aménagements d'appartements à la place des
actuels dortoirs collectifs, soit sous forme d'aide provisoire à
l'hébergement en solution hôtelière.
La mise en oeuvre de l'accueil familial, qui est une excellente mesure,
nécessiterait sans doute
un effort plus soutenu
en matière
d'investissement sur les CHRS.
Un tel engagement est en fait de nature à générer des
économies car la dislocation des familles et les conséquences
négatives, entraînent des coûts sociaux d'autant plus
élevés que
l'éloignement des parents et des enfants
rend souvent plus difficile psychologiquement et socialement le processus de
réinsertion
.
A cet égard, la
baisse des crédits d'investissement
amorcée en 2001 et confirmée en 2002 montre que le Gouvernement
n'a pas décidé de tirer toutes les conséquences de
l'article 135 de la loi du 29 juillet 1998 relatif à l'accueil des
familles
.
d) L'explosion des besoins liés à la présence de personnes de nationalité étrangère en situation précaire
La
Fédération nationale des associations d'accueil et de
réadaptation sociale
(FNARS) souligne la présence, en nombre
important dans les CHRS, de personnes de nationalité
étrangère en situation irrégulière ou ayant
présenté une demande pour bénéficier du statut de
l'asile politique.
Ces étrangers
« en situation
précaire »
sont des personnes soit en situation
irrégulière, soit ayant des titres inférieurs à
trois mois soit des demandeurs d'asile (asile territorial ou statut de
réfugié) ou ayant été déboutés et
ayant déposé un recours.
Le nombre de ces personnes accueillies dans le réseau semble augmenter
fortement depuis deux ans : estimées à environ 1 % des
hébergés en CHRS (hors urgence) en 1998, elles
représenteraient aujourd'hui
plus du tiers des hébergés
dans certains départements
. Dans les CHRS d'urgence ou les foyers et
accueils d'urgence n'ayant pas le statut de CHRS, elles sont encore plus
nombreuses.
Ces personnes ont besoin d'être hébergées et sont en
général sans ressources, n'ayant droit ni aux prestations
familiales, ni aux aides au logement.
La difficulté pour les CHRS tient au fait que nombre de ces personnes ne
sont pas réglementairement autorisées à travailler dans
notre pays. Se pose la question de savoir au demeurant, si un étranger
en situation irrégulière peut participer aux travaux d'entretien,
aux actions de réadaptation à la vie active organisées par
les CHRS ou travailler dans un atelier relevant de leur responsabilité.
C'est pourquoi
les CHRS ne peuvent, à l'égard de ces
populations, jouer le rôle de réinsertion qui est fondamentalement
le leur
.
Cet afflux, sur lequel de nombreux observateurs avaient appelé
l'attention l'année dernière aboutit en fait à
« engorger » le dispositif d'accueil d'urgence au risque
d'aboutir, dans certains cas, à une « saturation »,
alors que les besoins d'hébergement vont se faire ressentir au cours de
l'hiver, comme chaque année.
Le Gouvernement procède donc à la mise en place de
255 millions de francs
pour financer 1.500 places nouvelles en
centres d'accueil des demandeurs d'asile
(CADA) et
2.400 places
d'hébergement d'urgence
pour « demandeurs
d'asiles ».
Toutefois l'attention de votre rapporteur a été appelée
sur le fait qu'il n'y aura pas de « transfert » des
populations concernées, depuis les CHRS où ils sont
éventuellement hébergés jusqu'aux CADA, pour des raisons
tenant à un manque de mobilité ou pour des motifs juridiques.
Le réseau des CHRS devra donc continuer à gérer le flux
des réfugiés déjà accueillis
, sans moyens
supplémentaires par rapport aux années précédentes,
tandis que s'installe un réseau parallèle, de plus en plus
développé, orienté vers l'accueil des
réfugiés.
On observera par ailleurs que l'aide médicale de l'Etat destinée
à la CMU des personnes de nationalité étrangère est
fixée à 400 millions de francs pour 2002, soit une hausse de
14 % par rapport à l'année dernière : Les
dossiers se sont accumulés et les retards se sont multipliés en
2001. Là encore, apparaît
un poste de dépense qui
n'apparaît nullement maîtrisé
.
2. Des engagements pour les établissements de formation des travailleurs sociaux (EFTS) dont le coût sera lisible à partir de 2003
Bien
qu'ils soient intégrés à l'action
« développement social » dans le bleu
budgétaire, les crédits de la formation des travailleurs sociaux
participe évidemment de la lutte contre l'exclusion :
l'intervention des travailleurs sociaux est parfois déterminante pour
éviter à des personnes en difficulté de basculer dans
l'exclusion.
Sur les
304 établissements de formation de travailleurs
sociaux
(EFTS) préparant à l'ensemble des certificats et
diplômes d'Etat de niveau V à II, près de 130 seulement
préparent aux formations dites « initiales »
(assistant de service social, éducateur spécialisé,
éducateur de jeunes enfants, éducateur technique
spécialisé, conseiller en économie sociale et familiale,
moniteur éducateur) ; parmi ceux-ci, 31 ont un statut de droit
public sous forme d'établissements publics, soit 23,8 %. Les autres
centres ont un statut privé d'association régie par la loi de
1901 ou de 1908. 95 établissements sont subventionnés
directement au titre des formations initiales par le ministère.
Les 31 établissements publics recouvrent des lycées publics (20),
des instituts universitaires technologiques (3), des universités (1),
des hôpitaux (4) ainsi que des services ou établissements publics
rattachés à des conseils généraux ou à
l'Etat (3).
On comptait, au 1
er
janvier 1998,
805.788 travailleurs
sociaux
ayant un statut reconnu comme tel dont : 230.000
professionnels de l'aide, 125.000 professionnels de l'éducation,
37.000 professionnels de l'animation et 380.000 titulaires d'un agrément
d'assistante maternelle.
L'essor des professions sociales -bien que contrasté- est spectaculaire
sur les trente dernières années. L'évolution des
professions éducatives et des assistants de service social est, à
cet égard, particulièrement significative puisque leur nombre a
quasiment doublé dans les années 70 et 80. La dernière
décennie est, quant à elle, marquée par une très
vive croissance du nombre d'aides ménagères (87.000 en 1989,
environ 177.000 en 1999) et d'assistantes maternelles (130.000 à la fin
des années 80, 306.000 dix ans plus tard), pour une grande part en
raison des dispositifs fiscaux favorisant leur emploi par les
particuliers
6(
*
)
.
Nombre de diplômes de travailleurs sociaux délivrés en 1999
|
Nombre |
Evolution 99/98 |
Assistant de service social |
1.729 |
- 0,22 % |
Conseiller en économie sociale familiale |
762 |
17,9 % |
Éducateur spécialisé |
2.443 |
1,4 % |
Éducateur de jeunes enfants |
1.030 |
12,9 % |
Éducateur technique spécialisé |
328 |
21,0 % |
Moniteur éducateur |
1.698 |
1,9 % |
Aide médico-psychologique |
2.566 |
12,7 % |
TISF (1) |
173 |
19,3 % |
Aide à domicile (CAFAD) |
2.244 |
- 16,2 % |
Total |
12.973 |
1,8 % |
Source : ministère de l'Emploi et de la
Solidarité.
(1)
Technicien de l'intervention sociale familiale.
a) Le retard pris dans la mise en oeuvre des mesures prévues par la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions
- • L'article 151 de la loi du 29 juillet 1998 clarifie et consolide les fondements juridiques, administratifs et financiers des centres de formation et améliore la reconnaissance des droits des étudiants.
- L'élaboration des schémas des formations sociales au niveau national et régional ;
- La détermination d'un contrat-type pluriannuel entre l'Etat et les organismes responsables d'établissements de formation.
Un décret doit porter sur le contrat-type, les formateurs exerçant dans les établissements sous contrat et la détermination de l'aide financière de l'Etat.
Cette aide prendra deux formes :
. une subvention qui couvre les dépenses liées aux charges de personnels formateurs en fonction du nombre de formateurs nécessaires au regard des effectifs d'étudiants ;
. un forfait national annuel par étudiant pour financer les charges administratives et pédagogiques.
- L'accompagnement de la déconcentration des agréments des organismes responsables d'établissements de formation : pour mettre fin à la multiplicité des textes relatifs aux agréments des établissements (plus de 50 textes réglementaires), un projet de décret devrait établir des conditions plus homogènes pour le début 2000.
- La fixation d'une liste d'aptitude nationale des directeurs et formateurs , se substituant aux agréments jusqu'alors individuels. Un projet de décret, s'appuyant sur un travail mené en étroite collaboration avec le secteur professionnel prévu d'ici la fin 1999, devrait permettre tant une simplification administrative qu'une plus grande mobilité professionnelle.
- L'amélioration de la situation financière des étudiants en travail social par l'attribution d'aides sous forme de bourse d'Etat.
Par ailleurs, le programme de prévention et de lutte contre les exclusions prévoit diverses réformes de la formation des travailleuses familiales, des conseillers en économie sociale et familiale, des assistants de service social et de la formation préparant au certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social (CAFDES).
Votre rapporteur constate que la réforme ne se met en place que lentement .
Concernant le schéma national et régional des formations sociales, il aura fallu attendre près de trois ans après le vote de la loi contre les exclusions pour que celui-ci soit publié le schéma par arrêté du 28 mai 2001.
En revanche, les établissements sont toujours en situation d'attente sur le projet de décret relatif au contrat-type pluriannuel de financement : un premier projet de décret avait donné lieu à quatre réunions d'un groupe de travail entre décembre 1998 et mai 1999. Toutefois, ce texte avait été remanié après examen par le Conseil d'Etat à la fin de mai 2000. Le Gouvernement envisage que le décret soit signé d'ici la fin de l'année 2001.
b) Les crédits de fonctionnement des EFTS pour 2002 ne reflètent pas l'ensemble des dépenses à venir
Les
crédits proposés dans le cadre du projet de loi de finances pour
2002
(chapitre 43-33, art. 20)
s'élèvent à
707 millions de francs
(+ 12 %) et intègrent une
mesure nouvelle de 76 millions de francs, pour les formations initiales,
concernant :
- une mesure nouvelle d'ajustement à hauteur de 36,5 millions
de francs pour couvrir l'évolution de la
masse salariale
des
centres en 2001, dont le financement de la mise en oeuvre de
l'avenant 265
de la convention collective nationale du 15 mars 1966
qui revalorise la
rémunération des cadres du secteur.
- une mesure nouvelle d'ajustement de 11,54 millions de francs
destinée à la montée en charge du
financement des
places ouvertes lors des rentrées scolaires antérieures
;
- des moyens nouveaux à hauteur de 28 millions de francs
destinés à lancer à la rentrée scolaire 2002 un
plan pluriannuel de formation
de travailleurs sociaux pour
répondre aux besoins de recrutements liés, d'une part à
l'évolution défavorable de la démographie des
personnels sociaux
, mesurée dans le cadre du schéma national
des formations, d'autre part à l'accompagnement des nouveaux besoins
résultant du nouveau programme national de prévention et de lutte
contre la pauvreté et l'exclusion sociale, de la mise en oeuvre de
l'allocation personnalisée à l'autonomie et du plan triennal en
faveur des personnes handicapées ou les politiques de la famille.
Le Gouvernement met donc en place, avec un certain retard, le programme de
lutte contre les exclusions qui prévoyait une forte augmentation du
nombre d'étudiants en travail social. Il a fallu attendre ce projet de
budget pour 2002 pour constater une première traduction
budgétaire du schéma national des formations sociales
annoncé depuis juillet 1998.
Une mesure nouvelle de
28 millions de francs
est prévue afin
d'accueillir, à la rentrée 2002, 3.000 étudiants
supplémentaires en plus des 22.000 qui sont formés aujourd'hui.
Encore, faut-il noter que la
mesure votée engage surtout les
prochains budgets
: en effet, les crédits ont été
ajustés pour ne couvrir qu'un trimestre de formation en 2002. Pour 2003
et 2004, ce seront trois fois plus de crédits qui seront
nécessaires.
Les écoles de formation seront donc toujours placées dans
l'incertitude budgétaire alors même que le décret
d'application de la loi d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions, qui devait jeter les bases d'un contrat pluriannuel de financement,
n'est toujours pas paru.
3. Les évolutions préoccupantes de certains crédits
a) Les rapatriés : des crédits en baisse et des dossiers toujours en souffrance
S'agissant des rapatriés, les crédits inscrits au budget du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, soit 100 millions de francs, ne représentent qu'une fraction des crédits inscrits sur les budgets de différents ministères qui s'élèvent au total à 1,1 milliard de francs dans le présent budget.
Crédits relatifs aux rapatriés dans le projet de loi de finances pour 2002
(en millions de francs)
-
LFI 2001
PLF 2002
Economie, Finances et Industrie
I - (Charges communes)
199,00
139,00
II - Services financiers
24,00
24,00
III - Industrie
151,38
143,00
Emploi solidarité et ville
II - Santé solidarité, ville
96,00
97,00
Anciens combattants
56,20
33,85
Affaires étrangères et coopération
Equipement, transports et logement
653,00
623 ,00
Agriculture et pêche
97,50
95,97
Total
1.295,00
1.156,00
• La diminution des crédits de solidarité
Les crédits relatifs aux rapatriés enregistrent une diminution de 11 % en 2002 pour des raisons largement mécaniques.
D'une part, le dispositif d'indemnisation des rapatriés, relancé par la loi du 16 juillet 1987 et financé sur le budget des charges communes, arrive maintenant à son terme ; d'autre part, le dispositif de contribution de l'Etat pour la garantie des retraites afférentes à certaines périodes d'activité des rapatriés dans le pays où ils ont résidé, connaît dorénavant une diminution du nombre de bénéficiaires pour des raisons démographiques.
• La question de la réparation de l'injustice causée par l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970 n'est toujours pas réglée
Or, diverses mesures sont intervenues par la suite afin d'autoriser la liquidation des dettes non remboursées en faveur de certaines catégories de rapatriés.
Ainsi, la loi du 30 décembre 1986 a-t-elle prévu l'effacement des dettes (capital et intérêts) des rapatriés réinstallés dans une profession non salariée, non propriétaires de biens en outre-mer.
Par ailleurs, la loi du 16 juillet 1987 a permis aux rapatriés réinstallés, propriétaires de biens en outre-mer, de bénéficier également d'une indemnisation complète sans déduction des prêts de réinstallation.
Le 27 octobre 1998, Mme Martine Aubry avait précisé à l'Assemblée nationale que « le Gouvernement était très sensible à cette question et à cette iniquité et qu'il travaillait à la révision de l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970 ».
A la demande de votre rapporteur, le ministère a précisé que le coût de la restitution des prélèvements opérés sur les indemnisations versées en application de la première loi d'indemnisation (1970) et de la deuxième loi d'indemnisation (1978), au titre du remboursement anticipé des prêts de réinstallation accordés dans les années 1960 aux rapatriés reprenant en métropole une activité non salariée, s'établit à 1,8 milliard de francs pour une application à la totalité des personnes concernées.
Il lui a donc été répondu qu'« en raison du montant de la dépense et de l'ordre des priorités, cette dépense n'a pas été inscrite au PLF 2002. »
- • L'ajournement de la réparation due aux agents publics écartés de leur emploi au cours de la guerre d'Algérie
Cette même loi a également prévu divers dispositifs de reconstitution de carrière pour les agents publics éloignés de leur emploi ou sanctionnés à cette époque pour des motifs du même ordre.
Toutefois, le dispositif ne concernait que les fonctionnaires, magistrats, militaires et non les personnes du secteur privé, générant ainsi une différence de situation. Une commission administrative paritaire avait conclu au versement d'un forfait pour les années qui n'étaient prises en compte par aucun organisme de retraite. Cette mesure concernerait 65 personnes pour un montant de 6 millions de francs.
En dépit de diverses annonces, il semble que des arbitrages intervenus tardivement aient conduit à différer l'inscription des crédits nécessaires.
b) La nouvelle hausse des crédits consacrés à la tutelle et à la curatelle d'Etat
En
France, le nombre total de majeurs protégés et de près de
500.000 personnes, soit environ 1 % de la population des plus de
18 ans.
On doit rappeler qu'une personne majeure est placée sous
régime de tutelle
quand elle a besoin d'être
représentée d'une manière continue dans les actes de la
vie civile. Elle est alors déchargée de l'exercice de ses droits
et ne peut plus passer aucun acte seule.
Une personne majeure qui, sans être hors d'état d'agir
elle-même, a besoin d'être conseillée ou
contrôlée dans les actes de la vie civile peut être
placée sous un
régime de curatelle
. Les actes qu'elle peut
accomplir seule sont les actes d'administration, c'est-à-dire les actes
de gestion courante tels que la perception des revenus ou le paiement des
dépenses. En revanche, elle ne pourra pas effectuer les actes qui
engagent le patrimoine, sans l'assistance du curateur. La curatelle laisse aux
intéressés la jouissance de certains droits, en particulier le
droit de vote, ce qui explique que cette formule tend à se
développer par rapport aux tutelles.
Aux termes de la
loi n° 68-5 du 3 janvier 1968 portant réforme
du droit des incapables majeurs
, deux systèmes de tutelle coexistent
en droit :
- la tutelle familiale qui fait reposer la charge tutélaire sur la
famille, parents, enfants, collatéraux ;
- la tutelle publique qui consiste à confier à un organisme
public ou privé la charge de la tutelle, sous le contrôle de
l'Etat. La tutelle d'Etat, la curatelle d'Etat ou la tutelle en gérance
appartiennent à cette catégorie.
En principe, la tutelle publique ne doit intervenir que subsidiairement
à la tutelle familiale : ainsi, l'article 433 du code civil
prévoit que : «
Si la tutelle reste vacante, le juge des
tutelles la défère à l'Etat s'il s'agit d'un majeur
(...) ». Les conditions du transfert à l'Etat de la tutelle
sont ainsi, en principe, très strictes puisque le
« vide » de la famille restreinte et de la famille
étendue doit être constaté (majeurs protégés
n'ayant plus de famille ou membres de la famille demandant à être
dispensés des charges tutélaires en raison d'un des motifs
énumérés à l'article 428 du code civil : âge,
maladie, éloignement, occupations professionnelles ou familiales
exceptionnellement absorbantes,...).
En réalité, on constate depuis une dizaine d'années une
tendance de certains juges des tutelles à écarter la famille
même dans des cas où les membres de celle-ci ne font pas preuve
d'indifférence à l'égard de la protection de la personne
protégée.
La Cour de cassation a ainsi été conduite à censurer
certaines décisions de justice qui n'avaient pas tenu compte de la
volonté de la famille d'assurer la charge de la tutelle ni
constaté l'impossibilité de réunir un conseil de famille.
S'agissant de l'organisation et du financement de la tutelle d'Etat, le
décret n° 85-193 du 7 février 1985
a instauré
un système de rémunération du tuteur ou du curateur
d'Etat, reposant à titre principal sur les ressources du majeur
protégé, complétée sous certaines conditions par
une rémunération financée par le budget de l'Etat.
Le projet de loi de finances pour 2002 se caractérise par une reprise
à la hausse des dépenses de tutelle et de curatelle.
Les renseignements, encore non définitifs, communiqués par les
préfets sur le nombre de mesures de tutelle ou de curatelle d'Etat en
cours de prise en charge au 31 décembre 2000 font apparaître une
augmentation de 12.584 mesures par rapport au nombre de mesures
enregistrées au 31 décembre 1999. Cette augmentation qui,
après vérifications et corrections, dépassera
vraisemblablement le niveau précité, est comparable à
celle qui avait été observée en 1999 par rapport à
1998 (11.282 mesures supplémentaires).
Pour l'établissement du budget, l'estimation de l'évolution du
nombre de mesures au 31 décembre 2002 est fondée sur une
prévision d'augmentation de 13 % en 2001 et en 2002.
Tutelle & Curatelle d'Etat |
2001 |
2002 |
Nombre de mesures au 31 décembre (estimations) |
141.860 |
160.300 |
Augmentation du nombre de mesures |
16.320 |
18.441 |
Crédits inscrits |
680 MF |
800,2 MF |
Il est
prévu, au projet de loi de finances initiale pour 2002, une ouverture de
crédits de
800,2 millions de francs
, soit 120,2 millions de
francs supplémentaires par rapport aux crédits votés en
loi de finances initiale pour 2001.
Votre rapporteur regrette la lenteur avec laquelle il est envisagé
d'améliorer le dispositif
Il lui a été indiqué que «
la réforme
du dispositif de protection juridique des majeurs constitue une des
préoccupations du Gouvernement
». Une suite va donc
être donnée aux propositions du groupe interministériel
présidé par M. Favard. La mise en oeuvre de nombre d'entre
elles relève du ministère de la justice.
En revanche, deux mesures essentielles seraient de la compétence du
ministère de l'emploi et de la solidarité.
Il s'agirait, d'une part, d'instituer, en amont de l'entrée dans le
dispositif de protection judiciaire, une procédure d'évaluation
médico-sociale des situations individuelles afin d'apprécier la
nécessité de recourir à une mesure restrictive de
liberté ou bien de proposer un accompagnement social personnalisé
renforcé et, d'autre part, d'expérimenter un nouveau mode de
financement des mesures de protection, sous forme de dotation globale. Les
principaux organismes concernés seront associés à ces
travaux.
Il est indiqué que, pour ce faire, «
des groupes de travail
vont être mis en place, en ce qui concerne l'évaluation
médico-sociale, d'ici la fin de l'année et, pour le volet
financier, dans le courant de l'année prochaine
».
Le poste « tutelle et curatelle » devrait donc continuer
d'enregistrer des dérives en 2003.
II. LA POLITIQUE EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
Il est
nécessaire de rappeler les caractéristiques de la population
handicapée avant de faire le point sur la réalisation du
programme triennal (2001-2003) ainsi que les principaux aspects des divers
dispositifs mis en place en faveur des personnes handicapées.
Enfin, la politique en faveur des handicapés appellera diverses
observations de la part de votre commission.
A. L'IMPORTANCE DE LA POPULATION HANDICAPÉE
Au moins trois millions de personnes sont confrontées au handicap dans la société française ce qui soulève, d'une manière générale, la question de la prévention du handicap.
1. Une population nombreuse
L'estimation de la population des personnes handicapées
est
un exercice difficile car les chiffres disponibles varient en fonction de
l'appréciation subjective de la notion de handicap ou du choix des
critères objectifs retenus.
L'enquête décennale relative à la santé conduite par
l'INSEE en 1991 fait ressortir qu'en France,
5,5 millions de personnes
déclarent un handicap ou une gêne dans la vie quotidienne.
Toutefois, sur la base d'une définition plus stricte ne retenant que les
personnes se déclarant handicapées, une enquête sur
échantillon réalisée en 1987 a fait ressortir le chiffre
de
3,2 millions de personnes
, soit environ 6 % de la
population.
Une autre approche consiste à prendre en compte l'ensemble des
bénéficiaires des prestations prévues en faveur des
handicapés. Ainsi, la population des personnes handicapées dont
l'incapacité génère
un handicap
sévère
restreignant significativement leur autonomie et
affectant durablement ou définitivement leur vie scolaire, sociale et
professionnelle, est évaluée à
1,814 million de
personnes en 1991,
soit 3,4 % de la population.
Cette statistique est obtenue à partir de l'addition du nombre des
bénéficiaires de l'abattement spécial pour le calcul de
l'impôt sur le revenu (1,6 million de personnes), des titulaires de l'AAH
présentant donc un taux d'invalidité supérieur à
50 % (139.000 personnes), des enfants handicapés accueillis en
établissements ou services d'éducation spéciale (40.000
enfants estimés) et d'une fraction des titulaires d'une pension
d'invalidité importante de la sécurité sociale (55.000
personnes).
Les
origines du handicap
sont diverses. Par ordre décroissant,
les quatre principales causes d'un handicap sont : la maladie, la vieillesse,
l'accident et la naissance.
Les
origines des handicaps, gênes ou difficultés
chez les 18 ans
et plus
Origine |
Pourcentage |
Naissance |
10,2 |
Maladie |
38,3 |
Accident |
12,2 |
Vieillesse |
28,2 |
Autre |
11,1 |
Source enquête santé 1991
Ces données devraient prochainement connaître une actualisation :
le
Centre Technique national d'Etudes et de Recherches sur le Handicap et
les Inadaptations
(CTNERHI) procède à une enquête
statistique et prospective sur le thème « Handicap et
démographie ». En cours de réalisation, elle devrait
élaborer un outil de connaissances quantitatives et prospectives du
handicap, mobilisant les informations disponibles sur ce sujet et permettant
d'anticiper, pour décider des priorités dans la politique en
faveur des personnes handicapées.
Par ailleurs, le
Conseil national de l'Information statistique
(CNIS)
dans le cadre d'un groupe spécifique de réflexion
« handicap et dépendance » a préconisé
en 1997 le lancement, au cours des trois prochaines années, d'une grande
enquête, sous l'égide de l'INSEE qui serait centrée sur les
incapacités et les dépendances à partir de l'observation,
non plus des déficiences, mais des situations réelles et de leurs
évolutions.
L'enquête
« Handicap-Incapacité-Dépendance » est en
cours de réalisation sur la période 1998-2001 par l'INSEE
auprès de 15.000 personnes. Ces mêmes personnes seront à
nouveau interrogées à la fin de l'année 2000.
Cette enquête permettra d'estimer le nombre de personnes affectées
par des incapacités physiques ou mentales selon les grilles
habituellement utilisées telles que la grille AGGIR. Elle permettra
enfin de mieux appréhender le nombre de personnes handicapées qui
vivent à domicile. Elle apportera en outre des informations sur
l'entourage ou l'isolement des personnes, sur les aides formelles et
informelles dont elles bénéficient, mais aussi sur la formation,
l'emploi, les revenus et le logement des personnes handicapées.
La mise à disposition d'informations statistiques
plus
précises sur cette question
serait en effet utile, en particulier
pour les départements concernés par cette question cruciale
.
Les commissions départementales de l'éducation
spéciale
(CDES) et
les COTOREP représentent en effet
aujourd'hui des « mines » d'information potentielles encore
mal exploitées
en raison de difficultés de fonctionnement
récurrentes. Le passage d'une informatisation de gestion à un
système d'information sur le handicap devrait permettre selon le
Gouvernement de mieux connaître la population handicapée. L'effort
engagé par l'Etat doit être particulièrement soutenu.
A l'évidence, l'ensemble de ces données statistiques montre
l'importance de la population handicapée en France, qui justifie
pleinement une politique globale mobilisant des moyens substantiels. Elle
révèle également l'utilité de la prévention
des accidents quelle que soit leur origine.
2. La prévention du handicap revêt une dimension essentielle
Les accidents de la circulation et de la vie domestique, de sports ou de loisirs sont impliqués dans 6,8 % des handicapés ou gênes (soit 370.000 des 5,5 millions de personnes souffrant de handicaps ou gênes vivant à domicile) et environ 11 % des handicaps au sens strict du terme (soit environ 380.000 des 3,5 millions de personnes handicapées gravement vivant à domicile ou en institution).
Les accidents dans les origines du handicap
|
INSEE 1 |
CTNERHI |
CTNERHI |
|
|
|
Saône-et-Loire 2 |
Paris 3 |
|
|
1991 |
1990 |
1994 |
1995 |
Tous accidents dont : |
11,8 % |
17,5 % |
21,6 % |
21,5 % |
travail (trajet exclu) |
5,0 % |
- |
7,4 % |
|
travail (trajet inclus) |
|
- |
9,7 % |
|
circulation |
3,9 % |
- |
6,5 % |
8,0 % |
sport ou loisirs |
1,0 % |
- |
2,0 % |
4,6 % |
vie domestique |
1,9 % |
- |
0,8 % |
0,9 % |
|
|
- |
|
|
Autres |
- |
- |
1,5 % |
4,2 % |
Non réponse |
|
|
3,4 % |
2,7 % |
Total accidents hors travail |
6,8 % |
- |
10,8 % |
10,8 % |
Sources :
1) Enquête réalisée par l'INSEE en 1991 auprès
d'un échantillon de 8.235 ménages, soit 21.597 individus
représentatifs de la population nationale des ménages ordinaires.
(Définition large du handicap : handicap ou quelques gênes dans la
vie quotidienne).
2) Enquête du CTNERHI précité.
3) Enquête du CTNERHI et de la DASES précités.
La politique de prévention peut jouer un rôle essentiel pour
sauver des vies et préserver des existences.
Les réponses au questionnaire budgétaire de votre rapporteur sont
éclairantes à cet égard : la consommation
médicale annuelle des personnes victimes d'un handicap dû à
un accident (hors accidents du travail) s'élève à 10,4
milliards de francs. Le CTNERHI évalue à 5,5 % le
pourcentage des déficiences dues aux accidents de la route : selon
la sécurité routière, le coût des accidents
corporels est estimé en 1996 à 58 milliards de francs.
Coût de l'insécurité routière en 1996
Accidents corporels |
Tués |
Blessés graves |
Blessés légers |
Total coûts unitaires 1990 (1) |
3.258.400 |
338.700 |
72.400 |
Actualisation en 1996 (1) |
3.834.000 |
394.840 |
83.940 |
Population concernée en 1996 |
8.541 |
35.743 |
133.913 |
(1) (en millions de francs).
Source :
Revue de la sécurité routière.
Il est nécessaire d'insister également sur le nombre important
des accidents de sport chez les jeunes de 10 à 24 ans.
Une enquête réalisée en 1999 pour le compte de la
cellule nationale d'observation des accidents de la vie courante
(COAC)
et du
comité français d'éducation pour la
santé
(CFES) permet d'estimer à 382.000 le nombre annuel
d'accidents de sport chez les jeunes de 10 à 24 ans. Sur ce nombre,
50.000 ont nécessité une hospitalisation d'une durée
moyenne de 7 jours.
B. LE PROGRAMME TRIENNAL (2001-2003) DU GOUVERNEMENT ET L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES
1. Le programme triennal 2001-2003
Lors de la réunion du Conseil national des personnes handicapées (CNCPH) du 25 janvier dernier, le Premier ministre a présenté un plan triennal (2001-2003) en faveur des enfants, adolescents et adultes handicapés, assorti d'un financement de 1,52 milliard de francs. Ce plan amplifie le programme quinquennal (1999-2003) de créations de places pour adultes lourdement handicapés et porte l'effort de l'Etat en faveur des personnes handicapées à 2,52 milliards de francs sur la période.
Le plan triennal 2001-2003 en faveur des enfants, adolescents handicapés
Pour un financement total de l'Etat et de l'assurance maladie de 1,5 milliard de francs sur trois ans, le plan triennal annoncé par le Premier ministre devant le CNCPH le 25 janvier 2000 comporte trois catégories de mesures.
-
•
Favoriser le maintien ou le retour des personnes
handicapées en milieu ordinaire
S'agissant des enfants et des adolescents, une enveloppe de crédits d'assurance maladie d'un montant de 300 millions de francs sur la période considérée permettra de développer les services médico-sociaux de prise en charge précoce, d'accompagnement des familles et d'appui à l'intégration scolaire : augmentation des capacités d'accueil des centres d'action médico-sociale précoce (CAMSP) et des services de soins et d'éducation spéciale à domicile (SESSAD).
170 millions de francs sur 3 ans, inscrits au budget du ministère de l'éducation nationale, sont destinés à renforcer le parc de matériels pédagogiques et techniques adaptés . Ces crédits seront affectés en fonction d'une évaluation des besoins des élèves handicapés intégrés réalisée par les inspections académiques et les rectorats.
En ce qui concerne les adultes, la mobilisation de 185 millions de francs sur la période, affectés au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité, permettra de généraliser les sites pour la vie autonome .
Les services d'auxiliaires de vie seront développés afin de couvrir des besoins non encore satisfaits : 200 millions de francs sont prévus sur 3 ans, au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité, pour permettre à l'Etat de contribuer au financement de 3 000 emplois supplémentaires d'auxiliaires de vie (en équivalent temps plein).
Enfin, les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) seront plus largement ouverts aux personnes handicapées grâce à une modification réglementaire (décret en préparation) : 45 millions de francs de mesures nouvelles sur 3 ans sur les crédits d'assurance maladie seront consacrés à cet effet.
Pour permettre la modernisation et le renforcement des commissions départementales de l'éducation spéciale (CDES) et des commissions d'orientation technique et de reclassement professionnel (COTOREP), 45 millions de francs seront affectés au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité.
Enfin, une enveloppe de crédits d'Etat d'un montant de 10 millions de francs sur 3 ans est destinée à favoriser l'interprétariat en langue des signes française (LSF) ou en langage parlé complété (LPC).
• Amplifier les efforts de création de places en établissements ou services médico-sociaux pour la période 2001-2003
45 millions de francs de crédits d'assurance maladie seront consacrés sur la période à la prise en charge institutionnelle des personnes handicapées vieillissantes.
S'agissant des enfants handicapés, 120 millions de francs de crédits d'assurance maladie sont destinés à répondre à l'insuffisance, dans certains départements, de places dans les établissements médico-sociaux pour les enfants et adolescents les plus lourdement handicapés (polyhandicapés, déficients intellectuels profonds).
Certains types de handicaps (autisme, traumatisés crâniens) appellent un plan de rattrapage spécifique, afin de développer un équipement médico-social qui apparaît encore insuffisant. 300 millions de francs de crédits d'assurance maladie sur la durée du plan seront consacrés à des créations de places en établissements médico-sociaux.
• Moderniser et à renforcer les ateliers protégés
Votre rapporteur avait interrogé le Gouvernement par écrit afin que lui soit transmis « le point sur la mise en oeuvre du programme interministériel ». Il souhaitait également que soit présenté « l'impact du programme sur le budget 2002 ».
La réponse au questionnaire se borne à transmettre les éléments de chiffrage prévisionnel déjà connus du programme et repris dans l'encadré ci-dessus.
Un programme pluriannuel n'a de sens que si l'on peut en présenter les résultats concrets, faute de quoi il risque fort de n'être considéré que comme un simple effet d'affichage.
2. Les crédits budgétaires consacrés aux personnes handicapées
Les
crédits budgétaires consacrés aux personnes
handicapées sont principalement situés dans le fascicule
consacré à la solidarité et à la santé au
sein de l'agrégat relatif au
« développement
social ».
Comme on le sait, cet agrégat est au demeurant plus large que la seule
question des handicapés puisqu'il est composé d'une quinzaine de
chapitres aux sujets très divers (objection de conscience, droits des
femmes, professions sociales, etc.).
L'enveloppe des crédits inscrits au ministère de l'Emploi et de
la Solidarité ne correspond pas à l'ensemble des dépenses
en faveur des travailleurs handicapés : il faudrait, pour
être exhaustif, tenir compte des sommes engagées par
l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des
handicapés
(AGEFIPH) ou encore le coût du financement des
institutions de soins ou d'hébergement pris en charge respectivement par
la sécurité sociale et par les départements. S'agissant du
budget de l'Etat, il convient de ne pas oublier les crédits relatifs
à
l'allocation d'éducation spéciale
(AES) inscrits
au budget du ministère de l'Education nationale.
Le budget social du handicap peut être évalué en
première analyse à plus de
160 milliards de francs
répartis comme suit :
- 42 milliards de francs à la charge de l'Etat (hors
dépenses fiscales),
- 50 milliards de francs à la charge de la sécurité
sociale dont 16 milliards de francs au titre des pensions
d'invalidité du régime général et 33 milliards
de francs au titres des établissements,
- 16 milliards de francs à la charge des départements,
- 48 milliards de francs de dépenses diverses, à savoir les
pensions militaires d'invalidité et les rentes d'accident du travail.
Une annexe spécifique (jaune budgétaire) qui
récapitulerait l'ensemble des moyens consacrés à
l'intégration des personnes handicapées serait un instrument
utile.
Crédits consacrés à la politique en faveur des adultes handicapés de 1998 à 2002
(en millions de francs)
Dépenses |
1998 |
1999 |
2000 |
LF 2001 |
PLF 2002 |
Garantie de ressources des travailleurs handicapés |
5.036,80 |
5.199,50 |
5.385,70 |
5.596,42 |
5.976,40 |
Chapitre 44-71 article 40 |
|
|
|
|
|
Financement des tutelles aux incapables majeurs |
515,00 |
571,50 |
600,00 |
680,00 |
800,10 |
Chapitre 46-33 article 20 |
|
|
|
|
|
Allocations et prestations diverses en faveur des personnes handicapées |
40,30 |
40,20 |
36,00 |
32,00 |
25,60 |
Chapitre. 46-33 article 30 |
|
|
|
|
|
Financement du fonctionnement des centres d'aide par le travail |
6.039,50 |
6.263,50 |
6 476,90 |
6.680,00 |
6.894,00 |
Chapitre 46-31 article 40 |
|
|
|
|
|
Financement des ateliers protégés |
145,30 |
155,05 |
160,00 |
208,97 |
254,10 |
Chapitre 44-71 article 30 |
|
|
|
|
|
Dépenses d'aide sociale : total des dépenses d'aide sociale en faveur des personnes handicapées |
108,00 |
112,40 |
112,40 |
112,40 |
108,20 |
Chapitre 46-33 article 50 |
|
|
|
|
|
Dépenses d'allocations aux adultes handicapés |
23.389,00 |
24.769,00 |
25.550,00 |
26.540,00 |
28,05 |
Chapitre 46-33 article 10 |
|
|
|
|
|
Crédits déconcentrés d'action sociale en faveur des personnes handicapées |
17,85 |
16,85 |
16,85 |
16,85 |
16,85 |
Chapitre 46-31 article 30 |
|
|
|
|
|
Crédits concentrés d'action sociale en faveur des personnes âgés et des personnes handicapées |
130,20 |
129,00 |
144,00 |
251,00 |
366 |
Chapitre 47-21 article 50 |
|
|
|
|
|
Subvention d'équipement social - Établissements pour enfants et adultes handicapés |
46,50 |
0 |
10,00 |
70,00 |
77,00 |
Chapitre 66-20 article 10 (AP) |
|
|
|
|
|
TOTAUX |
35.468,50 |
37.257,00 |
38.491,90 |
40.187,64 |
42.578,30 |
(1) La garantie de ressources prise en charge par le budget de l'Etat correspond aux travailleurs employés en CAT ou en ateliers protégés ; l'AGEFIPH assure le financement de la garantie de ressources en milieu ordinaire.
C. LES INSTRUMENTS DE L'ACTION EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
L'analyse des instruments de la politique en faveur des
handicapés tend naturellement à se porter sur la capacité
d'accueil des établissements spécialisés tant les besoins
sont immenses en ce domaine.
Cela étant, cela ne doit pas faire oublier que l'objectif premier doit
être d'assurer pleinement l'intégration des handicapés
à la société.
Comme l'a souligné M. Christian Poncelet, président du
Sénat, lors de la journée-débat sur l'intégration
des handicapés au Conseil économique et social, le 14 janvier
1999, «
la capacité de la société à
intégrer les handicapés est en quelque sorte le meilleur test de
la solidarité nationale, de l'acceptation de la différence, de
l'efficacité des politiques publiques et de nos modes
d'organisation
».
C'est pourquoi le présent avis examinera également les
dispositifs d'intégration scolaire, d'accès à l'emploi et
d'aide au maintien à domicile en faveur des personnes
handicapées. Il conviendra enfin d'examiner le niveau de ressources
minimales mis à leur disposition à travers l'allocation aux
adultes handicapées (AAH).
1. L'accueil en établissement des personnes les plus handicapées
a) Les structures d'hébergement pour adultes handicapés
Le
financement de ces établissements est assuré, non par le budget
de l'Etat, mais par l'assurance maladie, lorsque des soins sont assurés,
ou par l'aide sociale départementale lorsque l'établissement a
seulement une vocation d'hébergement.
Le dispositif d'hébergement institutionnel des adultes handicapés
repose essentiellement sur l'hébergement en établissement et,
plus accessoirement, sur l'accueil familial.
Les modes d'hébergement institutionnel des adultes handicapés
|
Nombre de personnes |
% |
Foyer d'hébergement |
38.000 |
46,6 |
Foyer occupationnel |
22.100 |
27,1 |
Foyer à double tarification |
5.300 |
6,5 |
Maison d'accueil spécialisé |
10.300 |
12,6 |
Accueil familial |
5.800 |
7,1 |
Total |
81.500 |
100,0 |
Source : ministère de l'emploi et de la solidarité (enquêtes ES - estimations au 1 er janvier 1997 - et accueil familial).
L'accueil en établissement des adultes handicapés
Les
foyers d'hébergement pour travailleurs handicapés
assurent l'hébergement et l'entretien des travailleurs handicapés
exerçant une activité pendant la journée en centres d'aide
par le travail, en ateliers protégés ou en milieu ordinaire. Ils
peuvent être publics ou privés.
Une équipe composée de travailleurs sociaux assure l'encadrement
du soir et du week-end, des travailleurs hébergés au foyer. Les
prestations médicales sont assurées par des médecins
libéraux rémunérés à l'acte.
Les dépenses d'exploitation du foyer d'hébergement sont prises en
charge par l'aide sociale départementale sous forme de prix de
journée. Les travailleurs handicapés sont appelés à
contribuer à leurs frais d'hébergement et d'entretien.
Les foyers occupationnels ou foyers de vie
pour personnes
handicapées sont des établissements médico-sociaux
accueillant toute la journée des personnes qui ne sont pas en mesure de
travailler mais qui, disposant d'une certaine autonomie physique ou
intellectuelle, ne relèvent pas des maisons d'accueil
spécialisées (MAS). En général, les foyers de
« vie » sont ouverts toute l'année et peuvent offrir
un accueil à la journée ou à temps complet.
Une équipe composée, en majorité, de travailleurs sociaux
et éventuellement de personnel médical et paramédical
assure le fonctionnement de la structure.
Les dépenses d'exploitation des foyers de vie sont prises en charge par
l'aide sociale départementale
sous forme de prix de
journée.
Les foyers expérimentaux à double tarification pour adultes
lourdement handicapés (FDT)
sont destinés à
accueillir des personnes lourdement handicapées dont la
dépendance totale ou partielle, constatée par la COTOREP, les
rend inaptes à toute activité à caractère
professionnel, leur fait obligation de recourir à l'aide d'une tierce
personne pour la plupart des actes essentiels de l'existence, et
nécessite une surveillance médicale et des soins constants.
Les FDT sont financés par :
- les régimes d'assurance maladie, qui prennent en charge, de
manière forfaitaire, l'ensemble des dépenses afférentes
aux soins, personnels et matériels médicaux et
paramédicaux. Le montant maximum du forfait-soins a été
fixé primitivement à 250 francs, dans la limite de 45 %
du prix de journée global net. Pour 1998, son montant est de
362,77 francs ;
- l'aide sociale départementale, qui assume le coût de
l'hébergement et l'animation des établissements.
Les maisons d'accueil spécialisées (MAS)
sont des
établissements médico-sociaux recevant des adultes
handicapés qui ne peuvent effectuer seuls les actes essentiels de la vie
et dont l'état nécessite une surveillance médicale et des
soins constants.
Les soins constants, dont la personne admise dans une maison d'accueil
spécialisée a besoin, ne sont pas des thérapeutiques
actives ni des soins intensifs qui ne pourraient être dispensés
que dans un établissement de soins.
Il s'agit essentiellement d'une surveillance médicale
régulière avec recours au médecin, en cas d'urgence, et de
la poursuite des traitements et des rééducations d'entretien, des
soins de maternage et de nursing requis par l'état des personnes
accueillies.
Compte tenu de la lourdeur du handicap, le taux d'encadrement dans ce type
d'établissement est de un pour un. Il comprend du personnel
médical et paramédical permettant d'assurer la surveillance
médicale, du personnel nécessaire pour les aides et les soins
quotidiens d'entretien et de rééducation ainsi que du personnel
d'animation pour les activités occupationnelles et d'éveil.
Les MAS sont financées à 100 % par les organismes de
sécurité sociale, et par le biais d'un prix de journée.
-
•
Les établissements d'hébergement
Le dispositif des établissements sociaux ou médico-sociaux accueillant des personnes handicapées forme une sorte de « constellation » à propos de laquelle l'encadré précédent s'efforce de fournir quelques points de repères.
Par ailleurs, le nombre d'établissements et de places installées au titre de l'hébergement des handicapés a augmenté au cours de ces dernières années. L'effort a impliqué l'Etat, mais plus encore les départements, qui ont développé des initiatives utiles à travers la mise en place des foyers de vie ou des foyers à double tarification.
Les données les plus récentes transmises dans les réponses aux questionnaires budgétaires portent sur les places disponibles au 1 er janvier 1998.
Nombre de structures (au 1 er janvier)
1990
1992
1994
1996
1998
Foyers d'hébergement
1.019
1.096
1.152
1.210
1.236
Foyers occupationnels
472
606
718
831
892
Foyers à double tarification
-
61
102
149
191
Maisons d'accueil spécialisées
164
190
208
249
297
Nombre de places installées (au 1 er janvier)
1990
1992
1994
1996
1998
Foyers d'hébergement
32.816
35.005
36.589
38.607
39.497
Foyers occupationnels
17.428
20.752
24.422
27.500
30.022
Foyers à double tarification
-
1.701
3.212
4.860
6.427
Maisons d'accueil spécialisées
6.322
7.534
8.469
10.193
11.774
Nombre de personnes accueillies (au 1 er janvier)
1990
1992
1994
1996
1998
Foyers d'hébergement
31.941
33.698
35.678
37.451
38.589
Foyers occupationnels
17.073
20.464
23.939
27.024
29.533
Foyers à double tarification
-
1.653
3.219
4.740
6.325
Maisons d'accueil spécialisées
6.205
7.529
8.346
10.093
11.618
Source : Enquêtes ES 1996 - Ministère de l'emploi et de la solidarité - SESI - ST7 - Février 1997, actualisé au 1 er janvier 1998.
Champ : France entière.
• L'accueil familial
L'article 14 du projet de loi de modernisation sociale actualise et rénove les dispositions de la loi du 10 juillet 1989 précitée afin de donner une nouvelle impulsion au régime de l'accueil familial.
b) Les établissements spécialisés pour les enfants lourdement handicapés
L'éducation des enfants les plus lourdement handicapés est assurée par des établissements ou services sociaux et médico-sociaux spécialisés financés par l'assurance maladie. En 1998, ces 2.500 établissements accueillaient une population de 125.500 enfants pour une capacité de 130.000 places installées environ.
Capacité d'accueil des équipements de
l'éducation spéciale
relevant des annexes XXIV au
décret du 9 mars 1956 modifié
Au 1 er janvier 1998 |
Nombre de structures |
Nombre de places installées |
Nombre de personnes accueillies |
Etablissements d'éducation spéciale pour déficients intellectuels |
1.194 |
73.518 |
73.090 |
Etablissements d'éducation spéciale pour enfants polyhandicapés |
132 |
4.057 |
3.937 |
Instituts de rééducation |
345 |
16.880 |
16.657 |
Etablissements d'éducation spéciale pour enfants déficients moteurs |
125 |
7.767 |
7.745 |
Instituts d'éducation sensorielle pour déficients visuels. |
33 |
2.235 |
2.065 |
Instituts d'éducation sensorielle pour déficients auditifs |
87 |
7.606 |
6.479 |
Instituts d'éducation sensorielle pour sourds-aveugles. |
18 |
1.936 |
1.723 |
Services autonomes d'éducation spéciale et de soins à domicile (1) |
563 |
13.466 |
13.804 |
TOTAL |
2.497 |
127.465 |
125.500 |
(1)
Les services d'éducation spéciale et de soins à domicile
rattachés à un établissement d'éducation
spéciale ne sont pas comptabilisés ici.
Source : ministère de l'emploi et de la solidarité :
DREES.
Depuis quelques années, il est apparu une évolution des
modalités de prise en charge des enfants et adolescents
handicapés :
La place occupée par la prise en charge en établissement,
même si elle reste prépondérante (85,8 %), ne cesse de
diminuer. Cette diminution s'explique par la baisse des places en internat qui
ne constitue plus la première forme d'accueil comme c'était
encore le cas en 1985. Quant à la prise en charge en semi-internat et en
externat, elle constitue, depuis 1988, le mode principal d'accueil des enfants
et adolescents handicapés.
La part des prises en charge par les SESSAD augmente depuis 1994.
Evolution de la répartition par type de prise en charge entre 1994 et 1998
|
1994 |
1998 |
Etablissements d'éducation spéciale |
|
|
Internat complet ou de semaine |
40,7 % |
37,9 % |
Semi-internat et externat |
48,7 % |
47,9 % |
Sous-total |
89,4% |
85,8 % |
SESSAD |
10,6 % |
14,2 % |
TOTAL |
100 % |
100 % |
Il
convient de rappeler également le rôle des instituts
médico-éducatifs (IME) qui sont de deux sortes :
- les
instituts médico-pédagogiques
(IMP) ont pour
mission d'assurer l'éducation générale et pratique
adaptée aux possibilités intellectuelles de chacun dès
l'âge de 6 ans (ou 3 ans en cas de dérogation) ;
- les
instituts médico-professionnels
(IMPRO) permettent de
dispenser, en même temps qu'un complément d'enseignement
générale, une formation professionnelle adaptée au
handicap à partir de 14 ans.
c) La lancinante question de la résorption des effets de l'amendement « Creton »
Le point
sur l'état des places disponibles dans les établissements ne
saurait être complet sans aborder l'amendement
« Creton ».
L'amendement « Creton » -qui devrait être
appelé amendement « Gillibert » du nom du ministre
qui en avait accepté l'adoption- résulte du I
bis
de
l'article 6 de la
loi d'orientation en faveur des handicapés du 30
juin 1975,
introduit par la
loi n° 89-18 du 13 janvier 1989
portant diverses dispositions d'ordre social.
Celui-ci prévoit qu'un jeune adulte handicapé peut être
maintenu dans l'établissement d'éducation spéciale
au-delà de l'âge réglementaire s'il ne peut être
admis immédiatement dans un établissement pour adultes
handicapés désigné par la
commission technique
d'orientation et de reclassement professionnel
(COTOREP) ;
cette
décision s'impose à l'organisme ou à la
collectivité compétente pour prendre en charge les frais
d'hébergement et de soins dans l'établissement pour adulte
désigné par la COTOREP (...) ».
Bien que procédant d'une intention généreuse, -qui
était de limiter les ruptures de prise en charge des jeunes adultes-,
le dispositif n'a pas eu les effets attendus
dans la mesure où,
loin de susciter automatiquement la création de nouvelles places de CAT,
il a entraîné de véritables situations
« d'embouteillage » dans les établissements
d'éducation spécialisée. Ces derniers ont dû prendre
en charge des personnes handicapées adultes, que les personnels
n'étaient pas toujours prêts à encadrer, au
détriment d'enfants handicapés plus jeunes qui ne pouvaient
accéder aux structures qui leur étaient destinées.
Au 31 décembre 1998, 3.920 jeunes adultes bénéficiaient de
l'amendement « Creton ».
d) L'évolution des crédits en 2002
Le plan
pluriannuel de création de places pour adultes lourdement
handicapés (1999-2003) prévoit la création, sur cinq ans,
sur les crédits d'assurance maladie (loi de financement de la
sécurité sociale) de 5.500 places supplémentaires de
maisons d'accueil spécialisé (MAS) et de foyers à double
tarification (FDT), soit 1.100 places par an.
Pour 2002, le plan pluriannuel de création de places pour adultes
lourdement handicapés (1999-2003) se traduit par l'inscription d'une
enveloppe de
230 millions de francs
dans la loi de financement de
la sécurité sociale, auquel s'ajouteront
270 million de
francs
au titre du plan triennal (2001-20003) en faveur des enfants,
adolescents et adultes handicapés.
Concernant le budget de l'Etat, le projet de loi de finances initiale pour 2002
comprend
98 millions de francs
(chapitre 46.31, article 40)
pour la création de 1.500 places nouvelles de CAT et
9,8 millions de francs
(chapitre 44-71, article 30)
pour la création de 500 places d'ateliers protégés. Comme
en 2001, une enveloppe de 40 millions de francs sera consacrée, en
2002, à la poursuite de la modernisation de ces dernières
structures.
2. L'intégration scolaire des jeunes handicapés
Il
convient de rappeler que la loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en
faveur des personnes handicapées fixe comme objectif prioritaire leur
intégration en milieu scolaire ordinaire. Ce principe a
été réaffirmé par la loi n° 89-486
d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 et rappelée aux
recteurs d'académie par la circulaire du 19 novembre 1999 dans le cadre
du plan
Handiscol.
Confronté au défi de la scolarisation, les enfants et adolescents
handicapés devraient avoir le choix entre diverses solutions.
a) Les modalités variées d'intégration scolaire
L'intégration de l'enfant handicapé en
crèche,
en halte garderie ou à l'école maternelle peut être
bénéfique pour une première socialisation hors de la
famille. Il a été précisé toutefois à votre
rapporteur qu'avant 6 ans l'accueil dans ces structures est fonction de
conditions internes, et notamment de la disponibilité du personnel, mais
aussi des attentes de la famille, ainsi que de l'accompagnement
spécialisé qui peut leur être proposé.
Après 6 ans, si leur handicap le permet, les enfants handicapés
peuvent être
intégrés individuellement dans une classe
ordinaire
en bénéficiant, le cas échéant, d'un
accompagnement
ad hoc
ou peuvent être scolarisés dans une
classe spéciale dans un établissement scolaire ordinaire.
Dans les écoles élémentaires, l'intégration peut
ainsi s'effectuer collectivement dans des
classes d'intégration
scolaire
(CLIS).
Dans l'enseignement secondaire, la circulaire n° 95-124 du 17 mai 1995 a
prévu la mise en place des
unités pédagogiques
d'intégration
(UPI) destinées aux adolescents qui
présentent un handicap mental et ne peuvent être scolarisés
à temps complet dans une classe ordinaire.
Il est à observer que lorsque l'intégration implique des
aménagements matériels particuliers, ceux-ci sont à la
charge de la collectivité territoriale de rattachement.
D'une manière générale, alors que certains pays ont fait
le choix de programmes adaptés pour les handicapés, la France
retient l'option d'un même contenu d'enseignement pour tous les
élèves mais «
avec une pédagogie
adaptée aux possibilités de chacun
».
Les enfants et adolescents handicapés dans les établissements scolaires
L'intégration individuelle dans les écoles
maternelles
et élémentaires
- à temps partiel : 6.000 élèves.
- à plein temps : 18.000 élèves.
L'intégration individuelle dans les collèges et lycées
- premier degré : 27.800 élèves environ ;
- second degré : 17.200 élèves environ.
L'intégration collective dans les classes d'intégration scolaire
(CLIS)
- 48.000 élèves environ.
L'intégration collective en unité pédagogique
d'intégration
- 1.100 élèves environ.
Source : ministère de l'éducation nationale, année
scolaire 1999-2000.
b) L'accompagnement par une structure sociale ou médico-sociale
Deux
structures sont particulièrement intéressantes dans la mesure
où elles permettent d'accompagner et de soutenir un enfant
handicapé plusieurs heures par semaine tout en lui permettant
d'être inséré dans une classe scolaire normale.
Tout d'abord, les
centres d'action médico-sociale précoce
(CAMSP), cofinancés à 80 % par l'assurance maladie et
à 20 % par les départements, qui ont pour objet le
dépistage, la cure ambulatoire et la rééducation des
enfants des premier et deuxième âges en vue de leur adaptation
sociale et éducation. 208 CAMSP ont pris en charge environ 14.162
enfants en 1996.
Ensuite, les
services d'aide, de soutien, de soins et d'éducation
à domicile
(SESSAD) sont des services médico-sociaux
autonomes ou rattachés aux établissements d'éducation
spéciale, réglementés par les annexes XXIV
modifiées du décret n° 56-284 du 9 mars 1956.
Les SESSAD assurent trois missions principales : le conseil et l'accompagnement
de la famille et de l'entourage en général, l'aide au
développement psychomoteur, et le soutien à l'intégration
scolaire et à l'acquisition de l'autonomie. Composés
d'équipes pluridisciplinaires (psychologues, médecins,
rééducateurs, aides médico-pédagogiques...), ils
peuvent intervenir au domicile familial de l'enfant ou de l'adolescent, mais
aussi à la crèche, à l'école, au centre
aéré ou encore dans les locaux du SESSAD, si la nature de
l'intervention et la proximité s'y prêtent.
Le financement des SESSAD est assuré par l'assurance maladie dans le
cadre de la loi de financement de la sécurité sociale. Les SESSAD
ont accueilli 18.273 enfants en 1998.
c) Les formules spécifiques
Des
dispositifs d'accompagnement scolaire, essentiellement financés par
l'Etat et le ministère de l'éducation nationale, sont
destinés à faciliter, dans l'établissement scolaire,
l'intégration des enfants et adolescents handicapés. Il
s'agit :
- des
enseignants spécialisés
itinérants
: lorsqu'il n'existe pas de SESSAD, des enseignants
spécialisés rayonnent sur un secteur géographique
déterminé. Ils assurent ainsi un relais auprès des
enseignants des classes ordinaires, afin de les conseiller sur
l'intégration des élèves handicapés ;
- des
réseaux d'aide spécialisée aux
élèves en difficulté
(RASED) : ils interviennent
dans les écoles maternelles et élémentaires pour apporter
un soutien scolaire aux enfants en difficulté d'apprentissage, et
peuvent à ce titre aider les enfants handicapés ;
Le dispositif emplois-jeunes, créé en 1997, contribue
également à l'intégration d'élèves
handicapés, et se présente sous deux formes :
-
les auxiliaires d'intégration collective
recrutés
par le ministre de l'Education nationale interviennent dans les
établissements scolaires qui accueillent de manière permanente
des élèves handicapés. Ils apportent une aide d'ensemble
à l'équipe éducative, afin de lui permettre de mieux
prendre en compte la présence de ces élèves au sein de
l'établissement ;
-
les auxiliaires d'intégration individuelle
sont
affectés auprès d'un élève qu'ils accompagnent au
cours de sa journée scolaire. Ils sont parfois recrutés par le
ministère de l'éducation nationale en qualité d'aides
éducateurs, mais ce sont généralement des emplois-jeunes
recrutés par une association ou une collectivité locale et mis
à disposition de l'établissement scolaire fréquenté
par l'élève handicapé.
Votre rapporteur n'a pas obtenu de précisions sur le nombre
d'élèves concernés par ces dispositifs.
3. L'accès à l'emploi des personnes handicapées
La politique de l'emploi des personnes handicapées repose à la fois sur l'obligation d'emploi qui est imposée aux employeurs publics et privés, sur le concours apporté aux dispositifs d'insertion en milieu ordinaire par l'AGEFIPH et sur le financement par l'Etat de places en milieu protégé.
a) L'obligation d'emploi des travailleurs handicapés
La loi
n° 87-517 du 10 juillet 1987 fait obligation à tous les
établissements de plus de vingt salariés d'employer
l'équivalent de 6 % de travailleurs handicapés
(art. L.
323-1 à L. 328-8 du code du travail).
En dehors de la solution de l'emploi direct, les entreprises peuvent conclure
et appliquer des accords d'entreprise ou de branche prévoyant des
programmes annuels ou pluriannuels d'embauche, d'insertion, de formation,
d'adaptation aux mutations technologiques ou de maintien dans l'entreprise en
cas de licenciements collectifs. L'entreprise peut également verser une
contribution volontaire à l'AGEFIPH pour chaque salarié
handicapé non employé. Elle peut également s'acquitter
partiellement de son obligation en passant avec les établissements de
travail protégé, des contrats de fournitures, de services et de
sous-traitance.
-
•
L'obligation d'emploi dans les entreprises
La Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) du ministère de l'Emploi et de la Solidarité a récemment fait connaître les statistiques disponibles pour 1998 7( * ) .
Il apparaît tout d'abord que, depuis 1993, le taux d'emploi direct de travailleurs handicapés est marqué par une forte stabilité : il fluctue légèrement autour de 4 %. Il atteint 4,03 % en 1998. Sur les 91.500 établissements assujettis à l'obligation en 1998, qui emploient au total 7,8 millions de salariés, 220.000 salariés était handicapés. Cet effectif était comparable à celui de l'exercice précédent.
Ce résultat doit néanmoins être apprécié en considérant que la comparaison du taux d'emploi direct au taux objectif de 6 % est biaisé du fait d'une règle, inscrite dans la loi, qui précise que le nombre de handicapés à employer est égal à 6 % de l'effectif arrondi à l'entier inférieur. De ce fait, par exemple, une entreprise de 33 salariés doit employer un seul handicapé, soit un taux d'emploi direct de 3,3 %. Dans ces conditions, le taux d'emploi réellement visé dans la loi est de 4,3 % en moyenne pour les entreprises de 20 à 49 salariés et de 5,4 % pour l'ensemble des établissements assujettis .
Si on rapporte ce dernier taux au taux d'emploi direct observé, 4 %, on constate alors que l'objectif est atteint à 74 % , le quart restant représentant la sous-traitance et les versements à l'AGEFIPH.
37 % des établissements assujettis n'emploient aucun travailleur handicapé et remplissent leur obligation légale en versant une contribution à l'AGEFIPH ou en recourant à la sous-traitance. Pour 30 % d'entre eux, le versement d'une contribution à l'AGEFIPH est la seule réponse pour satisfaire à leur obligation.
21 % des établissements combinent l'emploi direct de travailleurs handicapés et le versement d'une contribution à l'AGEFIPH, complétés éventuellement par le recours à la sous-traitance.
38,8 % remplissent leur obligation d'emploi des travailleurs handicapés par l'emploi direct uniquement (30,9 %) ou par la combinaison de l'emploi direct et de la sous-traitance (7,9 %).
Les travailleurs handicapés sont très majoritairement des hommes (75 %) nettement plus âgés que les autres salariés puisque 72 à 74 % d'entre eux ont plus de 40 ans (contre 48 % en moyenne dans les établissements concernés).
Ils occupent avant tout des emplois d'ouvriers (56 % de l'emploi handicapé) souvent non qualifiés et le principal secteur employeur reste l'industrie qui emploie 48 % des travailleurs handicapés contre 42 % pour le tertiaire.
Il est à noter que les salariés reconnus par la COTOREP sont dorénavant la catégorie de travailleurs handicapés la plus importante (52 % de l'ensemble) devant les accidentés du travail (32 %).
Par ailleurs, les travailleurs handicapés entrent dans les catégories les plus vulnérables sur le marché de l'emploi.
• L'obligation d'emploi dans le secteur public
S'agissant de la fonction publique de l'Etat , les résultats étaient les moins satisfaisants en termes de pourcentage des bénéficiaires par rapport aux effectifs8( * ).
Le bilan élaboré par la Direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) permet de constater qu'au 31 décembre 1998 les bénéficiaires de l'obligation d'emploi (39.112 bénéficiaires) représentaient 4,16 % des effectifs de la fonction publique de l'Etat. (Toutefois, ces chiffres ne tiennent pas compte du ministère de l'Education nationale, de la recherche et de la technologie).
En 1995, des décisions avaient été prises pour améliorer les résultats : tout d'abord, le recrutement des travailleurs handicapés par la voie contractuelle avait été étendu à toutes les catégories statutaires (décret n° 95-680 du 25 août 1995) ; ensuite, un correspondant « handicap » a été nommé dans chaque ministère afin de définir et de coordonner la politique générale à mener au sein de l'administration concernée en matière d'insertion des handicapés ; enfin, une augmentation des aides techniques ainsi que des actions de sensibilisation et d'information et de formation a été prévue.
Votre rapporteur ne peut que souhaiter une actualisation des statistiques de l'ensemble des ministères concernés par l'obligation d'emploi afin que l'action de l'administration puisse s'appuyer sur des données fiables.
S'agissant de la fonction publique hospitalière , la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins procède à une remontée d'informations par le biais d'un échantillon comprenant 140 établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux. Les résultats de l'enquête pour l'année 1999 permettent de dénombrer 41.560 personnes handicapées exerçant en milieu hospitalier ou médico-social. L'emploi direct de personnes handicapées représente un pourcentage de 5,68 % de l'effectif d'ensemble de la fonction publique hospitalière. Les contrats de sous-traitance conclus avec les organismes du milieu protégé correspondent à 0,05% de l'effectif d'ensemble. Le taux global est égal à 5,73 %.
Le taux progresse assez nettement par rapport à celui de l'année précédente (4,49 % en 1998), et se rapproche significativement du taux d'obligation légale d'emploi de personnes handicapées.
L'évolution des résultats d'une année sur l'autre est due en partie à la variation du taux de réponses des établissements de taille importante que sont les centres hospitaliers universitaires. Or, les plus grandes structures disposent de moyens plus conséquents, en termes de poste de travail ou de formation, pour favoriser l'inclusion ou le reclassement professionnel des personnes en situation de handicap.
S'agissant des collectivité locales , le taux moyen d'emploi, pour l'ensemble de celles qui ont répondu à l'enquête, soit 3.082, s'établit pour 1998 à 5,12 %.
Par rapport aux années précédentes (4,6 % en 1996 et 4,5 % en 1997), le taux d'emplois de personnes handicapées dans la fonction publique territoriale a progressé de 11 % en trois ans.
Les communes et établissements publics communaux ou de coopération intercommunale emploient à eux seuls plus des trois quarts des agents territoriaux bénéficiaires. Parmi l'effectif total des bénéficiaires, 90,9 % appartiennent à la catégorie C, 6,8 % à la catégorie B et 2 % à la catégorie A. 70 % des agents territoriaux handicapés sont des hommes.
Certains types de collectivités ont fourni un effort important afin de remplir leur obligation légale : c'est notamment le cas des départements puisqu'en 1998, 28,38 % remplissent l'obligation d'emploi contre 7 % en 1993. De manière semblable, les régions sont passées de 11 % à 26 % sur la même période.
Les communes font état d'un bon résultat de l'ordre de 5,12 % : votre rapporteur souligne néanmoins que le taux réel des communes en matière d'insertion de personnes handicapées est en réalité vraisemblablement plus élevé , les personnes handicapées n'étant pas nécessairement reconnues comme telles par les COTOREP, en particulier en milieu rural.
b) Le soutien par l'AGEFIPH de l'emploi en milieu ordinaire
Les
données disponibles dans le dernier rapport d'activité de
l'AGEFIPH pour l'exercice 2000 montre une
progression de 1,98 à
2,18 milliards
de francs
du programme d'intervention ordinaire,
soit 10 % de progression.
Il convient de rappeler que le programme exceptionnel (PEX) de
1,5 milliard de francs sur la période 1999-2001 vient s'ajouter au
programme ordinaire, soit un montant total d'intervention de
2,56 milliards de francs en 2000
.
On rappellera que le programme exceptionnel (PEX) s'articule autour des
quatre axes suivants :
- préparation et accompagnement de l'insertion des personnes
handicapées ;
- développement et modernisation des dispositifs d'orientation et
de formation professionnelle ;
- valorisation de l'action des entreprises ;
- développement de l'alternative au secteur
spécialisé et expérimentation de dispositifs d'observation
des besoins.
Votre rapporteur a eu la confirmation que le programme exceptionnel (PEX) se
déroulait dans des conditions satisfaisantes.
La progression des dépenses est corrélée à
l'augmentation du niveau des ressources perçues auprès des
entreprises qui ne satisfont pas l'obligation d'embauche des travailleurs
handicapés. Ces
ressources
se sont élevées à
2,06 milliards de francs en 2000
contre 1,97 milliard de
francs en 1999.
L'AGEFIPH intervient de plusieurs manières en faveur de l'insertion des
handicapés dans le monde de l'entreprise :
-
• 60 % des dépenses de l'AGEFIPH, soit
1,3 milliard de francs environ en 2000, sont consacrés à
l'accès et au maintien dans l'emploi des personnes
handicapées
.
Ainsi, l'AGEFIPH finance diverses aides directes à l'embauche dont la prime à l'insertion (668 millions de francs en 2000).
Cette prime prend la forme d'une subvention forfaitaire attribuée, à la fois, à l'entreprise pour l'embauche d'une personne handicapée et à la personne handicapée elle-même.
A compter du 1 er octobre 1995, pour l'entreprise, la prime est d'un montant de 10.000 francs, à l'acceptation du dossier complet et conforme, puis une somme supplémentaire de 5.000 francs, est allouée sur la présentation du bulletin de salaire du 12 ème mois de travail effectif suivant l'embauche ayant donné lieu au premier versement.
En cas de maintien dans l'emploi, à l'issue d'un contrat en alternance ou d'un contrat d'apprentissage, l'employeur peut bénéficier d'une prime de 5.000 francs, à l'acceptation d'un nouveau dossier complet et conforme, répondant aux mêmes critères de durée et d'éligibilité de contrats que pour le cas général.
Pour la personne handicapée, la prime est de 10.000 francs à l'acceptation du dossier complet et conforme. La prime pour la personne handicapée n'est pas renouvelable.
Des mesures sont également prévues pour faciliter l'accès des jeunes handicapés aux formations en alternance ou à l'apprentissage .
Une subvention de 70.000 francs, dans la limite du coût total de 50 % du projet, est prévue en cas de création d'une entreprise ou de démarrage d'une activité indépendante par une personne handicapée.
Enfin, depuis la loi de finances pour 1997, l'AGEFIPH assume la compensation du complément de rémunération -ainsi que des cotisations afférentes- au titre de la garantie de ressources en milieu ordinaire de travail (GRTH). L'AGEFIPH a consacré 220 millions de francs à ce poste en 2000.
-
L'employeur est autorisé à procéder à un
abattement de salaire lorsque la COTOREP constate une diminution notoire du
rendement ou reconnaît la nécessité d'un emploi de travail
protégé en milieu ordinaire.
Selon le rendement du travailleur handicapé, son salaire peut être réduit dans la limite de 20 % du SMIC pour un abattement de salaire simple, ou de 50 % dans le cas d'un emploi de travail protégé. Indexée sur le SMIC, la garantie de ressources comprend d'une part le salaire direct à la charge de l'employeur et, d'autre part, un complément de rémunération remboursé trimestriellement à l'employeur par l'AGEFIPH.
• L'AGEFIPH intervient à hauteur de 40 % de son budget également dans trois domaines supplémentaires :
- la mobilisation du monde économique et des salariés par des actions d'information et de sensibilisation (112 millions de francs en 2000) ;
- la prise en charge par des aides spécifiques les problèmes particuliers que rencontrent les handicapés en matière d'accessibilité aux lieux de travail, d'aménagement du poste de travail de soutien et de suivi (483 millions de francs en 2000).
164.149 personnes ont bénéficié d'interventions de l'AGEFIPH au cours de 2000 , contre 139.430 en 1999 , étant à noter toutefois que certaines personnes ont pu bénéficier de plusieurs actions différentes sur l'année de référence.
La mise en oeuvre du programme exceptionnel est utile car la baisse du chômage pour les personnes handicapées (- 8 % sur 12 mois) demeure moins importante pour les travailleurs handicapés que pour l'ensemble des chômeurs en 2000 .
Il est essentiel, de surcroît, de relancer l'insertion en milieu ordinaire car le secteur « protégé » ne peut répondre à l'ensemble des besoins et doit être « ciblé » plus nettement vers les personnes handicapées les plus éloignées de l'emploi.
c) Le travail en milieu protégé
Deux types d'établissements, les centres d'aide par le travail (CAT) et les ateliers protégés -financés respectivement par les crédits de la solidarité et ceux de l'emploi-, permettent aux personnes handicapées de travailler dans une structure spécialisée.
- • Les centres d'aide par le travail
Les centres sont créés sur autorisation du préfet, donnée après avis du comité régional de l'organisation sanitaire et sociale (CROSS) . Ils sont habilités par le préfet à recevoir des bénéficiaires de l'aide sociale de l'Etat dans le cadre d'une convention.
L'accès d'un handicapé à un CAT est subordonné à trois conditions :
- être orienté par la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) ;
- être âgé de plus de vingt ans : toutefois, les centres d'aide par le travail peuvent également accueillir les personnes handicapées dont l'âge est compris entre seize et vingt ans ; dans ce cas, la décision de la commission technique est prise après avis de la commission départementale de l'éducation spéciale ;
- avoir une capacité de travail inférieure à un tiers de la normale : toutefois, la commission technique peut orienter vers des centres d'aide par le travail des personnes handicapées dont la capacité de travail est supérieure ou égale au tiers de la capacité normale, lorsque leur besoin de soutien ou leurs difficultés d'intégration en milieu ordinaire de travail ou en atelier protégé le justifient. Elle peut prononcer pour les mêmes raisons le maintien en centre d'aide par le travail d'un travailleur handicapé qui aura manifesté, au terme de la période d'essai, une capacité de travail supérieure.
Les CAT font partie, avec les CHRS, des établissements sociaux et médico-sociaux qui sont financés par l'aide sociale obligatoire de l'Etat, et donc sur des crédits budgétaires.
Il existait 1.336 CAT environ offrant 95.811 places en 2000 .
Pour 2002, la dotation aux CAT est majorée de 3,2 % pour atteindre 6,9 milliards de francs. 1.500 places nouvelles devraient être financées.
-
•
Les ateliers protégés
Il convient de rappeler que les ateliers protégés et les centres de distribution de travail à domicile (CDTD) constituent des unités économiques de production dépendant d'associations ou d'entreprises ordinaires. Ils mettent les travailleurs handicapés à même d'exercer une activité professionnelle salariée dans des conditions adaptées à leurs possibilités. Ils doivent, en outre, favoriser la promotion des travailleurs handicapés et leur accession à des emplois dans le milieu ordinaire de travail.
Les ateliers protégés ne peuvent embaucher que les travailleurs handicapés dont la capacité de travail est au moins égale au tiers de la capacité de travail d'un travailleur valide. Selon les nécessités de leur production, les ateliers protégés peuvent embaucher des salariés valides dans la limite de 20 % de leurs effectifs.
Au 31 décembre 1999, 16.765 travailleurs handicapés (effectif réel) sont employés dans 532 ateliers protégés dont 16 centres de distribution de travail à domicile (CDTD) répartis sur l'ensemble de la France.
Les crédits inscrits au titre des ateliers protégés s'élevaient à 210 millions de francs en 2001. Ils atteindront 254 millions de francs dans le présent projet de loi de finances. Une mesure nouvelle de création de 500 places est prévue comme les années précédentes ( chapitre 44-71, article 30 ).
• La garantie de ressources
Le mécanisme de la garantie de ressources (GRTH) met à la charge de l'Etat un complément de rémunération, versé aux travailleurs handicapés et leur permettant d'obtenir une rémunération globale équivalente à celle d'un travailleur valide.
Depuis 1997, comme on l'a vu, l'AGEFIPH assure le financement de la garantie de ressources en milieu ordinaire, conformément à ses missions.
Le budget de l'Etat ne prend plus, pour sa part, directement à sa charge que la garantie de ressources due aux travailleurs employés en CAT ou en atelier protégé.
Les moyens mobilisés à ce titre s'élèvent à 5,97 milliards de francs en 2002 pour 108.050 personnes bénéficiaires.
Cette évolution correspond à l'ajustement de la dotation ainsi qu'à l'incidence de la création de 500 nouvelles places d'accueil en ateliers protégés et de 2.000 places nouvelles en CAT.
• Les équipes de préparation et de suite du reclassement (EPSR)
Les EPSR publiques ressortissent de la compétence des directions départementales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle dont elles constituent un service administratif interne. Sans personnalité juridique propre, elles ne disposent pas de financements particuliers autres que ceux dévolus par le ministère de l'emploi et de la solidarité à l'ensemble de ses services déconcentrés.
En revanche, les EPSR privées prennent la forme d'associations régies par la loi de 1901. Financées par l'AGEFIPH, elles concluent, avec l'État, l'AGEFIPH et l'ANPE, une convention portant cahier des charges dont les clauses déterminent les missions particulières qui leur incombent.
A compter du 1 er juillet 1999, le financement des EPSR privées a été transféré à l'AGEFIPH. Celle-ci a consacré 280 millions de francs au financement du réseau Cap Emploi en 2000 et y consacrera 285 millions de francs en 2001.
Comme en 2001, l'Etat ne participera pas en 2002 au financement des EPSR privées. En effet, dans sa décision d'approbation du budget de l'AGEFIPH pour 1999, la Ministre de l'emploi et de la solidarité a confirmé le transfert du financement de l'ensemble des EPSR privées à partir du 1 er juillet 1999.
Il est précisé dans les réponses transmises à votre rapporteur que « ce transfert ne vise cependant en aucun cas à désengager l'Etat de ses responsabilités en matière de politique de l'emploi des personnes handicapées. L'Etat entend assumer pleinement son rôle d'impulsion et de régulation, dans le cadre d'un partenariat rénové qui mobilise plus efficacement les moyens du service public de l'emploi. A ce titre, l'Etat conservera la faculté de déterminer conjointement avec l'AGEFIPH, les objectifs retenus et les financements accordés à chacune des EPSR. »
4. L'allocation aux adultes handicapés en progression sensible
L'allocation aux adultes handicapés (AAH), prestation
non
contributive, soumise à condition de ressources, est un minimum social
garanti par la collectivité nationale à toute personne reconnue
handicapée par la
commission technique d'orientation et de
reclassement professionnel
(COTOREP). L'allocataire doit justifier d'un
taux d'incapacité permanente d'au moins 80 %. En application de
l'article 95 de la loi de finances pour 1994, l'AAH est également
versée aux personnes handicapées qui sont, en raison de leur
handicap, dans l'incapacité de se procurer un emploi et qui justifient
d'un taux minimal d'incapacité de 50 % et inférieur à 80 %.
L'AAH n'est pas encadrée par des critères de revalorisation
propres, mais évolue, aux termes de l'article D. 821-3 du code de la
sécurité sociale, comme le minimum vieillesse. Le choix de cette
base d'indexation a permis une amélioration sensible du pouvoir d'achat
de l'allocation au cours de ces dernières années.
Ainsi, au 1
er
janvier 2001, le montant de l'AAH a été
porté à
3.654,50 francs
, soit une revalorisation de
2,2 %. Les ressources personnelles du titulaire de l'AAH ne doivent pas
dépasser 43.947 francs par an (3.662 francs par mois) s'il
s'agit d'une personne seule et 87.894 francs par an (7.234 francs par
mois) s'il s'agit d'un couple marié.
Il existe également une allocation dite « complément
d'AAH » versée aux personnes handicapées à plus
de 80 % et vivant à leur domicile, afin de couvrir les
dépenses supplémentaires à engager pour les adaptations
nécessaires à une vie autonome. Le montant du complément
d'AAH est de 585 francs par mois.
a) La progression toujours vive de l'AAH
Sur le
plan financier, l'AAH et son complément représentent un
engagement de
28,06 milliards de francs
pour le ministère de
l'emploi et de la solidarité dans le projet de budget pour 2002. Les
mêmes crédits s'élevaient à 26,54 milliards de
francs en 2000, soit une
progression significative de près de 1,5
milliard de francs.
Le coût de la dotation pour 2002 a été calculé en se
plaçant dans l'hypothèse d'une évolution des effectifs
« recalée » à 2,5 % sur 2001 et en
recourant pour 2002 à une hypothèse d'évolution du nombre
d'allocataires de 2,3 %. Une augmentation du minimum vieillesse au moins
égale à 1,2 % a été également prise en
compte.
De plus, le Gouvernement a décidé de supprimer le
mécanisme de l'évaluation forfaitaire des ressources, mesure
pénalisante pour les bénéficiaires percevant de faibles
revenus d'activité et les travailleurs indépendants dont
l'activité est déficitaire ou faiblement excédentaire.
Cette mesure vise à ne pas décourager les efforts d'insertion des
bénéficiaires de l'AAH. Le coût prévisionnel de
cette mesure est de 70 millions de francs prévus pour 2002.
Dans la réponse aux questionnaires budgétaires, le
ministère met en avant plusieurs facteurs d'explication de la forte
hausse du coût de l'AAH.
Une meilleure connaissance de l'accès aux droits
peut engendrer
une augmentation du nombre d'entrées dans le dispositif.
L'examen des relevés statistiques du régime général
ferait apparaître
une
forte inertie dans la structure
démographique
des bénéficiaires. Ainsi, près de
la moitié des allocataires ont moins de quarante ans. De l'âge peu
élevé des bénéficiaires découle un effet
mécanique, qui explique la présence longue des allocataires dans
le dispositif de la prestation.
Par ailleurs, environ 63 % des allocataires perçoivent une AAH à
taux plein, ce qui montre
l'absence de ressources propres des
intéressés
. Cette situation trouverait ses racines dans la
période de dégradation de la situation économique, le
chômage touchant particulièrement les personnes handicapées
Le ministère fait enfin une analyse inattendue de l'effet de la mise en
place du RMI.
« Après l'instauration du RMI en 1988, la situation du
marché de l'emploi a pu faire obstacle au basculement de certains
bénéficiaires de l'AAH dans le champ du RMI et à l'inverse
favoriser l'orientation vers la COTOREP et donc de l'attribution de l'AAH,
notamment au titre de l'article L. 821-2 du code de la sécurité
sociale (personnes atteintes d'un handicap au moins égal à 50 %
et dans l'impossibilité, reconnue par la COTOREP, de se procurer un
emploi). »
Evolution du nombre de bénéficiaires et des crédits d'AAH
|
AAH |
|
Complément AAH |
||
Années |
Bénéficiaires
|
Evolution
|
Dotation budgétaire (1) en milliards de francs |
Bénéficiaires en milliers |
Part au sein de la dotation budgétaire (en millions de francs) |
1990 |
539 |
2,8 |
15,1 |
|
|
1991 |
552 |
2,5 |
15,9 |
|
|
1992 |
563 |
3,1 |
16,6 |
|
|
1993 |
583 |
2,5 |
17,9 |
|
|
1994 |
597 |
2,4 |
18,7 |
|
|
1995 |
617 |
3,3 |
20,1 |
|
|
1996 |
630 |
2,1 |
21,5 |
|
|
1997 |
649 |
2,9 |
22,4 |
113 |
782 |
1998 |
668 |
2,8 |
23,4 |
121 |
844 |
1999 |
694 |
3,7 |
26,5 |
133 |
933 |
2000 |
712 |
2,6 |
28,1 |
139 |
988 |
(1) compte tenu des modifications budgétaires en cours d'année.
b) Un phénomène dangereux
Votre
rapporteur doit souligner le
caractère préoccupant de
l'augmentation continue de l'augmentation des titulaires de l'AAH
.
Certes, le phénomène a une origine démographique mais
celle-ci n'explique pas tout. Il est exact que beaucoup de personnes
handicapées sont entrées relativement jeunes dans le dispositif
de l'AAH créé en 1975 et qu'elles ont vocation à en
bénéficier toute leur vie. Le dispositif de l'AAH procède
donc d'une logique cumulative.
Mais il est frappant de constater que le rythme d'entrée à l'AAH,
qui s'établissait à 3 % en 1997 et 1998, s'est
accéléré en 1999 où il a atteint près de
4 % alors que la conjoncture économique s'est
améliorée : en 2000, ce taux de progression s'est
établi à 2,6 %.
Comme M. Jean Chérioux l'avait observé l'année
dernière, votre rapporteur souligne que
les
bénéficiaires du RMI constituent ainsi près de 17 %
des nouveaux entrants à l'AAH
en 1996 et que l'AAH est
attribuée de plus en plus souvent en raison de déficiences
intellectuelles (18,8 % des demandeurs) ou de troubles du psychisme
(24,2 % des demandeurs).
La relative « dilution » de l'AAH du fait de
l'assouplissement des critères donnant lieu à son attribution
rendent d'autant plus difficile à réussir l'objectif de la
revalorisation du montant de cette allocation demandée par les
associations.
D. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION
Votre
commission reconnaît que le plan triennal (2001-2003), annoncé le
25 janvier 2000, n'est pas un effort négligeable sur le plan
financier.
Toutefois, parce qu'il ne s'accompagne pas d'une réforme de fond des
dysfonctionnements, sinon des insuffisances, du dispositif d'aide aux personnes
handicapées, ce plan fait courir le risque de ne masquer que
temporairement la montée des mécontentements.
1. L'absence d'une réforme de fonctionnement des COTOREP
Tout
d'abord, la réforme de fond des COTOREP, constamment
différée, ne s'engage pas de manière favorable.
On se souvient que lorsque le Gouvernement avait, en 1999,
transféré du budget de l'Etat à l'AGEFIPH le financement
de la garantie de ressources pour les personnes en ateliers
protégés, il s'était engagé en contrepartie
à faire un effort sur la modernisation des COTOREP.
Force est de constater que cette modernisation n'a pas beaucoup avancé,
mises à part la mise en place de crédits d'informatisation et la
revalorisation des rémunérations des médecins
coordinateurs.
Le décret qui vise à fusionner les deux sections de COTOREP est
toujours à l'état préparatoire.
Ce décret ne
suscite pas l'unanimité
puisque certaines associations
regrettent
que l'accent soit mis sur la médicalisation des COTOREP
au
détriment de la pluridisciplinarité et de la prise en compte de
la dimension médico-sociale de l'intégration des personnes
handicapées.
Comme le souligne un rapport du Conseil économique et social
(CES)
9(
*
)
de septembre 2000, les délais de
traitement des dossiers sont trop longs. Par ailleurs, on peut reprocher aux
COTOREP d'aggraver l'incapacité en privilégiant l'assistance
plutôt que d'inciter à l'autonomie et à
l'intégration ceux qui en seraient capables avec un accompagnement. Plus
grave encore, les orientations des COTOREP ne sont pas prononcées en
fonction des besoins réels des personnes handicapées mais
plutôt de l'existence d'établissements spécialisés
susceptibles de les accueillir.
Selon le CES, l'existence de deux sections dans les COTOREP a un effet pervers
puisque la possibilité est laissée aux personnes
handicapées de tenter un parcours professionnel en s'adressant à
la première section ou de bénéficier d'un système
d'aide sociale automatique si le taux d'invalidité requis est reconnu
par la deuxième section.
Comme l'indique le rapporteur du Conseil économique et social :
« un tel dispositif conduit à faire entrer une personne
dans un système d'assistance dès l'âge de 20 ans au lieu de
l'aider à bâtir un parcours professionnel au plus près de
ses capacités. Cette démarche revient à lui refuser
l'accès à une citoyenneté pleine et entière,
basée sur l'obtention de ses droits et l'exercice de ses
devoirs.»
10(
*
)
Au demeurant, les COTOREP souffrent de deux défauts
récurrents : tout d'abord,
elles ne peuvent prendre que des
décisions « binaires »,
c'est-à-dire
attribuer une allocation ou une prise en charge, sans favoriser au contraire la
mobilité entre des prises en charge différentes en institution ou
à domicile ; par ailleurs,
les COTOREP ne sont pas
intéressées par les conséquences financières des
décisions qu'elles prennent
.
Il manque en réalité un véritable réseau des
COTOREP, articulé autour d'une Agence ou d'un établissement
public rattaché au Premier ministre pour lui assurer toute
l'autorité nécessaire.
Cette agence serait chargée d'évaluer les besoins au niveau
national et assurerait une synergie entre les domaines de la prise en charge
médicalisée, du soutien à la vie à domicile et de
la formation ou de l'intégration professionnelle
.
2. L'évaluation des besoins en matière d'accueil en institution doit être améliorée
La
plupart des associations estiment que le plan triennal lui-même reste
bien en deçà des besoins à satisfaire. S'agissant des
personnes handicapées mentales, le plan devrait être doublé
pour obtenir des résultats tangibles.
De nombreux enfants handicapés mentaux -près de 20.000- sont en
liste d'attente pour accéder à des instituts
spécialisés ; la situation des polyhandicapés est
toujours très difficile à tous les âges de la vie. Les
traumatisés crâniens accèdent difficilement à des
établissements. Le nombre de places pour les enfants autistes est
cruellement insuffisant, ce qui conduit les parents à placer leurs
enfants dans des établissements spécialisés en Belgique.
Parallèlement, le réseau visant à faciliter l'accès
au travail des personnes handicapées enregistre des difficultés
croissantes. Les ateliers protégés ne disposent pas des
compensations nécessaires pour assurer leur activité à un
niveau concurrentiel. Cette situation les conduit à retenir leurs
meilleurs éléments plutôt que de les orienter vers un
travail en milieu ordinaire.
Les centres d'aide par le travail (CAT), de même, sont de plus en plus
des institutions où les personnes accueillies le demeurent à
titre permanent sans perspective de sortie même si les textes ne le
reconnaissent pas encore clairement.
Face à cet afflux de demandes, un travail d'évaluation est
indispensable avant de créer les structures, votre rapporteur a ainsi
constaté l'échec d'un CAT pour adulte-autiste conçu pour
20 personnes et qui n'en accueille que cinq.
Il importe d'assurer la meilleure adéquation possible entre les
institutions de prise en charge et les demandes des personnes
handicapées pour un travail d'évaluation des besoins de la
personne handicapée
. Les COTOREP ne jouent qu'imparfaitement le
rôle qui devrait être le leur.
3. Les aides à la vie autonome sont à un niveau insuffisant
Tout
d'abord, votre commission regrette que
les sites pour la vie autonome
ne
soient pas développés plus rapidement. Ces sites sont très
appréciés par les personnes handicapées parce qu'ils
permettent de regrouper en un lieu unique, les compétences requises pour
évaluer tous les besoins d'aide, qu'il s'agisse des aides techniques,
humaines ou de l'aménagement du logement. Toutefois, l'effort devrait
être plus énergique pour accélérer la mise en place
de ces structures.
Les personnes handicapées rencontrent depuis plusieurs années de
difficultés pour trouver des infirmières.
Le ministère prépare depuis le printemps 2000 un projet de
décret pour l'extension des services de soins infirmiers à
domicile aux personnes handicapées (SSIAD). Ce décret est
néanmoins toujours en attente.
Il est important que le plan de soins infirmiers soit élaboré
dans le cadre d'une évaluation globale des besoins de la personne. En
effet, pour les personnes les plus dépendantes, les moyens à
mettre en oeuvre pour compenser les situations de handicap et le suivi
médical quotidien sont très liés.
En outre, les moyens de financement du droit à compensation doivent
être pris en compte. Avec la mise en oeuvre du projet de soins
infirmiers, certaines personnes ne pourront plus bénéficier de
l'intervention d'une infirmière pour certains actes de la vie courante.
Ces actes seront réalisés par du personnel qu'elles devront
rémunérer. Cela constituera pour ces personnes des charges
financières importantes supplémentaires.
En tout état de cause, la pénurie d'infirmières, due au
caractère attractif des carrières en hôpital public,
crée une situation de carence préoccupante dans le secteur de
l'aide à domicile -notamment en milieu rural.
4. La question du sort des personnes handicapées vieillissantes est toujours à l'étude
Le plan
triennal du 25 janvier 2000 a prévu 45 millions de francs pour
créer de nouvelles places d'accueil. Mais le problème demeure
puisque les personnes handicapées âgées quittent souvent
l'établissement où elles avaient pourtant leur cadre de vie
habituel. Elles subissent le traumatisme de la séparation avec ce qui
constituait leur milieu de vie ordinaire. Des expériences montrent qu'il
est préférable de maintenir ces personnes dans des structures
situées à proximité des foyers traditionnels où
elles ont vécu.
Cela suppose néanmoins la reconnaissance de la dimension
médico-sociale spécifique de ces nouveaux organismes, notamment
pour faciliter le financement des « activités
occupationnelles » qui doivent être assurées dans ces
structures d'un nouveau type.
Sur toutes ces questions, le Gouvernement prend du retard. Le
mécontentement des handicapés s'accroît et sera d'autant
plus difficile à désamorcer. Il devient particulièrement
urgent de réformer la « première » loi du 30
juin 1975, c'est-à-dire la loi d'orientation relative aux personnes
handicapées.
III. L'ÉVOLUTION PRÉOCCUPANTE DES CONDITIONS DE FONCTIONNEMENT DU SECTEUR SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL
Comme le
faisait M. Jean Chérioux chaque année, votre rapporteur a
souhaité que cet avis continue de permettre de faire le point sur
l'évolution des dépenses d'aide sociale prise en charge par les
départements dans le cadre des lois de décentralisation.
En effet, aux termes de l'article 34 de la loi du 22 juillet 1983, le
département s'est vu transférer une
compétence de droit
commun
dans le domaine des prestations
d'aide sociale légale
,
dans les domaines de l'aide sociale à l'enfance, de l'aide sociale aux
familles, de l'aide sociale aux personnes âgées et de l'aide
sociale aux personnes handicapées adultes, comprenant notamment
l'hébergement en établissements.
S'agissant des données chiffrées exposées ci-après,
votre rapporteur souligne l'importance du travail de
l'Observatoire national
de l'action sociale décentralisée
(ODAS) dont la
qualité est incontestable. Il a recouru également aux travaux de
l'Assemblée des départements de France sur les budgets primitif
2001.
A. L'ANNÉE 2000 CONFIRME LA RELATIVE STABILITÉ DES DÉPENSES CONSTATÉE DEPUIS CINQ ANS
Avant de
présenter les données les plus récentes sur
l'évolution des dépenses d'aide sociale départementale et
les divers facteurs d'évolution
11(
*
)
, il
convient de rappeler au préalable quelques précisions
terminologiques.
Les données rassemblées par l'ODAS sont établies à
partir des informations fournies par les responsables des services financiers
de 29 départements, Paris inclus.
Elles portent sur les
dépenses nettes
d'aide sociale
qui
sont égales aux dépenses brutes -c'est-à-dire au montant
total des prestations versées par les départements-
diminuées des recettes ultérieurement encaissées
auprès des bénéficiaires de l'aide sociale, de leurs
obligés alimentaires et des organismes de sécurité
sociale. Cette donnée apparaît en effet la plus proche de la
charge financière réelle qui pèse sur les
départements.
Les
dépenses indirectes
d'aide sociale, correspondent aux
dépenses de fonctionnement liées à l'exercice de leurs
compétences par les départements.
1. La croissance des budgets sociaux départementaux en 2000
En 2000,
les dépenses départementales d'action sociale se sont
élevées à
77 milliards de francs
: hors
les dépenses d'aide médicale qui ont été
retirées de la compétence départementale par la loi du 27
juillet 1999 relative à la CMU, la hausse est de 1,5 % par rapport
à l'année dernière, ce qui montre que l'année 2000
s'inscrit toujours dans le cycle de ralentissement de la hausse des
dépenses observé depuis 1996 (+ 3,5% en 1997 ;
+ 2,2 % en 1998 ; + 2 % en 1999).
Toutefois, les départements sont à la veille d'une reprise forte
du mouvement de progression des dépenses.
Dépenses nettes d'aide sociale départementale (France métropolitaine)
(en milliards de francs)
|
1984 |
1989 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dépense nette totale |
38,3 |
45,3 |
73,0 |
75,7 |
78,3 |
81,0 |
83,2 |
77,5 |
Total hors aide médicale* |
36,0 |
42,7 |
66,6 |
69,4 |
71,4 |
73,8 |
75,3 |
76,5 |
* Ont été retranchées de la dépense totale : l'aide médicale au sens strict, ainsi que les cotisations d'assurance personnelle au titre du RMI formellement rattachées au chapitre de l'insertion.
Le caractère cyclique de la dépense sociale départementale
L'ODAS met en évidence que, sur la période 1984-1995, pendant laquelle la dépense d'action sociale départementale a plus que doublé, trois périodes distinctes peuvent être distinguées.
-
•
De 1984 à 1989,
la dépense annuelle augmente
de
3,5 % en moyenne
, soit moins vite que l'inflation qui demeure
à des niveaux relativement élevés : cette période
fait apparaître dans certains cas des baisses d'activité dans les
secteurs de l'aide sociale à l'enfance et de l'hébergement des
personnes âgées tandis que simultanément le recouvrement
des recettes est amélioré.
• De 1990 à 1995, la dépense sociale départementale augmente de plus de 8 % en moyenne en francs courants.
Cette période est marquée, dans un contexte de ralentissement de l'inflation, par la prise en charge de plus en plus lourde de l'insertion des bénéficiaires du RMI et de leurs frais d'assurance personnelle ainsi que par la mise en oeuvre, pour les personnels sous convention collective du secteur social et médico-social, des revalorisations exceptionnelles d'indice prévues dans le cadre des « accords Durafour ».
• Depuis 1996, s'est ouvert un cycle de progression ralentie de la dépense de l'ordre de 3,5 % par an tandis que l'inflation demeure à des niveaux modérés.
2. L'analyse des différentes composantes de la dépense d'action sociale
Le tableau ci-dessous, transmis par l'ODAS, permet d'analyser les différentes composantes de l'action sociale des départements en 1999.
Evolution des dépenses nettes d'aide sociale en 1999
(en milliards de francs)
|
Dépense nette 1999 |
Dépense nette 2000 |
Evolution 1999/2000 (en %) |
Aide sociale à l'enfance |
27,8 |
28,2 |
+ 1,44 |
Aide sociale en direction des personnes âgées |
11,6 |
11,2 |
- 3,45 |
Aide sociale en direction des personnes handicapées |
15,7 |
16,7 |
+ 6,37 |
Autres dépenses |
20,2 |
20,1 |
- 0,5 |
TOTAL |
75,3 |
76,5 |
+ 1,59 |
Source : ODAS
a) L'aide sociale à l'enfance
Les
dépenses d'ASE sont constituées par :
- les frais de prise en charge des enfants, faisant l'objet d'une
décision de placement en établissement d'éducation
spécialisée ou en famille d'accueil, financés par le
département. En 1997, ces dépenses représentent 70 %
des dépenses d'ASE ;
- les dépenses liées au soutien en milieu ouvert, qu'il
s'agisse des mesures d'action éducative en milieu ouvert (AEMO), du
recours aux travailleuses familiales ou des aides aux associations.
L'ASE représente un peu plus de 28 milliards de francs en 2000 et
constitue encore le premier poste de
l'action sociale
départementale. La faible progression de 2000 semble due à une
baisse du nombre de signalements d'enfants en danger.
Dépense nette d'aide sociale à l'enfance (France métropolitaine)
(en milliards de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dépense nette |
18,6 |
20,5 |
21,9 |
22,9 |
23,9 |
24,9 |
25,9 |
27,1 |
27,8 |
28,2 |
Source : ODAS
b) Les dépenses d'aide sociale aux personnes âgées
Selon
l'ODAS, l'aide sociale aux personnes âgées représente un
coût total de
11,2 milliards en 2000
en tenant compte du
montant de l'allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) lorsque
celle-ci est versée à des personnes âgées de plus de
60 ans ainsi que de la PSD.
Sans empiéter sur l'excellent rapport de M. Dominique Leclerc
consacré à la vieillesse dans le cadre de l'examen du projet de
loi de financement de la sécurité sociale, les données
fournies par l'ODAS font apparaître :
- une stabilité des dépenses au titre de l'aide sociale en
établissement, au cours de la dernière année de
fonctionnement de la prestation spécifique dépendance (PSD) ;
- une baisse de l'aide sociale à l'hébergement à
domicile, en raison des difficultés de fonctionnement de la PSD.
Dépense nette d'aide sociale en direction des personnes âgées
(en milliards de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Aide sociale en établissement |
5,5 |
5,7 |
6,0 |
6,5 |
6,7 |
7,0 |
7,0 |
6,9 |
6,9 |
7 |
Aide sociale à l'hébergement |
4,8 |
4,9 |
5,1 |
5,5 |
5,7 |
6,0 |
6,0 |
5,9 |
5,7 |
5,5 |
Allocation compensatrice * |
0,7 |
0,8 |
0,9 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
0,6 |
0,4 |
0,3 |
PSD ** |
|
|
|
|
|
|
|
0,4 |
0,8 |
1,2 |
Aide sociale à domicile |
5,2 |
5,8 |
5,9 |
6,0 |
6,4 |
6,5 |
6,1 |
5,4 |
4,7 |
4,2 |
Aide ménagère |
1,5 |
1,5 |
1,4 |
1,3 |
1,3 |
1,2 |
1,1 |
1,0 |
0,9 |
0,9 |
Allocation compensatrice * |
3,7 |
4,3 |
4,5 |
4,7 |
5,1 |
5,3 |
4,9 |
3,5 |
2,1 |
1,3 |
PSD ** |
|
|
|
|
|
|
0,1 |
0,9 |
1,7 |
2,0 |
TOTAL |
10,7 |
11,5 |
11,9 |
12,5 |
13,1 |
13,7 |
13,3 |
12,3 |
11 ,6 |
11,2 |
Source : ODAS
* Estimation ODAS mars 2000.
c) L'aide sociale aux personnes handicapées
L'aide
sociale aux personnes handicapées donne lieu à une
répartition de compétence complexe entre l'Etat, l'assurance
maladie et les départements. La prise en charge des enfants
handicapés fait l'objet d'un financement intégralement
assuré par la sécurité sociale tandis que celui-ci est
partagé avec les départements pour l'hébergement des
personnes handicapées adultes.
Le département assure les frais d'hébergement des
handicapés adultes au sein de diverses structures telles que les foyers
de vie, les foyers occupationnels et les hospices, à l'exception
toutefois des maisons d'accueil spécialisé (MAS) qui, parce
qu'elles sont réservées aux handicaps les plus lourds, sont
financées par l'assurance maladie. Par ailleurs, les centres d'aide par
le travail (CAT) et les ateliers protégés, comme on l'a vu plus
haut, relèvent de la responsabilité de l'Etat.
De plus, les foyers dits à double tarification (FDT) connaissent, au
sein d'un même établissement, un financement assuré par
l'Etat pour la prise en charge des soins et par le département pour les
frais d'hébergement.
Le poste le plus important est celui des dépenses d'hébergement
qui s'élève à 13,3 milliards de francs en 2000.
Celles-ci connaissent un taux de progression de 6 % essentiellement
dû à la progression des dépenses en établissement de
créations de places à la fois pour accueillir un nombre croissant
d'adultes handicapés et moderniser les places des hospices.
En revanche, les dépenses d'allocations compensatrices -qui ne
recouvrent ici par convention que les dépenses d'ACTP versée aux
personnes âgées de moins de 60 ans- font preuve d'une relative
stabilité depuis la décentralisation.
Il convient de souligner l'effort considérable entrepris par les
départements, de manière volontariste en matière
d'ouverture d'établissements, qui a permis d'accroître
sensiblement le nombre de personnes hébergées qui a triplé
-de 39.000 à 92.000 places- entre 1986 et 1998.
Dépense nette d'aide sociale en direction des personnes handicapées
(en milliards de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Hébergement |
6,5 |
7,0 |
8,1 |
9,1 |
9,8 |
10,5 |
11,0 |
11,8 |
12,4 |
13,3 |
Allocation compensatrice (moins de 60 ans) |
2,7 |
2,8 |
2,9 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,1 |
3,2 |
3,2 |
3,4 |
TOTAL |
9,2 |
9,8 |
11,0 |
12,1 |
12,8 |
13,5 |
14,1 |
15,0 |
15,7 |
16,7 |
Source : ODAS
Il faut relever que, sur ces 53.000 ouvertures de places, près de la moitié (22.000) l'ont été en structure d'accueil de jour ou en milieu ouvert. Le développement de ces types d'accueil a permis de limiter les coûts des prises en charge, tout en permettant aux adultes handicapés une meilleure intégration sociale.
d) Les dépenses d'insertion
L'ensemble des dépenses d'insertion prises en charge
par les
départements s'élève à
20,1 milliards de
francs
en 1999. Ces dépenses comprennent deux postes :
- les dépenses d'insertion liées au RMI dans le cadre de
l'obligation qui est faite au département d'inscrire annuellement
à son budget un crédit au moins égal à 17 %
des sommes versées, au cours de l'exercice précédent, par
l'Etat au titre de l'allocation attribuée à des personnes
résidant dans le département : le montant de ces dépenses
est évalué à
4,0 milliards de francs
en
1999 ;
Les dépenses d'accompagnement social : Il s'agit des
dépenses des services de protection maternelle et infantile (PMI), du
service social départemental ainsi que sur les frais communs et d'action
sociale facultative. Ces dépenses sont évaluées à
16,1 milliards de francs en 2000.
Dépense nette d'insertion et d'accompagnement social
(en milliards de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
RMI |
1,3 |
1,8 |
2,2 |
2,7 |
3,1 |
3,2 |
3,5 |
4,0 |
4,5 |
4,0 |
Accompagnement social |
10,7 |
11,2 |
12,0 |
12,4 |
13,6 |
14,1 |
14,7 |
15,3 |
15,7 |
16,1 |
TOTAL |
12 |
13 |
14,2 |
15,1 |
16,8 |
17,3 |
18,2 |
19,3 |
20,2 |
20,1 |
Source : ODAS
3. Les budgets primitifs des départements pour 2001
A partir
des données fournies par 72 départements, l'Assemblée
des départements de France (ADF) a évalué les budgets
primitifs des conseils généraux en 2001
(source :
ADF-CEDI).
Les dépenses brutes totales d'action sociale représentent
56,4 % des dépenses de fonctionnement en 2001.
Elles s'élèvent à
89,5 milliards de francs en
2001
soit une progression de
1,9 %
par rapport en 2000.
Les dépenses directes passent de 73,5 milliards de francs en 2000
à
74,5 milliards de francs en 2001
, soit une hausse de
1 milliard de francs et les dépenses indirectes progressent de
0,7 milliard de francs.
Les départements devraient consacrer principalement :
- 26,8 milliards de francs pour la protection de l'enfance et de la
famille : l'aide sociale à l'enfance et à la famille reste
le premier poste de dépenses de l'action sociale, en progression de
5,5 % par rapport en 2000 ;
- 21,1 milliards de francs pour les personnes
handicapées ;
- 17,3 milliards de francs pour les personnes
âgées ;
- 4,3 milliards de francs pour l'insertion.
B. DES FACTEURS RÉCURRENTS ET NOUVEAUX DE PRESSION À LA HAUSSE SUR LA DÉPENSE D'AIDE SOCIALE DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Les
années 2000 et 2001 pourraient bien être les deux dernières
années du «
cycle de répit
» des
dépenses sociales départementales.
En effet, l'ODAS
12(
*
)
estime que les
dépenses devraient fortement augmenter après 2001
«
sous l'influence conjointe des 35 heures et de la mise en place
de l'allocation personnalisée d'autonomie
»
En l'an 2000, l'application de la réduction du temps de travail s'est
faite de manière «
indolore
» pour les
conseils généraux en raison du soutien financier transitoire de
l'Etat et du caractère progressif des créations de postes
supplémentaires dans les établissements. Par ailleurs, la mise en
place définitive de l'APA en janvier 2002, assortie de l'ouverture des
droits aux personnes âgées moyennement dépendantes (GIR 4),
devrait se traduire par une forte augmentation de la dépense d'aide
sociale à domicile et en établissement, sans même parler
des coûts de gestion particulièrement lourds.
Au total, l'ODAS n'exclut pas que l'on rentre à nouveau, dans un
cycle de cinq ans de forte expansion des dépenses d'aide sociale
départementale
. De tels cycles ont déjà
été observés par le passé. L'ODAS avance ainsi
comme «
réaliste
» des taux annuels
d'augmentation de dépenses supérieurs à 5 % à
partir de 2002.
Votre rapporteur souligne pour sa part qu'aux facteurs déjà
connus de nature à alourdir le coût structurel des prestations
d'aide sociale viennent se surajouter des éléments nouveaux
tendant à aggraver la situation.
1. Les facteurs déjà connus d'alourdissement des coûts
M. Jean Chérioux avait largement commenté, dans ses avis des années précédentes, les conséquences du passage aux 35 heures hebdomadaires de travail, de la remise en cause contentieuse des règles de rémunération des heures de permanences en chambre de veille et de l'avenant relatif à la rémunération des cadres agréé au titre de convention collective de 1966.
a) La mise en place ardue de la réduction du temps de travail
Les
salariés des établissements sociaux et médico-sociaux,
soit près de 300.000 personnes, relèvent principalement de deux
conventions collectives.
-
la convention collective du 15 mars 1966
de la
Fédération
13(
*
)
des syndicats
nationaux d'employeurs des établissements et services pour personnes
inadaptées et handicapées à but non lucratif qui concerne
180.000 salariés ;
-
la convention collective du 31 octobre 1951
de la
Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance
privée à but non lucratif (FEHAP) du 31 octobre 1951 qui concerne
dans le champ médico-social environ 80.000 salariés.
Les deux conventions collectives participent à la branche sanitaire,
sociale et médico-sociale à but non lucratif (UNIFED) régi
par des conventions collectives
«
agréées
» par décision
ministérielle.
Le secteur social et médico-social a été
expressément inclus par la loi «
Aubry I
»
dans le champ de la réduction du temps de travail.
La difficulté par rapport aux entreprises du secteur marchand est que
les gains de productivité qui seraient susceptibles de compenser la
baisse du temps de travail et d'atténuer ainsi le surcoût de la
mesure, sont faibles, voire inexistants dans le secteur social et
médico-social.
Tout d'abord, la durée des soins et de l'assistance requise par une
personne handicapée reste la même au cours d'une journée,
quels que soient les horaires des travailleurs sociaux. Comme le souligne
l'UNIOPSS, le secteur médico-social «
fait face à
des hommes et non pas à des machines
».
Mais surtout, deux phénomènes sont apparus qui aggravent la
situation.
Tout d'abord, le Gouvernement a ouvert la possibilité d'agréer
les accords collectifs relatifs aux trente-cinq heures au niveau de chaque
association responsable : Or, une même association peut comprendre
plusieurs établissements de petite taille. Le passage aux trente-cinq
heures s'est effectué rapidement dans les unités de moins de
vingt salariés dans le secteur social et médico-social. Or, dans
ces petits établissement, la réorganisation du temps de travail
est particulièrement complexe compte tenu des seuils d'encadrement des
publics accueillis.
Ensuite, la mise en oeuvre du temps de travail entraîne des
«
réactions en chaîne
» : c'est
ainsi que des travailleurs en CAT sont passés aux trente-cinq heures
dans le cadre de mesure spécifiques ; dès lors que ces
travailleurs handicapés rejoignent plus tôt les foyers
d'hébergement, les personnels de ces foyers sont soumis à des
sollicitations croissantes, alors qu'ils doivent eux-mêmes tirer les
conséquences de la réduction du temps de travail. Il en
résulte automatiquement le recours à des embauches compensatrices
dans des proportions plus importantes que prévues, dont le coût
devra être évalué.
Le succès de la réduction du temps de travail, sans
dérapage pour les financeurs départementaux, nécessite une
compréhension par les personnels concernés de l'effort de
modération.
Dans certains cas, d
es ajustements ont dû être
opérés sur la durée des
services offerts
aux
personnes accueillies dans les établissements. Le
réaménagement du temps de travail conduit alors à une
diminution de la qualité du service pour les personnes accueillies.
Ainsi, par exemple, les CHRS ont dû renoncer à maintenir certaines
activités d'insertion qui étaient proposées pendant les
périodes de congé annuel. Dans les établissements de
protection de l'enfance, il a été procédé à
des regroupements plus importants d'enfants pour l'exercice des
activités socio-éducatives. Dans les établissements pour
adultes handicapés, les activités sont également plus
réduites qu'auparavant pendant les périodes de congés
annuels. Certains instituts médico-éducatifs ont réduit
l'amplitude de leurs horaires d'ouverture.
Par ailleurs, les deux lois relatives à la réduction du temps de
travail (RTT) ont prévu diverses dispositions à respecter
concernant la durée quotidienne et hebdomadaire de travail, les temps de
pause, les repos quotidiens et les repos hebdomadaires. Les dispositions
relatives au compte épargne-temps (CET) sont également à
prendre en compte.
Ces mesures ont des effets assez importants pour les structures qui
vis-à-vis des personnes hébergées ont la
responsabilité lourde d'une
prise en charge permanente
, de jour
comme de nuit, et tout au long de l'année, y compris les samedi et
dimanche.
Une simulation réalisée par l'UNIFED montre ainsi que, pour une
structure d'hébergement accueillant entre 15 et 20 personnes
handicapées et employant actuellement cinq salariés,
l'application rigoureuse de la loi conduit à faire passer les effectifs
du personnel de 7 à 12 personnes, dont 2 gardiens de nuit n'ayant
pas le statut de travailleur social. Paradoxalement, il serait possible
d'appliquer la loi à moindre coût en imposant des contrats de
travail à temps réduit aux nouveaux salariés, ce qui ne
serait ni réaliste, ni adapté à leur demande.
Le secteur est rentré dans une période d'incertitude
partagée entre la préoccupation d'appliquer correctement la loi
et la tentation de reporter massivement sur le financeur, et donc sur le
contribuable local ou l'usager, le surcoût dû aux nouvelles mesures
législatives.
b) La question toujours pendante de la validation des heures de surveillance en chambre de veille
Adapté à l'initiative du Sénat, l'article
29 de
la loi du 19 janvier 2000 relative à la réduction
négociée du temps de travail à valider les
«
versements effectués au tire de la rémunération des
périodes de permanence nocturne, comportant des temps d'inaction,
effectuées sur le lieu de travail en chambre
de
veille
».
Cette validation faisait suite à une décision de la Chambre
sociale de la Cour de cassation du 29 juin 1999 qui avait constaté que
les régimes d'équivalence pour les heures de travail en chambre
de veille n'étaient pas applicables dans la mesure où il
s'agissait d'un dispositif dérogatoire qui ne pouvait relever que d'un
accord collectif étendu, ce qui n'était pas le cas de la
convention de 1966.
Compte tenu des effets rétroactifs, la remise en cause des accord
d'équivalence sur les chambres de veille, entraînerait pour les
financeurs une charge de 3,7 milliards de francs, répartis pour
près de 90 % entre les départements et l'assurance maladie, le
solde incombant à l'Etat.
Toutefois, dans un arrêt de la Cour d'Appel de Versailles du 11 mai 2000,
puis dans un arrêt de la Cour d'Appel de Paris du 27 juin 2000, les juges
judiciaires ont écarté l'application de l'article 29
précité au motif qu'il contreviendrait à l'article 6,
paragraphe I, de la convention européenne de sauvegarde des droits de
l'homme.
Par voie de décision du 24 avril 2001
14(
*
)
, la Cour de Cassation a suivi la Cour d'Appel de
Versailles en se fondant sur l'article 6-1 de la
Convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme
qui
« s'oppose, sauf pour d'impérieux motifs
d'intérêts général, à l'ingérence du
pouvoir législatif dans l'administration de la justice afin d'influer
sur le dénouement judiciaires d'un litige
».
En l'espèce, la Chambre Sociale de la Cour de Cassation a estimé
que l'article 29 précité «
dont il n'est pas
établi qu'un motif impérieux d'intérêt
général le justifiait, remettait en cause une jurisprudence
favorable au salarié en matière d'heures
d'équivalence
» et qu'il convenait donc d'en
écarter l'application.
Les positions prises par les juges judiciaires remettent en cause la
portée des validations législatives.
De surcroît, sur quelle légitimité peut s'appuyer le juge
nommé pour se faire l'interprète du caractère
d'intérêt général d'une disposition
appréciée comme telle, à la fois par les parlementaires
démocratiquement élus et par le Gouvernement lui-même
nommé par le Président de la République élu au
suffrage universel ?
Quelle que soit l'indifférence portée par le pouvoir judiciaire
aux conséquences «
générale
»
des décisions qu'il prend, il n'en demeure pas moins que la
régularisation rétroactive du paiement des heures de permanence
entraînerait un surcoût de 3,7 milliards de francs pour l'ensemble
des employeurs de la branche. Faute de prise en charge des dépenses, ce
sont de nombreuses associations qui seront demain en cessation de paiement et
devront interrompre leur activité.
Enfin, la loi du 19 janvier 2000 prévoit pour l'avenir que le
régime dérogatoire des équivalences doit être mis en
place par décret en Conseil d'Etat, ou par décret simple pris
après conclusion d'une convention ou d'un accord de branche
étendu.
Il apparaît aujourd'hui que les négociations en ce sens ayant
échoué au niveau de la branche sanitaire, sociale et
médico-sociale à but non lucratif, seul un décret en
Conseil d'Etat permettrait d'instituer un régime d'équivalence
dans notre secteur. Il ne semble pas que le Gouvernement montre de
l'empressement à clarifier la situation.
Au demeurant, il est regrettable que le manque d'attention du Gouvernement sur
le caractère exceptionnel et dangereux de la situation juridique ainsi
créé n'aboutisse à des procédures
«
ubuesques
».
Sur le terrain, les situations se compliquent : il est frappant de
constater que le 19 septembre 2001 un directeur d'établissement, qui
continuait de rémunérer les heures passées en chambre de
veille sur la base des horaires d'équivalence, s'est vu dresser un
procès-verbal par l'inspection du travail pour infraction à la
durée du travail. Alors que le Gouvernement tarde à publier le
décret sur les équivalences qui permettrait de donner une base
stable pour l'avenir, les directions du travail continuent, elles, à
alimenter les contentieux.
Par ailleurs, votre rapporteur a été informé d'un
récent arrêt d'un tribunal d'instance, qui, à la suite du
dépôt d'une plainte, a condamné un directeur
d'établissement à 700.000 francs d'amende et trois mois de prison
avec sursis pour n'avoir pas respecté les règles de
rémunération intégrale des heures de permanence en chambre
de veille : la « pénalisation » du droit du
travail conduit à des excès regrettables dans un domaine
où les associations gestionnaires n'assurent pas par elles-mêmes
la maîtrise de leur financement.
c) L'avenant « cadre » à la convention collective du 15 mars 1966
Le 26
avril 1999, a été signé un avenant n° 265
revalorisant le statut du personnel d'encadrement dans le cadre de la
convention collective de 1966, qui a finalement, après diverses
péripéties, été agrée par le Gouvernement
par une décision du 6 septembre 2000.
Cet avenant prévoit une revalorisation du régime indemnitaire des
cadres ainsi qu'une nouvelle classification en fonction de leur niveau de
qualification afin de résorber l'écart qui était apparu
avec les personnels équivalents relevant de la convention FEHAP du 31
octobre 1951.
Cet avenant répond à un besoin de rattrapage qui avait
été, semble-t-il, trop longtemps différé ; il n'en
reste pas moins qu'il devrait avoir un coût au cours des prochaines
années pour les établissements sociaux et médico-sociaux
qui accueillent des personnes handicapées. Ce coût est
évalué à 1,75 % de la masse salariale.
2. Les nouveaux risques de dérapages incontrôlés
a) La question de maintien du niveau des rémunérations pendant la période transitoire d'entrée en vigueur des accords agréés
Divers
contentieux ont été introduits sur la maintien du niveau de
rémunération appliqué par des établissements dans
l'attente de la validation définitive des accords de réduction du
temps de travail qu'ils avaient conclus avec leurs salariés.
Compte tenu des délais d'examen de ces accords, -délais
imputables à la lourdeur de la procédure-, les accords n'ont pu
être effectivement appliqués qu'en février ou mars 2000
alors que la loi s'appliquait, elle, au 1
er
janvier de
l'année.
Plusieurs salariés ont alors intenté des recours pour obtenir que
les heures supplémentaires, -qui pouvaient atteindre jusqu'à un
tiers de la durée prévue dans le contrat de travail-, fassent
l'objet de la majoration de salaire à hauteur de 25 % prévue par
la loi à compter de l'entrée en vigueur de la RTT au
1
er
janvier 2000. Le coût de ces contentieux pourrait porter
sur 2,54 % de la masse salariale globale versée par les associations
concernées.
b) L'augmentation de l'indemnité de précarité
L'article 35 B du projet de loi de modernisation sociale,
actuellement en cours d'examen devant le Parlement, a été
introduit à l'initiative de l'Assemblée Nationale en
première lecture.
Cet article a pour objet d'aligner le taux de l'indemnité de
précarité dont bénéficie un salarié à
l'issue de son contrat de travail à durée
déterminée (CDD) sur celui appliqué en faveur des
travailleurs intérimaires. Le taux de 6 % de la
rémunération brute actuellement appliqué aux
salariés sous CDD doit donc passer à 10 %.
La majoration du taux à laquelle le Sénat était
opposé, aura une incidence importante dans le secteur social et
médico-social, car de nombreux salariés sont actuellement dans le
cadre de CDD.
Le surcoût peut être évalué à 0,64 % de la
masse salariale pour l'ensemble du secteur.
c) Le risque d'une remise en question des accords de modération salariale conclus en 2000
La
réussite de la réduction du temps de travail repose très
largement sur
le respect des accords de modération salariale
passés avec les personnels couverts par les conventions collectives.
Par exemple, l'accord SNAPEI du 12 mars 1999 a prévu un gel de la valeur
du point et des mesures catégorielles en 1999 et 2000 ainsi qu'une
suspension à durée indéterminée de la majoration
familiale de traitement : la mesure de gel des salaires a porté au
minimum sur 2,58 % de la masse salariale.
Les accords, compte tenu des aides budgétaires versées par
l'Etat, de la diversité des durées hebdomadaires de travail selon
les établissements et du moindre niveau des salaires des personnes
nouvellement embauchées, ont permis de financer le passage aux
trente-cinq heures et en, particulier, de compenser le seuil de 11,4 %
d'embauches supplémentaires que nécessite logiquement le
dispositif.
Il reste que le succès de la réduction du temps de travail, sans
dérapage pour les financeurs départementaux, nécessite une
compréhension par les personnels concernés de l'effort de
modération salariale qui leur est demandé et par la
possibilité d'une réorganisation des astreintes et des
périodes de permanence.
On regrettera de surcroît que
la politique suivie par le Gouvernement
dans le secteur hospitalier aboutisse un peu plus à brouiller
les
cartes et à amplifier le risque d'une explosion des dépenses.
Traditionnellement, les salariés du secteur médico-social se
placent dans la perspectives d'une parité avec la fonction publique
hospitalière.
Au demeurant, cette parité est souvent imposée dans les faits,
car les employeurs souhaitent pouvoir recruter du personnel à
compétence égale sur des missions dont la nature est proche de
celles effectuées dans le secteur hospitalier.
Dès lors que le Gouvernement choisit d'opérer le passage aux
35 heures dans la fonction publique hospitalière « sans
retenue ni modération salariale », il ne faut pas
s'étonner si les salariés du secteur médico-social
réclament à leur tour un rattrapage rétro-actif sur les
2,58 % de salaire auxquels ils avaient renoncé en 2000 au nom de la
bonne application de la RTT.
*
* *
Compte tenu des analyses et observations exposées ci-dessus, et parce que ce budget est en fait lourd de menaces pour l'avenir, votre commission a décidé d'émettre un avis défavorable à l'adoption des crédits de solidarité pour 2002.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DE MME ELISABETH GUIGOU, MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ
Cette audition, fixée le 20 novembre 2001, ayant dû être annulée en raison de l'indisponibilité de la ministre, la commission s'est prononcée définitivement le 21 novembre 2001 sans avoir pu entendre le gouvernement (voir ci-après examen de l'avis).
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mercredi 21 novembre 2001 sous la
présidence de M. Nicolas About, président, la commission a
procédé à l'
examen
du rapport pour avis
de
M. Paul Blanc
sur le
projet de loi de
finances pour
2002
(crédits consacrés
à la
solidarité).
M. Paul Blanc, rapporteur pour avis,
a présenté les grandes
lignes de son rapport (cf. exposé général).
M. Jean Chérioux
a souligné que les besoins dans le
domaine social étaient immenses et que, pour éviter la
surenchère entre les diverses demandes, il était important de ne
pas évaluer le budget uniquement à l'aune du montant des
crédits supplémentaires. Il a estimé prioritaire
d'éviter la saturation de la capacité d'accueil des CHRS et il a
appelé de ses voeux une réforme en profondeur des COTOREP.
M. André Vantomme
a rappelé que les crédits
affectés à la santé et à la solidarité
augmentaient de 2,8 milliards de francs de crédits
supplémentaires, soit une augmentation équivalente à celle
de l'an dernier. Il s'est félicité que la part consacrée
aux mesures nouvelles, en dehors de l'augmentation automatique des minima
sociaux, s'élève à 1,3 milliard de francs soit le
double des années antérieures. Il a observé que le budget
continuait à contribuer à la prévention et à la
lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, permettait de soutenir
la formation des professionnels de santé et d'augmenter les moyens
à destination des programmes prioritaires de santé publique, de
renforcer les COTOREP, de créer des places supplémentaires en CAT
et des postes d'auxiliaires de vie et, enfin, de mettre en oeuvre la loi
relative à l'allocation personnalisée d'autonomie grâce
à la création des nouveaux centres locaux d'information et de
coordination (CLIC). Pour toutes ces raisons, il a précisé que le
groupe socialiste soutiendrait le projet de budget de la solidarité pour
2002.
M. Roland Muzeau
a rappelé que, malgré les
inquiétudes exprimées par le rapporteur pour avis sur
l'évolution des dépenses du secteur social et
médico-social, le Sénat avait adopté récemment le
projet de loi portant rénovation de l'action sociale et
médico-sociale conformément aux conclusions de M. Paul Blanc
lui-même. Il a souhaité que le travail sur la réforme de la
loi du 30 juin 1975 d'orientation relative aux personnes handicapées
aboutisse le plus rapidement possible.
Sur proposition de
M. Paul Blanc, rapporteur pour avis,
la commission a
émis
un avis défavorable à l'adoption des
crédits relatifs à la solidarité dans le projet de loi de
finances pour 2002.
ANNEXE
-
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
PAR VOTRE
RAPPORTEUR
(par ordre chronologique)
•
M. Patrick GOHET, Directeur général de l'Union nationale des
associations de parents et amis de personnes handicapées mentales
(UNAPEI)
• M. Philippe CALMETTE, Directeur général du Syndicat
national des associations de parents et amis de personnes handicapées
mentales (SNAPEI), et M. Frédéric LEFRET, responsable des
relations institutionnelles
• M. Jean-Louis SEGURA, Directeur général de l'Association
de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des handicapés
(AGEFIPH)
• M. Marc ROUZEAU, Directeur général de l'Association des
paralysés de France (APF) et Mme Fabienne JEGU, Directrice du service de
la défense des droits de la personne handicapée
• M. Jean-Louis SANCHEZ, Délégué
général de l'Observatoire national de l'action sociale
décentralisée (ODAS)
• M. Jean-Paul PENEAU, Directeur général de la
Fédération nationale des Associations d'accueil et de
réadaptation sociale (FNARS)
• M. Fernand TOURNAN, Président de l'Association pour adultes et
jeunes handicapés (APAJH)
• M. Christian CHASSERIAUD, Président, Mme Marie-France MARQUES,
Directrice, de l'Association française des organismes de formation et de
recherches en travail social (AFORTS)
• M. Marc GONZALVEZ, Vice-président, Mme Anne-Sophie PARISOT,
Mme Marie-France BOUDOT, du Collectif des Démocrates
handicapés
1
Régime général
métropole et régime agricole.
2
Le Monde, samedi 24 novembre 2001 (le chiffre de 2 milliards
de francs incorpore le coût au titre de l'API et de l'allocation
d'insertion (AI) en plus de celui au titre du RMI).
3
L'obligation d'inscription des crédits est passée de
20 à 17 % du fait de la mise en place de la CMU.
4
En compensation du taux inférieur du RMI dans les DOM,
l'Etat participe dans ces départements au financement d'actions
d'insertion au profit des bénéficiaires du RMI, en plus de celles
de droit commun déjà financées. Ces crédits
appelés « créances de proratisation du RMI »
représentent la différence entre les allocations versées
dans les DOM chaque année, et le montant qu'elles auraient atteint, en
prenant en compte le nombre de personnes qu'elles auraient concernées,
si le barème métropolitain avait été
appliqué. Cette créance est en voie d'extinction au fur et
à mesure de l'alignement du niveau du RMI dans les DOM sur celui
appliqué en métropole.
5
Rapport n° 206 (2000-2001) de M. Philippe Nogrix,
sénateur au nom de la commission des Affaires sociales.
6
Etudes et résultats - n° 79 septembre 2000 - Direction
de la recherche, des études de l'évaluation et des statistiques
(DREES).
- 7 Premières informations et première synthèse DARES n°2000- juillet - n° 28-1 : disponible sur le site du ministère de l'emploi et de la solidarité (www.travail.gouv.fr/).
9 Avis du Conseil économique et social sur le rapport présenté par M. Vincent Assante au nom de la section du cadre de vie - Situations de handicap et cadre de vie - Séance des 12 et 13 septembre 2000.
10 Idem.
11 La lettre de l'ODAS, numéro spécial mai 2001.
12 La lettre de l'ODAS, numéro spécial, mai 2001.
13 La fédération rassemble : le syndicat général es organismes privés sanitaires et sociaux à but non lucratif (SOP), le syndicat national des associations pour la sauvegarde de l'enfant à l'adulte (SNASEA), le syndicat national des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales (SNAPEI).
14 Cour cass. Ch Soc. 24 avril 2001, Association « Être enfant au Chesnay » c/Terki