Le Sénat vient d’adopter l’amendement de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées concernant le choix du drone Héron TP de transition.
Par cet amendement, adopté en commission aussi bien par les sénateurs de la majorité que de l’opposition sénatoriale par 33 voix contre 3, le Sénat a souhaité, dans l’intérêt général, dissocier le besoin opérationnel des forces des considérations de politique industrielle. Dans cette perspective, les Sénateurs ont souhaité, dans le court terme, privilégier la sécurité de nos troupes en leur donnant le meilleur matériel au meilleur prix, en l’occurrence le drone Reaper de General Atomics, tout en permettant, à moyen-terme, l’émergence d’une filière industrielle en réservant aux industriels français et européens une part plus importante de crédits qu’ils n’obtiendraient dans le montage industriel du gouvernement.
Le Sénat a ainsi limité à 209 millions d’euros d’autorisations d’engagement les crédits destinés à l’acquisition d’une capacité transitoire de drones MALE, jusqu’à l’arrivée du drone de troisième génération franco-britannique. Ce montant permettra l’acquisition sur étagères du drone américain Reaper. Les quatre vingt millions d’euros ainsi économisés bénéficieront directement aux industriels français et européens, dans le cadre de programmes d’études-amont, sans nécessiter l’acquisition de drones Héron TP de l’industriel israélien IAI, plus chers et moins performants que les drones américains.
Le ministre de la défense, M. Gérard Longuet, avait lui-même reconnu lors de son audition par la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat que le drone Héron TP était 30 % plus cher et 20 % moins performant que le Reaper.
On rappelle que l’industriel IAI avait déjà été choisi en 1997 pour son drone Hunter, francisé à l’époque par la société SAGEM, puis en 2002 pour son drone Héron1, francisé par la société EADS. Ces deux expériences n’ont malheureusement jamais permis l’émergence d’une filière nationale de drones MALE.
Sophie de Maistre
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