Le Sénat a adopté hier soir un dispositif inédit de lutte contre la désertification vétérinaire. Cette solution est le fruit d’un travail de concertation avec le Gouvernement, les collectivités territoriales et les professionnels.
Inspiré des mécanismes permettant de lutter contre les déserts médicaux, ce dispositif permettra, dans des zones tendues déterminées par arrêté du ministre de l'agriculture, aux collectivités territoriales qui le souhaiteront, de distribuer des aides à l'installation et au maintien des vétérinaires. En outre, elles pourront verser des indemnités d'étude et de projet professionnel à des étudiants s'engageant, en signant une convention, à exercer sur leur territoire s'il se situe dans une zone désertée.
Le dispositif adopté en séance publique ce 8 juillet est issu d’une proposition de Laurent Duplomb, rapporteur pour avis du projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne en matière économique et financière (projet de loi DDADUE), qui estime que "c’est un outil très concret au service de l’aménagement des territoires, de notre sécurité sanitaire et de la survie de nos élevages".
Focus - Les déserts vétérinaires : un phénomène de plus en plus inquiétant Un désert vétérinaire apparaît dès lors qu’il existe un nombre insuffisant de vétérinaires dans une zone par rapport au nombre d’animaux présents sur ce territoire. Ce phénomène se rencontre surtout dans les zones d’élevage, en raison de la raréfaction des vétérinaires spécialisés dans les animaux de ferme. Cela pose des difficultés en matière de suivi sanitaire et de permanence des soins aux animaux d’élevage. Comme sont apparus des "déserts médicaux" dans le passé, ces déserts vétérinaires se multiplient dans certaines régions rurales de France. "Or la désertification vétérinaire est le dernier signe avant la désertification agricole", regrette le sénateur Laurent Duplomb. L'ordre national vétérinaire, dans son atlas démographique vétérinaire à paraître, constate que 40 départements sont désormais concernés par ce phénomène de désertification vétérinaire, notamment dans des zones à faible densité d'élevage. Or le phénomène s’accélère : le nombre de vétérinaires spécialisés dans les animaux d’élevage a reculé de 15 % ces 5 dernières années. Et le manque de vétérinaires en élevage dans les zones rurales pourrait s'aggraver dans les années à venir, notamment en raison de l'attrait des jeunes générations pour les soins aux animaux de compagnie ou aux chevaux. À défaut de remplacement par les jeunes praticiens des anciens vétérinaires ruraux proches de la retraite, le manque de couverture vétérinaire dans certaines zones d'élevage s’aggravera. Le problème n'est pas le nombre de vétérinaires puisque, chaque année, le nombre de professionnels inscrits au tableau de l'ordre augmente, mais bien leur répartition sur le territoire et par type d'activité. |
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La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines). Le rapporteur pour avis est Laurent Duplomb (Les Républicains – Haute-Loire). |
L'activité du Sénat se déroule dans le strict respect des conditions sanitaires dictées par la nécessité d'enrayer la pandémie du COVID-19.
Philippe PÉJO
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