Quelle croissance à l'horizon 2030 ?
Présidée par M. Joël Bourdin (UMP, Eure), la délégation sénatoriale à la prospective a commandé à l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) un jeu de scénarios sur la croissance de l'économie française à l'horizon de 2030. Ces simulations ne sont pas des prévisions, mais des cheminements envisageables.
L'horizon 2030 n'est pas « noir », même avec une croissance potentielle de 2 %, mais la bonne santé de l'économie française est liée à deux enchaînements mis en évidence par les scénarios.
- Un objectif de maximisation de la croissance potentielle, que la crise récente pourrait avoir affectée dans des proportions non encore mesurées, doit être affirmé. L'enchaînement à rechercher est donc celui de politiques économiques propices à la croissance et de progrès structurels dans les domaines de la formation, de la recherche et de l'innovation.
- La confiance des agents économiques, manifestée par la baisse de l'épargne des ménages, et la hausse de l'investissement des entreprises, est nécessaire pour nourrir une croissance équilibrée. Elle ne sera au rendez-vous que si les partenaires de l'Union européenne cessent de mener des politiques économiques non coopératives. L'enchaînement est donc : politique économique européenne, confiance, croissance.
Si ces deux conditions de productivité et de confiance sont réunies, à l'horizon 2030 le chômage serait inférieur à 5 % et la dette publique sur le chemin d'un retour à 60 % du PIB. En revanche, si les ménages ne désépargnent pas ou peu et si les entreprises ne jugent pas profitable d'investir significativement, le chômage pourrait atteindre 10 % et la dette publique dépasser 130 % du PIB.
Le rapport de synthèse de M. Joël Bourdin a été adopté par la délégation lors de sa réunion du 24 février 2010. Ce rapport examine également les chemins à emprunter pour restaurer la soutenabilité budgétaire. Seul un scénario de croissance durablement faible conduirait à adopter une politique budgétaire nettement restrictive. Mais il serait dangereux de conformer les politiques économiques à des perspectives d'emblée pessimistes. Le risque serait en effet que ces politiques ne « cassent » la reprise et freinent à long terme la croissance potentielle. Il est donc préférable de donner toutes ses chances à la croissance quitte à adapter les choix budgétaires en fonction des performances économiques.
Les leçons de la crise devront toutefois être tirées. En particulier, les positions budgétaires devront être appréciées en fonction de la soutenabilité des régimes de croissance et il faudra mieux protéger les Etats contre les risques systémiques qu'impliquent des régimes de croissance déséquilibrés.
Rapport consultable : http://www.senat.fr/noticerap/2009/r09-335-notice.html
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