Création d'un Conseil national des organisations non gouvernementales
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N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2003-2004
Annexe au procès-verbal de la séance du 13 novembre 2003
PROPOSITION DE LOI
tendant à la
création
d'un
Conseil
national
des
organisations
non gouvernementales
,
PRÉSENTÉE
Par MM. Serge LEPELTIER, Jean-Paul ALDUY, Pierre ANDRÉ, Michel BÉCOT, Daniel BERNARDET, Roger BESSE, Joël BILLARD, Paul BLANC, Joël BOURDIN, Jean-Guy BRANGER, Mme Paulette BRISEPIERRE, MM. Jean-Pierre CANTEGRIT, Jean-Claude CARLE, Jacques CHAUMONT, Jean CLOUET, Christian COINTAT, Robert DEL PICCHIA, Christian DEMUYNCK, Jacques DOMINATI, Michel DOUBLET, Louis DUVERNOIS, Daniel ECKENSPIELLER, Jean-Claude ETIENNE, Jean FAURE, André FERRAND, Alain FOUCHÉ, Serge FRANCHIS, Jean-Claude GAUDIN, Alain GÉRARD, François GERBAUD, Charles GINÉSY, Paul GIROD, Daniel GOULET, Adrien GOUTEYRON, Alain GOURNAC, Francis GRIGNON, Georges GRUILLOT, Michel GUERRY, Robert LAUFOAULU, Gérard LONGUET, Serge MATHIEU, Dominique MORTEMOUSQUE, Georges MOULY, Philippe NACHBAR, Paul NATALI, Mme Nelly OLIN, MM. Joseph OSTERMANN, Jacques OUDIN, Michel PELCHAT, Jacques PEYRAT, Henri de RAINCOURT, Charles REVET, Philippe RICHERT, Bernard SAUGEY, François TRUCY, Alain VASSELLE, Jean-Pierre VIAL et Xavier de VILLEPIN,
Sénateurs.
(Renvoyée à la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement).
Affaires étrangères. |
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Le développement des relations internationales, diplomatiques,
commerciales, touristiques ou culturelles a complètement
transformé la manière de concevoir, de définir et de mener
la politique étrangère des Etats. De nouveaux
«
acteurs non étatiques
» interviennent de
plus en plus sur la scène internationale. Par ce terme, on
désigne habituellement un ensemble hétérogène
rassemblant les organisations internationales inter-étatiques, telles
que l'Organisation des Nations Unies (ONU) ou l'Organisation mondiale du
commerce (OMC), les organisations non gouvernementales (ONG), les entreprises
transnationales ou même des personnalités de
notoriété internationale ou des groupes d'experts.
Parmi ces nouveaux acteurs du champ international, les ONG occupent une place
particulière en raison de leur montée en puissance rapide et de
leur apparition dans des débats auparavant strictement
réservés aux diplomates. En effet, les ONG, dont les plus
anciennes ont été créées à la fin du
XIX
e
siècle à l'instar de la Croix Rouge, se sont
multipliées depuis une trentaine d'années et ont gagné en
légitimité et en professionnalisme. Nées des drames
humanitaires, des guerres ethniques et des difficultés de
développement qui marquent la période post-indépendance
dans de nombreux pays du Tiers-monde, les ONG se sont d'abord
développées dans les domaines de l'aide humanitaire d'urgence et
de la défense des droits de l'homme. Elles se sont ensuite
imposées comme de véritables partenaires pour les Etats et les
organisations multilatérales spécialisées dans le domaine
du développement économique et social. Enfin, au cours des dix
dernières années, elles sont activement intervenues pour
favoriser l'adoption de traités, notamment ceux de Rome portant
création de la Cour pénale internationale et d'Ottawa interdisant
la fabrication, l'emploi et le stockage des mines anti-personnel, s'immiscant
ainsi au coeur même du domaine traditionnel de la diplomatie
étatique.
Or, la France garde traditionnellement une attitude plus réservée
que ses partenaires d'Europe du Nord ou anglo-saxons vis-à-vis des
organisations non gouvernementales et les associe moins à son action
extérieure. Néanmoins, le Ministère des Affaires
étrangères, conscient de la nécessité de mieux
prendre en compte ces nouveaux acteurs, d'appuyer autant que de besoin les ONG
françaises et de s'appuyer sur leur action pour accroître le
rayonnement de notre diplomatie, a mis en place plusieurs instances de
concertation. Dans le domaine du développement et de la
coopération, ont été mis en place la Commission
Coopération Développement (CCD) et le Haut Conseil de la
coopération internationale (HCCI). Existent également la
Commission Française pour le développement durable (CFDD) et la
Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH).
Ces instances de concertation restent cependant sectorielles et pour certaines
méconnues. Il apparaît donc nécessaire de créer un
«
Conseil national des organisations non
gouvernementales
» qui aura pour fonction de réunir
auprès du Premier ministre et en relation étroite avec le
ministre des Affaires étrangères, responsable de la
définition, de la cohérence et de la mise en oeuvre de l'action
extérieure de la France, les représentants des principales ONG,
afin d'assurer une concertation régulière sur les
différents domaines de la politique étrangère.
Il aura plus particulièrement pour mission de favoriser l'information
des ONG intervenant à l'étranger, d'assurer la coordination de
l'action diplomatique avec l'action des ONG et de permettre au Ministère
des Affaires étrangères d'appuyer plus efficacement les ONG
françaises dans leurs relations avec les bailleurs de fonds
multilatéraux. Il aura également pour rôle de faire des
propositions pour favoriser le développement de l'action des ONG.
Tel est l'objet de la présente proposition de loi.
PROPOSITION DE LOI
Article 1
er
Il est créé un Conseil national des organisations non gouvernementales, instance à caractère consultatif placée auprès du Premier ministre.
Article 2
Le
Conseil national des organisations non gouvernementales a pour missions :
- d'informer les organisations non gouvernementales intervenant à
l'étranger sur la politique étrangère de la France,
- d'assurer une concertation régulière avec ces
organisations non gouvernementales ;
- d'élaborer des recommandations pour le développement de
l'action des organisations non gouvernementales intervenant à
l'étranger, sur la base d'un programme de travail triennal
arrêté par le Premier ministre.
Article 3
Le
Président du Conseil national des organisations non gouvernementales est
nommé par décret pour une durée de trois ans renouvelable
une fois.
Le Conseil national des organisations non gouvernementales est composé
de 60 membres nommés par arrêté du Premier ministre.
Article 4
Le
Conseil national émet des avis.
Il remet, chaque année, un rapport au Premier ministre, qui est rendu
public.
Article 5
Le siège, la composition et les règles de fonctionnement du Conseil national sont fixés par décret.
Article 6
Les charges résultant de l'application de la présente loi sont compensées à due concurrence par le relèvement des tarifs visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.