Yann Gaillard (UMP, Aube), rapporteur spécial de la mission « Culture », au nom de la commission des finances, présidée par Philippe Marini (UMP, Oise), vient de rendre public son rapport d’information relatif à la Philharmonie de Paris.
Ce grand équipement fait partie des chantiers que le ministère de la culture a souhaité préserver, malgré l’arrêt ou le report de plusieurs autres, dans un contexte budgétaire très contraint. Ce projet n’en soulève pas moins un certain nombre d’interrogations. Son dimensionnement particulièrement ambitieux fait notamment débat : fallait-il voir si grand ? En effet, le futur équipement bénéficiera d’un luxe d’espaces annexes dont l’utilité reste à démontrer, compte tenu, en particulier, de la quasi-mitoyenneté de la Cité de la musique.
La conduite du projet s’est quant à elle avérée chaotique, se heurtant à des difficultés juridiques. Celles-ci ont été favorisées par le caractère atypique du projet, porté à parts égales par l’Etat et la Ville de Paris. La défaillance des tutelles a été sévèrement critiquée par un rapport d’inspection publié en décembre 2009. Même si des améliorations ont été apportées depuis lors, la capacité de l’Etat à développer une contre-expertise à la maîtrise d’ouvrage doit être renforcée.
Le projet ne fait pas non plus exception à la « loi » des grands chantiers culturels, et connaît une dérive de ses coûts et de son calendrier. Aujourd’hui, le retard accumulé est estimé à 24 mois, reportant l’ouverture de l’équipement au dernier trimestre 2014. S’agissant de l’inflation des coûts, alors que l’estimation initiale était de l’ordre de 170 millions d’euros, les dernières évaluations anticipent une facture globale finale de l’ordre de 386 millions d’euros. De surcroît, le financement du projet, assuré majoritairement par l’Etat et la Ville de Paris, prévoit une participation de la région Île-de-France, dont le niveau n’est pas encore définitivement arrêté.
Enfin, au-delà de la construction du nouvel auditorium, ce sont les enjeux associés à son ouverture qui interpellent. Dès à présent, il est nécessaire de préciser le statut sui generis du futur établissement, d’évaluer de manière fiable, à partir d’une étude de fréquentation approfondie, son budget prévisionnel de fonctionnement, et la clé de répartition des subventions publiques qui seront nécessaires. Surtout, ne faut-il pas craindre de voir ce type d’investissement se traduire par un effet d’éviction durable au détriment des autres moyens du ministère ? La commission des finances a exprimé ses vives inquiétudes à ce sujet.
Maria Pighini
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