La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, présidée par M. Christian Cambon (LR - Val-de-Marne), a adopté mercredi 3 juillet un rapport sur la défense européenne de M. Ronan Le Gleut (LR - Français établis hors de France) et Mme Hélène Conway-Mouret (SOC - Français établis hors de France).
Ce rapport remet en cause quelques idées reçues. Contrairement au pessimisme souvent de mise sur ce sujet, la défense européenne avance. Certes non pas comme un grand dessein structuré, encore moins sous la forme d’une utopique "armée européenne", mais par des réalisations progressives et protéiformes.
Nous avons trop souvent une vision franco-française de la question, sans nous interroger sur la vision de nos partenaires. Mais que voudrait dire faire la défense européenne sans les Européens ? Il faut se préoccuper aussi de leur perception des enjeux et de nos propositions. C’est pourquoi les rapporteurs se sont rendus dans 7 pays européens, et ont mené de nombreuses auditions à Paris.
Les rapporteurs ont constaté que certains concepts traditionnels, comme la dissuasion, sont flous ou source d’incompréhensions de la part de nos partenaires. Il en va de même de notre rapport à l’OTAN. Notre volonté légitime d’autonomie stratégique européenne est souvent comprise à tort comme un souhait de nous éloigner des États-Unis, ce qui n’est pas le cas. Hors de France, personne ne conteste l’évidence : la défense de l’Europe est aujourd’hui encore assurée pour l’essentiel par l’OTAN, donc par les États-Unis. Assurer la défense de l’Europe sans les États-Unis coûterait 300 milliards d’euros aux Européens. Nos pays y sont-ils prêts ? C’est une réalité qu’il faut commencer par reconnaître, si l’on veut comprendre les positions de la plupart de nos partenaires européens et leur inquiétude vis-à-vis de certaines positions pouvant laisser penser à tort que la France souhaite un désengagement des États-Unis.
Mais l’Europe doit aussi être ferme : sa défense ne saurait s’acheter avec des contrats d’équipement. Le renforcement de la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) est vital.
Les rapporteurs concluent également que la défense européenne ne pourra se faire sans le Royaume-Uni, avec qui l’UE doit conclure dès que possible après le Brexit un traité de défense et de sécurité afin de l’associer de façon flexible aux dispositifs de l’UE.
Le rapport formule 12 propositions pour répondre au défi de l’autonomie stratégique, tout en tenant compte des positions de nos partenaires . Il s’agit de capitaliser sur ce qui marche, et d’aller ensemble plus loin.
Le Président Christian Cambon a conclu à l’issue de l’examen de ce rapport : "Il faut encourager toutes les coopérations - à l’image du partenariat CAMO(1)Communiqué de presse avec la Belgique - et les mutualisations - selon l’exemple de l’EATC(2)Communiqué de presse - car ce sont autant de briques contribuant progressivement à l’édifice d’une défense européenne, qui sera protéiforme ou ne sera pas".
(1) Capacité motorisée.
Communiqué de presse(2) European Air Transport Command.
Jean-Christian LABIALLE
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