Compte rendu du déplacement effectué par une délégation du groupe interparlementaire
du 22 au 30 mai 20042. Une économie fragile
Grande puissance africaine, l'Éthiopie, malgré des réformes récentes, souffre dans le même temps d'une économie précaire et d'un état sanitaire qui ne sont manifestement pas en adéquation avec les ambitions qu'elle s'est assignée sur la scène internationale.
Septième pays le plus pauvre de la Terre, avec un PIB par habitant inférieur à 100 $, l'Éthiopie, en dépit de potentialités agricoles non négligeables, est toujours confrontée au défi de la sécurité alimentaire. Son PIB a décru de 3,8 % en 2003, avec de surcroît une inflation annuelle de près de 15 %. Elle reste très dépendante de l'assistance des bailleurs de fonds tout en étant handicapée par une dette extérieure importante (6 milliards de $, soit près d'une année de PIB) encore aggravée par la chute des cours internationaux des produits qu'elle-même exporte (le café, notamment).
• Sur le plan des structures, quinze ans après la chute du régime collectiviste de Mengistu, l'économie éthiopienne demeure refermée sur elle-même et marquée par le poids excessif de l'État, qui s'y exerce soit directement, soit à travers tout un réseau d'entreprises publiques dont l'actuel Gouvernement ne semble pas empressé de se départir (le programme des privatisations lancé par le Premier ministre, M. Melès Zenawi est quasiment figé depuis trois ans).
Enfin, l'Éthiopie pâtit d'une sorte d'enclavement économique qui peut sembler paradoxal si on le rapporte à la taille et à la population de ce pays, assez vaste pour constituer en eux-mêmes un marché intérieur offrant de nombreux débouchés.
Cette singularité tient en partie aux séquelles du conflit avec l'Érythrée et à la tension qui persiste entre les deux pays à propos du contentieux sur la Bande de Badmé, car depuis l'ouverture des hostilités, l'Éthiopie n'a plus d'accès direct à la mer et doit donc faire transiter l'essentiel de son commerce ultra-marin via Djibouti, par la route ou le rail. Autant que la délégation ait pu en juger, le choix entre ces deux modes de transport de fret n'est d'ailleurs pas totalement dépourvu d'arrières pensées, fondées sur des intérêts financiers puissants dont les imbrications réelles mériterait d'être éclaircies.
• Pour ce qui la concerne, la France n'est qu'un partenaire commercial modeste de l'Éthiopie, avec laquelle nos échanges se limitent, pour l'essentiel, à quelques produits agricoles de base, principalement des céréales et du café ; ce pays se situe au 123 ème rang mondial de nos clients et au 140 ème rang de nos fournisseurs.
Un dossier sensible pour nous est le dépérissement progressif du chemin de fer djibouto-éthiopien, que la France avait contribué à construire au début du XX ème siècle et qui se trouve aujourd'hui dans une situation technique et financière compromise, tandis que sa compagnie gestionnaire, en état de quasi-faillite, est redevable d'une dette très élevée envers une entreprise française, la société CIM Logérail.
• Sur le plan sanitaire, l'Éthiopie est durement touchée par différentes maladies endémiques et, désormais, par l'épidémie de sida qui semble y atteindre des proportions extrêmement graves : selon les informations recueillies sur place, la population éthiopienne, qui ne représente qu'environ 1 % de la population mondiale, compterait à elle seule près de 10 % du nombre total des personnes contaminées dans le monde.