Malgré l’inversion de la courbe des effectifs des forces armées décidée en 2015, la remontée progressive est loin de compenser les réductions brutales d’effectifs depuis la suspension de la conscription.
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a adopté, en amont du dépôt du projet de loi de programmation militaire annoncé au printemps, un rapport d’information sur le modèle de ressources humaines des armées.
Joël Guerriau et Marie-Arlette Carlotti, rapporteurs, analysent l’ampleur de la réduction des effectifs des forces armées sur le temps long, depuis la décision de suspendre à partir de 1997 la conscription. En vingt-cinq ans, le ministère des armées a supprimé plus de 200 000 postes, soit le double des effectifs employés par le ministère de la justice en 2023.
Les vagues successives de contraction des effectifs dans les années 1990 et 2000 coïncidaient avec l’adoption d’un modèle d’armée expéditionnaire, correspondant à la situation géopolitique née de la fin de la guerre froide. Aujourd’hui, le Gouvernement doit tirer toutes les conséquences de la dégradation de la sécurité en Europe après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
L’objectif de préparer l’armée française à une guerre de haute intensité, consacré en novembre 2022 par la Revue nationale stratégique, ne pourra être tenu qu’à la condition que la trajectoire en ressources humaines des armées soit à la hauteur des ambitions stratégiques affichées par la France.
Le rapport adopté par la commission identifie les trois principaux défis de la prochaine programmation militaire en matière de ressources humaines : la fidélisation, l’attractivité dans les secteurs prioritaires de recrutement, et la transformation des réserves opérationnelles de premier niveau.
Comme l’a souligné le président Christian Cambon, "les travaux parlementaires doivent éclairer la future loi de programmation militaire qui devra mettre en adéquation les moyens proposés et les ambitions affichées pour nos forces armées. Le Sénat veillera à ce qu’elle tire pleinement les conséquences de la montée des périls, y compris en termes d’effectifs".
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