C. ENTRETIEN AVEC M. TZACHI HANEGBI, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DE LA DÉFENSE DE LA KNESSET
Né à Jérusalem en 1957, avocat de profession, Tzachi Hanegbi a été élu député à la Knesset pour la première fois en 1988. Il fut membre du Likoud avant de rejoindre le parti Kadima. Il a, dans ses fonctions antérieures, occupé plusieurs postes ministériels, à la santé puis à la justice (1996), à l'environnement puis aux transports (2002), à la sécurité intérieure puis au Bureau du Premier ministre (2004). Il est devenu, le 4 mai dernier, chef du groupe parlementaire Kadima à la Knesset, à la suite de la démission d'Avigdor Itzchaky. |
M. Tzachi Hanegbi a d'abord remercié le Gouvernement français pour son implication dans des sujets majeurs, tels que l'opposition à la nucléarisation de l'Iran, la préservation d'un État libanais stable et démocratique, la négociation en vue d'un accord de paix avec les palestiniens et enfin la demande de libération des soldats israéliens détenus prisonniers depuis l'été 2006.
Il a reconnu, ensuite, qu'Israël avait commis une grave erreur en ne prenant pas conscience que l'Iran mettait peu à peu en place une force avancée en vue de se doter de l'arme nucléaire. En effet, la priorité absolue des Gouvernements d'Ehud Barak et d'Ariel Sharon avait été de lutter contre la vague d'attentats suicides qu'Israël subissait au début des années 2000. En ce sens, l'opération « Muraille de défense » a été un très grand succès.
Cependant, dans la bande de Gaza, le scénario de la période 2000-2006 semble se renouveler. C'est pourquoi il a estimé qu'il était urgent de mettre fin au phénomène de construction de forces terroristes au Liban et à Gaza .
S'il a reconnu que le Premier ministre libanais, M. Fouad Sinioria, faisait preuve d'un grand courage pour défendre l'autorité du Liban, il a regretté que, comme Mahmoud Abbas, il souffre d'une grande faiblesse sur le plan politique. Il a pourtant exprimé son optimisme à l'égard de l'avenir du Liban, dans la mesure où l'ensemble de la communauté internationale est unie pour soutenir Fouad Sinioria. Il a insisté, néanmoins, sur l'exigence d'appliquer la résolution 1701 et de mettre en place d'un tribunal d'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri.
Il a considéré comme intolérable l'agression du Hezbollah contre Israël le 12 juillet 2006, qui s'est traduite par l'assassinat de 8 soldats et l'enlèvement de deux autres, encore détenus otages.
Il a estimé que les réflexions lancées par Israël sur la stratégie mise en oeuvre au Liban, dans le cadre de la commission d'enquête Winograd, ne porteraient pas atteinte à la capacité d'Ehoud Olmert de continuer à diriger le Gouvernement.
Enfin, en dépit des élections législatives palestiniennes remportées par le Hamas, du renforcement du Hezbollah et de l'enlisement américain en Irak, il a considéré qu'il y avait encore de quoi rester optimiste, mais qu'il fallait pour cela parvenir à se fixer des objectifs clairs.
En réponse aux interrogations de M. Philippe Richert sur les survols israéliens au Sud Liban et le désarmement du Hezbollah, M. Tzachi Hanegbi a indiqué qu'il existait des preuves claires que, depuis le dernier conflit, un système de contrebande d'armes s'était développé grâce à l'aide tacite de la Syrie. Ainsi, le Hezbollah a pu créer un véritable « empire » au Sud Liban. La présence de la force internationale (la FINUL) constitue désormais le seul obstacle à son réarmement. Toutefois, il a estimé que celle-ci devrait également se déployer le long de la frontière syro-libanaise , puisqu'il s'agit là d' une « brèche » à refermer pour assurer pleinement la souveraineté de l'État libanais .
Enfin, alors que le nouveau secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki Noon, se rend prochainement en Israël, M. Tzachi Hanegbi a attiré l'attention sur les soldats israéliens détenus prisonniers par le Hezbollah, dont on reste, de façon tout à fait inhumaine, sans aucune nouvelle. Il a demandé l'aide de la France à leur sujet.