B. LES ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENT : LA PRÉPARATION DE L'AVENIR
Les moyens affectés à la préparation de l'avenir des forces terrestres comprennent deux grandes catégories : les études technico-opérationnelles et les développements, la gestion des crédits d'études amont étant regroupée, depuis 1999 sous la responsabilité de la DGA. Pour 2002, les crédits de paiement régressent de 24 % alors que les autorisations de programme augmenteront de 18 %.
MONTANT GLOBAL DES CRÉDITS CONSACRÉS PAR
L'ARMÉE DE TERRE AUX ÉTUDES, RECHERCHES ET DÉVELOPPEMENTS
DANS LE PROJET DE BUDGET POUR 2002
(en millions
d'euros)
|
Chapitre |
Crédits budgétaires |
2001 |
2002 |
Evolution |
Etudes technico opérationnelles |
52-81 (art.21) |
AP
|
4,4
|
3,2
|
- 27 %
|
Etudes et développements |
51-61(art 22, 25, 26, 29) ;
|
AP
|
181,2
|
222,9
|
+ 23 %
|
Total général |
|
AP
|
185,6
|
261,1
|
+18 %
|
RÉPARTITION DES CRÉDITS D'ÉTUDES ET DE
DÉVELOPPEMENT
ENTRE LES PRINCIPAUX MATÉRIELS
(en
millions d'euros)
PROGRAMMES |
AP 2002 |
CP 2002 |
SIC F (système d'information de commandement) |
6,6 |
11,8 |
SIR (système d'information régimentaire) |
0 |
11,6 |
MIDS (liaison 16) |
0,3 |
3,61 |
SCIPIO |
0,15 |
3,97 |
CENTAURE (simulation) |
11,74 |
10,83 |
MARTHA étape 2 |
2,29 |
21,65 |
VBCI |
19,85 |
30,12 |
RÉNOVATION AMX 10 RC |
0 |
6,77 |
SYSTEME DU COMBATTANT (FELIN) |
1,49 |
0,75 |
RAPSODIE |
3,20 |
3,61 |
ATLAS CANON |
2,2 |
7,37 |
VALORISATION ROLAND |
2,21 |
9,33 |
LRM roquette NG |
14,30 |
5,27 |
Missile à Fibre Optique (MFO) |
3 M€ |
1,05 |
SATCP Terre (RMV) |
1,52 |
0,75 |
HELICOPTERE HAP - HAC (TIGRE) |
3,05 |
12,19 |
NH 90 Terre |
6,86 |
10,23 |
FSAF/SAMP/T |
24,39 |
9,15 |
Pour
l'armée de terre, la
situation actuelle peut être
qualifiée de préoccupante.
A l'évidence,
l'effort
consenti en 2002 au profit de la préparation de l'avenir
ne sera
pas suffisant
au regard des recommandations opérationnelles du plan
prospectif à 30 ans, relayées et traduites en efforts
technologiques dans le document d'orientation des études amont tout en
tenant compte des facteurs d'incertitude générés par les
attentats terroristes du 11 septembre.
Compte tenu de la multiplicité des études à couvrir, ces
recherches sont regroupées dans des projets fédérateurs ou
« plans structurants », destinés à identifier
clairement les besoins opérationnels à satisfaire en terme
d'équipement futur ou de besoins à prendre en compte.
De nombreuses innovations technologiques sont attendues dans les domaines
suivants : énergie dirigée (moyenne énergie,
micro-ondes forte puissance), nouveaux matériaux intelligents, apport
futur des « tout électrique » (lanceur, propulsion,
protection active), miniaturisation des composants et en conséquence des
capteurs, biotechnologies et intelligence artificielle (aide à la
décision).
En définitive, les principaux équipements dimensionnant les
forces seront obsolètes d'ici 8 à 10 ans. L'armée de terre
est pour l'essentiel équipée de matériels anciens, dont la
conception remonte aux années 1960.
Or on observe un
fléchissement relatif de l'effort financier consenti
à la préparation de l'avenir.
Il est pourtant indispensable de disposer du niveau de crédits
permettant d'anticiper des ruptures capacitaires susceptibles d'engager la
crédibilité des forces terrestres françaises dans le cadre
européen et international, donc d'étudier et développer
les futurs matériels qui les équiperont à l'horizon
2015-2020. Les principaux équipements futurs faisant actuellement
l'objet d'objectifs d'état-major ou développements exploratoires
et pour lesquels l'armée de terre estime nécessaire d'engager un
développement, sont les suivants :
- le drone tactique multicapteurs multimissions (MCMM),
système
unique capable d'assurer des missions aussi diverses que le renseignement et
l'appui, la neutralisation par les feux ou par la guerre électronique.
Il répond au besoin de remplacement des drones actuels, obsolètes
à l'horizon 2007. Aérotransportable, modulable en fonction de la
mission prioritaire, il doit pouvoir s'intégrer dans un
élément de réaction immédiate et être
compatible et interopérable avec l'ensemble des sytèmes
similaires nationaux et internationaux.
- le
radar de surveillance et d'aide au tir terrestre (RAPSODIE)
, radar
de courte portée (40 Km) destiné à agir dans la profondeur
tactique pour remplir indifféremment des missions de surveillance et
d'aide au tir. Associé à un châssis VCI pu VAB, il devrait
équiper les forces au sein des régiments d'artillerie, du
régiment blindé et d'investigation.
- le
système de pose rapide de travures (SPRAT),
moyen
complémentaire des autres systèmes de franchissement. Seul
système d'appui direct en cohérence avec la manoeuvre du char
Leclerc, il apportera aux forces terrestres la capacité de franchir des
coupures et des obstacles d'une largeur allant jusqu'à 25 mètres.
- le
missile à fibre optique
(ex-POLYPHEME), dont le
développement exploratoire a été lancé en 1992 dans
un cadre tripartite (France, Allemagne et Italie). Après le
succès de cette première phase expérimentale (tir
réussi contre un véhicule à roues à une distance de
60 Km), les partenaires envisagent de fabriquer en coopération, un
système d'armes utilisant la technologie à fibre optique, capable
de traiter des objectifs ponctuels dans la profondeur avec des effets
collatéraux réduits et une bonne efficacité terminale et
d'offrir des capacités d'enregistrement vidéo des attaques et
d'observation. Les financements prévus sur la période de la loi
de programmation permettront de valider les choix techniques et de
préciser les conditions d'emploi. A l'issue, la décision de
participer ou non au développement sera prise en fonction des
résultats obtenus et des ressources disponibles.
- la
protection des véhicules blindés
que constitue
également un des axes prioritaires d'études, en vue de renforcer
l'aptitude à retarder la détection et à éviter
d'être atteint dans les trois dimensions et dans toutes les directions.
Au-delà des études sur les blindages, les objectifs prioritaires
sont les suivants : les technologies de détection les plus simples
à intégrer sur un blindé (alerte laser, optique
pointée), la protection laser de l'optique de tir, d'observation et de
pilotage, les techniques de leurrage, notamment pour les munitions susceptibles
d'attaquer par le toit, l'évaluation dans le domaine de la protection
active et réactive, prenant en compte à la fois la protection
contre les attaques par le toit, la protection omnidirectionnelle antimissile
et contre les flèches.
- le
Système opérationnel de déminage
rapproché
(SODERA). Parallèlement aux travaux
d'amélioration des parcs de matériels de déminage,
l'état major de l'armée de terre et le SPART ont lancé un
nouveau programme de détection, leurrage, destruction et/ou
neutralisation des mines terrestres.
Dans un premier temps, SODERA est un projet fédérateur
composé de nombreuses études amont, de plusieurs
développements exploratoires et du développement d'un logiciel.
Il a pour finalité d'étudier et de valider, au travers de
démonstrateurs, les technologies les plus aptes à équiper
ce système. In fine, il s'agit de préparer la prise de
décision de l'EMAT quant au choix du futur système
opérationnel de déminage rapproché (SODERA) à
l'horizon 2004-2005.
SODERA comprendra un ensemble de moyens (voire de porteurs) permettant de
traiter les aspects détection, leurrage, destruction et/ou
neutralisation des mines et engins non explosés. Il sera le
système majeur pour les missions « d'ouverture
d'itinéraire, « de dépollution de zone » et
« de franchissement d'obstacle miné ». Prévu
pour être livré aux forces à l'horizon 2010-2015, il
traitera toutes les mines connues à cette échéance (AC,
AP, munitions non explosées), avec un taux de réussite proche de
95 %. Il sera constitué d'un ou de plusieurs porteurs.
- le
système de combat futur du génie
, qui s'articulera
autour de deux modules : un module d'appui lourd, réalisé
à partir de l'engin blindé du Génie valorisé
à partir de 2006 (EBG2), qui assurera les missions d'appui direct au
profit des unités blindées (appui mobilité,
bréchage,...) d'une part, et d'autre part un module d'appui au combat,
notamment pour la zone urbaine, comprenant un engin assurant la fonction
transport du personnel et quelques fonctionnalités (appui à la
mobilité des unités débarquées,
contre-mobilité...) et un engin génie possédant des
capacités d'organisation du terrain, spécifiques à la zone
urbaine. Ces deux engins dont la mise en service est prévue à
partir de 2009, devront être cohérents avec le VBCI.
- le
système FELIN
(Fantassin à Equipement et Liaisons
Intégrées), qui vise à équiper le fantassin du
futur en optimisant les fonctions de protection, armement et communications. Ce
fantassin devra se déplacer, percevoir son environnement, communiquer,
utiliser son arme, durer. Il agira dans des environnements géographiques
et climatiques variés sous menaces chimiques et biologiques.
Le système FELIN commencera à équiper les unités
d'infanterie à partir de 2005. En 2008, 40 unités
élémentaires seront équipées sur un total de 79.
- le
dispositif d'identification au combat (DIC)
: les tirs
fratricides sont déjà pris en compte par les différentes
armées de l'air dont le milieu d'action est foncièrement
homogène. Il s'agit des systèmes IFF. Ce risque doit maintenant
être pris en compte par les systèmes d'armes
aéroterrestres, dont le combat se déroule au sein d'un milieu
beaucoup plus hétérogène et complexe.
Conscientes d'un problème remis en lumière lors de la guerre du
Golfe, les armées occidentales cherchent à se doter d'une
capacité d'identification au combat. Le dispositif DIC devra
répondre à ce besoin.
Les premiers prototypes apparaîtront en 2003. La cible retenue de 1500
équipements sera réalisée à l'horizon 2006. A cette
date, un nombre significatif de véhicules de combat de premier
échelon aura alors été prédisposé ou
équipé.
- le
système d'observation et de renseignement de l'avant (SORA)
qui a pour but de répondre en temps utile aux besoins en renseignement
du commandement du niveau le plus élevé de la composante
terrestre à la brigade interarmes. Il s'agit de permettre l'exploitation
et la diffusion du renseignement, de faciliter la conduite et la maoeuvre des
capteurs spécialisés, d'alerter sur toute modification de
comportement de l'adversaire, de fournir enfin les données et les
informations nécessaires au traitement des objectifs par les
différents systèmes d'armes.
D'un point de vue technique, SORA a vocation à fédérer
progressivement tous les sytèmes d'informations opérationnels de
la chaîne de surveillance, acquisition, reconnaissance et renseignement.
Il utilisera comme support de communication les systèmes RITA VALO, PR4G.
- la
radio haut débit
: à partir de 2005, la
numérisation des unités et la mise en service des SIT et du SIR
va augmenter brutalement le besoin en début. Dans un premier temps, le
système de radio haut débit est prévu pour augmenter,
dès 2006, les capacités des transmissions d'informations entre
les brigades interarmes et les bataillons.