ECLATEMENT, EUROPE : QUELLES PERSPECTIVES POUR LA SERBIE-ET-MONTENEGRO ?
Le déplacement d'une délégation du groupe interparlementaire France / Serbie-et-Monténégro à Belgrade, Podgorica, Pristina et Mitrovica du 18 au 22 avril 2005, était destiné à recueillir les avis, souvent divergents, des différents acteurs de la scène politique et économique locale concernant l'avenir à court terme de l'Etat Commun, voulu par l'Union Européenne, et du Kosovo, administré par les Nations-Unies depuis 1999.
Un an après les violences de mars 2004 au Kosovo et un an avant le probable référendum d'autodétermination au Monténégro, le groupe interparlementaire a pu mesurer l'extraordinaire complexité de la situation de la Serbie-et-Monténégro, pays aux frontières incertaines, où les réflexions d'ordre historique, culturel voire psychologique se substituent aisément à un discours politique rationnel.
La stabilité relevée par la Commission Européenne dans son avis favorable à l'ouverture des négociations en vue d'un Accord de Stabilisation et d'Association est à ce titre toute relative et ne saurait occulter l'absence de perspectives durables pour l'Etat Commun de Serbie-et-Monténégro, réduit à ses activités militaires et diplomatiques, ainsi que les difficultés rencontrées par les minorités au sein d'un Kosovo sans véritable statut institutionnel et sous perfusion internationale. L'avenir de la région dépend du règlement de ces questions.
La question kosovare plus que celle de l'éventuelle indépendance du Monténégro reste le noeud gordien en vue de l'achèvement de la transition démocratique et économique en Serbie. Une accession à l'indépendance, fut-elle conditionnelle, pourrait également remettre en cause l'équilibre régional mis en place depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. L'entité serbe de Bosnie-Herzégovine, la Republika Sprska, n'a, comme le Kosovo, jamais obtenu le statut républicain au sein de l'ex-Yougoslavie. La reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, possible dès 2006, supposerait donc un éclatement plus profond de l'ancienne structure fédérale et la remise en cause des frontières des anciennes Républiques.