Service des Commissions
Insertion et lutte contre les exclusions : dépôt d’une proposition de loi créant un revenu minimum d’activité (RMA)
Alain Lambert (UC, Orne) Président et Philippe Marini (RPR, Oise), rapporteur général de la commission des finances déposent une proposition de loi portant création du revenu minimum d’activité, ainsi qu’ils l’avaient annoncé dans une conférence de presse du 7 octobre 1999.
Il s’agit de promouvoir l’insertion, non par l’assistance, qui a fait preuve de son inefficacité -le nombre de titulaires du RMI ne cesse de progresser malgré la décrue du chômage- mais par l’activité, un vrai travail salarié.
Le RMA comporterait deux parts :
- la première, appelée aide dégressive, correspondrait au minimum social ou à l’allocation perçus jusqu’alors par le bénéficiaire ;
Elle serait versée par l’Etat, ou l’UNEDIC pour l’ASS, aux entreprises qui, à leur tour, l’utiliseraient pour rémunérer le nouvel embauché, ce dernier tirant ainsi l’ensemble de ses ressources de son employeur, au lieu de bénéficier d’un revenu d’assistance. Le versement à l’entreprise serait effectué de manière dégressive pendant trois ans. Le coût pour l’Etat ou l’UNEDIC n’en sera donc pas alourdi : au contraire, il ira en diminuant de manière graduelle. En outre, l’allocataire recevra ainsi la garantie que son revenu total ne diminuera pas suite à son retour sur le marché du travail.
- la seconde part, dénommée salaire négocié, correspondrait au salaire proprement-dit versé au nouvel embauché par l’entreprise ;
Son montant serait égal à la différence entre le montant total du RMA et l’aide dégressive mentionnée ci-dessus. Il serait donc appelé à progresser au fur et à mesure de la diminution de la première part. Il conviendrait d’exonérer de charges sociales le salaire négocié afin de s’inscrire dans une logique de diminution du coût du travail, qui a démontré son efficacité en termes de créations d’emplois.
L’ensemble, c’est-à-dire le RMA, serait ainsi versé au nouveau salarié par son employeur. Le montant du RMA ne pourrait être inférieur au SMIC, mais les négociations de branches pourront librement décider de l’établir à un niveau supérieur.
L’élément central du dispositif proposé consiste à donner aux entreprises un rôle actif dans sa mise en œuvre, la proposition de loi étant conçue comme un dispositif-cadre, et non comme un mécanisme centralisé et uniforme.
Le RMA prendrait la forme d’une convention tripartite entre l’entreprise, le bénéficiaire du dispositif, et l’Etat ou l’UNEDIC lorsqu’il s’agit de l’ASS.
- l’Etat ou l’UNEDIC, verserait l’aide dégressive ;
- l’entreprise reverserait à son nouveau salarié cette aide dégressive à laquelle elle ajouterait sa propre participation, le tout constituant la rémunération du nouvel embauché, dont le niveau ne pourrait être inférieur au SMIC ; surtout, une large place serait laissée à la négociation entre les partenaires sociaux, par exemple au niveau des branches : cette négociation permettra d’adapter le dispositif aux réalités de chaque secteur d’activités, mais aussi d’arrêter les modalités de son application à la situation familiale des personnes concernées ;
- enfin, le bénéficiaire, en sortant de la spirale de l’inactivité et de l’assistance, serait en mesure de former un projet professionnel mais aussi personnel et ne percevrait plus d’allocation directement de l’Etat ou de l’UNEDIC. Il toucherait de son employeur un vrai salaire pour un véritable emploi dans le secteur marchand.
Le RMA serait conçu comme devant profiter à tous : aux anciens bénéficiaires, qui verraient leurs revenus progresser et qui, surtout, sortiraient de l’exclusion grâce à l’emploi qu’ils retrouveraient ; à l’Etat et à l’UNEDIC, qui pourraient réorienter leurs dépenses d’indemnisation du chômage en les activant mais aussi en envisageant leur réduction graduelle ; aux entreprises, qui verraient baisser le coût du travail sur les bas salaires et, dès lors, devenir rentables certaines activités qui ne l’étaient pas nécessairement.
En définitive, c’est la société tout entière qui en retirerait un véritable profit, l’activité étant réhabilitée au détriment d’une assistance déresponsabilisante et n’offrant aucune perspective.