PREVISIONS MACROECONOMIQUES - EVOLUTION DU DEFICIT PUBLIC

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Au cours d’une conférence de presse tenue le 23 novembre 2000, M. Joël BOURDIN (RI, Eure), président de la Délégation du Sénat pour la planification, a présenté un rapport d’information sur les perspectives macroéconomiques à moyen terme (2000-2005).

 Ce rapport s’appuie notamment sur des travaux de projection réalisés pour le compte du Sénat par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), à l’aide du modèle e-mod.fr.

 D’après le sénateur, le déficit public en 2001 pourrait être supérieur à la prévision du Gouvernement. En effet, selon une simulation effectuée par l'OFCE et reposant sur des hypothèses volontairement moins optimistes que celles du Gouvernement, mais tout aussi plausibles (en termes de croissance, de sensibilité des recettes à la croissance et d’évolution des dépenses publiques), si la croissance était de 3 % en 2001, pour diminuer progressivement jusqu'à 2,5 % en 2005, le déficit public serait en 2001 de 1,4 % du PIB (au lieu de 1 % selon le projet de loi de finances pour 2001) et en 2003 de 1,1 % (au lieu de 0,3 % selon le programme pluriannuel de finances publiques transmis aux autorités communautaires). En 2005, le déficit serait de 0,7 %, ce qui est encore supérieur à celui prévu pour 2003 par le programme pluriannuel de finances publiques.

 En ce qui concerne le plan de baisse d’impôts annoncé par le Gouvernement, le sénateur est bien entendu favorable à une baisse durable des prélèvements obligatoires, en particulier si elle porte sur les cotisations sociales et l’impôt sur le revenu. Cependant, il estime que les diminutions d’impôts annoncées par le Gouvernement présentent deux inconvénients.

 Tout d’abord, elles ne sont pas gagées sur des réductions équivalentes de dépenses, et courent donc le risque de n’être pas durables, l’histoire ayant montré que les baisses d’impôts non gagées étaient annulées quand la conjoncture devenait moins favorable.

 Surtout, elles ne semblent pas adaptées à la conjoncture. En effet, selon une deuxième simulation effectuée par l’OFCE, ces baisses d’impôts susciteraient une augmentation du déficit public de 0,4 point de PIB dès l’année 2001, la dégradation totale en fin de période (2005) étant de 0,6 point de PIB. Le retour à l’équilibre des finances publiques en serait rendu d’autant plus difficile si un retournement conjoncturel devait se produire au cours des prochaines années.

 Ainsi, on peut se demander si la zone euro n’est pas en train de renouveler l’erreur de policy mix (c’est-à-dire de combinaison des politiques monétaire et budgétaire) de la fin des années 1980. En effet, celui-ci se déforme dans le sens d’une politique budgétaire plus expansionniste et d’une politique monétaire plus restrictive. Si cette évolution devait se confirmer, elle pourrait interrompre le rattrapage par la France du retard d’investissement qu’elle a accumulé de 1992 à 1998. La zone euro aurait d’autant plus de mal à bénéficier des technologies de l’information et de la communication, et, du fait du maintien de l’écart de croissance vis-à-vis des Etats-Unis, l’appréciation de l’euro serait rendue plus difficile.