Pêche : le Sénat compte sur la combativité du Ministre
Lors de l'examen des 26 millions d'euros de crédits consacrés à la pêche dans le budget 2003, M. Alain Gérard, rapporteur pour avis au nom de la Commission des affaires économiques, a exprimé sa confiance à M. Hervé Gaymard, Ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, à l'heure où l'avenir de toute la filière pêche est en jeu.
Qualifiant le secteur de la pêche de « convalescent », il a estimé que ce secteur méritait des soins attentifs de la part du gouvernement. Il a rappelé les nombreux « grains » à travers lesquels étaient passés les pêcheurs (marée noire, tempête, hausse du prix du carburant), avant de souligner que l'horizon ne s'était pas dégagé pour autant, d'importants défis attendant les professionnels de la pêche. Il en a cité trois : résoudre les difficultés de recrutement en améliorant les conditions de travail mais aussi en ouvrant le marché du travail de la pêche, apporter une réponse sérieuse à l'exigence de qualité des consommateurs par un meilleur étiquetage et une plus grande sécurité sanitaire des produits de la mer, et enfin assurer la sécurité à bord en veillant à l'application du plan destiné à parer aux défaillances matérielles et aux erreurs humaines. Il a rappelé qu'une des clefs de la sécurité à bord était sans doute l'état du navire, comme l'avait expérimenté le Ministre lui-même lors de son embarquement sur Le Chimère au Guilvinec.
Or, a-t-il déploré, Bruxelles menace de supprimer, dès le 1er janvier prochain, toute aide publique à la construction et à la modernisation des navires de pêche... Abordant alors la préoccupation majeure que constitue la réforme de la politique commune de la pêche, M. Alain Gérard a expliqué que le projet présenté en mai dernier par le commissaire européen, M. Franz Fischler, avait malheureusement confirmé les craintes dont il avait fait part, l'an dernier, à la lecture du Livre vert de la Commission.
Sans remettre en cause le diagnostic de la commission ni la nécessité de trouver les moyens d'assurer le développement durable de la pêche, il a jugé pour autant inacceptable de sacrifier aussi brutalement 8.000 navires européens et 28.000 marins-pêcheurs sur l'autel du principe de précaution, alors même que la pêche minotière n'est pas inquiétée. Il a rappelé que plusieurs exemples de gestion locale réussie prouvaient que la ressource pouvait être gérée localement, de manière responsable, sans casse de bateaux. Se référant ensuite au projet alternatif proposé par le Sénat dans une résolution européenne, il s'est prononcé pour une politique commune de la pêche recentrée autour des TAC et des quotas, complétés par des mesures techniques, et pleinement appliquée grâce à des contrôles renforcés et équitables.
Il a souhaité que soient pris en compte la dimension sociale de la pêche et son rôle dans l'aménagement du territoire, refusant la suppression des aides à la flotte qui ne lui sont apparues ni facteur de surcapacité, ni facteur de surpêche, ni facteur de distorsion de concurrence.
Ayant obtenu du Ministre la confirmation de sa combativité jusqu'aux ultimes négociations, le Sénat, suivant la proposition du rapporteur pour avis, lui a marqué son soutien en adoptant le budget de la pêche pour 2003.