Suivant la recommandation de ses trois rapporteurs, la commission des affaires économiques du Sénat propose de rejeter les crédits de la mission "Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales".
Les sénateurs ont dénoncé le défaut de cohérence et le manque d’ambition de ce budget stable.
Malgré une apparente hausse vantée par le Gouvernement, les dotations nationales dédiées à l’agriculture n’évoluent pas d’un iota par rapport à 2019 une fois que l’on retraite le mouvement naturel de réengagement des mesures agro-environnementales pour la prochaine période. "Si nous avons refusé d’adopter le budget national de l’agriculture l’année dernière, et qu’il n’a pas évolué cette année, il faut être cohérent" a estimé M. Jean-Claude Tissot, rapporteur pour avis (Socialiste et républicain - Loire).
La cohérence est justement ce qui fait défaut à ce budget. Pourquoi reculer les crédits de la réserve pour aléas en agriculture alors que les exploitants n’ont jamais été autant exposés aux risques climatiques ? Comment expliquer le recul des crédits dédiés à la forêt alors que la crise des scolytes fait rage dans de nombreux départements ? Pourquoi ne pas pérenniser le dispositif favorisant la compétitivité des cultures employant des travailleurs saisonniers au moment même où il est impératif de remettre la compétitivité au cœur des débats pour sortir l’agriculture de l’ornière ? Pour Mme Françoise Férat, rapporteur pour avis (Union centriste - Marne) : "au fond, ce budget pour notre agriculture inquiète plus qu’il ne rassure compte tenu de ses incohérences."
Enfin, les rapporteurs pour avis regrettent le manque de solutions concrètes apportées par le Gouvernement pour répondre à la demande d’accompagnement des agriculteurs dans l’évolution de leur modèle de production. La réponse passera par des investissements significatifs en matière de recherche et d’innovation, par des incitations à acquérir des équipements permettant à court terme de réduire significativement l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ou encore dans l’engagement à ne laisser aucun agriculteur sans solution technique en cas d’évolution de la réglementation.
Finalement, "pour faire face à la détresse du monde agricole, une nouvelle fois exprimée dans la rue aujourd’hui, il importe de substituer à ce budget gestionnaire un budget visionnaire" a rappelé M. Laurent Duplomb, rapporteur pour avis (Les Républicains - Haute-Loire).
Pour Mme Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques (Les Républicains - Yvelines), "nous ne sortirons de la crise agricole en France et en Europe que par une vision claire et soutenue par un budget volontariste. La France dispose d’un atout considérable avec son agriculture. Un statu quo serait criminel."
Mathilde Dubourg
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