Service de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
M. Félix Rohatyn évoque devant les Sénateurs les questions d'actualité transatlantique et les relations bilatérales franco-américaines.
La commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, élargie aux membres du groupe sénatorial d'amitié France-Etats-Unis, a procédé à l'audition de S. Exc. M. Félix G. Rohatyn, ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique en France, lors de sa réunion du mercredi 22 avril 1998.
Après avoir salué la mémoire de Mme Pamela Harriman, qui avait également été entendue par la commission, M. Xavier de Villepin, président, a remercié M. Félix Rohatyn de sa venue au Sénat en soulignant les liens particulièrement forts qui l'attachaient à notre pays et les principaux faits marquants de sa carrière dans le secteur financier, en particulier le redressement des finances de la ville de NewYork.
M. Félix Rohatyn, ambassadeur des Etats-Unis en France, a estimé que les relations transatlantiques se trouvaient actuellement à un moment très important en raison de l'immense changement que constituerait la réalisation de la monnaie unique européenne. Il a rappelé que les Etats-Unis s'étaient toujours montrés favorables à l'intégration politique et économique de l'Europe et souhaitaient désormais que l'euro rencontre un plein succès. Les Etats-Unis, a-t-il poursuivi, ont besoin d'une Europe forte et prospère, même s'il est naturel de se livrer à une compétition pour la conquête de marchés. Il a rappelé les intérêts communs qui unissaient l'Europe et les Etats-Unis et qui participaient à l'édification du monde de l'après-guerre froide. Il a cité en exemple la dernière crise irakienne, au cours de laquelle la force militaire américaine et la diplomatie française se sont conjuguées pour assurer le respect des résolutions des Nations unies.
Abordant les questions économiques, M. Félix Rohatyn a évalué à 1 000 milliards de dollars le montant des investissements directs des Etats-Unis en Europe ; 3,5 millions d'Européens travaillent pour des firmes américaines alors que 3 millions d'Américains sont employés par des firmes européennes. Les entreprises françaises, a-t-il précisé, ont pour leur part investi 100 milliards de dollars aux Etats-Unis où elles emploient 350 000 salariés. Il a souligné l'importance pour les Etats-Unis d'une croissance forte en France et en Europe, l'avènement de l'euro ne pouvant par ailleurs que renforcer le système monétaire international au bénéfice de tous.
L'ambassadeur des Etats-Unis a souhaité que s'instaure entre la France et les Etats-Unis un dialogue plus étroit en vue d'une meilleure compréhension des problèmes économiques. Il a évoqué la création, à cette fin, du forum d'affaires franco-américain composé de 25 chefs d'entreprises de chacun des deux pays. Il a également cité en exemple le récent accord franco-américain sur l'aviation civile qui devrait produire des effets très positifs pour le développement des compagnies aériennes des deux pays et qui renforcera le rôle de l'aéroport de Roissy en Europe.
Reconnaissant que certains aspects du système de protection sociale américain étaient souvent présentés en France comme la contrepartie négative des performances économiques, l'ambassadeur des Etats-Unis a souhaité apporter un certain nombre de précisions qui illustrent, à ses yeux, l'effort très important effectué par les pouvoirs publics américains dans le domaine social. Ainsi, les dépenses sociales sont-elles passées de 44 % en 1989 à 56 % en 1996 du total des dépenses du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral et les Etats fédérés consacrent 345 milliards de dollars aux programmes en faveur des nécessiteux, ce qui représente, en dollars constants, cinq fois plus qu'en 1968. Les programmes sociaux gouvernementaux contribuent à maintenir plus de 30 millions de personnes au-dessus du seuil de pauvreté.
M. Félix Rohatyn a alors indiqué que, pour les Etats-Unis, l'économie libérale ne pouvait s'accommoder d'un Etat faible. Evoquant la crise asiatique et les excès des marchés de capitaux lorsqu'ils ne sont pas régulés, il a considéré que le capitalisme moderne exigeait un pouvoir politique actif et intelligent.
En ce qui concerne l'évolution politique de l'Europe, M. Félix Rohatyn a salué le processus d'élargissement de l'Union européenne. Il a estimé que ce processus renforcerait la stabilité et la prospérité de l'Europe, mais il a souhaité qu'il ne s'accompagne d'aucune barrière tarifaire nouvelle. Il a déclaré à ce propos que les Etats-Unis avaient été quelque peu déconcertés par les premières réactions suscitées en France par le projet d'accord pour un nouveau marché transatlantique. Tout en comprenant les réticences relatives à l'exception culturelle, il a estimé que cette initiative méritait d'être discutée et que la France pourrait en tirer de grands bénéfices.
Il a ensuite souligné la forte implication des Etats-Unis dans l'évolution en cours de l'Alliance atlantique, qu'il s'agisse de son élargissement ou de son adaptation au nouveau contexte stratégique. Il a reconnu les divergences apparues, au sujet de certains aspects de la structure de l'Alliance entre la France et les Etats-Unis, en espérant toutefois que la France pourrait à l'avenir rejoindre l'organisation intégrée de manière pleine et entière. Il a considéré que la restructuration des industries de défense pourait constituer un domaine privilégié de coopération transatlantique : sur ce plan, l'Europe ne fait qu'entamer un processus déjà pratiquement réalisé aux Etats-Unis. Il a estimé que, sans attendre d'avoir achevé une telle restructuration, les industries européennes auraient intérêt à engager, dès à présent, des coopérations avec les industries américaines.
L'ambassadeur des Etats-Unis a enfin évoqué les relations bilatérales franco-américaines, très étroites et très anciennes. Il a admis que, malgré une communauté d'idéaux, fondée depuis deux siècles sur la défense des libertés et des droits de l'homme, les relations de travail entre nos deux pays étaient souvent compliquées et parfois tendues. Il a notamment évoqué les conséquences de la concurrence commerciale et financière mais aussi certaines divergences sur l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Iran ou de l'Irak. Il a souhaité que les problèmes potentiels entre nos deux pays soient identifiés le plus en amont possible afin d'aplanir toute divergence éventuelle. Il a souligné la responsabilité conjointe, qui était souvent celle de la France et des Etats-Unis, pour le règlement de crises régionales, que ce soit dans le Golfe Persique, en Europe du Sud-Est ou en Afrique.
L'ambassadeur des Etats-unis a conclu en se félicitant de l'optimisme croissant qu'inspire aujourd'hui la santé de l'économie française et le renforcement de la compétitivité de ses entreprises, facteurs qui ne peuvent qu'être favorables à la qualité des relations entre les Etats-Unis et leur plus ancien allié.
S. Exc. M. Félix G. Rohatyn, ambassadeur des Etats-Unis, a ensuite répondu aux questions des commissaires.
M. Paul Girod, président du groupe d'amitié France-Etats-Unis, a rendu hommage à l'action de M. Félix Rohatyn en faveur d'un dialogue interparlementaire nourri entre les assemblées françaises et le Congrès américain. Il a ensuite interrogé l'ambassadeur sur les conséquences de la crise financière en Asie du Sud-Est, en particulier sur le système de protection sociale aux Etats-Unis.
M. Félix Rohatyn a souligné l'importance que revêtaient pour lui des contacts, aussi fréquents et denses que possible, entre parlementaires des deux pays et indiqué, qu'en tant qu'ambassadeur, il s'efforcerait d'intensifier les occasions de telles rencontres. M. Félix Rohatyn a par ailleurs indiqué qu'il ne voyait pas de corrélation directe entre les développements éventuels de la crise asiatique et le financement de la protection sociale aux Etats-Unis. Toutefois, il a reconnu que cette crise, en risquant d'affecter le niveau de la croissance économique mondiale, pourrait avoir une incidence négative sur le rythme de diminution du chômage. Il a précisé que le financement de la protection sociale aux Etats-Unis provenait d'un budget fédéral devenu excédentaire, grâce à la croissance économique de ces dernières années. Au demeurant, a rappelé l'ambassadeur, c'est la discipline budgétaire qui permettait de financer la croissance et de dégager les investissements nécessaires, notamment au profit des industries de pointe.
En réponse à M. Jacques Habert, l'ambassadeur a indiqué qu'une concurrence commerciale saine reposait sur l'observation, par tous, des mêmes règles du jeu. Dans cet esprit, il a souligné l'importance que revêtait la récente convention, négociée au sein de l'OCDE, contre la corruption, qui permettrait d'éliminer des pratiques malsaines. M. Félix Rohatyn a par ailleurs indiqué au sénateur que l'objectif du forum franco-américain des affaires, réunissant des responsables d'entreprises des deux pays, était de permettre une meilleure compréhension mutuelle et d'identifier par avance les problèmes qui pourraient apparaître à l'avenir. Ainsi, a-t-il évoqué la nécessité pour l'Europe et les Etats-Unis d'harmoniser leurs conceptions respectives en matière de législation anti-trusts.
M. Félix Rohatyn a alors souligné, à l'intention de Mme Danielle Bidard-Reydet, que la situation au Proche-Orient constituait pour les Etats-Unis une priorité diplomatique très forte. Le soutien à la mise en oeuvre des accords d'Oslo et à la formule "paix contre territoires" constituait la base de la politique américaine dans la région. Mme Madeleine Albright, secrétaire d'Etat, et M. Denis Ross, émissaire du président Clinton, consentaient des efforts très importants et permanents pour faire avancer ce dossier de façon positive. La coopération entre Mme Albright et M. Hubert Védrine était constante sur ce dossier, et l'aide apportée par la France concernant le problème libanais était déterminante. Des réunions se tiendraient prochainement à Londres entre Mme Albright et M. Netanyahou d'une part, et M. Arafat d'autre part. M. Félix Rohatyn a ensuite précisé à Mme Danielle Bidard-Reydet que le voyage du président Clinton en Afrique avait permis de sensibiliser le Congrès des Etats-Unis à la nécessité d'une aide plus importante à ce continent ; par ailleurs, il convenait de se féliciter de l'étroite coopération entre le président Chirac et le président Clinton à l'occasion de ce déplacement du président américain.
M. Félix Rohatyn a ensuite souligné, en réponse à une question de M. Michel Barnier, que les Etats-Unis souhaitaient le succès de l'euro. Dans la mesure où cette monnaie unique permettrait à l'Europe de consolider sa croissance et de réduire le chômage, elle servait les intérêts de tous. De même, en devenant une monnaie de réserve crédible, l'euro constituerait une base de stabilité pour le système monétaire international. M. Félix Rohatyn a également indiqué à M. Michel Barnier l'importance, pour la diplomatie américaine, qu'une solution soit trouvée à l'actuelle situation prévalant à Chypre ; des négociations devaient s'engager entre toutes les parties sur la base d'un projet américain et européen ; il a souligné, dans ce contexte, le rôle positif joué par la France pour ne pas laisser la Turquie à l'écart de l'Union européenne.
En réponse à M. André Dulait, l'ambassadeur des Etats-Unis a indiqué que l'accord du Congrès pour le versement, par les Etats-Unis, des 900 millions de dollars d'arriérés à l'égard de l'Organisation des Nations unies n'avait pu, jusqu'à présent, être finalisé, et que les négociations étaient en cours sur ce sujet entre l'Administration et les parlementaires américains.
A l'intention de M. Xavier de Villepin, président, qui s'interrogeait, au-delà des modalités contestables de cette initiative, sur le caractère prématuré d'un éventuel accord de libre-échange transatlantique, M. Félix Rohatyn a rappelé que l'initiative d'un tel accord était européenne. Il a souligné que la plupart des pays membres de l'Union européenne avaient manifesté un accord de principe pour engager des négociations en vue d'un tel traité. Sans méconnaître l'importance que revêtaient les questions culturelles ou agricoles, l'ambassadeur des Etats-Unis en France a estimé qu'un tel thème pouvait utilement faire l'objet de discussions et de débats. Evoquant ensuite, en réponse à M. Xavier de Villepin, président, les conséquences de la crise asiatique, caractérisée par un endettement privé très important, M. Félix Rohatyn a relevé l'intérêt d'établir, à l'avenir, un mécanisme de contrôle international des systèmes bancaires, afin d'éviter les errements qui ont pu être à l'origine de l'actuelle crise financière.
Après avoir salué la mémoire de Mme Pamela Harriman, qui avait également été entendue par la commission, M. Xavier de Villepin, président, a remercié M. Félix Rohatyn de sa venue au Sénat en soulignant les liens particulièrement forts qui l'attachaient à notre pays et les principaux faits marquants de sa carrière dans le secteur financier, en particulier le redressement des finances de la ville de NewYork.
M. Félix Rohatyn, ambassadeur des Etats-Unis en France, a estimé que les relations transatlantiques se trouvaient actuellement à un moment très important en raison de l'immense changement que constituerait la réalisation de la monnaie unique européenne. Il a rappelé que les Etats-Unis s'étaient toujours montrés favorables à l'intégration politique et économique de l'Europe et souhaitaient désormais que l'euro rencontre un plein succès. Les Etats-Unis, a-t-il poursuivi, ont besoin d'une Europe forte et prospère, même s'il est naturel de se livrer à une compétition pour la conquête de marchés. Il a rappelé les intérêts communs qui unissaient l'Europe et les Etats-Unis et qui participaient à l'édification du monde de l'après-guerre froide. Il a cité en exemple la dernière crise irakienne, au cours de laquelle la force militaire américaine et la diplomatie française se sont conjuguées pour assurer le respect des résolutions des Nations unies.
Abordant les questions économiques, M. Félix Rohatyn a évalué à 1 000 milliards de dollars le montant des investissements directs des Etats-Unis en Europe ; 3,5 millions d'Européens travaillent pour des firmes américaines alors que 3 millions d'Américains sont employés par des firmes européennes. Les entreprises françaises, a-t-il précisé, ont pour leur part investi 100 milliards de dollars aux Etats-Unis où elles emploient 350 000 salariés. Il a souligné l'importance pour les Etats-Unis d'une croissance forte en France et en Europe, l'avènement de l'euro ne pouvant par ailleurs que renforcer le système monétaire international au bénéfice de tous.
L'ambassadeur des Etats-Unis a souhaité que s'instaure entre la France et les Etats-Unis un dialogue plus étroit en vue d'une meilleure compréhension des problèmes économiques. Il a évoqué la création, à cette fin, du forum d'affaires franco-américain composé de 25 chefs d'entreprises de chacun des deux pays. Il a également cité en exemple le récent accord franco-américain sur l'aviation civile qui devrait produire des effets très positifs pour le développement des compagnies aériennes des deux pays et qui renforcera le rôle de l'aéroport de Roissy en Europe.
Reconnaissant que certains aspects du système de protection sociale américain étaient souvent présentés en France comme la contrepartie négative des performances économiques, l'ambassadeur des Etats-Unis a souhaité apporter un certain nombre de précisions qui illustrent, à ses yeux, l'effort très important effectué par les pouvoirs publics américains dans le domaine social. Ainsi, les dépenses sociales sont-elles passées de 44 % en 1989 à 56 % en 1996 du total des dépenses du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral et les Etats fédérés consacrent 345 milliards de dollars aux programmes en faveur des nécessiteux, ce qui représente, en dollars constants, cinq fois plus qu'en 1968. Les programmes sociaux gouvernementaux contribuent à maintenir plus de 30 millions de personnes au-dessus du seuil de pauvreté.
M. Félix Rohatyn a alors indiqué que, pour les Etats-Unis, l'économie libérale ne pouvait s'accommoder d'un Etat faible. Evoquant la crise asiatique et les excès des marchés de capitaux lorsqu'ils ne sont pas régulés, il a considéré que le capitalisme moderne exigeait un pouvoir politique actif et intelligent.
En ce qui concerne l'évolution politique de l'Europe, M. Félix Rohatyn a salué le processus d'élargissement de l'Union européenne. Il a estimé que ce processus renforcerait la stabilité et la prospérité de l'Europe, mais il a souhaité qu'il ne s'accompagne d'aucune barrière tarifaire nouvelle. Il a déclaré à ce propos que les Etats-Unis avaient été quelque peu déconcertés par les premières réactions suscitées en France par le projet d'accord pour un nouveau marché transatlantique. Tout en comprenant les réticences relatives à l'exception culturelle, il a estimé que cette initiative méritait d'être discutée et que la France pourrait en tirer de grands bénéfices.
Il a ensuite souligné la forte implication des Etats-Unis dans l'évolution en cours de l'Alliance atlantique, qu'il s'agisse de son élargissement ou de son adaptation au nouveau contexte stratégique. Il a reconnu les divergences apparues, au sujet de certains aspects de la structure de l'Alliance entre la France et les Etats-Unis, en espérant toutefois que la France pourrait à l'avenir rejoindre l'organisation intégrée de manière pleine et entière. Il a considéré que la restructuration des industries de défense pourait constituer un domaine privilégié de coopération transatlantique : sur ce plan, l'Europe ne fait qu'entamer un processus déjà pratiquement réalisé aux Etats-Unis. Il a estimé que, sans attendre d'avoir achevé une telle restructuration, les industries européennes auraient intérêt à engager, dès à présent, des coopérations avec les industries américaines.
L'ambassadeur des Etats-Unis a enfin évoqué les relations bilatérales franco-américaines, très étroites et très anciennes. Il a admis que, malgré une communauté d'idéaux, fondée depuis deux siècles sur la défense des libertés et des droits de l'homme, les relations de travail entre nos deux pays étaient souvent compliquées et parfois tendues. Il a notamment évoqué les conséquences de la concurrence commerciale et financière mais aussi certaines divergences sur l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Iran ou de l'Irak. Il a souhaité que les problèmes potentiels entre nos deux pays soient identifiés le plus en amont possible afin d'aplanir toute divergence éventuelle. Il a souligné la responsabilité conjointe, qui était souvent celle de la France et des Etats-Unis, pour le règlement de crises régionales, que ce soit dans le Golfe Persique, en Europe du Sud-Est ou en Afrique.
L'ambassadeur des Etats-unis a conclu en se félicitant de l'optimisme croissant qu'inspire aujourd'hui la santé de l'économie française et le renforcement de la compétitivité de ses entreprises, facteurs qui ne peuvent qu'être favorables à la qualité des relations entre les Etats-Unis et leur plus ancien allié.
S. Exc. M. Félix G. Rohatyn, ambassadeur des Etats-Unis, a ensuite répondu aux questions des commissaires.
M. Paul Girod, président du groupe d'amitié France-Etats-Unis, a rendu hommage à l'action de M. Félix Rohatyn en faveur d'un dialogue interparlementaire nourri entre les assemblées françaises et le Congrès américain. Il a ensuite interrogé l'ambassadeur sur les conséquences de la crise financière en Asie du Sud-Est, en particulier sur le système de protection sociale aux Etats-Unis.
M. Félix Rohatyn a souligné l'importance que revêtaient pour lui des contacts, aussi fréquents et denses que possible, entre parlementaires des deux pays et indiqué, qu'en tant qu'ambassadeur, il s'efforcerait d'intensifier les occasions de telles rencontres. M. Félix Rohatyn a par ailleurs indiqué qu'il ne voyait pas de corrélation directe entre les développements éventuels de la crise asiatique et le financement de la protection sociale aux Etats-Unis. Toutefois, il a reconnu que cette crise, en risquant d'affecter le niveau de la croissance économique mondiale, pourrait avoir une incidence négative sur le rythme de diminution du chômage. Il a précisé que le financement de la protection sociale aux Etats-Unis provenait d'un budget fédéral devenu excédentaire, grâce à la croissance économique de ces dernières années. Au demeurant, a rappelé l'ambassadeur, c'est la discipline budgétaire qui permettait de financer la croissance et de dégager les investissements nécessaires, notamment au profit des industries de pointe.
En réponse à M. Jacques Habert, l'ambassadeur a indiqué qu'une concurrence commerciale saine reposait sur l'observation, par tous, des mêmes règles du jeu. Dans cet esprit, il a souligné l'importance que revêtait la récente convention, négociée au sein de l'OCDE, contre la corruption, qui permettrait d'éliminer des pratiques malsaines. M. Félix Rohatyn a par ailleurs indiqué au sénateur que l'objectif du forum franco-américain des affaires, réunissant des responsables d'entreprises des deux pays, était de permettre une meilleure compréhension mutuelle et d'identifier par avance les problèmes qui pourraient apparaître à l'avenir. Ainsi, a-t-il évoqué la nécessité pour l'Europe et les Etats-Unis d'harmoniser leurs conceptions respectives en matière de législation anti-trusts.
M. Félix Rohatyn a alors souligné, à l'intention de Mme Danielle Bidard-Reydet, que la situation au Proche-Orient constituait pour les Etats-Unis une priorité diplomatique très forte. Le soutien à la mise en oeuvre des accords d'Oslo et à la formule "paix contre territoires" constituait la base de la politique américaine dans la région. Mme Madeleine Albright, secrétaire d'Etat, et M. Denis Ross, émissaire du président Clinton, consentaient des efforts très importants et permanents pour faire avancer ce dossier de façon positive. La coopération entre Mme Albright et M. Hubert Védrine était constante sur ce dossier, et l'aide apportée par la France concernant le problème libanais était déterminante. Des réunions se tiendraient prochainement à Londres entre Mme Albright et M. Netanyahou d'une part, et M. Arafat d'autre part. M. Félix Rohatyn a ensuite précisé à Mme Danielle Bidard-Reydet que le voyage du président Clinton en Afrique avait permis de sensibiliser le Congrès des Etats-Unis à la nécessité d'une aide plus importante à ce continent ; par ailleurs, il convenait de se féliciter de l'étroite coopération entre le président Chirac et le président Clinton à l'occasion de ce déplacement du président américain.
M. Félix Rohatyn a ensuite souligné, en réponse à une question de M. Michel Barnier, que les Etats-Unis souhaitaient le succès de l'euro. Dans la mesure où cette monnaie unique permettrait à l'Europe de consolider sa croissance et de réduire le chômage, elle servait les intérêts de tous. De même, en devenant une monnaie de réserve crédible, l'euro constituerait une base de stabilité pour le système monétaire international. M. Félix Rohatyn a également indiqué à M. Michel Barnier l'importance, pour la diplomatie américaine, qu'une solution soit trouvée à l'actuelle situation prévalant à Chypre ; des négociations devaient s'engager entre toutes les parties sur la base d'un projet américain et européen ; il a souligné, dans ce contexte, le rôle positif joué par la France pour ne pas laisser la Turquie à l'écart de l'Union européenne.
En réponse à M. André Dulait, l'ambassadeur des Etats-Unis a indiqué que l'accord du Congrès pour le versement, par les Etats-Unis, des 900 millions de dollars d'arriérés à l'égard de l'Organisation des Nations unies n'avait pu, jusqu'à présent, être finalisé, et que les négociations étaient en cours sur ce sujet entre l'Administration et les parlementaires américains.
A l'intention de M. Xavier de Villepin, président, qui s'interrogeait, au-delà des modalités contestables de cette initiative, sur le caractère prématuré d'un éventuel accord de libre-échange transatlantique, M. Félix Rohatyn a rappelé que l'initiative d'un tel accord était européenne. Il a souligné que la plupart des pays membres de l'Union européenne avaient manifesté un accord de principe pour engager des négociations en vue d'un tel traité. Sans méconnaître l'importance que revêtaient les questions culturelles ou agricoles, l'ambassadeur des Etats-Unis en France a estimé qu'un tel thème pouvait utilement faire l'objet de discussions et de débats. Evoquant ensuite, en réponse à M. Xavier de Villepin, président, les conséquences de la crise asiatique, caractérisée par un endettement privé très important, M. Félix Rohatyn a relevé l'intérêt d'établir, à l'avenir, un mécanisme de contrôle international des systèmes bancaires, afin d'éviter les errements qui ont pu être à l'origine de l'actuelle crise financière.
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