Le 27 novembre 2019, MM. Raymond Vall (Gers – RDSE), président du groupe d’amitié France-Népal, Michel Boutant (Charente – SOCR), Yvon Collin (Tarn-et-Garonne – RDSE), Jean-Luc Fichet (Finistère –SOCR) et Mme Evelyne Perrot (Aube – UC), membres, ont reçu au Sénat S.E. M. Dipak Adhikari, ambassadeur du Népal en France, accompagné par M. Binod Khakurel, président du Collectif France-Népal.
S.E. M. Dipak Adhikari, après avoir présenté ses condoléances pour la mort, la veille, de treize militaires français en opération au Mali, s’est félicité de la contribution du groupe d’amitié aux excellentes relations franco-népalaises. Depuis son arrivée à Paris, il y a sept mois, l’ambassadeur a pu observer la bienveillance dont son pays fait l’objet en France. Il a rappelé qu’à l’occasion de l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, il y a 70 ans, le Premier ministre népalais avait séjourné six semaines en France ; à son retour, il avait repris l’idée napoléonienne d’une entreprise de codification du droit, avant de la transposer au Népal.
L’ambassadeur a fait observer que les explorateurs et scientifiques français, en particulier Maurice Herzog lorsqu’il conquit l’Annapurna en 1950, avaient beaucoup contribué à faire connaître le Népal à l’extérieur ; inversement, les sommets népalais, en premier lieu l’Everest, ont participé à la popularisation de l’alpinisme.
L’ambassadeur a souligné qu’après plus de dix ans de guerre civile, le Népal avait pu se doter d’une nouvelle constitution, conforme aux standards démocratiques internationaux. Ce texte prévoit une représentation minimale de 33 % de femmes dans la vie politique népalaise. La France a joué un rôle positif dans le processus de pacification qui a suivi la guerre civile, a par ailleurs noté l’ambassadeur. Aujourd’hui, le gouvernement népalais peut s’appuyer sur une large majorité parlementaire et le pays connaît une situation politique stable.
En réponse à une question de M. Michel Boutant, S.E. M. Dipak Adhikari a souligné que, bien que le Népal soit un pays de dimensions réduites, 125 langues y sont parlées, même si le népali est la langue officielle, désormais largement maîtrisée par la population et enseignée sur l’ensemble du territoire.
En réponse à une question de Mme Évelyne Perrot, l’ambassadeur a précisé que l’Alliance française de Katmandou, présidée depuis l’été dernier par M. Rajendra Khetan, l’un des principaux hommes d’affaires népalais, était active, et que le français était enseigné dans une trentaine d’écoles du pays. La langue française y est d’ailleurs la deuxième langue étrangère apprise après l’anglais. Le fils de l’ambassadeur est lui-même francophone.
M. Raymond Vall a rappelé le projet de M. Khetan de favoriser les échanges d’étudiants français et népalais. Il a ensuite abordé le sujet de l’herboristerie : alors que le Népal dispose d’importantes ressources en matière de plantes médicinales, il lui est quasiment impossible de les exporter vers l’Europe en raison de normes d’accès aux marchés incompatibles, alors que de nombreuses entreprises françaises seraient tentées d’explorer ce champ de développement du commerce équitable. Il a salué l’investissement de l’ambassadeur de France au Népal sur ces questions.
Répondant à une question de M. Jean-Luc Fichet sur les plantes médicinales, S.E. M. Dipak Adhikari a indiqué que les autorités de son pays cherchaient à développer ce secteur économique.
M. Raymond Vall a estimé que les autorités népalaises auraient sans doute intérêt à organiser le développement du commerce équitable, par exemple par l’intermédiaire de coopératives, d’autant plus que ce secteur constitue un facteur important de développement, au plus près des producteurs locaux. Il a également suggéré à l’ambassadeur de visiter ce type de coopératives en France.
L’ambassadeur a souscrit à ces propos et s’est dit disponible pour une telle visite. Il a également insisté sur l’importance du secteur touristique au Népal, où 2020 a été déclarée année du tourisme. Il a mentionné le rôle de l’UNESCO dans les domaines de l’éduction et de la protection du patrimoine. Enfin, il a noté l’importance des échanges interparlementaires.
Sur ce sujet, M. Raymond Vall a indiqué que le groupe d’amitié envisageait d’effectuer prochainement un déplacement au Népal, par exemple en avril 2020, afin d’afin d’aborder des sujets tels que les potentialités du tourisme et de l’alpinisme, l’agriculture biologique ou encore l’environnement et l’énergie.
M. Yvon Collin a fait observer que l’Himalaya, gigantesque réserve d’eau, et donc d’énergie, constituait un atout extraordinaire pour le Népal. Il a aussi souligné les problèmes de circulation et de pollution récurrents à Katmandou. Il s’est dès lors enquis de l’engagement des autorités népalaises en faveur de l’environnement.
S.E. M. Dipak Adhikari a fait part de la détermination du gouvernement népalais à lutter contre le réchauffement climatique, en se positionnant comme une force de proposition dans la région. Il a déploré, à cet égard, la fonte accélérée des glaciers himalayens, y compris par le sol.
M. Raymond Vall a estimé que la France pourrait prendre l’initiative d’une assistance de l’Agence spatiale européenne (ESA) au Népal, sous la forme d’une surveillance satellitaire de ses glaciers.
En réponse à une question de Mme Évelyne Perrot, l’ambassadeur a indiqué qu’il existait plusieurs facultés de médecine au Népal et que des échanges d’étudiants seraient souhaitables, en particulier en otorhinolaryngologie, secteur de pointe de la médecine népalaise. Il s’est engagé à prendre des contacts pour faire avancer ce projet.
En réponse à des questions de M. Michel Boutant sur les moyens des services de sécurité civile népalais pour faire face aux séismes ou aux conséquences de la fonte des glaciers – les ruptures de digues, par exemple – et sur l’état d’avancement du projet de construction d’un téléphérique visant à désengorger la circulation à Katmandou, l’ambassadeur a indiqué que la décision relative à ce dernier point n’était pas encore prise, mais que le Premier ministre népalais, lors de sa visite en France, en juin dernier, avait tenu à prendre le téléphérique à Chamonix, signe de son intérêt pour ce projet. En avril 2020, dans le cadre de l’année du tourisme, le Népal organisera un sommet international intitulé Everest Dialog, a-t-il ajouté.
Enfin, l’ambassadeur a regretté que les compagnies aériennes népalaises soient interdites de vol dans l’espace aérien de l’Union européenne, alors qu’elles sont des clientes fidèles d’Airbus. Une évolution de cette situation pourrait favoriser le développement du tourisme et l’établissement de liaisons aériennes directes entre la France et le Népal.
M. Raymond Vall remet la médaille d'or du Sénat à SE M. Dipak Adhikari,
en présence (de gauche à droite) de M. Binod Khakurel, M. Michel Boutant,
Mme Evelyne Perrot et M. Yvon Collin
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