2. La maîtrise du processus de déconcentration
a) La poursuite de la déconcentration
Initiée au sein du ministère de la culture
dès
les années 1980 lorsque la croissance de ses moyens l'a contraint
à s'adapter à une dimension qu'il n'avait pas jusque-là et
à accroître le rôle des directions régionales des
affaires culturelles, la déconcentration a
bénéficié, au cours des derniers exercices d'une nouvelle
impulsion.
En effet, conçue comme le corollaire de la décentralisation, la
déconcentration est devenue un principe fondamental de l'organisation
administrative de l'Etat. Le décret n° 97-1200
du 19 décembre 1997 a ainsi prévu que les
décisions individuelles entrant dans les champs de compétences de
l'Etat, à l'exception de celles concernant les agents publics, sont
prises par le préfet.
Ainsi
en 2002
, plus de
69 % des crédits
disponibles
(hors charges en personnel, dotations aux établissements
publics et des services à compétence nationale)
seront
déconcentrés
, contre 45,4 % en 1998.
Parmi les secteurs dans lesquels la déconcentration a pris toute son
ampleur, figure le domaine de l'action culturelle (délégation au
développement et à l'action territoriale) avec un taux de
déconcentration qui dépasse les 90 %. Ce taux est
encore supérieur dans le secteur du livre et de la lecture (91,2 %)
ou pour les archives (90,8 %). Le secteur de la musique, de la danse, du
théâtre et des spectacles pour sa part déconcentre plus
de 78 % de ses crédits, suivi de près par la
délégation aux arts plastiques (72 %).
Certains secteurs d'activité du ministère, compte tenu de leurs
missions ou de leur organisation, connaissent un taux de déconcentration
moindre mais qui est susceptible de progresser dans les années à
venir. C'est le cas par exemple du cinéma ou des actions relevant de la
direction des musées de France.
Le tableau ci-dessous indique le montant des crédits
déconcentrés par titre pour 2002.
en euros
(en francs)
TITRE |
PLF |
EP / SCN |
CREDITS
|
CREDITS DECONCENTRES |
% CREDITS
|
|
TITRE |
III |
694 594
366
|
612 473
864
|
82 120
502
|
32 055
167
|
39,03 |
TITRE |
IV |
820 496
434
|
9 677
276
|
810 819
158
|
590 728
731
|
72,86 |
TITRE |
V |
291 901
000
|
89 033
000
|
202 868
000
|
115 041
341
|
56,71 |
TITRE |
VI |
275 105
000
|
133 929
999
|
141 175
000
|
126 071
251
|
89,30 |
TITRE
III
|
551 616
433
|
0 |
0 |
0 |
0 |
|
TOTAL GENERAL |
2 633
713 233
|
845
114 140
|
1 236
982 660
|
863
896 490
|
69,84 |
Au-delà de l'effort fait pour généraliser
ce
mode d'administration, le ministère a eu le souci de se doter
d'instruments lui permettant d'assurer la cohérence de son action.
Le ministère s'est ainsi attaché à définir les
missions et les moyens de ses services déconcentrés.
A cet effet, une circulaire relative aux relations entre l'administration
centrale du ministère et les DRAC a été
rédigée et publiée en septembre 2001. Il a
également été procédé à la refonte du
décret définissant le rôle et les missions des directeurs
régionaux. Enfin, la publication en 2001 d'une directive nationale
d'orientation (DNO), en lieu et place de la circulaire d'emploi des
crédits déconcentrés en vigueur pour les
précédents exercices, substitue une logique d'objectifs à
une logique de moyens. Concentrée sur la définition d'objectifs
précis et la hiérarchisation des priorités
ministérielles, applicables sur l'ensemble du territoire, cet instrument
laisse une réelle marge de manoeuvre aux services
déconcentrés dans leur façon de les atteindre et de les
adapter aux spécificités locales : les procédures de
mise en oeuvre sont renvoyées à la responsabilité de
l'échelon territorial, auquel il est demandé de s'engager sur des
résultats. 2001 a été une année de transition
puisque sa première édition n'est pas pluriannuelle. Des
améliorations et des corrections seront apportées à la
directive de 2002 à laquelle sera notamment ajouté un volet
« évaluation ». Ce travail a abouti à
l'élaboration, dès 2001, de lettres de mission fixant, en
liaison avec les DRAC, les objectifs à atteindre sur trois ans.
Parallèlement, des outils d'évaluation ont été
développés par le biais notamment de l'organisation de contacts
plus fréquents entre l'administration centrale et les DRAC mais
également d'un effort d'analyse des dépenses engagées
à l'échelon régional à travers l'enrichissement de
bases de données ou la refonte des bilans d'activité
demandés aux DRAC.
Si ces initiatives vont dans le bon sens, votre rapporteur relèvera que
leur efficacité est largement obérée par l'absence
d'instruments efficaces permettant d'assurer un suivi des dépenses
déconcentrées dans des délais satisfaisants.
Au-delà des difficultés que cela implique pour l'exercice d'un
contrôle parlementaire efficace sur l'utilisation des crédits
votés en loi de finances, il est incontestable que, conjuguée
à l'extrême dispersion des subventions, cette carence rend
problématique pour les services du ministère eux-mêmes, la
gestion des crédits, le contrôle de leur pertinence et la remise
en cause éventuelle d'actions engagées. Ainsi, lors de la
préparation du projet de budget, les directions d'administration
centrale n'ont qu'une vision très partielle de l'usage que les DRAC ont
fait des crédits votés par la loi de finances de l'année
en cours.
La mise en place d'un nouvel outil informatique Quadrille, qui ne concerne,
notons-le, que les crédits du titre IV, devait contribuer à
surmonter ces difficultés. Votre rapporteur constatera
qu'annoncée pour 2001, sa mise en oeuvre est désormais
prévue pour 2002.
Ce retard est regrettable car, comme l'a souligné la Cour des comptes
dans son rapport précité, «
en ce qui concerne les
subventions accordées par les DRAC, en l'absence de mise en service de
l'application informatique Quadrille (...) aucune analyse synthétique et
chiffrée des subventions accordées ne peut être
effectuée
».
Enfin, votre rapporteur relèvera que la nécessité pour
l'administration centrale de se consacrer à un rôle d'impulsion et
de pilotage est encore perçue de manière variable selon les
directions. Si la direction en charge du spectacle vivant doit convaincre les
professionnels des bienfaits de la déconcentration, la direction des
musées de France, à l'inverse, semble réticente à
prendre les mesures nécessaires pour laisser aux musées relevant
de sa tutelle l'autonomie qu'implique cette nouvelle forme d'organisation
administrative. Ainsi, au-delà de la création de services
à compétence nationale, statut d'« autonomie
tempérée », selon la Cour des comptes, dont sont
désormais dotés les musées nationaux, cette direction
s'oppose encore, pour des raisons que votre rapporteur ne peut comprendre,
à doter des grandes institutions comme le musée d'Orsay du statut
d'établissement public à l'image de ce qui a été
fait pour le Louvre et Versailles.