Le 25 mai 2021, sous la présidence de Mme Nadia SOLLOGOUB (Union Centriste – Nièvre), le groupe interparlementaire d’amitié France-Ukraine s’est entretenu avec S. E. M. Vadym OMELCHENKO, Ambassadeur d’Ukraine en France
Étaient également présents : M. Jean-Yves LECONTE (SER – Français établis hors de France), M. Gérard LONGUET (LR – Meuse), M. Hervé MAUREY (UC – Eure), président d’honneur, Mme Marie MERCIER (LR – Saône-et Loire) et Mme Évelyne PERROT (UC – Aube).
Dans ses propos introductifs, Mme la sénatrice Nadia SOLLOGOUB, présidente, a invité S. E. M. Vadym OMELCHENKO à présenter la situation politique et sanitaire en Ukraine. Elle s’est également réjouie de l’excellence des relations bilatérales entre la France et l’Ukraine, qui ont récemment permis de concrétiser la vente de 130 locomotives Alstom et 370 camions de pompier à l’Ukraine, lors d’une visite à Kiev de M. Bruno LE MAIRE, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, les 12 et 13 mai 2021.
S.E. M. Vadym OMELCHENKO a confirmé l’existence d’une dynamique très forte dans les relations entre les deux pays, à la fois dans le domaine de la défense que dans celui de l’économie. Il a d’abord rappelé la visite en France en février 2021 du ministre ukrainien des Affaires étrangères, M. Dmytro KULEBA, qualifiant l’échange avec son homologue Jean-Yves LE DRIAN de « très fructueux » , ainsi que la visite de travail du président ukrainien Volodymyr ZELENSKY en avril 2021, ayant permis au président d’avoir un échange « très franc » et « tout à fait satisfaisant » avec le Président de la République française Emmanuel MACRON, « en tête à tête ».
S. E. M. Vadym OMELCHENKO a confirmé l’importance de la récente visite de M. Bruno LE MAIRE en Ukraine qui a permis la signature d’accords intergouvernementaux bilatéraux (pour un montant total de 1,3 milliard d'euros), qui constituent selon lui un message fort et positif aux investisseurs français. Ces accords portent sur l'achat au groupe français Alstom de 130 locomotives électriques par les chemins de fer ukrainiens, la fourniture par l'entreprise française Desautel de 370 camions-échelles, et des rénovations de stations d'eau potable à Kiev et dans la région de Lougansk[1]. La proposition d’Alstom, si elle était en concurrence directe avec des offres « très intéressantes » (coréenne, chinoise et allemande), a été retenue en raison de l’octroi de prêts du Trésor français notamment[2], et de l’engagement d’Alstom à localiser 35 % de la production en Ukraine. S. E. M. Vadym OMELCHENKO a ainsi salué la reconnaissance par la France de la capacité d’emprunt de l’Ukraine, soulignant que la dynamique de croissance se situe au même niveau dans les deux États.
L’ambassadeur ce a par ailleurs évoqué d’autres opportunités de coopération économiques actuellement en cours d’étude, dans les secteurs aéronautiques et miniers. Il a également réitéré son souhait de voir se concrétiser une visite du président français Emmanuel MACRON en Ukraine.
En réponse à M. le sénateur Gérard LONGUET (LR – Meuse), président du groupe d’amitié France-Russie, qui souhaitait savoir si la Russie, et les tensions dans l’Est de l’Ukraine avaient été évoquées à l’occasion de la rencontre, en avril, entre les présidents français et ukrainien, S. E. M. Vadym OMELCHENKO a répondu par l’affirmative, rappelant notamment l’engagement des deux présidents pour la paix, et leur attachement au « format Normandie », configuration diplomatique à quatre pays (Russie, Ukraine, Allemagne et France).
M. Hervé MAUREY (UC – Eure), ancien président du groupe d’amitié France-Ukraine, s’est réjoui du renforcement des relations bilatérales entre les deux pays au plus haut niveau.
Après avoir salué le rapprochement économique de la France et de l’Ukraine, M. Jean-Yves LECONTE (SER – Français établis hors de France) a interrogé l’ambassadeur sur la pertinence du format Normandie pour sortir de la crise, dans le contexte actuel d’arrivée de nouveaux acteurs (Turquie, États-Unis).
En réponse, S. E. M. Vadym OMELCHENKO a souligné la volonté du président ZELENSKY de poursuivre le dialogue avec la Russie et le caractère incontournable du format Normandie dans ce processus de négociation, bien que cela n’ait pas encore permis à ce jour de résoudre le conflit. Il a cependant regretté l’initiative russe de « passeportisation »[3], qui ne témoigne pas, selon lui, de la meilleure volonté dans la poursuite des négociations pour le règlement du conflit.
Répondant à une question de Mme Nadia SOLLOGOUB sur les relations inter-régions en Ukraine, S. E. M. Vadym OMELCHENKO a rappelé l’importante réforme de décentralisation engagée en Ukraine en 2014, « l’une des réformes les plus abouties à ce jour » selon le Parlement européen qui dans une résolution du 11 février 2021[4] « invite la Commission à (…) éventuellement l’utiliser comme exemple de réussite pour d’autres pays ». Ces réformes ont dévolu des compétences importantes aux régions en matière d’imposition ou d’investissements. S. E. M. Vadym OMELCHENKO a en outre fait part de son regret que le projet de jumelage entre la ville de Bordeaux et de Dnipro n’ait pu encore aboutir.
Mme Évelyne PERROT (UC – Aube) s’est enquise de la poursuite de la politique de préservation de l’architecture traditionnelle ukrainienne, avec notamment la rénovation de constructions en bois. Elle a également souhaité savoir si l’eau potable était désormais accessible sur tout le territoire ukrainien. Enfin, elle a demandé des précisions sur la commande de locomotives à la France, et la possibilité d’une commande ultérieure de wagons.
Sur ce dernier point, S. E. M. Vadym OMELCHENKO a confirmé qu’il existait des perspectives de commandes ultérieures de wagons, voitures et rails, l’Ukraine ayant engagé des projets de long terme sur son réseau ferroviaire. Le récent succès de l’accord sur la fourniture de locomotives, avec ses conditions de financement et d’emploi local, place la France en position de partenaire clé sur ce secteur. Il a par ailleurs confirmé que la politique de restauration de bâtiments historiques se poursuivait, citant en exemple la maison d’Honoré de Balzac. Enfin, concernant l’accès à l’eau potable sur le territoire ukrainien, S. E. M. Vadym OMELCHENKO a expliqué que les accords signés avec des sociétés françaises pour la rénovation de stations d’eau potable à Kiev et dans la région de Louhansk visaient à remplacer un système de filtration obsolète datant de l’ère soviétique. Ces projets participent d’un programme de modernisation de l’alimentation en eau potable amorcé en 2020 à Mariopoul, avec le soutien notable du Trésor français.
Mme Nadia SOLLOGOUB a conclu l’entretien en évoquant le projet de déplacement en Ukraine d’une délégation du groupe d’amitié, en 2021, vraisemblablement au début de l’automne.
[1] Ils concernent des groupements associant Eiffage et Saint-Gobain d’une part, Vinci, Razel-Bec et Civipol d’autre part.
[2] 590 millions d'euros devraient être financés par des prêts du Trésor français et 555 millions par des crédits de banques françaises.
[3] La Russie fournit quelques centaines de milliers de passeports russes à des citoyens ukrainiens, y compris à ceux qui résident dans des zones sous le contrôle du Gouvernement à Kiev.
[4] Résolution du Parlement européen du 11 février 2021 sur la mise en œuvre de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine (2019/2202(INI))
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- Mme Amélie MEIRHAEGHE
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