La révision à la baisse de la croissance : l'échec du gouvernement
Les prévisions présentées aujourd'hui par le gouvernement sont l'aveu de l'échec de ce dernier en matière de finances publiques. Tel est le point de vue de MM. Alain Lambert (UC - Orne), président de la commission des finances, et de Philippe Marini (R.P.R. - Oise), rapporteur général de la commission des finances.
Le gouvernement a en effet admis que la croissance en l'an 2002 serait vraisemblablement de l'ordre de 1,5 %, ce qui correspond à la prévision des organismes indépendants. On rappelle que la loi de finances pour 2002 a été construite sur l'hypothèse d'une croissance de 2,5 %.
Alain Lambert estime que l'importance de cette révision à la baisse est la conséquence d'une hypocrisie de plusieurs mois de la part du gouvernement, dénoncée dans le rapport général sur le projet de loi de finances pour 2002. En effet, au mois d'octobre de l'année 2001, la moyenne des prévisions de croissance des organismes indépendants était de seulement 1,8 %.
Le déficit public sera donc vraisemblablement de l'ordre de 2 points de PIB en 2002 au lieu de 1,4 % initialement prévus (le gouvernement prévoyant un déficit public de 1,8 ou 1,9 point de PIB). Il faut s'attendre, selon Alain Lambert, à une aggravation des déficits publics d'au moins cinquante milliards de francs en 2002 dans l'hypothèse où le gouvernement ne réduirait pas les dépenses.
Dans ces conditions, selon Alain Lambert, les prévisions transmises aux autorités communautaires, à la fin de l'année dernière, dans le cadre de la programmation pluriannuelle des finances publiques, semblent irréalistes. Cette programmation prévoit un retour à l'équilibre des comptes publics en 2004. Il est probable que ce retour n'interviendra pas avant l'année 2006, ainsi que le suggère un rapport présenté en novembre 2001 par Joël Bourdin (RI-Eure), au nom de la délégation du Sénat pour la planification. La commission des finances s'inquiète en conséquence du jugement du conseil des ministres «Éco-fin » des quinze pays de l'Union européenne qui aura lieu le 12 février.
Alain Lambert souligne que les problèmes actuels des finances publiques ne sont pas le résultat de la dégradation de la conjoncture économique, mais celui de l'irresponsabilité de la politique menée par le gouvernement depuis 1997 en matière de finances publiques. En effet, ainsi que la commission des finances le dénonce depuis cinq ans, le gouvernement a multiplié les dépenses au lieu de mener une politique de réduction du déficit structurel. La moindre dégradation de la conjoncture conduit donc immédiatement à un dérapage dangereux du déficit public.
Enfin, Alain Lambert relève l'échec du gouvernement, qui prétendait depuis 1997 être à l'origine de la croissance retrouvée et qui doit aujourd'hui avouer qu'il est incapable de la soutenir efficacement.