LE STATUT DES ILES EUROPEENNES
Table des matières
- NOTE DE SYNTHESE
- DANEMARK
- ESPAGNE
- GRECE
- ITALIE
-
PORTUGAL
- 1) Le partage des compétences entre l'Etat et les îles
- 2) L'autonomie financière
- 3) Les institutions locales
-
4) Les limites de l'autonomie
- a) La compétence exclusive des organes de souveraineté sur certaines matières
- b) L'interdiction faite aux régions autonomes de prendre certaines mesures
- c) La représentation de la République dans les régions autonomes
- d) Le contrôle de constitutionnalité exercé sur les actes des régions autonomes
- e) L'approbation définitive par l'Assemblée de la République des projets de statut des régions autonomes
- f) La dissolution des organes régionaux
NOTE DE SYNTHESE
Dans la
perspective du prochain examen par le Parlement du projet de loi d'orientation
pour l'outre-mer, déposé à l'Assemblée nationale le
5 avril 2000, il a semblé utile d'analyser le statut administratif
des principales îles européennes.
On a retenu
l'archipel des Féroé et l'île du Groenland
pour le Danemark, l'archipel des Baléares et celui des Canaries pour
l'Espagne, la Sardaigne et la Sicile pour l'Italie, ainsi que l'archipel des
Açores et celui de Madère pour le Portugal
.
L'analyse de leur statut administratif montre que
toutes ces îles,
qu'elles relèvent du droit commun ou d'un régime particulier,
disposent d'une large autonomie
.
1) A l'exception des îles espagnoles et de la Crète, les
principales îles européennes disposent d'un statut particulier
a)
Les îles danoises, italiennes et portugaises disposent d'un
statut particulier
• La Sardaigne et la Sicile constituent des régions à
statut spécial
Au même titre que le Trentin-Haut Adige, le Frioul-Vénétie
Julienne et le Val d'Aoste, autres régions situées à la
périphérie du territoire italien et dotées d'une forte
identité culturelle,
la Sicile et la Sardaigne constituent, comme le
prévoit la Constitution, des régions à statut
spécial
. Elles ont toutes été créées
dans les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, tandis
que les quinze autres régions italiennes, instituées dans les
années 70, sont pourvues d'un statut ordinaire.
• Les îles danoises et portugaises ont, au sein du royaume du
Danemark et de la république portugaise, des statuts exorbitants du
droit commun.
Alors que le Danemark est divisé en quatorze comtés,
l'archipel des Féroé forme une " communauté
autonome " depuis 1948, et l'île du Groenland une
" communauté particulière " depuis 1979.
Ces
statuts leur ont été accordés par la loi nationale, la
population groenlandaise ayant approuvé par référendum la
loi portant statut d'autonomie de son île.
Au Portugal, la Constitution prévoit que les archipels des Açores
et de Madère constituent des " régions autonomes " et
que le reste du pays est divisé en
" régions
administratives ". Elle distingue nettement les " régions autonomes
", auxquelles elle consacre son titre VII, des " régions
administratives ", évoquées au titre suivant, qui traite des
différentes collectivités locales.
Madère et les
Açores se sont
,
respectivement en 1976 et en 1980, dotés
de statuts d'autonomie,
qui ont été ensuite modifiés.
En revanche, les " régions administratives " demeurent
virtuelles, car la régionalisation du Portugal continental a
récemment été repoussée par
référendum. Les deux archipels sont donc les seuls à
bénéficier du statut de région dans le pays.
b)
Comme la Crète, les archipels espagnols des Canaries et des
Baléares forment des collectivités territoriales de droit commun
La Crète ne bénéficie d'aucun statut particulier
.
Elle constitue une région de droit commun.
Il en va de même des
archipels des Canaries et des Baléares,
qui forment des communautés autonomes, tout comme les autres
régions espagnoles
. Cependant, à la différence de
certaines autres communautés autonomes, ils ont profité de leur
très forte identité pour se doter, respectivement en 1982 et
1983, de statuts particulièrement complets, qui ont été
amendés depuis lors. En effet, les dix-sept communautés autonomes
détiennent des compétences très variables.
2)
A l'exception de la Crète, les principales îles
européennes jouissent d'une large autonomie
Cette autonomie n'est pas nécessairement liée au caractère
particulier de leur statut par rapport aux collectivités de niveau
équivalent. En effet, les archipels espagnols des Baléares et des
Canaries en bénéficient bien qu'ils constituent des
communautés autonomes de droit commun.
a)
Les principales îles européennes disposent de la
compétence législative exclusive dans certaines
matières
Au
Danemark
, les statuts d'autonomie des îles Féroé
et du Groenland offrent aux autorités locales la possibilité
d'obtenir le transfert de compétences sur presque toutes les
matières autres que la politique étrangère, la
défense nationale, la justice et la politique monétaire,
lesquelles constituent un ensemble qui ne peut pas être repris au pouvoir
central. En pratique, les autorités locales ont peu à peu
négocié le transfert de toutes les compétences qui,
statutairement, pouvaient leur être transférées.
D'après leur statut, elles détiennent les pouvoirs
législatif et réglementaire dans tous les domaines qui leur ont
été transférés.
En
Espagne
, conformément à l'article 148 de la
Constitution, qui énumère les compétences susceptibles
d'être assumées par les communautés autonomes, les statuts
d'autonomie des archipels des Baléares et des Canaries indiquent les
compétences exclusives que ces deux communautés ont retenues.
Elles portent sur de très nombreuses questions dans différents
domaines (social, économique, culturel, administratif...). Pour toutes
ces compétences exclusives, les deux communautés insulaires
détiennent les pouvoirs législatif et réglementaire.
Si elle n'est pas propre aux archipels des Baléares et des Canaries,
cette autonomie est cependant remarquable compte tenu de leur population, qui
est relativement faible si on la compare à celle des autres
communautés autonomes.
En
Italie
, alors que les régions à statut ordinaire
disposent seulement de compétences partagées et de
compétences d'adaptation leur permettant respectivement de
légiférer dans le respect des lois-cadres nationales et d'adapter
les lois nationales aux nécessités et aux besoins locaux, les
régions à statut spécial, parmi lesquelles la Sicile et la
Sardaigne, se sont vu reconnaître par le législateur national des
compétences exclusives, pour lesquelles elles détiennent les
pouvoir législatif et réglementaire.
Au
Portugal
, les dispositions constitutionnelles relatives aux
régions autonomes leur donnent la possibilité de
légiférer de façon autonome dans les matières
"
intéressant spécifiquement la
région
" ; ces dernières sont
précisées par leurs statuts, qu'elles ont adoptés en
tenant compte des prescriptions constitutionnelles et qui ont été
approuvés par le Parlement national.
b)
Elles jouissent de l'autonomie financière
Les îles danoises ont l'obligation statutaire de prendre en charge les
dépenses correspondant aux compétences qui leur ont
été transférées.
Quant aux îles espagnoles, italiennes et portugaises, leurs ressources
ne sont pas uniquement constituées de subventions de l'Etat, mais elles
peuvent lever leurs propres impôts. De plus, l'Etat leur cède une
partie des impôts nationaux qui sont perçus sur leur territoire.
c)
Les îles danoises et portugaises disposent d'un réel
pouvoir dans le domaine des relations extérieures
Au Danemark, le pouvoir central peut autoriser des représentants des
îles Féroé et du Groenland à négocier
directement avec des partenaires étrangers, mais avec le concours du
ministère danois des Affaires étrangères. En pratique,
cette disposition semble particulièrement utilisée pour la
négociation d'accords de pêche, sans qu'un représentant du
ministère des Affaires étrangères soit
nécessairement présent.
De même, les statuts de Madère et des Açores
prévoient que des représentants des archipels participent
à la négociation des accords internationaux qui les concernent
directement. Par ailleurs, depuis 1989, Madère et les Açores
peuvent établir des liens directs avec d'autres régions
étrangères et participer à des organisations de
coopération inter-régionale.
En revanche, le statut de la Sardaigne prévoit seulement la
représentation de l'île lors de la négociation des projets
de traité de commerce la concernant. De même, celui des Canaries
prévoit, d'une part, la présence de représentants de
l'archipel dans les délégations espagnoles participant à
des négociations européennes particulièrement importantes
pour lui et, d'autre part, son information sur toute négociation
internationale le concernant.
DANEMARK
Les
fondements de l'autonomie
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Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
Archipel
composé de dix-huit îles et situé à quelque
400 km au nord de l'Ecosse, à mi-chemin entre l'Islande et la
Norvège, les îles Féroé ont une population d'environ
45 000 habitants
répartis sur
1 400 km
2
.
|
Avec une
superficie totale d'environ 2,2 millions de km
2
, dont plus de
80 % sont occupés par la calotte glacière, le Groenland est
la plus grande île du monde. Sa population est de
56 000 habitants
.
|
1) Le partage des compétences entre l'Etat et les îles
a) Les compétences des îles
Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
L'article premier du statut de 1948 énonce que "
le
peuple féroïen, par l'intermédiaire de ses
représentants élus et d'un exécutif établi par ces
derniers, assume, dans le cadre de l'unité du royaume, l'administration
et la direction des affaires féroïennes.
"
* *
La
combinaison des compétences relatives aux questions
féroïennes et aux questions communes se traduit par le fait que
les principaux domaines qui échappent aux autorités locales
sont actuellement les suivants : le transport aérien,
l'église, la protection du milieu marin, l'inspection des pêches,
l'inspection maritime, la protection civile, la justice, la police, la
politique monétaire, la politique étrangère et la
défense.
|
Le
statut de 1978 établit une distinction entre les matières qu'il
énumère en annexe, et qui peuvent être
considérées comme relevant
a priori
de la
compétence locale (fiscalité, pêche, chasse, agriculture,
élevage, emploi, sécurité sociale, éducation et
affaires culturelles, santé, logement, protection de
l'environnement...), et les autres, qui, à défaut de
négociation, sont traitées par le pouvoir central.
|
b) La participation des îles aux organes et aux décisions de l'Etat central
La consultation sur les matières régionales
Les
projets du gouvernement central qui concernent exclusivement les îles
doivent être soumis aux autorités locales avant même
d'être présentés au Folketing.
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|
|
Le
statut du Groenland précise que les autorités locales disposent
en principe d'un délai de six mois pour faire connaître leur
opinion.
|
Les relations extérieures
Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
Les
autorités locales peuvent demander au ministère danois des
Affaires étrangères d'engager, à ses frais, un expert des
affaires féroïennes qui assiste le ministère dans la
négociation des affaires économiques présentant un
intérêt particulier pour les îles Féroé.
|
Les
autorités locales peuvent demander que, dans les pays où le
Groenland a des intérêts commerciaux particuliers, les missions
diplomatiques danoises comportent des personnes spécialement
chargées de défendre les positions du Groenland et, à ce
titre, il existe depuis la fin de l'année 1998 une représentation
permanente du Groenland à Ottawa.
|
2) L'autonomie financière
Tout transfert de compétences aux autorités locales s'accompagne de leur prise en charge financière par ces dernières.
Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
Actuellement,
le budget de l'archipel est alimenté par la
métropole à hauteur d'environ un tiers
, soit environ
1,3 milliard de couronnes (1,15 milliard de francs), dont presque un
milliard correspond à une subvention forfaitaire votée par le
Parlement danois. Les autres transferts financiers en provenance de la
métropole correspondent essentiellement aux dépenses du royaume
pour faire fonctionner ses administrations dans les îles.
|
Le
budget du Groenland est alimenté à hauteur des deux tiers par
celui de l'Etat central
, notamment sous forme d'une subvention forfaitaire
votée par le Folketing.
|
3) Les institutions locales
a) L'assemblée
Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
L'assemblée locale détient le pouvoir
législatif dans les affaires purement féroïennes, vote le
budget et nomme le gouvernement local.
|
L'assemblée locale exerce le pouvoir législatif dans
les matières relevant de la compétence exclusive du Groenland,
vote le budget, élit les membres du gouvernement et désigne son
président.
|
b) L'exécutif
Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
Il
gère les affaires féroïennes ainsi que les affaires communes
dont l'administration a été reprise à la suite d'accords
avec les autorités nationales danoises.
|
Le
gouvernement local est actuellement formé de sept membres. Chacun d'eux
dirige un département administratif selon la répartition
opérée par le président.
|
4) Les limites de l'autonomie
a) La compétence exclusive de l'Etat dans certaines matières
La politique étrangère, la défense nationale, la justice et la politique monétaire constituent un domaine qui ne peut pas être repris au pouvoir central danois.
b) Le commissaire du royaume
Il
s'agit du plus haut représentant de l'Etat dans les îles. Il est
informé de toutes les décisions prises par les autorités
locales. Il siège à l'assemblée locale et participe aux
débats sur toutes les affaires communes, sans pouvoir voter.
c) La supériorité des traités et autres accords
internationaux
Même pour les questions relevant de la compétence des
autorités locales, ces dernières doivent tenir compte des
limitations découlant des droits et obligations définis par les
traités et les autres accords internationaux signés par le
royaume du Danemark.
* *
*
Les
îles Féroé
|
Le
Groenland
|
Après les élections de 1998, le gouvernement local a
fait établir un livre blanc sur les différentes formules
permettant d'accroître l'autonomie de l'archipel. Un débat sur ce
sujet a eu lieu au Parlement local à l'automne de 1999, et le
gouvernement local a présenté à celui de métropole
un projet de traité
, aux termes duquel
le Danemark et
l'archipel signeraient un accord d'association
permettant au second de ne
plus être soumis à la Constitution danoise, mais de garder comme
chef d'Etat la reine du Danemark, de conserver la couronne danoise comme
monnaie nationale et de continuer à dépendre de la politique
étrangère du Danemark.
|
Une commission de neuf membres, récemment créée, doit, pendant le premier semestre de l'année 2000, présenter des propositions de modification des dispositions du statut relatives à la politique étrangère et de sécurité , afin de donner au Groenland plus de pouvoirs dans ce domaine. |
ESPAGNE
Les
fondements de l'autonomie
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L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
Composé de sept îles, il est situé à 1 050 km de l'Espagne péninsulaire, au large du Maroc. Sa superficie est de 7 200 km 2 et sa population de 1,6 million d'habitants (1( * )) . |
L'archipel des Baléares, composé de cinq îles
principales (Majorque, Minorque, Ibiza, Formentera et Cabrera) et d'autres,
plus petites, est situé en Méditerranée à
200 km de l'Espagne péninsulaire. Sa superficie est de
5 000 km
2
et sa population de près de
800 000 habitants
(1)
.
|
Les statuts d'autonomie prévoient que chacune des deux communautés a son drapeau. |
1) Le partage des compétences entre l'Etat et les îles
a) Les compétences des îles
Les
compétences exclusives
Les compétences susceptibles d'être exercées par les
communautés autonomes espagnoles sont énumérées
à l'article 148 de la Constitution. Le titre II des statuts
d'autonomie indiquent celles des deux communautés autonomes insulaires.
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
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Précisées aux articles 30 et 31 du statut d'autonomie, elles portent sur de très nombreuses matières, que l'on a regroupées par grands domaines : |
Précisées à l'article 10 du statut d'autonomie, elles portent sur de très nombreuses matières, que l'on a regroupées par grands domaines : |
|
Culture |
-
l'aide à la recherche scientifique et technique, à la culture,
à l'enseignement ;
|
|
Social |
- l'assistance sociale ; |
|
Administration |
- les
institutions de la communauté et de ses organismes ;
|
|
Economie |
-
l'agriculture et l'élevage ;
|
|
Aménagement et transports |
-
l'urbanisme et le logement ;
|
|
Environnement |
- les
espaces naturels protégés ;
|
|
Les deux communautés ont retenu des listes similaires, comportant chacune une quarantaine de points. Pour certaines des compétences des communautés autonomes, les statuts d'autonomie font explicitement référence aux compétences exclusives de l'Etat, que les communautés se doivent de respecter. Ainsi, la législation des communautés sur la publicité ne peut pas contredire la législation commerciale établie au niveau national. |
||
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
|
L'article 34 du statut complète cette liste en y ajoutant la sécurité publique et en permettant à la communauté autonome de créer sa propre police. |
Les articles 13 et 14 du statut complètent cette liste en y ajoutant la langue catalane et la culture régionale. |
|
Pour toutes ces compétences exclusives, les deux communautés insulaires détiennent les pouvoirs législatif et réglementaire. |
Les compétences d'adaptation et d'exécution de la législation nationale
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
Elles sont précisées à l'article 32 du statut d'autonomie et concernent notamment : |
Elles sont précisées aux articles 11 et 15 du statut d'autonomie et concernent notamment : |
-
l'enseignement ;
|
Dans ces
matières, les communautés ne peuvent légiférer que
pour adapter la loi nationale aux nécessités régionales.
Elles disposent également du pouvoir réglementaire.
Les compétences d'exécution de la législation
nationale
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
Elles sont énumérées à l'article 33 du statut d'autonomie et comportent en particulier : |
Elles sont énumérées à l'article 12 du statut d'autonomie et comportent en particulier : |
- les
musées et bibliothèques ;
|
b) La
participation des îles aux organes et aux décisions de l'Etat
central
Ces compétences ne sont pas propres aux communautés insulaires.
Elles sont partagées par toutes les communautés autonomes.
Cependant,
le statut des Canaries comporte
des dispositions
originales en matière de négociations internationales
.
L'initiative législative nationale
Le Parlement régional peut
solliciter du gouvernement l'adoption d'un
projet de loi ou déposer sur le bureau du Congrès des
députés une proposition de loi
et déléguer
trois membres pour la défendre.
La saisine du Tribunal constitutionnel
Le parlement régional peut aussi déposer un
recours en
inconstitutionnalité
devant le Tribunal constitutionnel espagnol
contre les
lois nationales affectant les compétences de la
communauté
. Le gouvernement régional dispose de la même
faculté.
Les relations extérieures
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
L'article 37 du statut prévoit la participation de la
communauté autonome aux délégations espagnoles lorsque les
organes de l'Union européenne traitent de sujets présentant une
importance particulière pour l'archipel.
|
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2) L'autonomie financière
L'article 156 de la Constitution énonce :
"
Les communautés autonomes jouiront de l'autonomie
financière pour développer et exercer leurs compétences,
conformément aux principes de coordination avec les finances de l'Etat
et de solidarité entre tous les Espagnols (...)
".
L'article 157 précise que leurs ressources proviennent :
- de leurs propres impôts et taxes ;
- des impôts nationaux perçus sur leur territoire, l'Etat leur en
cédant un certain pourcentage ;
- des subventions de l'Etat ;
- des revenus provenant de leur patrimoine ;
- de l'emprunt.
Les statuts des Canaries et des Baléares développent ces
principes, respectivement aux titres 4 et 5, consacrés au régime
financier, économique et patrimonial de la communauté.
3) Les institutions locales
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
Le titre premier du statut d'autonomie est consacré aux institutions locales. |
Le titre III du statut d'autonomie est consacré aux institutions locales. |
Chacune des deux communautés autonomes est dotée d'une assemblée élue au suffrage universel à la représentation proportionnelle pour quatre ans, d'un exécutif et d'une cour supérieure de justice. a) L'assembléeL'assemblée régionale détient le pouvoir législatif, vote le budget, contrôle l'action du gouvernement, solidairement responsable devant lui, et désigne les représentants de la communauté autonome au Sénat. L'assemblée des îles Baléares comprend actuellement cinquante-neuf membres et celle des Canaries soixante. b) L'exécutifIl détient le pouvoir réglementaire. Son président, élu par le Parlement, dirige et coordonne l'action du gouvernement, et représente la communauté à l'extérieur. L'exécutif comporte également un vice-président, nommé par le président. Aux Canaries, le vice-président doit être membre du Parlement. Les conseillers ne sont pas nécessairement membres de l'assemblée. |
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L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
Le
statut limite à onze le nombre des membres de l'exécutif.
|
Actuellement, les attributions ministérielles sont ainsi réparties : présidence ; finance, budget, énergie et innovations technologiques ; travail et affaires sociales ; travaux publics, logement et transports ; tourisme ; éducation et culture ; santé et consommation ; environnement ; économie, agriculture, commerce et industrie ; intérieur. Il existe également deux ministres sans portefeuille. |
* *
*
La cour supérieure de justice ne détient pas de compétences particulières. Elle constitue seulement l'instance régionale la plus élevée dans la hiérarchie judiciaire.
L'archipel des Canaries
|
L'archipel des Baléares
|
La révision du statut qui a été adoptée en 1996 a créé un médiateur régional , chargé de la défense des droits fondamentaux et des libertés publiques, ainsi que de la surveillance des activités des administrations publiques. Il est élu par le Parlement régional à la majorité des trois cinquièmes. |
|
4) Les limites de l'autonomie
a) La compétence exclusive de l'Etat dans certaines matières
L'article 149 de la Constitution réserve à l'Etat la compétence exclusive dans plusieurs domaines, parmi lesquels les relations internationales et la défense, la justice, la législation du travail, les droits pénal et civil, la santé, les politiques monétaire et économique.
b) Le contrôle des pouvoirs des deux communautés insulaires
La Cour
constitutionnelle nationale contrôle la constitutionnalité des
lois régionales.
La juridiction administrative nationale contrôle les dispositions
réglementaires régionales.
La Cour des Comptes nationale intervient pour les aspects économiques et
budgétaires.
c) Le délégué du gouvernement
Nommé par le gouvernement, il dirige l'administration de l'Etat dans le territoire de la communauté autonome et la coordonne le cas échéant avec celle de la communauté.
GRECE
La Crète, principale île de l'archipel grec, qui a une superficie de 8 300 km 2 et une population d'environ 550 000 habitants, ne bénéficie d'aucun statut particulier . Elle constitue une région de droit commun divisée en quatre départements . |
ITALIE
Les
fondements de l'autonomie
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La Sicile
|
La
Sardaigne
|
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A proximité immédiate de la péninsule, elle est, avec une superficie de 25 700 km 2 , la plus grande île méditerranéenne. Elle compte plus de 5 millions d'habitants . |
Située à plus de 200 km à l'ouest de la péninsule, avec un superficie de plus de 24 000 km 2 , elle est la seconde île de la Méditerranée. Sa population est de 1,65 million d'habitants . |
1) Le partage des compétences entre l'Etat et les îles
a) Les compétences locales
Alors que les régions à statut ordinaire disposent seulement de compétences partagées et de compétences d'adaptation leur permettant respectivement de légiférer dans le respect des lois-cadres nationales et d'adapter les lois nationales aux nécessités et aux besoins locaux, les régions à statut spécial, parmi lesquelles la Sicile et la Sardaigne, se sont vu reconnaître des compétences exclusives, pour lesquelles elles détiennent les pouvoir législatif et réglementaire.
La Sicile
|
La
Sardaigne
|
|
Ces compétences exclusives sont énumérées à l'article 14 du statut et portent notamment sur les questions suivantes, que l'on a classées par grands domaines : |
Ces compétences exclusives sont énumérées à l'articles 3 du statut et portent notamment sur les questions suivantes, que l'on a classées par grands domaines : |
|
Culture |
-
l'enseignement primaire ;
|
|
Administration |
-
l'organisation des services administratifs régionaux ;
|
|
Economie |
- les
eaux minérales et thermales ;
|
|
Aménagement et transports |
- les
travaux publics d'intérêt régional ;
|
|
Environnement |
- la pêche et la chasse. |
b) La participation des îles aux organes et aux décisions de l'Etat central
Bien que
formulées différemment, les dispositions contenues dans les deux
statuts sont similaires, sauf en matière de relations extérieures.
L'initiative législative nationale
L'assemblée régionale peut présenter au Parlement national
des voeux et des propositions de loi sur des matières concernant la
région.
Parallèlement, le statut de la Sardaigne prévoit que le
gouvernement régional peut demander au gouvernement national
la
suspension d'une mesure économique ou financière qu'il estime
dommageable pour l'île.
La participation au conseil des ministres
Le président du gouvernement régional intervient en conseil des
ministres lorsque sont débattues des questions intéressant
particulièrement la région.
Le statut de la Sicile précise qu'il dispose alors d'une voix
délibérative.
La saisine de la Cour constitutionnelle
Les deux régions peuvent introduire devant la Cour constitutionnelle
italienne des recours sans effet suspensif destinés à faire
respecter leurs compétences.
Les transports
Les deux régions peuvent participer à l'établissement de
la réglementation nationale des transports terrestres et maritimes,
ainsi qu'à l'élaboration des tarifs des transports ferroviaires,
dans la mesure où leurs intérêts sont concernés.
Les relations extérieures
La Sicile
|
La
Sardaigne
|
|
La région est représentée dans l'élaboration des projets de traités de commerce quand ils la concernent. |
2) L'autonomie financière
Les
régions à statut spécial jouissent d'une autonomie
financière assez importante.
Les recettes propres (impôts et emprunts essentiellement)
représentaient 15 % des ressources de ces régions en 1990.
Elles sont complétées par l'attribution d'une fraction du produit
des principaux impôts nationaux perçus leur territoire (en
Sardaigne, 70 % de l'impôt sur le revenu, 90 % des droits
d'enregistrement, la moitié des droits de succession...), ainsi que par
des transferts en provenance du budget de l'Etat.
2) Les institutions locales
a) L'assemblée
La Sicile
|
La
Sardaigne
|
Composée de 90 membres élus pour cinq ans au suffrage universel, à la représentation proportionnelle, elle exerce le pouvoir législatif et contrôle l'exécutif régional. |
Qualifiée de " conseil régional ", elle comporte quatre-vingt membres, qui sont élus pour cinq ans au suffrage universel à la représentation proportionnelle. L'assemblée exerce le pouvoir législatif et contrôle l'exécutif régional. Seules les personnes inscrites sur les listes électorales de la région sont éligibles. |
b) L'exécutif
La Sicile
|
La
Sardaigne
|
Il est
formé du président et de ses assesseurs, tous élus par
l'assemblée régionale, en son sein.
|
Il est
composé du président, élu au scrutin secret par
l'assemblée régionale parmi ses membres, et de plusieurs membres
qui sont choisis par le président, mais nommés par
l'assemblée. Ils sont chargés des différents secteurs de
l'administration.
|
4) Les limites de l'autonomie
a) Les limites de la législation régionale
De façon générale, la législation régionale doit respecter les principes établis par les lois de l'Etat ainsi que les obligations internationales de l'Italie. De plus, les matières pour lesquelles les deux îles disposent des compétences exclusives sont limitativement énumérées dans leur statut.
b) Le contrôle de constitutionnalité de la Cour constitutionnelle
Il s'exerce sur les lois adoptées par les assemblées régionales.
c) Le représentant de l'Etat
Les
statuts prévoient, respectivement aux articles 28 pour la Sicile et
48 pour la Sardaigne, l'existence d'un commissaire, chargé d'assurer la
représentation de l'Etat au niveau de la région et de coordonner
les fonctions administratives de l'Etat et de la région.
Le statut de la Sicile attribue aussi au commissaire le pouvoir de solliciter
de la Cour constitutionnelle la déclaration
d'inconstitutionnalité des lois régionales et celui de proposer
au gouvernement de l'Etat la dissolution de l'assemblée régionale
pour violations persistantes du statut.
d) La possible dissolution des assemblées locales
Chacune
des deux assemblées peut être dissoute pour violation de son
statut ou de la loi nationale.
Si le statut de la Sicile confie l'initiative de cette procédure au
représentant de l'Etat, la décision étant prise par le
gouvernement après consultation du Parlement, celui de la Sardaigne
prévoit que la dissolution est prononcée par un décret du
président de la République, pris après
délibération du conseil des ministres.
PORTUGAL
Les
fondements de l'autonomie
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Les
Açores
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Madère
|
La région autonome des Açores englobe neuf îles assez dispersées et situées à 1 500 km à l'ouest de la côte portugaise. Elle s'étend sur une superficie totale de 2 333 km 2 et compte 250 000 habitants . |
La région autonome de Madère englobe tout l'archipel de Madère, c'est-à-dire les deux îles habitées -Madère et Porto Santo- et les deux autres non habitées, Desertas et Selvagens. Située à 900 km de la côte portugaise, au large du Maroc, la région couvre une superficie totale de 796 km 2 et compte 250 000 habitants . |
Chacune des deux régions autonomes possède son propre drapeau, mais leur statut précise qu'il doit être utilisé conjointement avec celui de la métropole. |
1) Le partage des compétences entre l'Etat et les îles
a) Les compétences locales
La
reconnaissance de l'autonomie des archipels au sein d'un Etat unitaire
entraîne une
grande complexité des relations entre les
compétences régionales et nationales
.
En effet, d'après la Constitution, la compétence des
régions autonomes ne peut porter que sur des "
matières
intéressant spécifiquement les régions
", qui sont
précisées par leurs statuts.
Par ailleurs, aux termes des articles 112 et 229 de la Constitution, qui
définissent respectivement les différents actes normatifs et les
pouvoirs des régions autonomes, cette compétence est triplement
limitée :
- les dispositions régionales doivent respecter la Constitution ;
- elles doivent respecter les lois nationales, à moins que le Parlement
national n'autorise expressément des dérogations ;
- elles ne peuvent être adoptées que dans des domaines qui ne sont
pas réservés aux " organes de souveraineté "
(2(
*
))
.
La combinaison de l'ensemble de ces éléments permet de conclure
que
les régions autonomes disposent de trois catégories de
compétences législatives, qui ne peuvent s'appliquer que dans les
"
matières intéressant spécifiquement les
régions
" :
- la compétence exclusive ;
- la compétence dérivée, c'est-à-dire obtenue
après autorisation du Parlement national ;
- la compétence d'adaptation.
Les matières "
intéressant spécifiquement la
région
"
Les
Açores
|
Madère
|
|
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Dans son titre premier, réservé aux principes fondamentaux, le statut de Madère précise que les relations entre les organes de l'Etat et ceux de la région doivent être régis par le principe de subsidiarité . |
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Les questions d'intérêt spécifiquement régional sont énumérées à l'article 8 du statut et concernent principalement les points suivants, que l'on a regroupés par grands domaines : |
Les questions d'intérêt spécifiquement régional sont énumérées à l'article 40 du statut et concernent principalement les points suivants, que l'on a regroupés par grands domaines : |
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Culture |
- le
sport ;
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Social |
- le
travail, l'emploi et la formation professionnelle ;
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Administration |
-
l'organisation de l'administration régionale ;
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Economie |
- le
tourisme et l'hôtellerie
|
|
Aménagement et transports |
- les
infrastructures et les transports de toute nature ;
|
Les
statuts précisent qu'il convient d'ajouter à cette liste toute
question concernant exclusivement la région.
La compétence législative exclusive
Dans les matières "
intéressant spécifiquement la
région
", l'assemblée régionale ne peut
légiférer de façon autonome que dans la mesure où
elle ne contredit pas les lois nationales et où ni le Parlement
national, ni le gouvernement national ne disposent de compétences
exclusives.
La liste des matières "
intéressant spécifiquement la
région
" doit donc être confrontée à celle des
matières relevant de la compétence exclusive de
l'Assemblée de la République, qui est définie aux articles
164 et 165 de la Constitution (essentiellement droit constitutionnel, droit
électoral, défense nationale, nationalité, partis
politiques, droit des collectivités locales, droit civil, droit
pénal, politique fiscale, système monétaire, justice,
services secrets, sécurité intérieure, principes
fondamentaux de l'enseignement, de la sécurité sociale, de la
santé, de la protection de la nation, de la politique agricole, de la
fonction publique).
La compétence législative dérivée
Dans les matières "
intéressant spécifiquement la
région
", le Parlement peut autoriser à déroger aux
lois nationales dans la mesure où ni lui, ni le gouvernement national ne
disposent de la compétence exclusive.
La compétence législative d'adaptation
Depuis la révision constitutionnelle de 1989, les régions
autonomes peuvent "
préciser, en fonction de
l'intérêt spécifique des régions, les lois qui
posent les principes fondamentaux dans les matières qui ne sont pas
réservées à la compétence de l'Assemblée de
la République, ainsi que celles prévues aux alinéas g), h)
n), t) et u) du paragraphe premier de l'article 165
".
Ces alinéas concernent respectivement :
- la sécurité sociale et le service national de
santé ;
- la protection de la nature et du patrimoine culturel ;
- les loyers urbains et les baux ruraux ;
- la politique agricole ;
- la fonction publique ;
- le statut des entreprises publiques.
b) La participation aux organes et aux décisions de l'Etat central
Les
relations extérieures
Les régions autonomes peuvent participer à la
négociation des traités et accords internationaux qui les
concernent directement.
Les
Açores
|
Madère
|
L'article 83 du statut des Açores énumère les matières du droit international qui concernent particulièrement l'archipel : |
L'article 94 du statut de Madère énumère les matières du droit international qui concernent particulièrement l'archipel : |
"
- l'utilisation du territoire régional par des
entités étrangères, notamment pour des bases
militaires ;
|
Cette
participation se traduit par la présence de représentants des
archipels dans les délégations portugaises qui négocient
les accords, ainsi que dans les commissions d'exécution et de
contrôle de ces accords.
Pour ce qui concerne la construction européenne, le statut de
Madère prévoit la représentation de la région dans
les instances de décision lorsque des questions concernant l'archipel
sont enjeu.
De plus, la révision constitutionnelle de 1989 a élargi les
compétences des régions autonomes en matière de relations
extérieures en les autorisant à
" établir des
liens de coopération avec d'autres entités régionales
étrangères et participer à des organisations qui ont pour
objet de développer le dialogue et la coopération
inter-régionale, conformément aux orientations définies
par les organes de souveraineté compétents en matière de
politique extérieure
".
L'initiative législative nationale
Les régions autonomes peuvent exercer leur droit d'initiative
législative en présentant à l'Assemblée de la
République des propositions de loi.
En application de cette disposition constitutionnelle, les statuts des deux
archipels prévoient que des représentants des assemblées
régionales peuvent participer aux réunions des commissions de
l'Assemblée de la République où se discutent des
propositions régionales.
La saisine de la Cour constitutionnelle
Les régions autonomes peuvent soumettre à la Cour
constitutionnelle portugaise les normes nationales violant leur statut. La
saisine doit être réalisée par le président de
l'assemblée ou du gouvernement, ou par le dixième des
députés de l'assemblée régionale.
La consultation sur les matières régionales
En application de l'article 229-2 de la Constitution, "
les organes de
souveraineté, pour toutes les questions de leur compétence
concernant les régions autonomes, sont tenus de consulter les organes du
gouvernement régional
".
Conformément à cette prescription constitutionnelle, les statuts
des deux archipels précisent que le gouvernement ou le Parlement
national doivent consulter les organes locaux, lorsqu'ils exercent leur pouvoir
exécutif ou législatif sur des matières relevant de la
compétence de la région.
* *
*
Pour mettre en oeuvre la totalité des droits des régions autonomes, les statuts prévoient que le gouvernement de la République et le gouvernement régional élaborent des protocoles de collaboration permanente sur les matières intéressant à la fois l'Etat et la région (situation économique et monétaire ; politique fiscale, monétaire et financière ; adhésion à des organes économiques et monétaires... ).
2) L'autonomie financière
La
Constitution la garantit, puisqu'elle autorise les régions autonomes
à "
exercer leur pouvoir de créer des impôts,
conformément à la loi, disposer des recettes fiscales ainsi
perçues et de celles qui leur sont attribuées et les affecter
à leurs dépenses, ainsi qu'adapter le système fiscal
national aux spécificités régionales, conformément
à la loi-cadre de l'Assemblée de la République
. "
Les statuts de Madère et des Açores affirment le principe
d'autonomie financière des deux archipels. Chacune des deux
régions approuve son budget et dispose des recettes principales
suivantes : impôts et taxes perçus sur son territoire (y
compris droits de douane), emprunts, aides de l'Etat conformément au
principe de solidarité nationale et aides européennes.
3) Les institutions locales
a) L'assemblée
Elue au
suffrage universel, à la représentation proportionnelle,
l'assemblée exerce le pouvoir législatif, vote le budget et
contrôle l'action du gouvernement régional, responsable devant
elle.
La durée du mandat est de quatre ans.
Les
Açores
|
Madère
|
Chaque île constitue une circonscription électorale et, dans chacune d'elles, un député représente 6 000 électeurs. |
Chaque commune constitue une circonscription électorale et, dans chacune d'elles, un député représente 3 500 électeurs, de sorte que l'assemblée actuelle se compose de cinquante-neuf membres. |
b) Le gouvernement
Il
définit la politique de la région, dirige l'administration locale
et exerce le pouvoir exécutif, aussi bien pour la législation
régionale que pour la législation nationale quand le pouvoir
réglementaire n'est pas réservé au gouvernement national.
Le gouvernement régional est responsable devant l'assemblée
législative régionale.
Le président du gouvernement régional est nommé par le
ministre représentant la République dans la région en
fonction des résultats des élections. Les autres membres du
gouvernement sont nommés et révoqués par le ministre de la
République sur proposition du président du gouvernement
régional.
4) Les limites de l'autonomie
a) La compétence exclusive des organes de souveraineté sur certaines matières
Comme on l'a déjà évoqué lors de la présentation des compétences des régions autonomes, la Constitution réserve aux " organes de souveraineté " c'est-à-dire au président de la République, à l'Assemblée de la République, au gouvernement et aux tribunaux, certaines compétences, qui concernent essentiellement les institutions, la défense, la justice et la politique économique.
b) L'interdiction faite aux régions autonomes de prendre certaines mesures
L'article 230 de la Constitution interdit aux régions
autonomes :
"
a) de restreindre les droits reconnus aux travailleurs par la
loi ;
b) d'établir des restrictions à la circulation de personnes et de
biens entre ces régions et le reste du territoire national, sauf en ce
qui concerne les biens, en cas de mesures dictées par des exigences
sanitaires ;
c) de réserver l'exercice d'une profession ou l'accès à la
fonction publique à des personnes nées ou domiciliées dans
la région
".
c) La représentation de la République dans les régions autonomes
Le
ministre qui représente la République dans chacun des archipels
est nommé par le Président de la République pour la
durée du mandat de ce dernier. Il signe les textes adoptés par
les assemblées législatives régionales et ordonne leur
publication. Il peut exercer sont droit de veto, mais les assemblées
régionales ont la possibilité de confirmer leur position par une
décision prise à la majorité absolue de leurs membres.
Dans ce cas, le ministre doit signer le texte qui lui a été
transmis.
De plus, le statut des Açores permet au ministre d'adresser des messages
à l'assemblée régionale.
d) Le contrôle de constitutionnalité exercé sur les actes des régions autonomes
La Cour constitutionnelle portugaise se prononce sur l'inconstitutionnalité des lois régionales ou sur leur illégalité (pour violation du statut régional ou d'une loi nationale). Elle peut être saisie par le président de l'assemblée régionale ou du gouvernement, par un dixième des membres de l'assemblée régionale ou par le ministre de la République.
e) L'approbation définitive par l'Assemblée de la République des projets de statut des régions autonomes
L'Assemblée de la République procède à la délibération finale sur les projets de statut des régions autonomes, dont l'initiative revient aux assemblées régionales.
f) La dissolution des organes régionaux
Aux
termes de l'article 236 de la Constitution :
"
1. Lorsqu'ils pratiquent des actes contraires à la
Constitution, les organes des régions autonomes peuvent être
dissous par le président de la République, après
consultation de l'Assemblée de la République et du Conseil d'Etat.
2. En cas de dissolution des organes régionaux, le gouvernement de la
région est assuré par le ministre de la République.
"
(1)
La population moyenne d'une communauté autonome est d'environ
2,5 millions d'habitants. Il existe cependant trois communautés
autonomes moins peuplées que l'archipel des Baléares (la Rioja,
avec moins de 300 000 habitants, ainsi que la Cantabrie et la
Navarre, qui comptent chacune environ 550 000 habitants).
(2) La Constitution désigne ainsi le président de la
République, l'Assemblée de la République, le gouvernement
et les tribunaux.
(3) Le statut de Madère ajoute la recherche.