Face aux menaces stratégiques, le Sénat juge indispensable de moderniser les trois composantes (océanique, aérienne, transmissions) de la dissuasion nucléaire française, suivant un principe de "stricte suffisance" qui permet d’adapter les moyens sans alimenter la course aux armements.
Dans un rapport publié le 28 juin, le Sénat estime que la modernisation des trois composantes - océanique, aérienne, transmissions - de la dissuasion nucléaire doit être menée à bien, pour maintenir la capacité de dissuasion de la France, dans un contexte géopolitique mondial plus incertain et plus conflictuel, où les risques de prolifération restent importants. À l’aube de développements technologiques sur la défense anti-missile et le déni d’accès, il en va de la crédibilité de la France et de sa capacité à protéger ses intérêts vitaux.
Le rapport du Sénat démontre que l’effort - financier, humain et technologique - que demandera cette modernisation est à la fois possible et nécessaire pour dissuader tout adversaire de s’en prendre à nos intérêts vitaux et conserver sur le plan international une liberté d’action. La modernisation devra être réalisée selon un principe de stricte suffisance qui permet d’adapter les moyens aux menaces, sans participer à une course aux armements.
"Les grands rendez-vous que nous avons identifiés se situent à l’horizon 2033/2035, avec la mise en service, à cette échéance, du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de 3e génération, du successeur des missiles balistiques (M-51.3) et de croisière (ASMPA), ainsi que la modernisation éventuelle de notre flotte d’avions porteurs. Les décisions d’investissement les plus significatives devront être prises dès la prochaine loi de programmation militaire, car la dissuasion se pense dans le temps long. Le chef des armées devra rapidement faire des choix cruciaux qui auront des conséquences pour la sécurité de la France tout au long du XXIe siècle", a indiqué M. Xavier Pintat (Les Républicains - Gironde).
M. Jeanny Lorgeoux (Socialiste et républicain - Loir-et-Cher) a ajouté : "L’importance de la modernisation de la dissuasion est triple : politique et stratégique, pour nous garantir contre un retour des États-puissance ; technologique, pour rester crédible avec les systèmes de défense anti-missile, de déni d’accès et la menace cyber ; capacitaire : la dissuasion permet à nos forces conventionnelles de se maintenir à un niveau d’excellence unique, que nous voulons pérenniser en conservant le caractère dual des forces nucléaires.".
Le rapport est disponible en ligne : http://www.senat.fr/notice-rapport/2016/r16-560-notice.html
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat est présidée par Jean-Pierre Raffarin (Les Républicains - Vienne). Elle a adopté, mardi 23 mai 2017, le rapport : « Modernisation de la dissuasion nucléaire » du groupe de travail co-présidé par Xavier Pintat (Les Républicains - Gironde) et Jeanny Lorgeoux (Socialiste et républicain - Loir-et-Cher), et composé également deAndré Trillard (LR - Loire-Atlantique),Pascal Allizard (LR - Calvados) et Claude Haut (Soc - Vaucluse).
Jean-Christian LABIALLE
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