IV. LE DIALOGUE AVEC LE DALAÏ-LAMA : VERS UNE SOLUTION AU PROBLÈME TIBÉTAIN ?

Au-delà de leur discours officiel d'autocongratulation, les autorités chinoises admettent implicitement l'existence d'un problème au Tibet. Ce constat réaliste les a amenées à accepter l'ouverture de négociations avec les représentants du Dalaï-Lama, qui continue d'être perçu par le peuple tibétain comme son dirigeant légitime. Mais ces négociations, seul espoir de solution, s'avèrent très difficiles, tant les positions des deux parties sont éloignées.

A. UN MANQUE DE CONFIANCE RÉCIPROQUE

Ouvert en 1979, interrompu en 1989, puis rétabli à partir de 2002, le dialogue sino-tibétain souffre à la base d'un défaut de confiance réciproque entre les négociateurs.

1. La rhétorique de Pékin

La rhétorique de Pékin à l'encontre du Dalaï-Lama est peu amène. Selon « Cent questions sur le Tibet », « le Dalaï-Lama est non seulement une personnalité religieuse, mais aussi un exilé politique qui s'active depuis longtemps à l'étranger pour diviser la patrie, monter une armée, fomenter la violence, susciter des troubles à l'intérieur du pays et saboter l'union nationale ». Bien que ce dernier ait toujours prôné la non-violence et invité les combattants tibétains à déposer les armes, les autorités chinoises le tiennent pour responsable de tous les actes de résistance commis jusqu'à aujourd'hui.

Surtout, le Dalaï-Lama est soupçonné par la partie chinoise d'avoir un double langage. Sa renonciation officielle en 1988 à revendiquer l'indépendance du Tibet pour se contenter d'une autonomie approfondie est considérée comme une simple ruse tactique. Selon « Cent questions sur le Tibet », « la soi-disant « grande autonomie » avancée par le dalaï-lama est un artifice trompeur pour ceux qui ne connaissent pas bien la situation de la Chine, parce que le Tibet est depuis longtemps une des cinq régions autonomes du pays. L'essence de la soi-disant « grande autonomie » réside dans la réalisation de « l'indépendance du Tibet » en deux étapes : la première est de rétablir la domination du dalaï-lama sur le Tibet et le régime de l'ancien Tibet ; la deuxième, de réaliser « l'indépendance du Tibet ».

De même, lors des entretiens de la délégation du groupe d'information à Pékin, il a été regretté que le Dalaï-Lama soit une « personnalité compliquée », difficile à comprendre et à croire. Trois conditions au progrès des négociations sont rituellement posées par la partie chinoise : le renoncement à l'indépendance du Tibet ; l'abandon de la notion de Grand Tibet ; l'affirmation de l'appartenance de Taïwan à la Chine.

2. Les interrogations de Dharamsala

Réciproquement, les autorités tibétaines en exil établies à Dharamsala, en Inde, ne savent pas jusqu'à quel point elles peuvent se fier à leurs interlocuteurs chinois, compte tenu de l'opacité du régime communiste.

Lors de l'entretien qu'il a accordé en 2005 à une délégation du groupe d'information, dans sa résidence privée de Dharamsala, le Dalaï-Lama a confirmé qu'il croit que le problème du Tibet pourrait être résolu par le gouvernement de Pékin, mais a fait part de ses doutes : « dans ce régime communiste, ils ont sans cesse une susceptibilité et une sorte de peur. Au lieu d'avoir une politique réelle qui puisse résoudre les problèmes, ils s'accrochent au pouvoir et résolvent les problèmes au jour le jour. D'une façon générale, le gouvernement annonce une chose aujourd'hui, et le lendemain, il en va différemment. C'est une gestion provisoire, à courte vue. Personne ne fait confiance à personne, car personne ne sait ce qui va se passer demain (...) Dans ces conditions, même si nous parvenons à une entente aujourd'hui, quel sera notre sort demain ? Il y a quelque temps, des personnes bien intentionnées m'ont supplié de ne pas faire confiance à la Chine, de ne pas rentrer au Tibet. Si le gouvernement chinois devenait plus démocratique, plus ouvert, une politique transparente et claire deviendrait possible. Les relations seraient plus sûres ».

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