Proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête chargée de dresser le bilan et d'étudier les perspectives d'avenir de la fondation « Entente franco-allemande », chargée de l'indemnisation des incorporés de force d'Alsace-Moselle
N°
430
SÉNAT
SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2002-2003
Rattaché pour ordre au procès-verbal de la séance du 24
juillet 2003
Enregistré à la Présidence du Sénat le 9
septembre 2003
PROPOSITION
DE RÉSOLUTION
PRÉSENTÉE
par M. Jean Louis MASSON,
Sénateur.
( Renvoyée à la commission des Affaires sociales, et pour avis à la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale en application de l'article 11, alinéa 1 du Règlement ).
Anciens combattants et victimes de guerre. |
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Au cours de la seconde guerre mondiale, les départements de la Moselle,
du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ont été l'objet d'une annexion de
fait à l'Allemagne. L'une des conséquences en a été
l'incorporation de force des jeunes Alsaciens-Lorrains dans la Wehrmacht, drame
humain qui a marqué toute une génération. Plusieurs
dizaines de milliers d'incorporés de force sont morts ou disparus sous
l'uniforme allemand. Des dizaines de milliers d'autres sont restés
prisonniers pendant des années dans les camps russes où les
mauvais traitements et le taux de mortalité en faisaient de
véritables camps de concentration.
Le processus de l'incorporation de force s'étant exercé en
violation flagrante du droit international, l'Allemagne a accepté de
débloquer les fonds nécessaires à une indemnisation des
intéressés. La fondation « Entente
franco-allemande » a alors été créée avec
pour mission principale de recevoir, de gérer et de répartir les
fonds versés par l'Allemagne. Aujourd'hui, tous les dossiers des
« Malgré Nous » ont été traités
et leur indemnisation est terminée. On peut donc se demander si la
fondation doit continuer à subsister indéfiniment.
Cependant, des sommes considérables n'ont pas été
dépensées et restent dans les caisses de la fondation. Cela
suscite des questions récurrentes de la part des
« Malgré Nous » qui auraient pu
bénéficier d'une indemnisation plus importante. De même,
les personnes incorporées dans des organisations paramilitaires
liées à la Wehrmacht (Reichsarbeitsdienst, Krieghilfsdienst...)
n'ont perçu aucune indemnisation, ce qui suscite leurs protestations.
Certes, leur prise en charge n'est pas prévue par les statuts de la
fondation, mais ces statuts peuvent être modifiés. En ce sens, M.
Jean LAURAIN, ancien ministre des Anciens combattants, avait
suggéré que la fondation utilise ses reliquats de crédit
pour financer la moitié de la dépense correspondante,
l'État français apportant de son côté l'autre
moitié.
Pour l'instant, cette suggestion n'a pas eu de suite et la situation semble
bloquée. Il en résulte un climat conflictuel avec les
associations d'anciens du Reichsarbeitsdienst et du Krieghilfsdienst. Ayant
multiplié les investigations et les contrôles, elles ont mis en
cause la gestion interne de la fondation, notamment ses dépenses de
fonctionnement et diverses subventions allouées à des organismes
n'ayant peu ou pas de rapports avec les « Malgré
Nous ».
A l'évidence, la situation actuelle pose un certain nombre de
problèmes. En particulier, il faut se demander si la fondation doit
continuer à exister indéfiniment, compte tenu de ce qu'elle a
assumé sa mission principale d'indemnisation des incorporés de
force. Toute décision définitive suppose cependant, d'une part,
que l'on dresse un bilan de ce qui a été fait et de ce qui peut
encore être fait pour certaines catégories et, d'autre part, que
l'on clarifie la gestion interne de la fondation.
En conséquence, j'ai l'honneur de vous proposer de décider la
création d'une commission d'enquête qui serait
chargée :
- de dresser le bilan de l'activité de la fondation en matière
d'indemnisation des « Malgré Nous »,
- de vérifier la gestion interne et les autres dépenses de la
fondation,
- de formuler un avis sur l'opportunité d'utiliser les fonds restant
disponibles pour indemniser les personnes enrôlées de force dans
les organisations paramilitaires liées à la Wehrmacht,
- de dire s'il est opportun que la fondation soit dissoute une fois que sa
mission principale d'indemnisation sera terminée.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
Article unique
En
application de l'article 11 du Règlement du Sénat, une commission
d'enquête composée de douze sénateurs est instituée.
Cette commission sera chargée de dresser le bilan de l'activité
et de la gestion de la fondation « Entente
franco-allemande » et d'examiner ses perspectives d'avenir.