M. OUZOULIAS, vice-président du groupe interparlementaire d’amitié France-Arménie,
et Mme GASPARYAN, Maire d’Etchmiadzine
Mercredi 23 mars 2022, M. Pierre OUZOULIAS, vice-président du groupe d’amitié France Arménie s’est entretenu avec Mme Diana GASPARYAN, Maire d’Etchmiadzine. Cette dernière était présente en France dans le cadre du programme d’invitation des personnalités d’avenir (PIPA) du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Représentant le président du groupe d’amitié, M. Gilbert-Luc DEVINAZ, excusé, M. OUZOULIAS a présenté l’activité particulièrement dense du groupe d’amitié. Très dynamique, organisant des colloques sur la situation arménienne, le groupe interparlementaire d’amitié France-Arménie s’est engagé lors la guerre contre la République d’Artsakh, dénonçant la position de l’Azerbaïdjan.
Il s’est réjoui que la commune d’Etchmiadzine soit jumelée avec Issy-les-Moulineaux situé dans un des départements où la communauté arménienne est la plus importante. Il est lui-même élu du canton de Bagneux qui accueillit les premiers réfugiés arméniens après le génocide de 1915.
La France dispose d’un lien particulier avec l’Arménie et s’est engagée depuis des décennies à ses côtés. Ce lien pourrait se manifester une nouvelle fois si venait à se concrétiser la décision du transfert de Missak MANOUCHIAN au Panthéon, au titre de l’apport essentiel des Arméniens dans la libération de la France.
Ce lien se traduit au Sénat à la fois par la reconnaissance à la quasi-unanimité de la République d’Artsakh, condition préalable pour toute négociation de paix dans le Caucase du Sud, et par l’action du groupe d’amitié pour la protection du patrimoine menacé par l’armée azerbaïdjanaise.
M. OUZOULIAS a ensuite interrogé Mme GASPARYAN sur le parcours singulier qui l’a conduite à être la première et la seule femme maire d’une commune en Arménie, avant d’élargir au renouvellement de la classe politique arménienne. De plus, il a invité madame GASPARYAN à partager les actions de coopération décentralisée issues du jumelage entre Etchmiadzine et Issy-les-Moulineaux, à présenter les politiques culturelles qu’elle conduit dans sa ville, et enfin à exprimer son avis sur la situation de la République d’Artsakh.
Mme GASPARYAN a remercié M. OUZOULIAS de son accueil et du fait qu’il désigne la République d’Artsakh par son nom arménien. Reconnaissante du soutien important à tous les niveaux de la France à l’Arménie, elle a exprimé ses craintes, le monde ayant les yeux rivés sur l’Ukraine, d’un désintérêt pour la situation qui se dégrade entre la République d’Artsakh et l’Azerbaïdjan. Dans un tel contexte, l’activité du groupe d’amitié France-Arménie confère un sens particulier à l’amitié entre les deux pays. Selon Mme GASPARYAN, bien plus qu’une simple guerre territoriale, l’Azerbaïdjan manifeste une réelle volonté de destruction du patrimoine en Artsakh. Face à cette situation, l’Arménie en appelle à l’UNESCO pour intervenir et sanctuariser ces monuments menacés.
La question culturelle est omniprésente dans sa ville qui a la chance d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de ses monuments religieux. Au cours de sa visite à Paris, elle a fait connaître la stratégie culturelle de sa ville connue pour ce patrimoine. Bénéficiant de cet atout, elle souhaite que le tourisme religieux profite davantage à la ville et permette le développement de nouvelles infrastructures culturelles qui inciteraient les touristes à prolonger leur séjour.
Si elle se réjouit du jumelage avec Issy-les-Moulineaux, qui a comme point commun avec Etchmiadzine d’être une commune proche de la capitale, elle remarque que la dimension architecturale et économique d’Issy-les-Moulineaux qui attire les sièges de nombreuses entreprises, ne peut être adaptée à Etchmiadzine. Selon elle, il serait intéressant de développer des actions de coopération décentralisée par la conclusion de partenariats avec des villes aux caractéristiques économiques, culturelles et sociales similaires.
Mme GASPARYAN a précisé que le choix de ses administrés d’élire pour la première fois une femme à la tête d’un échelon de proximité est un signe positif pour l’avenir. Elle espère que cela pourra inspirer les jeunes femmes de son pays.
M. OUZOULIAS a rejoint Mme GASPARYAN dans ses attentes de partenariats. Il a par exemple indiqué que de nombreuses collectivités en France présentent des similitudes avec Etchmiadzine et pourraient être approchées dans la perspective de jumelages : à titre d’exemple, il a cité Avignon, cité des papes ayant joué un rôle important dans l’histoire de la chrétienté mais également ville des arts, et s’est proposé de faciliter un contact avec un de ses collègues du Vaucluse et membre également du groupe d’amitié.
Mme GASPARYAN s’est montrée enthousiaste à cette suggestion et a indiqué que l’Arménie, comme la France, partageait un objectif commun en matière touristique, inciter les touristes à rester plus longtemps. Cela suppose en Arménie des investissement en termes d’infrastructure : malgré la richesse de son patrimoine culturel, Etchmiadzine fait face à tous les enjeux communs aux aires urbaines d’importance où doivent être conciliées qualité de vie, stratégie pour l’emploi, aménagement, collecte et traitement des déchets, traitement de l’eau, etc. La stratégie de développement touristique s’inscrit pleinement dans cette perspective.
En tant que vice-président de la commission de la culture, M. OUZOULIAS a eu l’opportunité de se rendre aux Émirats arabes unis où il a visité les grands musées récemment construits et a dressé un parallèle avec les atouts dont dispose l’Arménie pour attirer davantage de touristes.
S’étant déjà rendu à Etchmiadzine, il est persuadé que le tourisme religieux peut être la base d’un tourisme plus conséquent, également porté par une gastronomie de grande qualité. Par ailleurs, rencontrant régulièrement des Arméniens qui repartent dans leur pays, M. OUZOULIAS pense que l’un des enjeux pour l’Arménie est de développer encore son économie numérique afin de fixer les jeunes par la création d’emplois en grand nombre.
Mme. GASPARYAN partage son analyse des atouts dont dispose son pays pour fournir des services digitaux à meilleur prix que dans d’autres pays. En ce qui concerne plus spécifiquement les atouts de sa ville, elle est consciente que cette articulation entre l’ancien et le moderne, manifestation de l’ouverture au changement peut intéresser les touristes. C’est au travers de ce prisme qu’elle souhaite dynamiser sa ville afin de permettre aux jeunes actifs de trouver un emploi sans être contraint de rejoindre Erevan. Madame la Maire s’est félicitée des liens, de toutes natures, entre l’Arménie et la France dans une période où les amis de l’Arménie sont moins nombreux et plus discrets. Il y a dix ans, la délégation arménienne conduite par le président SARKISSIAN, témoignait déjà de cette volonté de développement commun.
M.OUZOULIAS a conclu l’entretien en exprimant une fois de plus sa confiance dans l’avenir du pays, et la volonté du groupe d’amitié d’appuyer ses projets de développement. Il a formulé le souhait que le groupe d’amitié puisse se rendre à Etchmiadzine lors du déplacement en Arménie prévu au mois de mai, afin de concrétiser les propositions de coopération culturelle. Mme GASPARYAN a remercié monsieur le Sénateur, et s’est réjouie de voir se dessiner des projets concrets.
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- Mme Véronique BOCQUET
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