État civil :
Né le 4 octobre 1771
Décédé le 4 juillet 1848
Pairs de France

Pair de France

    Refuse de prêter serment à Louis-Philippe, en conséquence il ne fait plus partie de la Chambre des pairs (loi du 31 août 1830).

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

CHATEAUBRIAND (FRANÇOIS-RENÉ, VICOMTE DE), pair de France et ministre, né à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le 4 septembre 1768, mort à Paris, le 4 juillet 1848, descendait d'une vieille famille bretonne, dont l'origine prouvée remonte à la fin du Xe siècle, et était le dernier des dix enfants (quatre moururent en bas-âge) d'Auguste de Châteaubriand, seigneur de Combourg, et de Jeanne-Suzanne de Bédée. On l'envoya d'abord au collège de Dol, puis à celui de Rennes; ses parents le destinaient à la marine, mais il demanda à entrer dans les ordres, et fut placé au collège de Dinan. Une passion malheureuse, dont on trouve les traces dans René, le détourna de l'état ecclésiastique, et il voulut partir pour le Canada. On obtint pour lui un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre (1786). Il perdit son Père cette même année: on 1788, sa mère sollicita son entrée dans l'ordre de Malte; mais Chateaubriand rêvait déjà la gloire littéraire. Les débuts de la Révolution ne l'en détournèrent pas; en 1790, son principal souci était d'avoir la protection de Delille de Sales pour faire insérer une idylle dans l'Almanach des Muses. Mais le temps des idylles était passé: au printemps de 1791, il s'embarqua pour l'Amérique, avec l'idée de découvrir le passage du nord-ouest par la mer polaire. Il visita les Etats-Unis, fut reçu par Washington, près de qui le marquis de la Rouairie lui avait donné des lettres de recommandation, et porta ses pas jusque chez les tribus indiennes; un journal lui ayant appris l'arrestation du roi à Varennes, il revint en France (janvier 1792), où il épousa Mlle Céleste de La Vigne-Buisson, petite-fille d'un ancien gouverneur des Indes françaises à Pondichéry. Le 15 juillet suivant, il abandonnait sa femme pour émigrer avec son frère, et s'engageait dans les rangs des émigrés chargés d'assiéger Thionville. Grièvement blessé et malade, il dut mendier à Bruxelles, où on l'avait abandonné; des secours qu'il reçut de son frère lui permirent de gagner Jersey, puis Londres (1793), où il vécut pauvrement, faisant des traductions pour les libraires. En 1797, il publia sans succès son Essai sur les Révolutions. La mort misérable de sa mère et de sa soeur, qui avaient été emprisonnées sous la Terreur, vint à ce moment « le rappeler à cette religion dans laquelle il avait été élevé. J'ai pleuré, dit-il, et j'ai cru. » Et il commença le Génie du christianisme, soutenu par les encouragements de Fontanes, que la proscription de fructidor venait d'exiler à Londres. En 1800, il ne put résister au désir de revoir la France, et il revint à Paris avec un passeport suisse, sous le faux nom de Lassaigne. En 1801, il publia Atala « qui arracha à l'Europe, dit M. de Carné, un long cri d'étonnement et d'admiration »; l'année suivante, parut le Génie du christianisme, qui eut un prodigieux succès ; dans son épître dédicatoire, Châteaubriant le mit « sous la protection de celui que la Providence avait marqué de loin pour 1'accomplissement de ses desseins prodigieux, » et le frère de l'élu providentiel, Lucien Bonaparte, se déclara hautement le patron de l'ouvrage, qui secondait si brillamment la politique religieuse du premier consul. L'année suivante, Châteaubriant fut nommé premier secrétaire d'ambassade à Rome, et, en novembre, ministre de France dans le Valais; mais il envoya sa démission le soir même de l'assassinat du duc d'Enghien (21 mars 1804), et résolut d'aller visiter la Terre-Sainte, où il voulait placer l'action du nouvel ouvrage qu'il avait conçu, les Martyrs. Il quitta Paris le 13 juillet 1806, s'embarqua à Trieste, et parcourut la Grèce, l'Asie-Mineure, la côte d'Afrique et l'Espagne. C'est pendant ce voyage que Napoléon, qui ne lui avait pas pardonné sa démission de 1804, le fit porter sur la dernière liste d'émigrés qui ait été dressée en France, datée, le 15 novembre 1807, « de notre palais impérial de Fontainebleau. » Il lui enleva également le privilège du Mercure. Retiré à la Vallée-aux-Loups, non loin de Sceaux, Châteaubriant écrivit alors les Martyrs, qui parurent en 1809, et qui furent suivis (1811) de l'Itinéraire de Paris à Jérusalem. L'empereur s'était radouci, et, sur sa recommandation, Châteaubriant fut appelé à l'Institut pour succéder à Marie-Joseph Chénier; mais il ne lui fut pas permis de prononcer, sur son prédécesseur, le discours qu'il avait préparé. Dans une lettre du 27 septembre 1825, Châteaubriant a fourni sur l'incident une note au moins curieuse : « J'avais reçu, écrit-il, l'ordre du duc de Rovigo de me présenter pour candidat à l'Institut, sous peine d'être enfermé pour le reste de mes jours à Vincennes. » Il resta en dehors de la politique jusqu'au retour des Bourbons; il y entra par la publication du pamphlet célèbre : De Bonaparte et des Bourbons, pamphlet qui, selon le mot de Louis XVIII, « valut aux Bourbons une armée ». La reconnaissance royale fut discrète : on nomma M. de Chateaubriand à la légation de Suède. Il allait se rendre avec regret auprès de Bernadotte, quand Napoléon débarqua de l'île d'Elbe. Châteaubriant, dans les réunions qui eurent lieu chez M. Lainé (mars 1815), proposa « de se ranger tous autour du roi pour y être égorgés, afin que leur sang fut une semence dont renaîtrait la monarchie. » Lafayette raconte que Benjamin Constant sourit du dédommagement qu'on lui offrait, et Châteaubriant accompagna le roi à Gand, avec le titre de ministre d'Etat. Au retour, il conserva ce titre, ayant refusé d'entrer au ministère à côté de Fouché. Président du collège électoral du Loiret, il fut nommé pair de France le 17 août 1815, vota pour la mort dans le procès du maréchal Ney, et, quoique entraîné par les circonstances plus que par son tempérament, du côté des ultras, il ne cessa de défendre le gouvernement représentatif et la liberté de la presse, La Monarchie selon la Charte refléta cette double influence. Emporté par sa propre polémique, Châteaubriant combattit, dans son journal le Conservateur, le ministère du duc de Richelieu, et, après l'assassinat du duc de Berry, porta le dernier coup au ministère Decazes : « Les pieds, écrivit-il, lui ont glissé dans le sang. » Le ministère Villèle le nomma ambassadeur à Berlin, puis à Londres; en septembre 1822, il représenta la France au Congrès de Véronne, y défendit la cause des Grecs, et se montra temporisateur sur la question de la guerre d'Espagne. Cette attitude, partagée par le ministère, lui fit donner le portefeuille des affaires étrangères, en remplacement de M. de Montmorency, partisan d'une guerre immédiate (28 novembre 1822). La guerre d'Espagne n'en eut pas moins lieu. Dans l'exercice du pouvoir, Chateaubriand se montra sans esprit de suite ; M. de Villèle, moins brillant, mais plus habile, le jalousait; le ministre des affaires étrangères n'avait pas caché son hostilité à la conversion des rentes, au renouvellement septennal son silence à la Chambre encourageait l'opposition. Le roi, qui ne l'aimait pas, en conçut une vive colère : « Ecrivez-lui, dit-il, que je le chasse. » M. de Villéle, écrivit seulement : « M. le vicomte, j'obéis aux ordres du roi, et je vous transmets l'ordonnance ci-jointe. » - « Monsieur le comte, répondit le ministre, appelé à d'autres fonctions, je quitte l'hôtel des affaires étrangères; ce département est à vos ordres. » Sa chute fut un triomphe, et, excité par une popularité qu'il n'avait jamais connue, il entra au Journal des Débats et commença une guerre implacable contre le ministère Villèle, qu'il renversa, après trois ans de lutte acharnée. Le ministère Martignac, redoutant un si terrible voisinage, le nomma ambassadeur à Rome; mais l'avènement du ministère Polignac lui fit donner sa démission et reprendre la plume; il était à Dieppe avec Mme Récamier, quand parurent les Ordonnances; il accourut, et, au moment où il franchisait les barricades pour aller à la Chambre des pairs, il fut reconnu et porté en triomphe par les vainqueurs de Juillet, aux cris de : « Vive le défenseur de la liberté de la presse! » Le 30, comme les membres de la Chambre haute cherchaient les moyens de sauver la royauté : « Eh ! messieurs, s'écria-t-il, de quoi vous occupez-vous là ? Sauvez d'abord la liberté de la presse ; si vous la sauvez et que le roi soit renversé, je ne vous demande qu'une plume et deux mois pour le rétablir sur son trône ! » La liberté de la presse fut sauvée, mais la monarchie fut perdue. Chateaubriand fit quelques jours après, à la même Chambre, un magnifique discours en faveur du duc de Bordeaux, puis quitta la Chambre des pairs, en refusant de prêter serment au gouvernement nouveau. Il combattit opiniâtrement ce qu'il appelait « le pot-au-feu d'une monarchie domestique » dans son ouvrage : De la Restauration et de la monarchie élective, où il se déclarait « bourbonien par honneur, royaliste par raison et par conviction, républicain par goût et par caractère », puis dans des brochures à l'occasion de la loi du bannissement de la branche aînée, et de l'arrestation de la duchesse de Berry. Il fut même emprisonné en 1832, pour avoir écrit à la duchesse : « Madame, votre fils est mon roi. » Défendu par Berryer, il fut acquitté, Il fit « ses pèlerinages à la cour de l'exil », à Prague, on 1833 et 1834, puis ne s'occupa plus que de la rédaction de ses Mémoires d'outre-tombe qui parurent dans la Presse aussitôt après sa mort. Il composa aussi un Essai sur la littérature anglaise (1836), une traduction du Paradis perdu de Milton (1837), le Congrès de Vérone (1838), la Vie de Rancé (1844). Il mourut à Paris, dans la maison qui porte aujourd'hui le n° 70 de la rue du Bac. Conformément au voeu exprimé par lui dès 1825, sa dépouille mortelle fut déposée sur la pointe la plus avancée de l'île du Grand-Bé, dans la rade de St-Malo. Sa statue en marbre, oeuvre de Duret, a été placée dans une des salles de l'Institut en 1850, et une autre statue a été élevée en son honneur, en 1864, par la ville de Saint-Malo.

Iconographie:

La division des Archives du Sénat possède dans son fonds une médaille à l'effigie de François CHATEAUBRIAND (cote 2M 2417)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de François-René CHATEAUBRIAND

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