L’État doit dès à présent prendre la mesure de la crise frappant le pavillon français et donner tous les moyens à un de ses fleurons industriels – Air France – de se projeter dans le transport aérien de demain, compatible avec les objectifs climatiques de la France. Pour les sénateurs de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, qui auditionnaient, ce mercredi 22 avril, les principaux dirigeants du groupe Air France-KLM, le bouleversement provoqué par le Covid-19 appelle donc à un retour de l’État stratège.
Pour Benjamin Smith, directeur général d’Air France-KLM, l’épidémie de Covid-19 constitue une déflagration inédite pour le transport aérien français, en particulier pour Air France, dont moins de 5 % de l’activité est maintenue, se concentrant principalement sur les opérations d’urgence (notamment l’organisation du pont aérien avec la Chine). Nicole Bonnefoy, référente "Situation du transport aérien", a exprimé la reconnaissance de la commission pour le travail accompli par l’entreprise depuis le début de la crise : "c’est dans ces circonstances dramatiques que s’exprime avec le plus d’acuité la nécessité pour une puissance du rang de la France de pouvoir compter sur une compagnie du rang d’Air France".
La commission apporte donc son soutien aux aides qui pourraient être accordées par l’État à Air France-KLM pour répondre à ses besoins de trésorerie, qu’elles prennent la forme de prêts garantis ou de prêts directs des États français et néerlandais. En plus de ces aides, Hervé Maurey, président de la commission, et Nicole Bonnefoy ont appelé l’État à trouver très rapidement une solution concernant le dédommagement des vols annulés. Comme ils l’ont exprimé dans un courrier adressé au secrétaire d’État aux transports (consultable (PDF - 234 Ko)via ce lien (PDF - 234 Ko)), "la mise en place d’un fonds de garantie pourrait s’avérer nécessaire afin de rassurer les consommateurs sur la solvabilité des avoirs remis par les compagnies".
Pour Hervé Maurey, "notre attachement au soutien du pavillon français est fort, mais nous manifestons également l’espoir que cette crise ouvre la voie d’un modèle nouveau". En lien avec les préconisations formulées par le Haut Conseil pour le Climat, de nombreux sénateurs ont ainsi appelé le groupe Air France-KLM à prendre des engagements compatibles avec les objectifs climatiques de la France. L’État devra donc épauler le groupe dans le nécessaire verdissement de sa flotte, ainsi que dans la reconfiguration de sa stratégie, notammenten matière de desserte intérieure et de complémentarité entre les différents modes de transport.
Selon Anne Rigail, directrice générale d’Air France, les efforts des acteurs doivent enfin se concentrer sur l’élaboration de nouvelles règles de sécurité sanitaire. Pour les sénateurs de la commission, plusieurs mesures pourraient être inscrites dans un volet « Transport aérien » du plan de déconfinement du Gouvernement et pourraient perdurer dans l’attente d’un vaccin : installation de caméras thermiques aux frontières, test des personnes suspectes, isolement immédiat des cas positifs à proximité des aéroports... Mme Rigail a par ailleurs estimé que "le port du masque pourrait être obligatoire à bord".
La vidéo et le compte rendu de l'audition seront prochainement disponibles à l’adresse suivante : http://www.senat.fr/commission/dvpt_durable/index.html.
M. Hervé Maurey (Union centriste – Eure) est président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Mme Nicole Bonnefoy (Socialiste et Républicain – Charente) est référente "Situation du transport aérien" de la commission en cette période de crise sanitaire. |
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Juliette ELIE
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