Après une "saison blanche" liée à la fermeture des remontées mécaniques décidée par l’État en décembre 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, comment adapter la réponse publique pour prendre en compte l’ensemble des spécificités des territoires de montagne et de leur modèle économique ? Comment faire en sorte que la fermeture hivernale n’handicape pas durablement l’attractivité des stations de montagne pour les saisons à venir alors que nos voisins européens, eux, ont ouvert leurs stations ? Plus largement, comment accompagner les territoires dans l’adaptation au changement climatique et la diversification de leurs activités ?
C’est à l’ensemble de ces questions que le groupe d’études "Développement économique de la montagne", que préside Cyril Pellevat, a tenté de répondre, en organisant :
- mardi 13 avril 2021, une table ronde avec une douzaine d’associations et de fédérations, représentant les "forces vives" de la montagne ;
- puis mercredi 14 avril, une rencontre avec Jean-Baptiste Lemoyne et Joël Giraud, les secrétaires d’État chargés de l’élaboration interministérielle du "plan Montagne" annoncé par le Gouvernement le 11 mars dernier, en complément de la création d’un programme dédié au soutien à l’ingénierie de projets pour les collectivités montagnardes au sein de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) annoncé en début d’année.
Les acteurs économiques et les associations de collectivités territoriales de la montagne ont fait part de leurs vives inquiétudes et de leurs propositions devant les conséquences en cascade de la fermeture des remontées mécaniques sur les stations et les vallées, alors que la saison 2019‑2020 avait été interrompue de façon précoce et que chacun comptait sur l’hiver 2020‑2021 pour tenter de rattraper ce retard.
Les mesures déployées par l’État jusqu’à présent ont été saluées (plan tourisme, accès élargi au fonds de solidarité, dispositif spécifique pour les exploitants de remontées mécaniques etc.). Pour autant, plusieurs angles‑morts et « trous dans la raquette » ont été relevés et signalés par les sénateurs auprès des ministres : la prise en compte des pertes des résidences de vacances et des centres de loisirs, la situation des médecins, de certains moniteurs de ski, des régies municipales non dotées de la personnalité juridique qui contribuent au fonctionnement des stations ou encore les pertes de recettes des collectivités, notamment sur leurs budgets annexes (eau & assainissement, parkings, garderies, etc.).
Relayant les préoccupations des acteurs de la montagne auprès des ministres, les sénateurs ont donc appelé à un renforcement rapide et à un meilleur calibrage des mesures de soutien.
Le futur "plan Montagne" en préparation, qui devrait être décliné par massif, suscite des espoirs, mais une concrétisation rapide est attendue.
Les sénateurs ont particulièrement insisté sur la nécessité de déployer des investissements dans le cadre d’un fonds dédié à la montagne. Surtout, les sénateurs souhaitent que ce plan permette de définir une vision de long terme pour la montagne, traitant de l’ensemble des enjeux de cohésion et de développement durable : aménagement numérique (fibre optique, digitalisation), relance des investissements pour sécuriser les saisons hivernales, diversification de l’offre touristique vers une "montagne 4 saisons" ou "2 saisons +", transition écologique et énergétique (rénovation des bâtiments, propulsion décarbonée pour les dameuses, etc.).
Sur l’ensemble de ces sujets, les ministres, à l’écoute des sénateurs, ont souhaité les rassurer tout en renvoyant aux travaux interministériels en cours, qui devraient aboutir dans le cadre d’un comité interministériel du tourisme (CIT) en mai prochain.
Pour Cyril Pellevat, président du groupe d’études, "c’est tout l’écosystème de la montagne qui est pris en tenaille dans cette double crise sanitaire et économique. Il est urgent que l’État accentue ses efforts en faveur des acteurs qui font vivre et rendent la montagne attractive toute l’année. Le plan montagne est une occasion historique de dessiner la montagne pour plusieurs décennies si l’État investit rapidement et massivement".
Le groupe d’études poursuivra ses travaux en lien avec la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable et formalisera prochainement ses propositions au Gouvernement dans un courrier qui sera adressé au Premier ministre, qui prolongera un premier courrier du 21 décembre 2020.
Jean-François Longeot (Union Centriste - Doubs) est président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Cyril Pellevat (rattaché Les Républicains - Haute-Savoie) est président du groupe d’études "Développement économique de la montagne" de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. |
Juliette Elie
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