Un rapport de la commission des affaires étrangères et de la défense analyse la stratégie de politique extérieure et de défense des États-Unis et ses conséquences pour la France, l’Union européenne et l’OTAN
Une décennie d’engagement militaire et la crise économique ont conduit à une vision renouvelée du rôle des États-Unis sur le plan international. Vision renouvelée mais loin d’être partagée. Celle d’un Président en proie aux critiques d’un Congrès polarisé comme jamais. Une vision encore un peu floue, qui se dessine à travers des déclarations, des documents et des actes, mais qui parfois doit composer avec la réalité brutale de l’actualité internationale au prix de nombreuses contradictions.
Dans un monde multipolaire qui se construit progressivement, les États-Unis redéfinissent leur place – une place compatible avec l’émergence d’autres puissances en devenir – et leur rôle : la « Nation indispensable » pour préserver la paix, prévenir les conflits et assurer la liberté de circulation, qui doit influer par sa diplomatie, nouer des alliances, prendre part à la construction d’un droit international, mais qui ne peut tout faire ; aux États concernés par les conflits et les crises d’assurer premièrement et pleinement leurs responsabilités. Les États-Unis continueront à intervenir dans le monde, mais de façon plus réaliste, moins idéologique, et à façonner le monde, mais par l’influence plus que par la force.
Enfin, le rééquilibrage des modes d’action se combine à une réorientation progressive vers l’Asie et le Pacifique, ce qui ne signifie pas qu’ils se désintéresseront des autres parties du monde, notamment de celles où ils sont engagés.
Confrontés à ces changements, les partenaires et alliés des États-Unis doivent se poser trois questions. Ce changement porté par le Président Obama et son équipe est-il pérenne ? Quelles conséquences faut-il en tirer pour ajuster diplomatie et outil militaire ? Comment faire évoluer, dans ce contexte, les alliances, qu’il s’agisse de l’Union européenne ou de l’OTAN ?
Dans leur rapport « États-Unis », les sénateurs Jean-Louis Carrère, président de la commission, Robert del Picchia, Josette Durrieu et Alain Gournac estiment que de nombreux facteurs indiquent que cette stratégie est inscrite dans le temps long même si l’on ne peut exclure un interventionnisme plus marqué. En conséquence, la France doit maintenir sa posture stratégique et son effort de défense. L’Union européenne doit se doter d’une politique étrangère et de défense beaucoup plus ambitieuse et d’une politique énergétique robuste pour sortir de la dépendance des hydrocarbures russes. Enfin, l’OTAN doit réinvestir le champ de la défense du territoire européen, ce qui suppose de la part de l’ensemble des partenaires européens un effort conséquent dans le partage des responsabilités et des charges.
Pour consulter le rapport sur le site du Sénat : http://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-708-notice.html
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