Eloge funèbre de Christian BOURQUIN,
Sénateur des Pyrénées-Orientales,
le mardi 28 octobre 2014 à 16 heures 15, en séance publique
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec beaucoup de tristesse et une grande émotion que nous avons appris, le 26 août dernier, la disparition de notre collègue Christian Bourquin qui représentait dans notre assemblée, aux côtés de François Calvet, le département des Pyrénées-Orientales.
Il s’est éteint trop vite, avant même d’avoir pu fêter son soixantième anniversaire, à l’hôpital Saint Eloi de Montpellier où il avait été admis deux jours auparavant.
La maladie à laquelle il faisait face avec courage n’a jamais réussi à altérer la lucidité, l’enthousiasme et le dynamisme de Christian Bourquin, qui ont jusqu’au bout suscité l’admiration et qui ont marqué son action tout au long de sa vie.
Les obsèques de Christian Bourquin ont été célébrées le 29 août dans sa commune de Millas, dont il avait été le premier magistrat, en présence du Premier ministre, du Président du Sénat et de plusieurs de nos collègues.
Cet adieu en terre catalane, à laquelle il était viscéralement attaché, devait trouver aujourd’hui son écho dans notre hémicycle du Sénat, en présence de sa famille rassemblée dans nos tribunes.
Au nom de l’ensemble des Sénatrices et des Sénateurs de la République, je souhaite à mon tour rendre solennellement hommage au parlementaire respecté, à l’élu local passionné et à l’homme chaleureux et de convictions que nous avons perdu et qui a consacré toute sa vie à l’intérêt général, au service des autres et à l’amélioration de la vie de ses concitoyens.
Quatrième enfant d’une famille d’agriculteurs catalans, Christian Bourquin était né le 7 octobre 1954 dans la maison familiale de Saint-Féliu-d’Amont.
Après des études primaires et secondaires dans les Pyrénées-Orientales, au collège d’Ille-sur-Têt puis au lycée de Prades, Christian avait été admis en 1973 à l’ « École nationale supérieure des arts et industries » de Strasbourg d’où il sortit, quatre ans plus tard, diplômé ingénieur en topographie.
C’est à ce titre qu’il entra, dès 23 ans, à la mairie de Montpellier en qualité d’ingénieur territorial. Il est rapidement remarqué par le nouveau maire de la ville et participe alors, durant près de treize années, à la spectaculaire transformation de la ville de Montpellier aux côtés de Georges Frêche.
Adepte des randonnées pédestres qui le menaient souvent au sommet du Canigou, il décide néanmoins, en décembre 1989, de revenir dans son cher département des Pyrénées-Orientales pour diriger le bureau local de l’OPAC (Office public de l'habitat, d'aménagement et de construction) en lien avec la ville de Montpellier.
Il manifeste là encore, dans ces nouvelles fonctions, son enthousiasme et son efficacité afin de revaloriser le logement social et de transformer l’image de ce dernier par de nouveaux concepts. En moins de quatre années, il accompagne ainsi la construction de centaines de logements en pays catalan.
Professionnel chevronné, Christian Bourquin était aussi, nous le savons, un militant passionné aux fortes convictions politiques.
Après avoir adhéré en 1975 au parti socialiste, il prend, en juin 1992, la direction de la fédération socialiste des Pyrénées-Orientales. Dès l’année suivante, il parvient au second tour des élections législatives dans la troisième circonscription des Pyrénées-Orientales.
Christian Bourquin entame alors un riche parcours politique, qui le conduira à occuper successivement presque tous les mandats, municipaux, départementaux, régionaux et nationaux.
Élu en 1994 conseiller général du canton de Millas, il devient l’année suivante maire de la ville. Deux ans plus tard, il est élu député des Pyrénées-Orientales.
En moins de cinq ans, Christian Bourquin est ainsi devenu conseiller général, maire et député !
En mars 1998, il accède à la présidence du Conseil général qu’il dirigera jusqu’en novembre 2010, après avoir été réélu et reconduit dans ses fonctions en 2001, en 2004, puis en 2008.
Il se bat inlassablement pour l’emploi, pour le développement durable ou encore pour la défense de l’agriculture. Mais aussi pour permettre au département des Pyrénées-Orientales de progresser dans des domaines aussi variés que les nouvelles technologies, la solidarité ou la culture.
Malgré son attachement aux Pyrénées-Orientales, de nouveaux projets conduisirent alors Christian Bourquin à élargir son horizon à la région Languedoc-Roussillon dans son ensemble. Devenu en 2004 premier Vice-président du conseil régional en charge des finances, il est ainsi en mesure de donner une nouvelle dimension au pays catalan, si cher à son cœur.
C’est le 10 novembre 2010, après le décès de Georges Frêche, que Christian Bourquin lui succède à la présidence de la région Languedoc-Roussillon. Il s’y consacrera durant quatre années avec la passion et l’engagement total qui le caractérisaient.
En tant que président de région, Christian Bourquin a porté de nombreux projets, qu’il s’agisse du T.E.R. à un euro, de la gratuité des ordinateurs pour les lycéens, de la création d’un « Parlement de la mer », du vaste projet de développement du port de Port-la-Nouvelle, ou encore de son combat en faveur de la ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan.
Il a aussi défendu avec détermination la création du Mémorial de Rivesaltes, pour rendre hommage aux réfugiés républicains espagnols, aux juifs puis aux harkis qui y furent tour à tour internés ou regroupés. Ce Mémorial verra bien le jour et sera inauguré en 2015.
Notre collègue aimait profondément ses concitoyens. Il aimait parcourir inlassablement le territoire de sa région pour y rencontrer des professionnels et des habitants de toutes conditions.
Il déclarait il y a encore quelques mois : « c’est dans le contact avec les gens que je me régale et que j’apprends », « être élu, être au service du peuple, c’est ma seule activité. Je donne ma vie à la politique, j’y passe 15 heures par jour et je m’y sens à l’aise ».
En 2011, Christian Bourquin a été élu, dès le premier tour, Sénateur des Pyrénées-Orientales. Durant trois ans, il a été un Sénateur dynamique et respecté.
Membre du groupe du Rassemblement démocratique, social et européen, il participera activement aux travaux de la commission des Finances et de la délégation aux droits des femmes, tout en assurant la présidence du groupe interparlementaire d’amitié France-Portugal.
Il apporta une contribution majeure à l’élaboration du rapport d’information sur « l’agro-alimentaire français face au défi de l’exportation », rédigé en 2013 avec nos collègues – ou anciens collègues – Yannick Botrel, Joël Bourdin et André Ferrand.
Après avoir rencontré de très nombreux entrepreneurs ou opérateurs de ce domaine, y compris dans la région Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin et nos collègues formulèrent ainsi de nombreuses recommandations afin de permettre à l’agriculture française de se tourner davantage vers l’exportation.
Et bien sûr, Christian Bourquin a pris une part active à nos débats sur l’organisation territoriale et a fait valoir ses convictions, qu’il s’agisse du cumul des mandats, du mode de scrutin pour les élections départementales et, tout au long de ces derniers mois, de la nouvelle carte des régions.
Mes chers collègues, la personnalité exceptionnelle de Christian Bourquin et l’action remarquable qu’il a conduite durant sa vie publique justifient que lui soit rendu aujourd’hui, dans cet hémicycle, un hommage ému.
Il a, tout au long de son parcours de militant, d’élu local et régional et de parlementaire, consacré toute son énergie et l’essentiel de son existence au service de ses concitoyens.
Christian Bourquin était une personnalité attachante, une figure locale hors du commun et un collègue chaleureux et estimé. Il restera présent dans nos mémoires, ici, au Palais du Luxembourg.
A ses collègues du groupe du RDSE, éprouvé par la disparition de l’un de ses membres – et en particulier à Madame Hermeline Malherbe qui a la lourde charge de lui succéder –, j’adresse les très sincères condoléances de notre assemblée réunie.
Aux membres de la commission des Finances, qui perdent l’un des leurs, j’exprime notre sympathie attristée.
À tous les membres de la famille de Christian Bourquin ici réunis, à ses enfants, Jordi et Sophie, et à tous ses proches, je renouvelle les condoléances émues de l’ensemble des Sénatrices et des Sénateurs et j’exprime la part personnelle que je prends à leur peine.