Colloque sur le Caucase (19 mai 2005)
L'exploitation d'hydrocarbures en Azerbaïdjan :
un potentiel pour l'ensemble du Caucase
Jean JANUARD, Directeur Pétrole et Gaz Russie,
Coordinateur projets énergétiques Caucase-Asie centrale, Groupe CIFAL
J'ai représenté une entreprise française d'accompagnement à l'international présente en Azerbaïdjan pendant dix ans. Je ne prétends donc pas à l'objectivité.
Le Sud-Caucase a souvent été synonyme de conflits multiples. Aussi devions-nous trouver notre place dans un contexte difficile. Nous devions également évoluer dans un contexte de renouveau du sentiment national, tant sur le plan culturel que sur le plan économique. Pour parler plus clairement, nous étions face à trois Républiques, à trois Caucase et à trois cadres juridiques.
La coopération régionale était un sujet tabou. En effet, chacune des puissances essayant d'influer au sein de la région promouvait des projets de développement différents. In fine , nous avons su trouver notre place dans ces Républiques en proposant des projets de développement particuliers.
En matière d'exploitation des hydrocarbures, l'Azerbaïdjan joue un rôle moteur, susceptible d'engendrer des retombées importantes pour ses voisins. Ce secteur y est résolument tourné vers l'étranger. La plupart des majors y sont présentes et la plupart des puissances politiques et économiques ont été représentées dans les accords de partage de production.
Aujourd'hui, des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars se profilent, au regard de la hausse programmée de la production. Ce développement futur a engendré la signature de nombreux contrats de sous-traitance. Aujourd'hui, de nouveaux projets se font jour.
Par ailleurs, les couloirs liés au transport et à l'évacuation d'hydrocarbures, qui ont été cités précédemment, doivent être reliés aux couloirs de transport et d'évacuation d'électricité. Ces projets sont susceptibles de nous intéresser, car ils s'accompagneront de contrats de sous-traitance.
Certains des investissements sont réalisés par l'État azerbaïdjanais lui-même, quand d'autres le sont par des majors. Quoi qu'il en soit, ils sont ouverts à tous. BP estime ainsi que les OPEX seront de l'ordre de 50 millions de dollars par an pour les années à venir. Les entreprises françaises peuvent en profiter.
Au-delà de la manne pétrolière bénéficiant à l'Azerbaïdjan, les recettes du transit sont de plus en plus importantes. Elles profitent notamment à la Géorgie. Elles s'élèvent ainsi à environ 50 millions de dollars par an. Les recettes issues du transit par le rail sont également relativement fortes.
Plus généralement, les investissements en matière d'infrastructures peuvent intéresser les entreprises françaises, qui peuvent tout à fait poser leur candidature. Il ne faut pas se limiter aux activités pétrolières, dans la mesure où nombre d'activités induites sont susceptibles d'être concernées (infrastructures, installations, services). En outre, certains projets en cours (couloirs, constructions de routes, rénovations de ports, réseaux, traitement d'eau) seront lancés à court terme. Ils peuvent être gagnés très rapidement.
Au final, de nombreuses entreprises françaises sont susceptibles de s'intéresser au marché de l'exploitation d'hydrocarbures en Azerbaïdjan, porteur de nombreuses opportunités, directes ou induites. Par exemple, le revenu des Azerbaïdjanais est en forte hausse, ce qui suppose d'éventuels développements pour notre industrie de biens de consommation. Je tiens à signaler que Moscou revient dans la région et investit notamment en Azerbaïdjan par le biais de capitaux privés.
En conclusion, la coopération régionale est la voie qui a été choisie. Si l'Azerbaïdjan recueillera l'essentiel des bénéfices de l'exploitation d'hydrocarbures, ses voisins en profiteront également. Si des interrogations peuvent être émises quant aux conséquences d'une « monoculture pétrolière » sur l'Azerbaïdjan, il est évident que nombre d'affaires potentielles sont susceptibles de profiter aux entreprises françaises. Les investissements bilatéraux, publics ou privés, contribueront également au développement de la zone. Enfin, la stabilité de la région, qui n'est pas encore consolidée, représente une difficulté pour les hommes d'affaires que nous sommes.