III. LE COMPTE RENDU DES ENTRETIENS DE LA MISSION
A. COMPTE RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC M. RUIVLIN, PRÉSIDENT DE LA KNESSET, LE MERCREDI 18 MAI 2005, À LA KNESSET
Le président Ruivlin a tout d'abord indiqué que le modèle de démocratie en Israël s'inscrivait beaucoup plus dans la tradition française que britannique, parlant même d'un « modèle français ».
Il a reconnu que ce modèle attirait sur Israël l'animosité de certains de ses voisins, peu enclins à reconnaître la valeur morale de l'Etat d'Israël.
A titre personnel, il s'est dit résolument en faveur de l'idéologie juive et en même temps profondément démocrate. Il a, à cet égard, dit entretenir de très bonnes relations avec le parti socialiste, et en particulier avec Shimon Peres.
Rappelant que 20 % de la population en Israël n'était pas juive, il a placé l'enjeu du pouvoir sous le double impératif de veiller à la fois au bien du peuple juif et au respect de l'égalité des droits des non-juifs résidant en Israël.
Opposé à la barrière de sécurité, il s'est dit convaincu qu'elle finirait par devenir une barrière politique, et pas seulement stratégique, et il a souhaité qu'elle finisse par être démantelée.
Il a souligné la difficulté de parvenir à la paix dans le contexte politique actuel, caractérisé par l'opposition du parti du Premier ministre à la politique de celui-ci et le ralliement des partis d'opposition, hostiles à Ariel Sharon, à cette politique.
Réitérant sa joie de recevoir une délégation française, il a appelé de ses voeux l'amélioration de la compréhension mutuelle et le renforcement des relations franco-israéliennes.
M. Philippe Richert, Président du groupe d'amitié , a indiqué que la délégation avait été sensible aux propos exprimés dans l'hémicycle par M. Ruivlin, concernant le combat des autorités françaises contre l'antisémitisme et l'attachement des Français aux valeurs de respect et de tolérance.
A titre personnel, en tant que président d'un conseil général, il s'est dit très touché par les actes de violences antisémites et préoccupé des doutes exprimés par les Israéliens quant à la position du Gouvernement français à l'égard de l'Etat d'Israël.
A priori circonspect quant au principe de la barrière de sécurité, dont l'érection ne peut pas ne pas rappeler certains épisodes douloureux de l'histoire européenne, et en particulier la coupure brutale de l'Allemagne en deux, il a reconnu qu'Israël avait non seulement le droit, mais aussi le devoir, de protéger ses citoyens.
Abordant la question du retrait de Gaza, il a souhaité que ce signe politique fort s'inscrive dans une démarche politique de plus long terme, et que des perspectives soient dressées pour l'avenir.
Estimant que son pays n'avait pas de leçon à donner à Israël, il a néanmoins assuré le Président du soutien et de la présence de la France aux côtés de l'Etat d'Israël.
M. Ruivlin, Président de la Knesset , a insisté sur la difficulté à faire comprendre dans la région les vertus de la démocratie. Connaissant la fermeté de la France à l'égard des terroristes, il a reconnu qu'il était difficile d'appliquer en Israël les mêmes méthodes, eu égard à la spécificité et à la complexité de la situation intérieure.
Quant à l'avenir des négociations de paix avec M. Abou Mazen, il s'est dit plein d'espoir, et pourtant sans illusion si le terrorisme devait perdurer dans les territoires occupés.
Insistant sur la complexité du débat idéologique en Israël, il a indiqué qu'il s'agissait d'un tiraillement constant entre le devoir de vivre ensemble et le désir d'être séparés.
Il a néanmoins indiqué qu'un consensus politique existait sur la nécessité de négocier avec les Palestiniens, sous réserve que ces derniers acceptent les conditions posées par la feuille de route.
Il s'est inquiété que la multiplication des intervenants (Quartette, ONU, Europe, Etats-Unis) et des propositions de résolution du conflit ne crée une certaine confusion, et, finalement, ne profite à ceux qui ne veulent pas de la paix.
Reconnaissant les vertus, provisoires, de la barrière de sécurité, il a conclu ses propos en réitérant sa conviction « qu'on ne négocie pas avec le terrorisme » et souhaité que le Parlement, instance de décision centrale en Israël, soit pleinement associé à toutes les étapes du processus de paix, comme il l'avait été lors de la signature des accords d'Oslo.