Service des commissions 

Intervention de M. Alain LAMBERT, rapporteur général,
à l’occasion de la deuxième lecture de l’article 36 du DDOEF
consacré à Air France
 

 M. Alain Lambert a jugé très préoccupants les événements qui agitent actuellement Air France.

 Il a regretté que le Gouvernement n’ait pas suivi le Sénat qui en première lecture avait supprimé l’article 36 au motif que le dispositif d’échange « salaires-actions » était, compte tenu de la volonté de maintenir Air France dans le secteur public, voué à l’échec. Il a ajouté que cette même volonté était de nature à compromettre l’intérêt financier de l’Etat au moment d’une éventuelle ouverture du capital de la compagnie.

 A ce propos, il s’est interrogé sur l’évaluation entreprise par la commission des finances de l’Assemblée nationale qui a chiffré la valeur d’Air France entre 10 et 15 milliards de francs. Ayant souligné que les atouts de la compagnie étaient considérables et qu’une telle fourchette attribuerait à Air France un PER -« price earning ratio »- particulièrement bas, il a jugé que l’évaluation mentionnée par l’Assemblée nationale, peu opportune au moment où l’Etat s’apprête à céder des titres de la compagnie, sous-estimait de beaucoup sa valeur.

 Il a cependant souligné l’effet de démotivation pour les salariés mais aussi pour les investisseurs de la prétention affichée par l’Etat de garder la propriété d’Air France.

 Il a jugé que cette prétention était tout particulièrement choquante alors que l’Etat s’avouait incapable d’accompagner financièrement le développement de la compagnie.

 Il a alors appelé le Gouvernement à admettre qu’il s’était formé une conception erronée de l’entreprise et à donner aux partenaires sociaux d’Air France les moyens d’un dialogue permettant de sortir d’une crise que la Nation qui a consacré 20 milliards de francs à la compagnie ne supporterait pas.

 Il a jugé que cela supposait d’entrer résolument dans un processus de privatisation, seule à même d’assurer l’autonomie indispensable de gestion de l’entreprise, de concilier les intérêts financiers de celle-ci et de la Nation et d’instaurer les conditions d’une vaste négociation au sein d’Air France.