NOTE DE SYNTHESE
La
charge fiscale constituant l'un des principaux obstacles à la
réussite de la transmission des entreprises au sein de la famille, soit
par succession, soit par donation, cette étude analyse les droits de
succession et de donation sur la transmission des entreprises chez nos
principaux voisins (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie et Royaume-Uni) ainsi
qu'aux Etats-Unis.
Ni la taxation des plus-values, ni les droits d'enregistrement n'ont
été pris en compte dans le champ de cette étude. De
même, les dispositions spécifiques aux entreprises agricoles n'ont
pas été retenues.
Pour examiner les droits de succession et de donation perçus à
l'occasion de la transmission des entreprises familiales, on a successivement
analysé :
- le régime général d'imposition des successions ;
- les éventuelles règles particulières applicables aux
donations ;
- les dispositions spécifiques aux biens professionnels.
Bien que les comparaisons soient difficiles en raison des différences de
mode de calcul et d'assiette, il apparaît qu'en Allemagne, au
Royaume-Uni, aux Etats-Unis, et à un moindre degré en Belgique,
les dispositions fiscales sont plus propices à la transmission des
entreprises familiales qu'en France.
Ceci résulte :
- du régime d'imposition des successions et des donations ;
- de mesures spécifiques favorables à la transmission des biens
professionnels.
I - LE REGIME GENERAL D'IMPOSITION DES SUCCESSIONS ET DES DONATIONS EN ALLEMAGNE, AU ROYAUME-UNI ET AUX ETATS-UNIS EST NETTEMENT PLUS FAVORABLE QU'EN FRANCE.
1) En Allemagne
En ligne
directe, le taux maximum, 35 %, n'est atteint que lorsque la part
héréditaire après abattement dépasse 100 millions
de marks, soit environ 350 millions de francs.
La plupart des héritages ne sont pas taxés puisque l'abattement
dont bénéficie le conjoint se monte à 500 000 marks.
En outre, pour l'évaluation des immeubles, l'administration fiscale
retient une valeur fiscale forfaitaire très inférieure à
la valeur réelle.
Par ailleurs, les donations sont certes imposables au même taux que les
successions, mais il est possible de faire à son conjoint une donation
en franchise d'impôt d'un montant de 250 000 DM et de renouveler
l'opération dix ans plus tard.
2) Au Royaume-Uni
a) Les successions
Il n'y a
qu'un taux d'imposition des successions. Il est de 40 % mais se calcule sur la
base imposable, taxe comprise, ce qui équivaut à un taux
réel de 66 %.
Ce taux, très élevé, doit être tempéré
par deux éléments :
- les successions entre époux sont totalement exonérées
et, en l'absence de toute notion de réserve, rien n'empêche le
conjoint d'hériter de l'ensemble de la succession ;
- l'abattement
général de 154 000 fait
échapper à l'impôt de nombreuses successions.
b) Les donations
Elles
sont imposables au taux unique de 20 % qui se calcule sur la base imposable,
taxe comprise, ce qui équivaut à un taux réel de 25 %.
Dans les faits, de nombreuses donations sont dispensées du paiement des
droits grâce à :
- l'exonération des donations entre époux ;
- l'abattement général de 154 000 ;
- l'exonération dont bénéficient les donations faites
à une personne physique. En effet, ces donations ne sont imposables que
si le donateur décède moins de 7 ans après la
donation.
3) Aux Etats-Unis
Au
niveau fédéral, la forte progressivité du barème
est compensée par un crédit d'impôt, de telle sorte que
seules les successions supérieures à 600 000 dollars sont
imposables.
En outre, les successions entre époux échappent totalement
à l'impôt.
II - DES MESURES SPECIFIQUES ONT ETE PRISES POUR FAVORISER LA TRANSMISSION DES BIENS PROFESSIONNELS EN ALLEMAGNE, EN BELGIQUE ET AU ROYAUME-UNI.
Ces trois pays sont les seuls à avoir prévu d'autres mesures que le report d'imposition ou le paiement échelonné, qui existent partout, sauf en Italie.
1) En Allemagne
Depuis
le 1er janvier 1994, l'héritier qui, à la suite d'un
décès ou d'une succession anticipée, conserve les biens
professionnels pendant au moins 5 ans, bénéficie d'un
abattement de 500 000 marks
. Cette mesure, prise pour favoriser la
transmission des P.M.E., constitue une des dispositions de la loi du 9 juillet
1993 tendant à favoriser l'implantation d'entreprises en Allemagne.
En outre, un allégement des droits de succession et de donation sur la
transmission des entreprises pourrait être introduit prochainement : le
projet de loi de finances pour 1996, actuellement en cours
d'élaboration, prévoit l'instauration d'un abattement forfaitaire
de 25 % de la valeur de l'entreprise à transmettre.
2) En Belgique
Depuis
1980,
les taux applicables aux deux tranches supérieures du
barème des héritages recueillis en ligne directe sont
réduits
si les biens transmis consistent en une entreprise
individuelle ou en titres de sociétés.
La réduction s'applique à deux conditions :
- que l'entreprise ait été exploitée à des fins
professionnelles par le défunt ou son conjoint ;
- que l'héritier poursuive l'activité.
Les taux de 24 % et 30 % sont alors portés respectivement à 22 %
et 25 %.
3) Au Royaume-Uni
Un
abattement de 50 % ou 100 %
est pratiqué sur la valeur de certains
biens lorsqu'ils ont été détenus dans le cadre de
l'exploitation professionnelle pendant les deux ans précédant la
mutation ou lorsqu'ils ont été acquis en remplacement
d'immobilisations y ouvrant droit.
L'abattement porte essentiellement sur les biens suivants :
- entreprises individuelles, entreprises non constituées sous la forme
de sociétés de capitaux ou participations dans des entreprises de
ce type ;
- participation dans des sociétés de capitaux cotées ou
non ;
- immeubles, outillages et terrains.