Compte rendu du déplacement d'une délégation du groupe interparlementaire France-Afrique centrale au Gabon, en Guinée équatoriale et à Sao Tomé-et-Principe
30 octobre - 6 novembre 2003- INTRODUCTION
- Programme du déplacement en Afrique centrale
- I. PREMIÈRE ÉTAPE DU DÉPLACEMENT : LE GABON
- A. LE GABON EN 2003 : UN ÉTAT DÉMOCRATIQUE INFLUENT, MAIS DONT L'ÉCONOMIE EST AFFECTÉE PAR LA DIMINUTION DE LA PRODUCTION DE PÉTROLE
- 1. Les lignes directrices de la politique gabonaise
- 2. Les relations franco-gabonaises : un appui réciproque sans faille
- 3. L'économie gabonaise : un repositionnement inévitable
- 4. La résorption de la dette gabonaise : un impératif délicat à mettre en oeuvre
- 5. Les relations économiques entre la France et le Gabon
- B. LA COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE FRANCO-GABONAISE
- II. DEUXIÈME ÉTAPE DU DÉPLACEMENT : LA GUINÉE ÉQUATORIALE
- A. LA GUINÉE ÉQUATORIALE, SUR LA VOIE D'UNE CERTAINE OUVERTURE
- B. L'ÉVEIL D'UN « DRAGON CENTRAFRICAIN » ?
- C. LE CONTENTIEUX TERRITORIAL RELATIF À L'ILOT DE MBANIÉ
- III. TROISIÈME ÉTAPE DU DÉPLACEMENT : SAO TOMÉ
- CONCLUSION
- ANNEXE 1
-
LE BILAN DE LA COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE
AVEC LES ASSEMBLÉES GABONAISES - ANNEXE 2
-
LA FONDATION « HORIZONS NOUVEAUX »
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
La
délégation sénatoriale était composée comme
suit :
M. Jean-Pierre CANTEGRIT
(Français de l'étranger),
Président du groupe France-Afrique centrale, Président
délégué pour le Gabon, président ;
M. Jacques PELLETIER
(Aisne),
Président du Haut conseil de la
Coopération internationale, Président de l'Association
France-Gabon
1
(
*
)
,
M. Joël BOURDIN
(Eure),
M. André ROUVIÈRE
(Gard),
M. François TRUCY
(Var).
La délégation comprenait en outre un des administrateurs du
service des Relations internationales du Sénat
2
(
*
)
. Par ailleurs, durant la majeure
partie de son séjour au Gabon, elle a été
accompagnée par
M. Eric CHESNEL
, secrétaire
général de l'Association France-Gabon et conseiller personnel du
Président Omar Bongo.
LISTE
DES SÉNATEURS MEMBRES
DU GROUPE INTERPARLEMENTAIRE FRANCE-AFRIQUE
CENTRALE
(renouvellement 2003)
MM Denis. BADRÉ, José BALARELLO, MMes Marie-Claude BEAUDEAU, Danielle BIDARD-REYDET, Présidente déléguée (Rwanda), MM. Jacques BLANC, Joël BOURDIN, Président délégué (Tchad), André BOYER, Jean-Guy BRANGER, Mme Paulette BRISEPIERRE, Présidente déléguée (Congo-Brazzaville), MM. Jean-Pierre CANTEGRIT, Président, Auguste CAZALET, Bernard CAZEAU, Yvon COLLIN, Gérard CORNU, Yves DAUGE, Robert DEL PICCHIA, Eric DOLIGÉ, Hubert DURAND-CHASTEL, Jean FAURE, Président délégué (Sao Tomé-et-Principe), André FERRAND, Président délégué (Ouganda), Yann GAILLARD, Christian GAUDIN, Jean-Pierre GODEFROY, Secrétaire, Adrien GOUTEYRON, Georges GRUILLOT, Secrétaire, Michel GUERRY, Jacques LEGENDRE, Président délégué (Centrafrique), Paul LORIDANT, Jean-Yves MANO, Georges OTHILY, Jean-Marc PASTOR, Jacques PELLETIER, Président délégué (Cameroun), Bernard PIRAS, Bernard PLASAIT, Jean-Marie POIRIER, Jean PUECH, Charles REVET, Henri DE RICHEMONT, Roger RINCHET, André ROUVIÈRE, Président délégué (Burundi), Henri TORRE, Président délégué (République démocratique du Congo), Pierre-Yvon TRÉMEL, André TRILLARD, François TRUCY, Président délégué (Guinée équatoriale), Alex TÜRK et Xavier DE VILLEPIN.
REMERCIEMENTS
Le
groupe interparlementaire France-Afrique centrale tient à adresser ses
plus vifs remerciements à toutes celles et tous ceux qui, à un
titre ou à un autre, lui ont apporté leur précieux
concours pour la préparation, l'organisation et le bon
déroulement sur place de cette mission au Gabon, en Guinée
équatoriale et à Sao Tomé-et-Principe.
Sans qu'il soit possible de citer nommément l'ensemble de ces
personnalités, la délégation veut exprimer en particulier
sa gratitude :
- au Président du Gabon, S. Exc. M. Omar Bongo, à tous ses
collaborateurs et aux personnels de l'administration gabonaise qui ont
assisté sur place la délégation sénatoriale ;
- au Président du Sénat gabonais, M. Georges Rawiri et à
son épouse, ainsi qu'aux autorités du Sénat du Gabon
-sénateurs et fonctionnaires- pour l'accueil exceptionnellement
chaleureux que tous ont réservé à la
délégation des sénateurs français ;
- à l'Ambassadeur du Gabon en France, S. Exc. M. Jean-Marie Adze ;
- à l'Ambassadeur de France au Gabon, M. Jean-Marc Simon, ainsi
qu'à tous ses collaborateurs ;
- à M. Eric Chesnel, secrétaire général de
l'Association France-Gabon et conseiller personnel du Président Omar
Bongo ;
- au maire de Lambaréné, Monsieur Victor Afeme, et à tous
les membres du Conseil municipal de cette commune ;
- aux responsables de l'Hôpital Albert Schweitzer de
Lambaréné ;
- à M. Jean-Marie Beka B'obamme, gouverneur de la Région du
Moyen-Ogooué, ainsi qu'à tous ses collaborateurs ;
- au Président de la Guinée équatoriale, S. Exc. M.
Teodoro Obiang, ainsi qu'à tous ses collaborateurs, aux membres du
Parlement de Guinée équatoriale et aux autorités civiles
et militaires équatoguinéennes ayant participé à
l'accueil de la délégation sénatoriale dans ce pays ;
- à l'Ambassadeur de France en Guinée équatoriale, M.
Jean-François Breton ;
- au Président de Sao Tomé-et-Principe, S. Exc. M. Fradrique de
Menezez, ainsi qu'à tous ses collaborateurs ;
- à Mme Maria das Neves, Premier ministre de Sao
Tomé-et-Principe, à M. Mateus Meira Rita, ministre des Affaires
étrangères, ainsi qu'aux membres de l'assemblée
parlementaire santoméenne et aux autorités civiles et militaires
ayant participé à l'accueil de la délégation
sénatoriale dans ce pays ;
- à Mme Claudie Brabant, agent du consulat honoraire de Sao
Tomé-et-Principe à Marseille ;
- à Madame Danièle Robin, conseillère de
Coopération et d'Action culturelle en poste à Sao
Tomé.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Une délégation du groupe interparlementaire France-Afrique
centrale, conduite par le président du groupe, M. Jean-Pierre Cantegrit,
président délégué pour le Gabon, a effectué,
du 30 octobre au 6 novembre 2003, un déplacement dans trois des Etats de
la sous-région : en République gabonaise, du 30 octobre au 2
novembre, en République de Guinée équatoriale
le 3 novembre puis en République démocratique de Sao
Tomé-et-Principe du 4 au 6 novembre.
Outre M. Cantegrit, la délégation était composée de
MM. Jacques Pelletier (par ailleurs président du Haut conseil de la
Coopération internationale et président de l'Association
France-Gabon), Joël Bourdin, André Rouvière et
François Trucy.
Pour le groupe France-Afrique centrale, cette « tournée
africaine » répondait à plusieurs objectifs.
S'agissant de la visite au Gabon
, son premier motif était de
répondre à l'aimable invitation lancée il y a
déjà assez longtemps par le président du Sénat
gabonais, M. Georges Rawiri, mais que des contraintes d'emploi du temps
avait conduit à différer à plusieurs reprises. Cette
invitation devait permettre, notamment, de dresser un premier bilan
d'étape de la coopération interparlementaire instaurée,
depuis la mise en place du Sénat gabonais, entre cette chambre et le
Sénat français, tout en envisageant de nouvelles perspectives
pour le resserrement des liens déjà étroits qui unissent
les deux assemblées.
En outre, la délégation souhaitait faire l'hommage de sa visite
au Président du Gabon, S. Exc. M. Omar Bongo, qui de longue date
accorde une grande attention à l'excellence des liens unissant les
sénateurs français à son pays.
En outre, dans le droit fil d'une des deux missions constitutionnelles propres
du Sénat -la représentation parlementaire des Français
établis hors de France- le groupe tenait à rencontrer sur place
des représentants de la communauté française au Gabon et
à les assurer de sa sympathie et de sa solidarité.
Concernant la Guinée équatoriale
, la
délégation souhaitait à la fois marquer
l'intérêt du Sénat envers un pays avec lequel le groupe
interparlementaire n'avait encore eu aucun contact direct et, du même
coup, prendre la mesure, sur place, des évolutions politiques et
économiques d'un pays dont l'importance géostratégique ne
peut qu'aller croissante avec le fort développement de sa production
pétrolière depuis quelques années.
Une rencontre très dense avec le Président
équatoguinéen, S. Exc. M. Obiang Nguema, a ainsi permis aux
sénateurs français de nouer le dialogue au plus haut niveau avec
un pays encore très fermé jusqu'à une période
récente.
La visite à Sao Tomé-et-Principe
(en fait, à Sao
Tomé seulement, puisque la délégation n'a pas eu
l'occasion de se rendre à Principe, la seconde île de l'archipel)
visait pareillement à exprimer aux autorités santoméennes
l'amitié et la solidarité du Sénat envers cette petite
République, quelques mois après la tentative de
déstabilisation qui avait affecté le régime en juillet
2003.
Lors de l'audience chaleureuse qu'il a accordée à la
délégation, le président Fradique de Menezez n'a pas
manqué de rappeler que dans cet épisode difficile, la France
avait été une des premières puissances occidentales
à lui apporter son soutien, et que sans l'appui de quelques pays
importants de la communauté internationale, il n'aurait sans doute pas
été en mesure de redresser une situation où le processus
démocratique était directement menacé.
Mais au-delà des inévitables entretiens et réunions
protocolaires,
la délégation a surtout voulu réaffirmer
de manière très visible la présence de la France et de la
francophonie dans une zone qui, dans bien des domaines, apparaît
aujourd'hui en pleine mutation
.
Un élément majeur d'interrogation réside en particulier
dans la redistribution des cartes de la production pétrolière
entre les Etats de cette sous-région.
Gros producteur d'hydrocarbures il y a encore peu d'années, le Gabon
enregistre aujourd'hui une inéluctable diminution de ses
capacités extractives (liée à l'épuisement
progressif de la ressource), tandis que son voisin équatoguinéen,
naguère absent de ce secteur, est aujourd'hui entré de plain-pied
dans le club des producteurs importants, avec environ 15 millions de tonnes
extraites en 2003, soit déjà plus que le Gabon sur la même
période.
Dans ce jeu d'influences, la délégation a cherché à
s'informer aussi précisément que possible des données d'un
contentieux territorial opposant depuis un certain temps le Gabon et la
Guinée, concernant le îlot de Mbanié ; la
reconnaissance de souveraineté sur cette minuscule terre au large
pourrait en effet revêtir une réelle importance, dans la mesure
où elle ouvrirait des droits d'exploitation offshore dans une zone qui
paraît receler des réserves pétrolières encore
vierges.
Quant à Sao Tomé, sa production (exclusivement offshore) demeure
pour le moment « virtuelle », mais au vu des
résultats des premières campagnes d'exploration, elle semble
s'annoncer prometteuse, aussi bien dans les zones maritimes que ce pays a
accepté d'exploiter en partage avec le Nigeria que dans sa zone
économique exclusive : là encore, l'arrivée d'un
nouveau producteur à l'horizon de quelques années est de nature
à modifier les forces en présence, dans une région
où la présence française s'était jusqu'à
présent surtout focalisée sur le Gabon.
Sur le terrain de la coopération économique, les pays de la
région proclament tous leur attachement à la présence
d'entreprises françaises. Quelle que soit la consistance réelle
de ces assertions, force est de constater que nos positions ne sont pas
toujours à la hauteur des ambitions : elles régressent
d'année en année au Gabon et les grands opérateurs
français n'ont pratiquement pas pris part aux attributions des permis
pétroliers en Guinée équatoriale et à Sao
Tomé.
Restent le domaine culturel et la francophonie, où la France dispose
incontestablement d'atouts sérieux dans cette partie de l'Afrique
centrale. L'usage du français reste bien sûr une
référence incontournable au Gabon. En Guinée
équatoriale, ex-colonie espagnole, comme à Sao Tomé,
ex-colonie portugaise, la francophonie est nettement moins
développée, mais dans un cas comme dans l'autre, les responsables
au pouvoir ont clairement manifesté leur intérêt envers la
langue française, majoritairement pratiquée par les Etats
voisins.
*
* *
Au
final, en dépit de sa relative brièveté, ce
déplacement dans trois pays aux caractéristiques si distinctes a
été très riche d'enseignements, car il a permis d'aborder
l'ensemble des questions avec les plus hautes autorités des pays
concernés, en particulier lors des audiences qu'ont accordées
à la délégation le président gabonais Omar Bongo,
le président équatoguinéen Obiang Nguema et le
président santoméen Fradique de Menezez.
Surtout, les entretiens, les rencontres et toutes les réunions de
travail organisés sur place avec les parlementaires, les
représentants des exécutifs et avec différentes
autorités locales des trois pays visités ont montré tous
l'intérêt que nos interlocuteurs portaient à la
présence des sénateurs français dans cette zone de
l'Afrique où, en dépit de certains contentieux, la France dispose
d'un réel capital de sympathie
3
(
*
)
.
Programme du déplacement en Afrique centrale
JOURNÉE |
HEURE |
|
|
Mercredi 29 octobre |
23 h 15 |
Vol pour Libreville |
|
Jeudi 30 octobre |
06 h 20 |
Arrivée à Libreville |
|
13 h |
Déjeuner offert par le Sénat gabonais |
||
15 h |
Réunion restreinte à la Résidence de France |
||
16 h |
Réunion de travail avec la Conférence des Présidents du Sénat gabonais |
||
20 h |
Dîner offert par les Président du Sénat et Mme Rawiri à leur résidence |
||
Vendredi 31 octobre |
matinée |
Audience avec le Président de la République, S. exc. M. Omar Bongo |
|
16 h |
Visite du Centre culturel français |
||
17 h |
Visite du 6 ème Bataillon d'Infanterie de Marine (BIMA) en position à Libreville |
||
19 h |
Cocktail sur le Siroco (Transporteur de chalands de débarquement de la Marine nationale française, en escale au port d'Owendo) |
||
Samedi 1 er novembre |
9 h |
Départ pour Lambaréné, circonscription du Président Rawiri |
|
15 h |
Visite
à l'Hôpital Schweitzer
|
||
20 h |
Dîner offert par les Président et Mme Rawiri à leur résidence |
||
Dimanche 2 novembre |
9 h |
Excursion sur le fleuve Ogooué |
|
16 h |
Retour sur Libreville |
||
Lundi 3 novembre |
8 h 30 |
Départ pour Malabo (Guinée équatoriale) -
Accueil par les autorités municipales de Malabo
|
|
16 h |
Retour à Libreville |
||
19 h |
Cocktail offert par M. Eric Chesnel, secrétaire général de l'Association France-Gabon, conseiller personnel du Président Omar Bongo. |
.../...
JOURNÉE |
HEURE |
|
|
Mardi 4 novembre |
9 h |
Visite du Lycée français |
|
11 h 30 |
Entretien avec des représentants des parents d'élèves du lycée français de Port Gentil |
||
16 h |
Départ pour Sao Tomé
|
||
Mercredi 5 novembre |
Journée |
Découverte des principaux sites de Sao Tomé (cacaoyères, plantations, etc...) |
|
19 h |
Réception offerte par la délégation en l'honneur de la communauté française et de différentes personnalités locales |
||
Jeudi 6 novembre |
matinée |
Audience
du Président de Sao Tomé, S. Exc. Fradique de Menezez
|
|
|
Visite du Centre culturel français de Sao Tomé |
||
13 h 00 |
Retour à Libreville |
||
18 h 30 |
Réception offerte par l'ambassadeur à la Résidence de France, en présence de très nombreux représentants de la communauté française |
||
23 h 20 |
Vol de retour pour Paris |
||
Vendredi 7 novembre |
06 h 25 |
Arrivée à Roissy CDG |
LE GABON : QUELQUES REPÈRES
Capitale |
Libreville |
Superficie |
267 667 km² |
Population |
1,3 millions d'habitants |
Langue officielle |
Français |
Religions |
Chrétienne (plus de 90%). Musulmane. Animisme. |
Peuples |
Fang, Myéné, Punu, Téké, Kota, etc. |
Indicateur du développement humain |
117 ème rang sur 173 pays (2002) |
Taux de chômage |
20 % |
Devise |
Franc CFA |
PIB |
5 milliards € |
Répartition du PIB Par secteur |
Secteur pétrolier : 42 % ; services : 34 %; Agriculture et forêt : 7 % ; industries : 4 % ; Mines (manganèse) : 2 % |
Taux de croissance du PIB |
- 0,2% |
Production pétrolière |
18,5 millions de tonnes en 1997; 12,1 millions en 2002 |
Inflation |
0,2 % |
Balance commerciale |
1,8 milliards $ |
Exportations totales |
2,7 milliards $ |
Importations totales |
0,9 milliard $ |
Principaux clients |
Etats Unis (56 %, pétrole); France (14 %, pétrole, manganèse et bois), Chine (5%,bois) |
Principaux fournisseurs |
UE (63,5 % dont France 40 %), Etats Unis (11 %), Japon (5,7 %) |
Exportations vers France |
360 millions € |
Importations de France |
410 millions € |
Dette extérieure totale |
3,3 milliards de $ |
Chef de l'Etat |
El Hadj Omar Bongo, depuis novembre 1967, réélu pour sept ans le 6 décembre 1998 |
Premier ministre |
M. Jean-François Ntoutourne Emane (27 janvier 2002) |
Ministre d'Etat des Affaires Etrangères, de la Coopération et de la Francophonie |
M. Jean Ping (27 février 2002) |
Prochaines échéances électorales |
Présidentielle de mars 2005 |
Ambassadeur de France |
M. Jean-Marc Simon (24 juillet 2003) |
Ambassadeur du pays en France |
M. Jean-Marie Adze (20 février 2002) |
Communauté française |
Environ 8 700 personnes |
Source : Ministère des Affaires étrangères - octobre 2003
I. PREMIÈRE ÉTAPE DU DÉPLACEMENT : LE GABON
Le
Gabon, où la délégation a séjourné du 30
octobre au 4 novembre, représentait l'étape principale de cette
mission, à la fois par sa durée, par la diversité de
sujets traités et par l'intensité et la cordialité des
liens que le groupe France-Afrique centrale a tissés avec nos amis
gabonais.
Les entretiens de la délégation y ont, pour l'essentiel,
tourné autour de trois thèmes principaux : la
coopération interparlementaire établie, il y a maintenant
plusieurs années, entre le Sénat français et le
Sénat gabonais ; les perspectives d'évolution du Gabon dans
le contexte de la « redistribution des cartes » de la
production pétrolière en Afrique centrale ; plus
ponctuellement, le contentieux territorial surgi entre le Gabon et son voisin
équatoguinéen à propos de l'îlot de Mbanié.
Outre ces trois sujets
4
(
*
)
,
la délégation a eu l'occasion de s'entretenir, sur place, avec
plusieurs autorités locales de la région de
Lambaréné, la circonscription électorale du
Président du Sénat gabonais, M. Georges Rawiri, qui a tenu
à y accueillir personnellement les sénateurs français
durant le week-end du 1
er
novembre 2003.
Par ailleurs, la délégation a eu l'honneur et le plaisir de
rencontrer à plusieurs reprises des membres de la communauté
française au Gabon -des civils et des militaires- pour recueillir leurs
impressions et leurs attentes et, plus généralement, pour les
assurer de la sympathie et du soutien du Sénat
5
(
*
)
.
A. LE GABON EN 2003 : UN ÉTAT DÉMOCRATIQUE INFLUENT, MAIS DONT L'ÉCONOMIE EST AFFECTÉE PAR LA DIMINUTION DE LA PRODUCTION DE PÉTROLE
Partenaire privilégié de la France en Afrique centrale, le Gabon est aussi un remarquable pôle de stabilité dans une sous-région encore périodiquement marquée par des épisodes ou des tentatives de déstabilisation.
1. Les lignes directrices de la politique gabonaise
Sur
le plan international
, le Gabon exerce une réelle influence en
Afrique centrale, en tant que membre de la zone Franc, de la CEMAC
(Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique centrale) et de
la CEAC (Communauté des États d'Afrique centrale). Il a, par
exemple, participé activement à la médiation de la CEAC en
vue du rétablissement de la légalité constitutionnelle
à Sao Tomé, après la tentative de coup de force d'une
fraction de l'armée en juillet 2003.
Une des forces du Gabon sur la scène africaine tient en bonne part
à l'ascendant qu'exerce le Président Omar Bongo sur beaucoup de
ses homologues ainsi qu'à l'excellente connaissance qu'il a des acteurs
et des dossiers africains.
Sur le plan politique intérieur
, le Gabon a connu une notable
évolution démocratique depuis 1990, avec l'ouverture au
pluralisme et l'organisation d'élections dont, dans l'ensemble, la
sincérité n'est pas affectée par les
irrégularités massives trop souvent constatées lors de
scrutins d'autres États africains.
Certes, le Gabon reste largement dominé par l'influence de l'ex parti
unique, le Parti démocratique gabonais (PDG), mais l'opposition, quoique
très divisée, a commencé d'affermir sa position lors des
élections locales de 1996, avec une victoire à Libreville
même (qu'elle a reperdu depuis lors) et à Port-Gentil. Le PDG
dispose actuellement de 85 des 120 sièges composant
l'Assemblée (plus quelques sièges détenus par des
formations alliées).
Au coeur de la vie politique gabonaise, le Président Omar Bongo, au
pouvoir depuis 1967, conserve une autorité qui, pour être
perçue comme conviviale par la plupart des observateurs politiques
-même dans l'opposition- n'en reste pas moins extrêmement
perceptible à tous les échelons de l'appareil d'État, y
compris auprès de ses adversaires dont plusieurs semblent en passe de se
rallier au parti présidentiel.
Sauf événement imprévu, cette situation ne devait pas se
modifier à brève échéance. En effet, une
révision constitutionnelle intervenue en juillet 2003 a supprimé
la limitation du nombre des mandats successifs précédemment
opposable au Chef de l'État, de telle sorte que le Président
Bongo pourra à nouveau présenter sa candidature à sa
propre succession en 2005, sans qu'à ce jour un rival crédible
paraisse en mesure de le battre.
2. Les relations franco-gabonaises : un appui réciproque sans faille
Les
relations franco-gabonaises sont traditionnellement denses et empreintes de
confiance et d'estime réciproque.
Les contacts de haut niveau sont fréquents entre les responsables des
deux pays. Ainsi, pour s'en tenir à une période récente,
le Président Jacques Chirac a choisi Libreville pour son premier
déplacement en Afrique (22 juillet 1995), puis s'y est rendu en visite
officielle (16-17 juillet 1996).
Le ministre des Affaires étrangères s'est rendu à trois
reprises à Libreville, le 4 juin 2002, dans le cadre de la
résolution de la crise malgache, le 28 novembre 2002, lors de
sa tournée régionale consacrée à la crise
ivoirienne, enfin le 29 juillet 2003, dans le cadre d'une
tournée consacrée aux pays de la CEMAC) ; le ministre
délégué y est allé une fois (29-31 mai 2003), ainsi
que la ministre de la Défense, en avril 2003.
Les visites en France du Président Bongo sont pareillement très
fréquentes, les plus récentes (avant le départ de la
délégation sénatoriale) remontant à janvier 2003
(pour les négociations sur la Côte d'Ivoire), février 2003
(à l'occasion du sommet Afrique-France) et septembre 2003.
L'audience du Président Omar Bongo à Libreville, le
31 octobre 2003
On reconnaît, de gauche à droite : M. Jean-Marc Simon,
ambassadeur de France au Gabon, M. Georges Rawiri, président du
Sénat gabonais, M. Jean-Pierre Cantegrit, le Président Omar
Bongo, MM. Jacques Pelletier, Joël Bourdin, André Rouvière
et François Trucy
Pays ami, le Gabon apporte à la diplomatie française un soutien constant qui fait de ce pays un pivot essentiel de l'action française en Afrique , aussi bien sur le plan économique que diplomatique ou militaire 6 ( * ) .
3. L'économie gabonaise : un repositionnement inévitable
Le Gabon
a profité d'appréciables richesses naturelles (pétrole,
manganèse, uranium et bois tropicaux, notamment) qui, jusqu'à
présent, lui garantissaient des ressources suffisantes pour hisser le
pays dans la tranche supérieure des Etats à revenu
intermédiaire (3 152,5 milliards CFA de PIB en 2002).
Reste que
cette position paraît aujourd'hui fragilisée par
l'inéluctable diminution de la production pétrolière
gabonaise depuis 1998
, en dépit des efforts d'optimisation du
rendement des gisements en exploitation.
Sur la période 1997-2002, la production est ainsi tombée de 18,4
à 13,1 millions de tonnes (soit une réduction de près de
30 % en 5 ans), et les experts s'accordent à considérer que
sauf découverte de nouveaux gisements significatifs, le Gabon,
après une stabilisation de sa production pendant encore quelques
années aux alentours de 10 millions de tonnes, pourrait
à moyen terme sortir définitivement de l'ère
pétrolière.
Concomitamment, la relative dépréciation du cours des autres
richesses extractives (manganèse et uranium, principalement) sur les
marchés internationaux des matières premières confronte le
Gabon à des difficultés supplémentaires.
Pour améliorer ce paysage économique peu souriant, le Gabon n'est
cependant pas sans ressources.
Ainsi, le bois offre-t-il de réelles perspectives de
développement : deuxième ressource du pays, il
représente à l'heure actuelle environ 15 % des exportations
gabonaises, l'exploitation forestière étant devenue le second
employeur du pays (juste après la fonction publique). Il s'agit d'un
secteur performant, pouvant être encore valorisé, et qui dispose
d'appréciables réserves de productivité conciliables,
moyennant les précautions adéquates, avec la préservation
de l'environnement et de l'écologie.
Le Gabon peut aussi miser sur la montée en puissance d'activités
rentables encore peu exploitées, en particulier dans les domaines du
tourisme, de l'agriculture, de la pêche et des services.
Quoi qu'il en soit, le Gabon ne pourra faire l'impasse sur la nécessaire
diversification de son économie, à la fois pour remplacer la
rente pétrolière et pour faire face à un endettement dont
le poids demeure élevé.
4. La résorption de la dette gabonaise : un impératif délicat à mettre en oeuvre
Le Gabon
est confronté à un paradoxe : disposant d'importantes
ressources tirées du pétrole, le pays a pu s'endetter pour
accélérer son développement, mais aujourd'hui, la relative
bonne santé de son économie, comparée à celle
d'autres Etats africains, le rend non éligible aux allègements
privilégiés de dette susceptibles d'être consentis dans le
cadre de « l'initiative PPTE » (programme de la Banque
mondiale et du FMI lancé en 1996 au bénéfice des Pays
Pauvres Très Endettés).
Dans ce domaine, le Gabon ne peut bénéficier que de dispositifs
d'appoints, beaucoup moins avantageux et qui imposent des efforts
d'assainissement plus pénibles à supporter.
Le Gabon a ainsi bénéficié en 2000 d'un
« programme FMI de confirmation » lui ayant permis
d'obtenir du Club de Paris un accord de rééchelonnement de sa
dette publique à hauteur de 532 millions de $ US. Le pays
espérait en outre pouvoir bénéficier d'un nouveau
programme triennal FMI en 2003, mais sa négociation n'était pas
encore finalisée au moment où la délégation
sénatoriale a rencontré le Président Omar Bongo.
Pour sa part,
la France apporte une importante contribution en faveur de
l'allègement de la dette gabonaise
, avec notamment l'annulation d'un
solde de fonds de conversion de créances de 55 millions d'euros en mars
2003, consentie en contrepartie d'un certain nombre de réformes
structurelles.
En outre, lors du sommet des ministres des Finances du G8 à Deauville,
en mai 2003, la France a obtenu la définition d'un traitement
spécifique de la dette des pays à revenu intermédiaire,
avec une approche souple au cas par cas et la possibilité d'accorder des
remises partielles de dette ; le Gabon pourrait être un des premiers
pays à bénéficier de ce nouveau dispositif.
Reste que si les efforts consentis par le gouvernement et les responsables
économiques vont dans le bon sens, le Gabon, comme beaucoup d'autres
Etats, subit le fardeau d'une dette dont la résorption est d'autant plus
pénible que les ressources du pétrole sont en
diminution.
5. Les relations économiques entre la France et le Gabon
Sur le
plan commercial,
la France est, de très loin, le premier fournisseur
du Gabon
(40 % des achats),
et son deuxième client
,
après les États-Unis Selon les données fournies par le
ministère des Affaires étrangères, les flux commerciaux
avec le Gabon ont représentés, en 2002, 0,13 % de nos
exportations et 0,08 % de nos importations.
Cela étant, en dépit de ces liens privilégiés,
après deux années de forte hausse, le volume des échanges
entre la France et le Gabon a baissé de 17 % en 2002, malgré
la hausse de nos ventes ; cette chute de nos achats a touché la
plupart des produits d'exportation gabonais (manganèse, bois brut) mais,
au premier chef, elle est imputable à la baisse de 66 % de nos
achats de produits pétroliers.
Les entreprises françaises sont très impliquées au
Gabon
, tant dans le secteur minier (Comilog, filiale d'Eramet) et
pétrolier (Total), que dans les secteurs financiers (BNP), dans le BTP
(Groupe Bouygues) ou les services publics (Vivendi). Représentant plus
de 80 % des investissements étrangers au Gabon, nos entreprises
suivent de près les privatisations en cours, tout en étant de
plus en plus concurrencées par des investisseurs étrangers.
Sur le plan de la coopération et de l'aide au développement,
force est de reconnaître que l'action de la France est en recul,
même si notre pays demeure le premier pays donateur au Gabon.
En 2003, l'enveloppe globale du ministère des Affaires
étrangères s'est élevée à 12,5 millions
d'euros.
Comme l'établit le tableau ci-après, l'Agence française de
développement (AFD), très active
7
(
*
)
, concentre ses interventions dans les domaines de la
forêt, de l'environnement, de l'assainissement des eaux, de la
construction de routes et dans le secteur privé (Proparco)
8
(
*
)
.
Volume d'activité du groupe de l'AFD depuis
2000
(en millions d'euros)
TYPE D'INTERVENTION |
2000 |
2001 |
2002 |
2003(*) |
TOTAL |
prêts AFD à l'Etat |
|
|
5,90 |
|
5,9 |
subventions à l'Etat
|
|
|
1,76 |
|
1,76 |
prêts au secteur privé
|
6,50
|
18,00
|
4,20
|
7,00
|
17,70
|
Garanties Proparco |
|
|
3,05 |
|
3,05 |
Total |
17,20 |
18,00 |
14,91 |
7,00 |
57,11 |
(*) au 31/10/2003
Pour la
période 2003-2005, outre la poursuite de nos opérations en faveur
du secteur privé avec les instruments financiers de la Proparco, les
secteurs prioritaires retenus pour les futures interventions de l'AFD devraient
en principe concerner :
- le secteur forêt et environnement, centré sur la gestion durable
des ressources naturelles,
- le secteur des infrastructures urbaines, axé en particulier sur les
problèmes d'assainissement de la ville de Libreville,
- le secteur des transports avec, notamment, le renforcement des
infrastructures routières, ferroviaires et portuaires.
B. LA COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE FRANCO-GABONAISE
Le
séjour de la délégation à Libreville a permis de
dresser un bilan d'étape de la coopération interparlementaire
entre le Sénat du Gabon et le Sénat français. A cet effet,
une réunion de travail a d'ailleurs été
spécialement organisée avec la Conférence des
présidents du Sénat gabonais dans l'après-midi du jeudi 30
octobre.
La coopération avec le Sénat du Gabon remonte à la mise en
place de cette assemblée en février 1997, et a d'abord
consisté en un appui à l'installation de la nouvelle chambre
(mars 1997 - décembre 1998) et une assistance technique pour la mise en
place de son site Internet (juin 1998 - septembre 1999) incluant, notamment,
l'hébergement temporaire de ce site sur le serveur du Sénat
français.
Début 1998, à la suite d'une visite à Libreville du
Président René Monory, les présidents des deux
assemblées ont signé un protocole d'accord de coopération,
dont la mise en oeuvre a été facilitée par la conclusion
d'un avenant à la convention d'aide budgétaire franco-gabonaise
du 5 août 1996. Dans ce cadre, ont été engagées
différentes actions de coopération technique bilatérale
(visites, stages de formation, etc.), dont le détail figure en annexe du
présent rapport.
En outre, le Sénat français a participé activement
à la mise en place et au déroulement d'un programme
multilatéral d'appui aux assemblées gabonaises, financé
par le PNUD et l'Union interparlementaire (UIP), et dont la mise en oeuvre
s'est échelonnée de novembre 2001 à mai 2003.
Lors de la réunion du 20 octobre, le Président Georges Rawiri et
les principales autorités du Sénat du Gabon ont exprimé
leur réelle satisfaction pour les résultats obtenus grâce
aux programmes de coopération déjà mis en oeuvre, tout en
souhaitant qu'ils puissent être reconduits en tenant compte
d'orientations nouvelles auxquelles la seconde chambre gabonaise entend
désormais prêter une grande attention, notamment :
- la décentralisation administrative,
- la promotion des collectivités locales,
- la valorisation du rôle économique des régions
- la coopération décentralisée.
Sur ce dernier thème, les sénateurs gabonais ont souligné
que l'image de leur assemblée dans l'opinion publique gabonaise
était largement tributaire des résultats concrets de
l'activité parlementaire sur le terrain, en particulier les
retombées des opérations réalisées avec le concours
des collectivités territoriales étrangères.
- -
LA GUINÉE ÉQUATORIALE : QUELQUES
REPÈRES
Capitale |
Malabo |
Superficie |
28 051 km² |
Population |
469 088 |
Langues officielles |
Espagnol et français |
Religions |
Chrétienne. Animisme |
Peuples |
Fang, Bubi, Ndowe, Annobonnais |
Devise |
Franc CFA |
Indice de développement humain |
111 ème pays sur 173 |
PNB |
2,46 milliards $ |
Croissance |
+ 34 % |
Dette extérieure |
259 millions $ |
Production pétrolière : barils/jour |
246 000 en 2002 |
Principaux clients |
Espagne, Asie (Chine, Hongkong, Japon), Etats Unis |
Exportations |
1,63 milliards $ |
Exportation vers la France |
40 millions € |
Principaux fournisseurs |
Etats Unis, France, Italie, Cameroun |
Importations totales |
730 millions $ |
Importations de France |
103 millions € |
Solde de la balance commerciale |
1,58 milliards de $ |
Chef de l'Etat |
Général Obiang Nguema, Président depuis 1979 |
Premier ministre |
M. Candido Muateteme Rivas (26 février 2001) |
Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie |
M. Santiago Nsobeya Efuman (20 juillet 1999) |
Ambassadeur de France |
M. François Breton (13 mai 1998) |
Ambassadeur du pays en France |
M. Ntugu Abeso Oyana Narciso (2000) |
Communauté française |
Environ 170 personnes |
Source : Ministère des Affaires étrangères - octobre 2003
II. DEUXIÈME ÉTAPE DU DÉPLACEMENT : LA GUINÉE ÉQUATORIALE
Ancienne
colonie espagnole et seul État africain majoritairement hispanophone, la
Guinée équatoriale -un des pays de cette sous-région
longtemps demeuré fermé- a été fortement
marquée par la dictature sanglante du Président Francisco Macias
Mguema, au pouvoir jusqu'en août 1979.
Depuis le putsch du 3 août 1979 qui a porté son neveu au pouvoir
-l'actuel Président Teodoro Obiang Nguema- le régime
équatoguinéen s'est quelque peu ouvert et adouci, notamment avec
la reconnaissance de plusieurs partis d'opposition à partir de 1992.
Cela étant, des progrès restent à réaliser sur le
chemin de la démocratie.
A. LA GUINÉE ÉQUATORIALE, SUR LA VOIE D'UNE CERTAINE OUVERTURE
D'un
point géographique, la Guinée équatoriale forme un
territoire composite, avec une partie continentale située sur la
façade maritime du Golfe de Guinée, entre le Cameroun au nord et
le Gabon à l'est et au sud (la capitale régionale de cette partie
du pays est la ville de Bata) et une partie insulaire relativement
excentrée au Nord (l'île de Bioko), où est située la
capitale de l'État, le ville de Malabo (la visite de la
délégation s'est entièrement déroulée
à Malabo).
La population totale du pays est évaluée à environ
470 000 habitants, pour une superficie totale
légèrement supérieure à 28 000 km².
Sur le plan politique
, la relative ouverture amorcée par le
Président Obiang Mguema s'est traduite par l'adoption d'une nouvelle
Constitution en 1991 et la reconnaissance -au moins théorique- du
multipartisme en 1992 (l'ex parti unique, le Parti démocratique de
Guinée équatoriale -PDGE- ayant néanmoins conservé
un quasi monopole des sièges).
Dans le domaine international
, la préoccupation la plus manifeste
du Président Obiang est de parvenir à un meilleur degré
d'intégration de son pays à son environnement francophone, de
manière à sortir du relatif isolement lié à
l'héritage colonial espagnol.
Cet effort s'est traduit par l'adhésion de la Guinée
équatoriale à la CEEAC en 1983, à la zone Franc en 1989
et, plus récemment, à l'OHADA en 1999. Lors de l'audience qu'il a
accordée à la délégation du groupe
interparlementaire, le Président Obiang -qui s'exprime d'ailleurs dans
un excellent français- a redit tout l'intérêt qu'il attache
à la francophonie comme facteur d'intégration régionale,
rappelant à cet égard que la langue française était
désormais, avec l'espagnol, une des deux langues officielles
équatoguinéennes.
Pour le reste, la stratégie internationale de la Guinée
équatoriale est surtout dictée par ses intérêts
économiques en pleine mutation, notamment un effort de rapprochement
croissant avec les États-Unis, où le Président Obiang
effectue d'ailleurs de longs séjours. Selon les informations recueillies
par la délégation, les Américains seraient d'ailleurs sur
le point de rouvrir leur ancienne ambassade, décision probablement
commandée par la position que leurs compagnies pétrolières
ont récemment prise dans l'exploitation des hydrocarbures du pays.
Les relations politiques entre la Guinée équatoriale et la France
se développent essentiellement dans le double cadre de la zone Franc et
de la Francophonie, soutenues en outre par des contacts assez réguliers
entre le Président Obiang et le Président de la République
(notamment des entretiens en 1997, 1998, 2001, 2002 et, tout récemment,
en décembre 2003, après le retour de la délégation
sénatoriale de sa tournée africaine)
9
(
*
)
.
Entretien à l'issue de l'audience du Président
Obiang à Malabo, le 3 novembre 2003
On reconnaît, de gauche à droite : M. Jean-Pierre Breton,
ambassadeur de France en Guinée équatoriale, M. Jean-Pierre
Cantegrit et le Président Obiang Nguema
Sur
le plan économique, la France se situe comme deuxième partenaire
de la Guinée équatoriale
(après les États-Unis)
mais avec 143 millions d'euros en 2002, nos échanges demeurent
limités en volumes et n'ont représenté que 3,5 % du
total des échanges équatoguinéens.
Devant la délégation sénatoriale, le Président
Obiang a regretté que les entreprises françaises ne se soient pas
mieux positionnées en Guinée équatoriale, faute,
notamment, d'avoir su déceler du pétrole dans les lots
attribués en permis de recherche à Total et à Elf. Il a
souhaité, en compensation, que nos entreprises, à défaut
du secteur pétrolier, se hissent en bonne place dans d'autres secteurs
appelés à se développer, comme la pêche,
l'agriculture ou l'élevage.
La délégation a pris bonne note de ce voeu présidentiel,
auquel elle souscrit pleinement ; pourtant, au delà des
déclarations d'intention encourageantes, force est de constater que les
résultats réels ne sont pas encore au rendez-vous.
En outre, les observateurs s'accordent à reconnaître que
l'appareil d'État équatoguinéen est très
structuré, hiérarchisé et complexe, ce qui peut contrarier
l'implantation d'entreprises étrangères.
B. L'ÉVEIL D'UN « DRAGON CENTRAFRICAIN » ?
Ce
panorama en définitive peu engageant pourrait néanmoins
évoluer rapidement sous l'influence du pétrole : en effet,
au plan économique, la situation de la Guinée
équatoriale s'est modifiée radicalement en quelques
années, avec la découverte et la mise rapide en exploitation
d'importants gisements pétroliers
.
Ce pays, encore très arriéré économiquement
jusqu'au milieu de la précédente décennie, voit en fait sa
production de pétrole croître fortement et
régulièrement depuis cinq ans (5 millions de tonnes en 1999,
10 millions de tonnes en 2002, aux alentours de 15 millions de tonnes
prévus pour 2003), au point d'avoir déjà
dépassé le Gabon.
Cette montée en puissance du dispositif pétrolier
équatoguinéen a eu pour conséquence immédiate
d'injecter dans l'économie du pays des ressources massives profitant au
développement d'autres secteurs économiques (BTP :
+ 60 % en 2000 ; Télécoms : + 37 %,
etc...).
S'il est difficile de prévoir les changement que cette manne
pétrolière pourrait amorcer sur le plan intérieur, une
certitude semble d'ores et déjà acquise : l'apparition d'un
nouveau « dragon » dans cette partie de l'Afrique centrale
pourrait bien, à terme, bouleverser certains des équilibres de la
région, au moment même où la production
pétrolière du grand voisin gabonais est en diminution.
C. LE CONTENTIEUX TERRITORIAL RELATIF À L'ILOT DE MBANIÉ
Le
contentieux territorial réapparu en 2003 entre le Gabon et la
Guinée équatoriale à propos de l'îlot de
Mbanié est, de toute évidence, à replacer dans ce
contexte
10
(
*
)
.
En pratique, Mbanié est un minuscule îlot (d'environ 30 hectares)
situé dans la Baie de Corisco face au Gabon, à une trentaine de
kilomètres de la Pointe Mdombo. Épisodiquement revendiqué
par la Guinée équatoriale, Mbanié aurait été
attribué au Gabon par une convention conclue entre les deux pays en
septembre 1974 et dont, aujourd'hui, les autorités
équatoguinéennes semblent contester la validité, accusant
Libreville d'occuper sans titre un territoire leur appartenant.
D'après les éléments d'information recueillis par la
délégation, il apparaît que les données à la
fois juridiques et géographiques de ce contentieux territorial sont
certes très complexes, mais que le fond du problème
réside, avant tout, dans la présence possible d'importants
gisements pétroliers à proximité de Mbanié.
Lors de son audience, le Président Omar Bongo a indiqué à
la délégation qu'il était disposé à adopter
une attitude conciliante, suggérant à son homologue
équatoguinéen une exploitation commune des ressources de la
région contestée.
La position du Président Obiang, en comparaison, a paru plus
nuancée, car s'il se déclare prêt, lui aussi, à
envisager, à titre transitoire, une solution négociée, il
n'exclut pas de faire reconnaître, le moment venu, la
légitimité de sa revendication par une instance juridictionnelle
internationale.
A ce jour, le conflit a été soumis au Secrétaire
général des Nations Unies, qui a désigné comme
représentant spécial un éminent avocat canadien,
Maître Yvon Fortier, pour tenter une médiation entre les deux
Etats
11
(
*
)
.
SAO TOMÉ-ET-PRINCIPE : QUELQUES REPÈRES
Capitale |
Sao Tomé |
Superficie |
1 001 km² (deux îles : Sao Tomé, 859 km² ; Principe, 142 km²) |
Population |
150 000 habitants |
Langue officielle |
Portugais |
Religions |
Chrétienne (catholique à 80 %, protestant). |
Peuples |
Nationaux (Forros, Angolares, Tongas), Capverdiens |
Indicateur du développement humain (PNUD) |
119 ème rang sur 173 pays |
Devise |
La Dobra |
PNB |
47 millions $ |
Répartition du PNB |
Agriculture (20,6 %) ; industrie (17 %) ; services (62,5 %) - (2001) |
PNB / ha |
310 $ |
Taux de croissance |
4 % |
Inflation |
9,6 % |
Balance commerciale |
- 22 millions $ |
Exportations |
17 millions $ |
Importations |
39 millions $ |
Principaux clients |
Belgique, Hollande (cacao) |
Principaux fournisseurs |
Portugal |
Exportations Françaises |
2 millions € |
Importations Françaises |
0,766 million € |
Dette extérieure totale |
303 millions $ |
Chef de l'État |
M. Fradique de Menezes (élu pour 5 ans en juillet 2001). |
Premier ministre |
Mme Maria das Neves (3 octobre 2002) |
Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération |
M. Mateus Rita (6 octobre 2002) |
Prochaines échéances électorales |
Locales, date non fixée (reportées depuis 1997) |
Ambassadeur de France |
M. Jean-Marc Simon (juillet 2003), résidant à Libreville ; représenté sur place par Mme Danièle Robin, Conseillère de Coopération et d'Action culturelle |
Chargé d'affaire santoméen en France |
M. Antonio Albertino Afonso Dias, en résidence à Bruxelles |
Communauté française |
Environ 60 personnes |
Source : Ministère des Affaires étrangères - octobre 2003
III. TROISIÈME ÉTAPE DU DÉPLACEMENT : SAO TOMÉ
La
République démocratique de Sao Tomé-et-Principe, ancienne
colonie portugaise ayant accédé à l'indépendance en
1975, est aussi le deuxième plus petit Etat d'Afrique
12
(
*
)
, tant en superficie qu'en
population, avec au total environ 150 000 habitants répartis entre
deux îles ; Sao Tomé, située au large du Gabon,
quasiment à la même hauteur que Libreville (environ 860 km²),
où la délégation a séjourné du 4 au 6
novembre et Principe (environ 140 km²), située plus au nord, face
à la partie continentale de la Guinée équatoriale.
Sao Tomé a aussi été, jusqu'à présent, un
des pays de la sous-région les plus épargné par les
influences extérieures, ce qui lui vaut d'avoir conservé un
charme très authentique, perceptible dès les premières
foulées sur le sol santoméen ; bien géré, ce
potentiel pourrait se révéler précieux pour le
développement d'un tourisme de qualité, respectueux de
l'environnement et de la population.
A. UNE DÉMOCRATIE MOUVEMENTÉE
En vingt-cinq années d'indépendance, la République de Sao Tomé a parcouru à pas rapides les chemins d'une réelle démocratisation, depuis un système de parti unique jusqu'à la mise en place d'un régime libéral d'ailleurs encore appelé à évoluer, puisqu'une importante révision constitutionnelle devrait en principe être engagée en 2006.
1. Un multipartisme vite confronté à l'alternance
Après quinze ans de parti unique d'inspiration marxiste et
d'orientation nettement pro-soviétique (le Mouvement de
Libération de Sao Tomé-et-Principe, ou MLSTP), le régime
politique santoméen s'est orienté à partir de 1990 vers le
multipartisme, d'abord sous l'influence de l'ancien Président Pinto da
Costa, puis sous celle de son premier successeur, Miguel Trovoada.
La vivacité démocratique du système est marquée par
l'enracinement d'une culture de l'alternance, avec l'accession au pouvoir en
mars 1991 du principal parti d'opposition (le Parti de Convergence
Démocratique, ou PCD) puis le retour aux affaires du MLSTP en juillet
1994 et, en 1996, l'installation d'une sorte de cohabitation entre un
président issu du PCD et une assemblée dominée par le
MLSTP.
Pour sa part, l'actuel Président Fradique de Menezez, élu
dès le premier tour en juillet 2001, est issu du milieu des
affaires, avec le soutien d'un parti tiers, l'Alliance Démocratique
Indépendante (ADI) qui, jusqu'à présent, n'a jamais
été majoritaire à l'assemblée (l'élection du
Président Fradique de Menezez a été facilitée par
le fait que son prédécesseur, le Président Trovoada,
élu en 1991 et réélu en 1996, était juridiquement
non renouvelable, en vertu d'une disposition constitutionnelle limitant
à deux le nombre des mandats successifs ; le respect de ce type de
clause est trop rare en Afrique pour ne pas mériter d'être
salué).
Sur le plan institutionnel
proprement dit,
le système
santoméen
, de nature hybride (coexistence d'un Chef de l'Etat aux
pouvoirs forts et d'un Premier ministre issu des rangs de la majorité
parlementaire)
paraît encore appelé à des
évolutions
, puisque en 2002, a été acté le
principe d'une révision constitutionnelle devant être soumise au
référendum en 2006 (c'est-à-dire à l'issue du
mandat de l'actuel Président).
Pour le moment, les options restent encore assez ouvertes, entre un
régime à dominante plutôt parlementaire -qui aurait,
semble-t-il, la préférence des principaux responsables du MLSTP-
et un régime de type présidentiel proprement dit, auquel le
Président Fradique de Menezez semble plus favorable. Lors de son
audience, celui-ci a évoqué cette question, se réservant
d'ailleurs la possibilité de solliciter d'ici à 2006 l'avis de
constitutionnalistes et d'experts internationaux, dont, le cas
échéant, des Français.
2. Un système néanmoins affecté par quelques soubresauts épisodiques
Cela
étant, si la démocratie est vivace à Sao Tomé, elle
n'a pas été exempte de périodes de raidissement et,
surtout, de plusieurs tentatives de coup d'Etat, dont la plus récente en
juillet 2003.
Le 16 juillet 2003, le Président Fradique de Menezez, alors en visite au
Nigeria, a ainsi dû faire face à une tentative de putsch
dirigée par un militaire, le commandant Fernando Pereira
13
(
*
)
.
Très rapidement, le soutien de plusieurs Etats européens -dont la
France- a permis au Président Fradique de Menezes de reprendre, sans
violence, le contrôle de la situation, finalement stabilisée par
une médiation internationale conjointe de la Communauté
économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) et de la
Communauté des pays de langue portugaise.
Le Président Fradique a d'ailleurs exprimé à la
délégation sénatoriale la gratitude qu'il vouait à
la France pour son appui rapide de cette crise, élément de
confiance et de reconnaissance internationale sans lequel il n'aurait
probablement pas pu redresser la situation et mettre un terme à l'action
des putschistes.
L'audience du Président Fradique de Menezez à Sao
Tomé, le 6 novembre 2003,
avec, de gauche à droite : Mme Danièle Robin,
conseillère de Coopération et d'Action culturelle,
M. Jean-Pierre Cantegrit, le Président Fradique de Menezez,
MM. Joël Bourdin, André Rouvière et François Trucy
Si la
vie politique intérieure de Sao Tomé apparaît donc quelque
peu mouvementée,
sa politique extérieure semble en revanche
marquée par plusieurs constantes
qui, en dépit de leur
relative dispersion apparente, n'en révèlent pas moins un grand
pragmatisme :
• La fidélité à la communauté
lusophone
, héritage assumé de l'ère coloniale ;
à ce titre, Sao Tomé a adhéré à la
Communauté des Pays de langue portugaise (CPLP) et au groupe des cinq
pays de langue officielle portugaise (PALOP) ;
• Dans le même temps,
une volonté manifeste de pleine
intégration dans la communauté sous-régionale à
dominante francophone
, concrétisée par l'adhésion de
Sao Tomé à la CEEAC et à l'Organisation Internationale de
la Francophonie. A cet égard, il convient de rappeler que le
Président Fradique de Menezes, qui a longtemps vécu en Europe (en
Belgique et en France, notamment), s'exprime dans un français parfait et
affiche une sympathie marquée envers la France et la francophonie.
• Simultanément,
l'entretien de liens privilégiés
entre Sao Tomé et son puissant voisin anglophone, le Nigeria,
avec
lequel a été signé en 2001 un accord d'exploitation
commune des ressources pétrolières offshore dans la zone
partagée. Certes, cet accord n'est-il pas égalitaire (60% pour le
Nigeria contre « seulement » 40 % pour Sao
Tomé), mais pour le Gouvernement santoméen, il représente
un indéniable succès, rapporté au poids respectif
réel des deux partenaires (avec ses 124 millions d'habitants sur un
territoire de 924.000 km², le Nigeria est d'ores et déjà un
des plus importants pays pétroliers au monde, tant en production
annuelle que par l'importance de ses réserves).
• Enfin,
une bonne entente avec les Etats-Unis
, qui disposent
déjà d'une importante base d'écoutes à Sao
Tomé et dont selon des analyses concordantes, la présence -civile
et militaire- pourrait fort bien être appelée à
croître à un rythme rapide dans l'archipel.
B. SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE, SAO TOMÉ ABORDE UN TOURNANT DÉCISIF
Jusqu'à une période très récente, Sao Tomé comptait parmi les plus pauvres d'Afrique : tributaire à 75% de l'aide internationale et lourdement endetté (300 millions de dollars US fin 2002, soit cinq années de PIB), le pays a souffert depuis son indépendance de l'érosion progressive de ses ressources d'exportation (le cacao, notamment).
1. De l'ère du cacao à l'ère du pétrole
En fait,
à Sao Tomé, l'exploitation du cacao, techniquement
dépassée, est une survivance sans perspective crédible de
redressement durable, car si l'île produit des fèves de
qualité mondialement renommée, elle ne peut faire face, en volume
et en prix, à la concurrence d'autres très gros producteurs,
notamment la Côte d'Ivoire.
Pourtant, si l'ère du cacao semble aujourd'hui close,
la situation
économique de Sao Tomé pourrait fort bien évoluer dans un
sens favorable avec les nouvelles perspectives d'exploitation du pétrole
offshore que semble receler son sous-sol
: selon les résultats des
premières prospections, les recettes attendues de cette ressource
pourraient même se révéler énormes
(rapportées la taille et à la population du pays), au point que
dès à présent, la seule vente de blocs d'exploration a
déjà doublé le montant annuel du budget santoméen
pour 2004.
En pratique, la production pétrolière de Sao Tomé devrait
à terme se répartir en deux zones :
• Une première « zone partagée »
qui, en l'absence d'un accord de délimitation des frontières
maritimes avec le Nigeria, devrait être exploitée en
partage ; dès à présent, les deux Etats ont mis sur
pied une autorité commune de mise en valeur des ressources de cette
zone, sur la base de l'accord « 40/60 »
(inégalitaire mais avantageux pour Sao Tomé) évoqué
ci-avant ;
• Une zone d'exploitation exclusive
, qui n'est pas encore
totalement explorée, mais dont les ressources probables resteront
à 100 % sous le contrôle de Sao Tomé.
Pour le moment, en l'absence de mise en exploitation effective, le
pétrole représente pour Sao Tomé une « ressource
virtuelle ». Il est donc évidemment prématuré de
se prononcer sur l'impact réel qu'elle aura sur l'économie
santoméenne dans les prochaines années, mais tout laisse supposer
que si les ressources se révèlent à la hauteur des
attentes, la rente pétrolière en modifiera profondément
les structures, avec, à échéance rapide, le
dépérissement des productions traditionnelles (le cacao,
notamment) et la montée en puissance d'un secteur tertiaire encore
très peu développé.
Comme pour la Guinée équatoriale, le pétrole pourrait
transformer Sao Tomé en nouveau « dragon africain »
dont, à terme, l'influence devra être prise en compte par les
autres Etats de la sous région. On saisit d'autant mieux l'importance
que ce petit pays peut revêtir aux yeux des Etats-Unis, tant par sa
position stratégique au coeur du Golfe de Guinée que par les
potentialités de son économie et les débouchés
qu'elle peut offrir aux compagnies américaines.
2. La question de l'adhésion de Sao Tomé à la Zone franc
A la
différence de ses deux voisins gabonais et équatoguinéen,
la République de Sao Tomé-et-Principe n'a pas encore rejoint
la Zone franc et use d'une devise nationale non convertible, la
dobra
14
(
*
)
.
Cette question suscite néanmoins depuis longtemps un grand débat
au sein des instances dirigeantes santoméennes, relancé avec
l'adhésion de la Guinée équatoriale dont, pourtant, les
attaches avec la francophonie et le franc-monnaie n'étaient
originellement pas plus fortes que celles de Sao Tomé.
En réponse à une question de M. Jean-Pierre Cantegrit, le
Président Fradique de Menezez a bien voulu confier à la
délégation sénatoriale quelques indications à ce
sujet.
En fait, le rattachement de son pays à la Zone franc suscite certaines
craintes dans une partie des milieux d'affaires et dans l'opinion publique, peu
enclines à se découpler du Portugal avec lequel Sao Tomé
conserve des liens étroits et privilégiés.
La situation a évidemment évolué depuis la mise en place
de l'euro, puisque le franc CFA est aligné sur cette nouvelle
devise ; de cette sorte, l'adhésion à la Zone franc
reviendrait, en pratique, à se rattacher à la « Zone
euro », formule n'étant plus de nature à affecter les
liens traditionnel du pays avec le Portugal.
Pour d'autres, cette question serait même déjà
dépassée, la Zone franc ne leur paraissant plus offrir beaucoup
d'intérêt, comparée aux avantages du dollar (solution
présentée comme s'inscrivant mieux dans la logique d'exportation
de la future production pétrolière).
Pour sa part, le Chef de l'Etat n'a pas arrêté
définitivement sa position sur ce sujet, même s'il
considère que le maintien durable de la
dobra
finirait tôt
ou tard par isoler inutilement son pays au sein du système
monétaire international ; il a d'ailleurs rappelé que
dès 1986, alors qu'il était ministre des Affaires
étrangères, le dossier de l'adhésion à la Zone
franc était déjà techniquement
« bouclé ».
C. LA COOPÉRATION FRANCO-SANTOMÉENNE
Lors de
son audience,
le Président Fradique de Menezez a fait part à
la délégation sénatoriale de l'inquiétude que lui
inspirait la diminution apparente de l'aide française à Sao
Tomé
, préoccupation également exprimée par le
ministre des Affaires étrangères, M. Mateus Meira Rita.
De fait, selon les données avancées par les autorités
santoméennes, la France, premier partenaire bilatéral de Sao
Tomé il y a encore une dizaine d'années -devant le Portugal-
aurait progressivement réduit le montant des ses aides qui, en 2002,
n'atteignaient plus que 4,6 millions d'euros, soit moins que l'aide consentie
par Taiwan ou le Portugal (sans compter l'aide multilatérale
accordée par l'Union européenne).
En réalité, cette décroissance tient surtout à la
redistribution des efforts français de coopération,
naguère fondée principalement sur l'intervention sur place des
coopérants, alors qu'elle s'oriente aujourd'hui sur une
« coopération de projets » axée sur des
réalisations ponctuelles.
D'après les indications fournies par notre conseillère de
Coopération et d'Action culturelle à Sao Tomé, Mme
Danièle Robin -qui mène sur place, dans des conditions parfois
délicates, une activité remarquable au service de la
présence et de la culture française à Sao
Tomé
15
(
*
)
- les
interventions du service de Coopération s'inscrivent désormais
dans trois directions prioritaires :
• le renforcement des liens culturels et de la francophonie, dont les
crédits 2003 ont en réalité augmenté de 15 %
par rapport à 2002 ; ce renforcement passe principalement par
l'activité de l'Alliance française, créée en 2000
(dont la délégation sénatoriale a tenu à rencontrer
les responsables et à visiter les locaux) et qui accueille actuellement
près de 1 000 étudiants réguliers ;
• le développement des formations qualifiantes en France (stages et
bourses d'études) ;
• la coopération sur le secteur rural, qui, à la demande des
autorités santoméennes, devrait d'ailleurs évoluer vers
des actions d'un type nouveau dans une optique d'aménagement du
territoire, d'émergence du pouvoir local et de bonne gouvernance locale.
Pour le reste, il faut reconnaître que les relations commerciales entre
Sao Tomé et la France demeurent très faibles, avec un montant
d'échange de seulement 2 millions d'euros en 2002 (largement
excédentaires pour les exportations françaises).
La présence française à Sao Tomé-et-Principe
demeure en deçà des enjeux que ce pays pourrait
représenter à l'horizon de quelques années
16
(
*
)
.
Le Président Fradique de Menezez a déploré que les grands
opérateurs français du secteurs pétrolier en soient
quasiment absents : ainsi, le Groupe TOTAL, pourtant très
impliqué dans les opérations d'exploration et de production dans
cette sous-région de l'Afrique, n'a pas d'activité à Sao
Tomé. De même, quelques jours avant la visite des
sénateurs, lors de l'ouverture des plis de souscription pour neuf lots
de recherche pétrolière en octobre 2003, une seule firme
française a pu se positionner (MAUREL & PROM, attributaire du lot
n° 6), la plupart des vingt compagnies ayant présenté
des offres étant américaines ou nigérianes.
CONCLUSION
De ce
survol -évidemment trop rapide- de trois pays aux réalités
aussi contrastés que le Gabon, la Guinée équatoriale et
Sao Tomé-et-Principe, la délégation du groupe
interparlementaire France-Afrique centrale retire néanmoins un sentiment
commun bien affirmé : l'intérêt que sa visite a
suscité, non seulement auprès des éminentes
personnalités politiques qu'elle a eu le privilège de rencontrer
à Libreville, à Malabo et à Sao Tomé, mais aussi
sur le terrain, au hasard de ses divers contacts avec des habitants, des gens
de la rue ou des responsables locaux.
Partout, le même accueil, ouvert et spontané,
réservé aux sénateurs français montre à quel
point notre pays jouit d'un véritable crédit de
considération et de confiance, qui lui confère à la fois
des atouts appréciables mais aussi des responsabilités
particulières.
S'agissant des atouts
, les plus hautes autorités des trois Etats
visités ont exprimé leur souhait d'un renforcement de la
présence française et de la francophonie, non seulement en
matière de coopération ou d'action culturelle mais aussi, dans
une optique plus économique, à travers l'activité des
entreprises françaises.
De fait, la position de nos entreprises -grandes ou petites- dans cette
sous-région de l'Afrique centrale est faible, sans doute trop si l'on
considère l'ampleur des marchés et des secteurs où elles
pourraient tirer parti de leur expérience et de leur savoir faire :
la restructuration agricole et l'élevage, le tourisme, les
activités pétrolières, etc...
S'agissant des responsabilités
, il conviendrait que la France
continue activement d'accompagner le développement des pays de cette
zone, tant au Gabon -pays ami qui demeure un de nos partenaires
privilégiés- qu'en Guinée équatoriale ou à
Sao Tomé, où l'aide bilatérale française pourrait
notamment servir de socle à une meilleure diffusion de la francophonie.
Concernant l'aide de la France, la délégation croit enfin
souhaitable de formuler deux observations en forme de recommandation.
En premier lieu, si les crédits affectés à la
coopération ne sont pas épargnés par les contraintes
budgétaires qui touchent l'ensemble de nos interventions
extérieures,
il est
-plus que jamais-
nécessaire de
dégager les économies et de procéder aux
redéploiements aptes à préserver la présence
française dans une région où la France continue de compter
beaucoup d'amis.
S'il n'appartient pas à un groupe interparlementaire de s'engager plus
avant sur les meilleurs moyens d'y parvenir, tout au plus peut-il soumettre
cette réflexion aux autorités compétentes, tout en
observant que la nouvelle présentation des lois de Finances devrait
aussi pouvoir concourir à la réalisation de cet objectif.
En second lieu,
les efforts consentis en faveur des Etats africains
ne
doivent pas -et ne peuvent pas- être uniquement ceux de l'Etat, mais
passent aussi, sur le terrain, par une implication active des
collectivités locales, à travers des actions de
coopération décentralisée
.
Tant au Gabon qu'en Guinée équatoriale ou à Sao
Tomé-et-Principe, la délégation a pu constater combien ses
interlocuteurs à tous les niveaux étaient attachés et
sensibles à l'engagement des communes, des départements et des
régions françaises en faveur du développement de l'Afrique.
Il y va, en ce domaine, non seulement d'une question d'efficacité,
mais aussi de la considération due aux populations et aux
collectivités locales des pays avec lesquels la France entend maintenir
des liens privilégiés
.
- -
ANNEXES
•
Le bilan de la coopération interparlementaire avec les assemblées
gabonaises
• La Fondation « Horizons Nouveaux »,
créée par Mme Edith Bongo pour l'accueil d'enfants
handicapés
ANNEXE 1
LE
BILAN DE LA COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE
AVEC LES ASSEMBLÉES
GABONAISES
1.
LA COOPÉRATION TECHNIQUE BILATÉRALE
La coopération avec le Sénat gabonais date de la mise en place en
février 1997 de cette assemblée créée par la
révision constitutionnelle du 18 mars 1994. Les actions entreprises
par le Sénat français ont d'abord consisté en une aide
à l'installation de la seconde chambre gabonaise puis en une
coopération ciblée sur les besoins de la jeune assemblée,
la mise en place notamment d'un site internet.
Actions déjà réalisées
:
1. Mission d'évaluation
, dans le cadre de la mise en place de la
seconde chambre, d'un fonctionnaire du Sénat qui participait
également à un séminaire régional sur
l'organisation du travail parlementaire (juillet 1997).
2. Accueil à Paris
,
dans le cadre de la mise en place du
Sénat gabonais, de
:
deux architectes gabonais (mars 1997) ;
une délégation composée de trois sénateurs et du
directeur du cabinet du Président du Sénat (juin 1997) ;
le directeur du protocole (décembre 1997).
une mission d'information du Sénat gabonais concernant les
problèmes d'architecture des palais parlementaires (juillet 1998).
3. Mise en place d'un site Internet au Sénat gabonais
:
déplacement d'un administrateur à Libreville dans le but de
réunir les éléments permettant d'établir un site
(juin 1998) ;
hébergement du site sur le site du Sénat français dans
l'attente d'un hébergement au Gabon ;
suivi du stage au Sénat de trois informaticiens du Sénat
gabonais (septembre 1999).
4.
A la suite de la visite à Paris en avril 1999 du
Président du Sénat gabonais, au cours de laquelle il a
été convenu de renforcer les échanges interparlementaires :
stage du Premier questeur (
reporté
) ;
stage du conseiller chargé du protocole au cabinet du Président
(mai 2000) ;
participation du directeur du service des collectivités territoriales
du Sénat français à un colloque sur la
décentralisation organisé à Libreville (juin 2000) ;
stage du Colonel Onomory, Directeur de l'Unité de
Sécurité (avril 2003) ;
stage du chef du service des collectivités locales et du conseiller du
Président, chargé des collectivités locales (janvier 2004)
;
Actions projetées :
visite d'étude sur l'autonomie financière des assemblées
du président de la commission des finances, du premier questeur et du
premier rapporteur de la commission des finances (printemps 2004).
2.
LES PROGRAMMES DE COOPÉRATION MULTILATÉRALE
Assemblées concernées
: l'Assemblée nationale et le
Sénat
Origine : l'Union Interparlementaire (UIP)
Particularités :
la participation du Sénat à ce
programme prolonge la coopération qu'il avait engagée avec le
Sénat gabonais dès la mise en place de celui-ci en 1997.
Thèmes du programme :
1 - le processus législatif
2 - les techniques de contrôle du Gouvernement
3 - l'autonomie administrative et financière des assemblées
ÉCHÉANCIER DES OPÉRATIONS
5 - 9 novembre 2001 |
A la demande de l'UIP, mission d'évaluation du Parlement gabonais (financement UIP) |
1 er - 5 juillet 2002 |
Stage sur le processus législatif et la fonction de contrôle du Parlement pour deux fonctionnaires du Sénat et deux fonctionnaires de l'Assemblée. |
28 - 31 octobre 2002 |
Séminaire de formation pour le personnel du Parlement gabonais, sur le travail législatif et l'autonomie administrative et financière des assemblées. |
12 - 15 mai 2003 |
Séminaire de formation pour le personnel du Parlement sur les thèmes : contrôle parlementaire ; procédure budgétaire ; fonctionnement d'un Parlement bicaméral. |
19 - 22 mai 2003 |
Séminaire de formation pour les sénateurs gabonais sur les thèmes : statut du parlementaire ; rapports parlement/gouvernement ; processus législatif ; procédure budgétaire ; statut de l'opposition ; organisation politique et administrative du Parlement. |
NB. Il est prévu de joindre au programme un volet parlementaire, mais, à ce jour, aucune formation n'a encore pu être organisée pour les sénateurs et députés gabonais.
----
ANNEXE 2
LA
FONDATION « HORIZONS NOUVEAUX »
créée et présidée par l'épouse
du Chef de l'Etat gabonais, Mme Edith Bongo,
pour l'accueil d'enfants handicapés
17
(
*
)
La
Fondation Horizons Nouveaux (FNH) a été créée en
septembre 1996 par Mme Edith Bongo qui en est depuis lors la
présidente
.
La FNH est une fondation reconnue d'utilité publique, et se voue
exclusivement à l'accueil des enfants handicapés.
La FNH anime deux services
:
un service spécialisé pour les enfants aveugles et
déficients visuels graves
, qui sont scolarisés en externat
dans des classes allant de la maternelle à la quatrième ;
un service accueillant des enfants handicapés mentaux (légers
et profonds), sourds
, accusant un retard scolaire imputable au handicap.
* * *
La
coopération française a apporté son appui à la FNH
dès 1997
sous la forme de missions d'experts et de renforcement de
capacité des instituteurs et formateurs travaillant dans cette
institution.
Pour mémoire, la programmation 2003 comportait les actions suivantes
(pour un montant très légèrement supérieur à
15 000 €) :
pour le service des aveugles, deux bourses de stage de un mois chacune pour
des formateurs de la FNH auprès d'Instituts français
spécialisés, et deux missions d'experts de dix jours chacune
(transcription de Braille et formation socio-éducative des
enseignants) ;
pour le service des handicapés mentaux et sourds, trois bourses de
stage à des coûts partagés, de un mois chacune, pour des
éducateurs et la venue d'un expert formateur pédagogue pendant
quinze jours.
* 1 M. Jacques Pelletier, désigné entre-temps président de la mission commune d'information du Sénat sur la canicule, a finalement dû regagner Paris dans la nuit du 4 novembre et n'a donc pas pu participer au déplacement à Sao Tomé-et-Principe.
* 2 M. Michel Laflandre, conseiller.
* 3 Peu de temps après le retour en France de la délégation, M. Jean-Pierre Cantegrit a rendu compte des grandes lignes de cette mission au Président du Sénat, M. Christian Poncelet, ainsi qu'aux plus hautes autorités de l'Etat. En outre, avec l'aimable accord du Président André Dulait, il en a récapitulé les principales observations lors d'une communication orale présentée le 26 novembre 2003 devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.
* 4 L'attention de la délégation s'est également portée sur la Fondation Horizons Nouveaux (FHN), que plusieurs de ses membres avaient déjà eu l'occasion de visiter à l'occasion de précédents déplacements à Libreville. Cette fondation, qui accueille des jeunes handicapés -notamment des enfants aveugles ou malvoyants ( cf. l'Annexe 2 du présent rapport)- a été créée par l'épouse du Chef de l'Etat, Mme Edith Bongo, qui en est l'actuelle présidente. On demeure impressionné par l'excellente organisation de cette institution, pour laquelle quelques membres du groupe cherchent des partenariats avec des hôpitaux français, en particulier dans le domaine ophtalmologique.
* 5 La communauté française au Gabon connaît depuis longtemps une érosion qui en a fait tomber l'effectif d'environ 25 000 personnes en 1985 à moins de 9 000 aujourd'hui, dont 80 % résident dans la capitale. Cette communauté, active et intégrée, est administrée par nos consulats généraux de Libreville et de Port-Gentil, villes qui accueillent l'une un lycée, l'autre un collège (dont la délégation sénatoriale a d'ailleurs reçu les représentants). L'enseignement primaire est quant à lui assuré par sept écoles publiques conventionnées.
* 6 Sur le plan militaire et de la défense proprement dite, la France et le Gabon ont signé un accord en 1960. La France dispose au Gabon de troupes pré-positionnées, rattachées à la Force d'action rapide (6ème BIMA de Libreville, comptant près de 900 hommes actuellement), disposant d'importants moyens aériens, que la délégation sénatoriale a eu le plaisir d'aller saluer lors de son séjour dans la capitale gabonaise. Ce dispositif a facilité l'évacuation des Français et étrangers de la République du Congo en 1997 et de la République Démocratique du Congo en 1998, la mise en route de la force CEMAC déployée en République centrafricaine, enfin le ravitaillement en vol des avions de l'opération « Artémis ». Un important exercice militaire regroupant la France et les pays de la CEMAC a eu lieu en juillet 2003. Au plan budgétaire, l'enveloppe de 4,6 millions d'euros de coopération militaire couvre le financement de 22 coopérants, des missions de courte durée, des stages et des projets sur place.
* 7 Selon les indications communiquées par l'AFD à Libreville, on relève, parmi les principales opérations menées depuis trois ans : en 2001, le projet de construction de la route Médoumane-Lalara pour un montant de 42,69 M € ; en 2002, un prêt à l'Etat gabonais de 5,9 M € pour le financement du programme d'appui au développement de l'agriculture périurbaine (projet PADAP) et une subvention de 0,82 M € pour la mise en place d'un Fonds d'études et de préparation de projets, ainsi qu'une ligne de crédit de 4,2 M € à la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Gabon (BICIG) destinée au refinancement de travaux de préparation de plans d'aménagement forestier. Le Fonds Français de l'Environnement Mondial (FFEM) a octroyé une subvention de 0,939 M € en faveur d'un projet d'écotourisme cofinancé avec l'Union européenne (programme Ecofac) ; le FFEM soutient quatre programmes actuellement en exécution : le plus important porte sur l'appui à l'aménagement forestier et apporte un complément de financement à huit sociétés forestières engagées dans l'élaboration d'un plan d'aménagement durable.
* 8 L'activité de Proparco est centrée, à travers le système bancaire, sur l'industrialisation et le développement durable de la filière bois, ainsi que sur le secteur minier non pétrolier (participation au financement du complexe industriel de Moanda, Groupe Eramet). En 2002, Proparco a garanti à hauteur de 3,05 M € un emprunt obligataire souscrit par la filiale gabonaise Sogaca du groupe Giefca. En 2003, Proparco a octroyé à la BICIG une ligne de crédit de 7 M € destinée au financement du secteur privé, et notamment les investissements industriels des entreprises forestières engagées dans un plan d'aménagement durable de leur concession.
* 9 En sens inverse, il apparaît que les relations entre la Guinée équatoriale et l'Union européenne ne sont pas excellentes : l'aide européenne a d'ailleurs été suspendue entre 1993 et 1998 en raison de la situation des droits de l'homme et la Commission européenne a annoncé en 2001 qu'elle envisageait de fermer sa représentation à Malabo.
* 10 L'îlot de Mbanié, revendiqué de longue date par la Guinée équatoriale, avait déjà été à l'origine d'une réelle tension entre ces deux pays en 1972, après que le président gabonais s'y fût rendu pour y planter le drapeau national. A l'époque, l'incident avait nécessité une médiation internationale conduite par le président de l'ex-Zaïre, le maréchal Mobutu. Au plan juridique, le Gabon et la Guinée équatoriale revendiquent chacun la possession territoriale de trois petites îles -dont Mbanié- dont, selon les éléments recueillis auprès de différents interlocuteurs, l'attribution ne serait pas claire dans convention signée en 1900 entre la France et l'Espagne, anciennes puissances coloniales intéressées. Une déclaration, en février 2003, du Premier ministre équatoguinéen, M. Candido Muateteme Rivas, selon laquelle l'occupation de l'île Mbanié par le Gabon serait illégale, a été qualifiée par son homologue gabonais, M. Jean François Ntoutoume Emane, de « regrettable et inopportune », rappelant que le Gabon « marque sa volonté de préserver la politique de dialogue et de bon voisinage (...) ». De son côté, Candido Muateteme Rivas a déclaré que son gouvernement exprimait « sa profonde préoccupation et son indignation face à l'occupation illégale de l'îlot de Mbanié par le Gabon », exhortant le Gabon à se retirer de l'îlot «dont la propriété territoriale n'avait pas été clairement tranchée par les anciens colonisateurs de ces deux pays, l'Espagne et la France» .
* 11 Le Président Jacques Chirac, qui a reçu à l'Elisée son homologue équatoguinéen le jeudi 11 décembre 2003, a formé « le souhait et l'espoir que la Guinée Equatoriale et le Gabon trouvent une solution dans la sérénité, par la voie ouverte de la médiation du secrétaire général de l'ONU ».
* 12 Après l'Archipel des Seychelles dont la superficie cumulée des 115 îles qui le composent ne dépasse pas 500 km².
* 13 Heureusement sans effusion de sang, les putschistes, qui dénonçaient une prétendue corruption générale de la classe politique, ont procédé à l'arrestation des principaux responsable publics.
* 14 Au cours local, la monnaie santoméenne s'échange à raison d'environ 10 800 dobras pour 1 euro.
* 15 La représentation diplomatique de la France à Sao Tomé-et-Principe est confiée à l'Ambassadeur de France au Gabon ; en pratique, le service de Coopération et d'Action culturelle à Sao Tomé assure, sous l'autorité de l'Ambassadeur, l'essentiel des attributions diplomatiques et consulaires sur place, avec d'ailleurs des effectifs et de moyens matériels fort limités.
* 16 Les sénateurs ont tenu à rencontrer sur place la totalité des Français disponibles lors de leur passage à Sao Tomé, au cours d'une sympathique réception offerte par la délégation du groupe interparlementaire.
* 17 Informations communiquées par le Service de coopération et d'Action culturelle de l'Ambassade de France.