La société Presstalis, premier opérateur national de la distribution de la presse, connaît depuis de nombreuses années des difficultés financières récurrentes en raison, notamment, d’une organisation désormais inadaptée aux volumes distribués. Plusieurs plans de sauvegarde ont été successivement mis en œuvre pour sauver l’entreprise, sans résultat satisfaisant. Le dernier en date, pour la période 2012-2015, prévoit une diminution de moitié des effectifs et suscite la colère des syndicats de salariés. Dès lors, le dialogue social s’est mué en un conflit d’une rare violence, dont la commission de la culture observe avec inquiétude les conséquences sur les éditeurs et les marchands de presse. Le blocage de la situation a conduit le Gouvernement à nommer un médiateur.


Afin de mieux comprendre les raisons et enjeux du conflit et d’entendre la position des différents acteurs, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat a successivement auditionné mercredi 20 et jeudi 21 février, les représentants de l’Union nationale des distributeurs de presse (UNDP), du Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT) et du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN). La commission de la culture et, au premier chef, son rapporteur pour la presse M. David Assouline (Soc – Paris), ont toutefois vivement regretté l’absence des responsables de Presstalis, qui, après avoir exigé et obtenu le huis clos, ont finalement décliné son invitation.


Ces auditions ont mis en évidence l’attachement à un dispositif solidaire de distribution garant de la diversité des journaux disponibles, l’urgence d’une restructuration de Presstalis, mais aussi la nécessité de prendre en compte l’avenir des travailleurs de l’entreprise, afin de ne pas mettre en péril l’ensemble de la filière de la distribution de la presse. A plusieurs reprises ont également été évoquées les évolutions des modes de consommation et de distribution et l’importance, pour les pouvoirs publics, de les accompagner, notamment en y adaptant les aides à la presse. A cet égard, le portage à domicile semble constituer un dispositif intéressant, sans que soit pour autant oublié, à son profit, le réseau des marchands de journaux dans leur rôle de service au lecteur et d’animation des territoires. Enfin et à rebours d’une idée couramment exprimée, les acteurs auditionnés ont estimé que la presse numérique, loin de concurrencer le support papier, amenait à l’information un nouveau public, plus jeune et plus urbain. La vente au numéro, pour peu que la filière de distribution réussisse le pari de sa modernisation, a donc encore de beaux jours devant elle.

Juliette Elie-Blondel
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