FRANCE-ETATS-UNIS : RENOUER LE DIALOGUE
Compte rendu de la visite à Washington, New-York et Boston d'une délégation du groupe interparlementaire France-Etats-Unis
7 au 13 septembre 2003
Table des matières
- COMPOSITION DE LA DELEGATION
- PROGRAMME DU DEPLACEMENT
- INTRODUCTION
- ANNEXES
COMPOSITION DE LA DELEGATION
M. Paul
GIROD
Président du groupe interparlementaire
France-Etats-Unis
Sénateur de l'Aisne
M. André ROUVIÈRE
Vice-Président du groupe
interparlementaire France-Etats-Unis
Sénateur du Gard
M
me
Danielle BIDARD-REYDET
Secrétaire du groupe
interparlementaire France-Etats-Unis
Sénateur de la
Seine-Saint-Denis
M. Lucien LANIER
Secrétaire du groupe interparlementaire
France-Etats-Unis
Sénateur du Val-de-Marne
M. Jean-Léonce DUPONT
Sénateur du Calvados
La délégation était accompagnée de Mlle Catherine
FORGEARD, administrateur, secrétaire exécutif du groupe
interparlementaire.
PROGRAMME DU DEPLACEMENT
Dimanche 7 septembre
16h40 Départ de Paris - Charles de Gaulle pour Washington D.C (vol AF 26)
19h00 Arrivée à Washington
Accueil par Mme Christine GRENIER,
Deuxième Conseiller de l'Ambassade de France
Lundi 8 septembre
08h00 Petit-déjeuner de travail à la Résidence de France,
offert par M. Jean-David LÉVITTE, Ambassadeur de France aux Etats-Unis
09h30 Entretien avec M. Dan FRIED, Conseiller du Président George W.
BUSH pour l'Europe et l'Eurasie, National Security Council
10h30 Entretien avec M. Tom LANTOS, Représentant (D-Californie),
Vice-Président de la Commission des relations internationales de la
Chambre
13h00 Déjeuner à la Résidence du Ministre Conseiller, M.
Denis PIETTON
15h00 Entretien avec Mme Elizabeth JONES, Assistant secretary (Directeur),
Bureau des affaires européennes et eurasiatiques, Département
d'Etat
15h45 Entretien avec MM. David SATTERFIELD et Philo DIBBLE, Deputy Assistant
secretaries (Directeurs adjoints), Bureau des affaires proche-orientales,
Département d'Etat
17h00 Entretien avec M. Chuck HAGEL, Sénateur (R-Nebraska), membre de la
commission des affaires étrangères, président de la
sous-commission « International Economic Policy, Export and Trade
Promotion »
Mardi 09 septembre
09h00 Entretien avec M. Daniel HAMILTON, Professeur, Directeur du Centre
d'Etudes transatlantiques, Paul H . Nitze School for advanced
international studies, Université John Hopkins, suivi d'un débat
avec son équipe du centre de recherche, notamment Mme Esther BRIMMER et
Mme Chantal de JONGE-OUDRAAT
11h15 Entretien avec M. James OBERSTAR, Représentant (D-Minnesota),
vice-président de la commission des transports et des infrastructures
12h30 Déjeuner à la Résidence de France
1(
*
)
15h30 Entretien avec M. John MCCAIN, sénateur (R-Arizona),
Président de la commission sur le commerce, les sciences et le transport
16h15 Entretien avec M. Paul SARBANES, Sénateur (D-Maryland)
17h00 Entretien avec Mme Dianne FEINSTEIN, Sénatrice (D-Californie)
Mercredi 10 septembre
10h00 Entretien avec Mme Marcy KAPTUR, Représentante (D-Ohio)
11h00 Entretien avec M. John BREAUX, Sénateur (D-Louisiane)
11h30 Entretien avec M. Evan BAYH, Sénateur (D-Indiana)
13h00 Déjeuner à la Résidence
14h00 Rencontre avec la presse française à la Résidence
18h00 Départ de Washington Reagan Airport pour New-York La Guardia (vol
US 2182)
19h15 Arrivée à New-York La Guardia, accueil par M. Richard
DUQUÉ, Consul général de France à New-York, M. Paul
SERRE, stagiaire ENA auprès de la Mission permanente représentant
la France à l'O.N.U et M. Régis BLAIN, chef du service de presse
et de communication du Consulat Général
20h15 Dîner offert à la Résidence de l'Ambassadeur,
Représentant permanent de la France auprès des Nations-Unies, M.
Jean-Marc de la SABLIÈRE
Jeudi 11 septembre
09h15 Visite de la Mission permanente de la France auprès des
Nations-Unies
10h30 Visite de l'Alliance Française de New-York, en présence de
M. David BLACK, Président de la FIAF (French Institute Alliance
Française) et d'enseignants de l'Alliance
11h45 Visite du Service culturel de l'Ambassade de France aux Etats-Unis, en
présence de M. Jean-René GEHAN, Conseiller culturel
12h30 Déjeuner à la Résidence, offert par M. Richard
DUQUÉ, Consul Général de France
15h Hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001 :
dépôt d'une gerbe au pied du Mémorial provisoire de Battery
Park
18h00 Départ de New-York La Guardia pour l'aéroport Boston Logan
(vol US 2138)
19h15 Arrivée à l'aéroport de Boston, accueil par M.
Thierry VANKERK-HOVEN, Consul général de France et Mme Mireille
MAKANDA, Attachée de presse
20h30 Réception offerte par M. Thierry VANKERK-HOVEN, Consul
général de France, à la Résidence
Vendredi 12 septembre
09h30 Entretien avec Mme Kerry HEALEY, Vice-gouverneur du Massachusetts
10h00 Entretien avec Mme Kathi-Anne REINSTEIN, membre de la Chambre des
Représentants du Massachusetts
10h30 Entretien avec M. Robert TRAVAGLINI, Président du Sénat du
Massachusetts
11h00 Entretien avec M. Michael RUSH, membre de la Chambre des
Représentants du Massachusetts
11h30 Visite guidée de la « State House »
12h30 Déjeuner offert par la Bibliothèque française -
Alliance Française
14h30 Visite de la Bibliothèque - Alliance Française
18h30 Cocktail suivi d'un dîner organisé par la Chambre de
commerce franco-américaine (Hôtel Méridien)
Samedi 13 septembre
10h00 Visite guidée du Musée des Beaux-Arts de Boston
12h30 Déjeuner au Musée des Beaux Arts
17h40 Départ de l'aéroport de Boston Logan pour Paris Charles de
Gaulle (vol AF 337)
Dimanche 14 septembre
06h30 Arrivée à Paris Charles de Gaulle
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Une délégation du groupe interparlementaire France-Etats-Unis
s'est rendue à Washington, New-York et Boston, du 07 au 13 septembre
2003.
Le groupe interparlementaire s'était rendu, l'an dernier, en Californie
et dans l'Etat de Washington pour un voyage d'étude sur la nouvelle
économie. Depuis ce déplacement, l'actualité
internationale a rendu nécessaire un voyage de tonalité beaucoup
plus politique. Les divergences apparues au sujet de la guerre menée par
les Etats-Unis en Irak appelaient un dialogue interparlementaire
renforcé et des contacts directs, dépassant le stade des
« petites phrases » relayées, de part et d'autre de
l'Atlantique, par médias interposés.
La délégation qui s'est rendue à Washington, New-York et
Boston a d'abord voulu témoigner de l'étroitesse des liens de
solidarité historiques et culturels entre les peuples français et
américain. Tous les membres de la délégation et notamment
M. Jean-Léonce DUPONT, sénateur du Calvados, ont eu à
coeur de rappeler que la France n'avait pas, loin s'en fallait, oublié
le sacrifice des soldats américains sur son sol au vingtième
siècle. Le groupe d'amitié a par ailleurs souhaité que ce
déplacement soit l'occasion de rendre un hommage aux victimes des
attentats du 11 septembre 2001, ce qui a donné lieu au
dépôt d'une gerbe au Mémorial provisoire de Battery Park
à New-York, le 11 septembre 2003. Ce fut aussi le moment de rappeler la
communauté de valeurs existant entre les deux rives de l'Atlantique, une
communauté de valeurs fondée sur la liberté et sur la
démocratie, condamnant le fanatisme et le terrorisme.
Sur les questions de l'Irak et du Moyen-Orient, la délégation a
pu avoir, avec tous ses interlocuteurs, un dialogue ouvert et franc,
tourné vers la recherche de solutions pour l'avenir. Ce dialogue eut
lieu dans le contexte des négociations sur la future résolution
1511 du Conseil de sécurité des Nations Unies et peu après
le discours du Président américain George W. BUSH, demandant
notamment au Congrès des moyens supplémentaires pour le
financement des activités militaires et des efforts de reconstruction en
Irak. Ce contexte était propice à un dialogue
franco-américain constructif, dans un climat plus apaisé qu'au
printemps dernier. Ce fut aussi l'occasion de rappeler que, si les Etats-Unis
et la France avaient pu diverger dans leurs approches des enjeux, les deux
alliés étaient en revanche en complet accord sur les objectifs
fondamentaux de la lutte contre le terrorisme.
Au cours de son passage à Washington, la délégation a
exprimé le souhait que l'établissement de liens durables entre le
Congrès et le Parlement français soit susceptible, à
l'avenir, de prévenir en amont certaines difficultés, dans
l'intérêt d'une meilleure compréhension réciproque
entre les deux pays. Cette demande fut suivie d'effet quelques semaines
après le retour de la délégation, grâce à M.
Amory HOUGHTON, Représentant républicain de l'Etat de New-York,
qui a accepté de présider un « caucus » sur
la France. La création de ce groupe a été annoncée
le 22 octobre 2003. Il sera commun à la Chambre et au Sénat.
Enfin, au cours de son déplacement aux Etats-Unis, le groupe
interparlementaire a également effectué des visites très
enrichissantes à la Mission permanente de la France auprès des
Nations-Unies, ainsi qu'aux Alliances Françaises de New-York et de
Boston.
A Boston, les entretiens avec le Vice-Gouverneur ainsi qu'avec le
Président du Sénat du Massachusetts furent l'occasion
d'évoquer à nouveau les questions internationales et d'engager
des discussions sur des sujets d'ordre politique et économique propres
à cette région.
I. UNE CLASSE POLITIQUE AMERICAINE INQUIETE
A. LE TRAUMATISME DU 11 SEPTEMBRE
1. Le terrorisme, ennemi n°1
Le 11
septembre 2003, la délégation a souhaité se rendre
à New-York, afin de rendre un hommage aux victimes des attentats. Il
s'agissait aussi de témoigner de la solidarité de la France dans
la lutte contre le terrorisme.
Certes, la délégation a pu constater, à New-York comme
à Washington, que la volonté d'aller désormais de l'avant
était manifeste. A New-York, le projet architectural destiné
à combler le vide de « Ground Zero » a
été choisi et il témoigne de cette volonté de
tourner la page tout en commémorant les événements. George
PATAKI, gouverneur de l'Etat de New-York, déclarait le 27 février
2003, après l'annonce du choix du lauréat
2(
*
)
: ce projet «
montrera aux
terroristes qu'ils ont échoué. Ils n'ont pas
ébranlé notre confiance. Ils n'ont pas ravi notre
liberté
». La cérémonie de commémoration
du second anniversaire de la tragédie fut marquée par la
sobriété. Les New-Yorkais vivent en fait quotidiennement avec le
souvenir des attentats. Ce traumatisme est omniprésent depuis deux ans,
au point qu'il ne paraît pas excessif de dire que l'ensemble de la
politique américaine, tant sur les plans intérieur
qu'extérieur, doit être lu au prisme des événements
du 11 septembre 2001
3(
*
)
.
L'un des interlocuteurs de la délégation, M. Dan HAMILTON,
Professeur à l'Université John Hopkins où il dirige le
Centre d'Etudes transatlantiques, a établi un parallèle entre la
chute du mur de Berlin et le 11 septembre 2001, le premier
événement ayant clos une ère tandis que le second en
ouvrait une autre. Selon le Dr HAMILTON, «
Le 09 novembre nous a
dit que le pire était passé, tandis que le 11 septembre nous a
annoncé que le pire était à venir
».
Au delà de la formule (le 09/11 faisant écho au 11/09), le
parallèle entre la période actuelle et la guerre froide est
couramment effectué. Ainsi, le Président George W. BUSH
stigmatise l' «
axe du mal
», ce qui n'est pas
sans rappeler les discours du Président Ronald REAGAN contre
l' «
Empire du Mal
». Les Etats-Unis
considèrent qu'aujourd'hui, comme par le passé, ils assument la
charge de la défense du monde libre.
Prolongeant ce raisonnement, un Représentant a estimé, lors des
entretiens de la délégation, que la lutte contre le terrorisme
constituait une troisième «
guerre
mondiale
», après la guerre contre le fascisme et celle
contre le communisme. Comme lors de l'attaque de Pearl Harbor le 7
décembre 1941, les Etats-Unis ont été attaqués sur
leur propre territoire. Par rapport à la guerre froide, cela constitue
une différence de taille : le 11 septembre a montré aux
Etats-Unis qu'ils étaient directement menacés. Le Dr HAMILTON a
explicité ce point en soulignant que la ligne de front, située en
Europe pendant quarante ans, se trouvait aujourd'hui sur le sol
américain.
Cette obsession légitime du terrorisme est également apparue au
cours de l'entretien de la délégation avec la sénatrice
Dianne FEINSTEIN (D-Californie), membre de la Commission spéciale sur le
Renseignement, qui a indiqué que, le 11 septembre 2001, une seconde
vague d'attentats avait probablement été planifiée sur la
côte ouest des Etats-Unis. Mme FEINSTEIN a souligné la menace
persistante que le terrorisme faisait peser sur le sol américain,
rappelant que les Etats-Unis craignaient toujours des attentats à
l'anthrax, ainsi que des détournements aériens. Elle a
ajouté que, puisque les compagnies américaines avaient
drastiquement renforcé leurs mesures de sécurité, une
telle attaque pourrait provenir d'un avion étranger.
Confrontés à cet état d'alerte permanent, les Etats-Unis
sont partis en guerre contre un ennemi difficile à cerner.
2. Les moyens de la lutte anti-terroriste
Si un
parallèle a pu être établi, lors des entretiens, entre la
situation actuelle et celle de la guerre froide, ce parallèle a dû
être abandonné sur la question des moyens de la lutte
anti-terroriste.
En effet, Al Qaïda est un ennemi très mal connu, contre lequel la
dissuasion classique ne fonctionne pas, d'une part parce que cet ennemi
dispersé est peu visible et ne dispose pas d'un espace territorial
propre, et d'autre part parce que ces terroristes ne craignent pas pour leurs
propres vies, comme en témoigne le développement du
phénomène « kamikaze ». Le monde libre et
démocratique doit combattre un ennemi dont les modes de raisonnement lui
sont complètement étrangers.
La lutte contre le terrorisme est donc d'abord une lutte contre les
régimes complices du terrorisme, comme l'a souligné le
Président George W. BUSH peu après le 11 septembre 2001. Ainsi,
l'opération menée en Afghanistan était une réponse
directe aux attentats. Mais le lien entre ces événements et
l'intervention en Irak est moins clair, et le Président BUSH a
lui-même reconnu récemment que les liens entre Saddam HUSSEIN et
le réseau terroriste islamiste responsable du 11 septembre n'avaient pas
été précisément établis.
Toutefois, le renversement du régime de Saddam HUSSEIN, tout comme la
chute du régime taliban en Afghanistan, visent aussi à
démocratiser le Moyen-Orient. Plusieurs interlocuteurs de la
délégation ont en effet insisté sur la
nécessité de promouvoir la liberté et la
démocratie, c'est-à-dire de favoriser la mise en place de
régimes susceptibles de mener un combat efficace contre les
réseaux terroristes.
Cette démocratisation est perçue comme une prolongation
nécessaire du mouvement qui a touché l'Europe de l'est
après la chute du Mur de Berlin.
Ainsi, M. Dan FRIED, Conseiller de la Maison Blanche pour l'Europe et
l'Eurasie, a souligné que la guerre contre le terrorisme n'était
pas une guerre traditionnelle et que l'Europe et l'Amérique devaient
travailler de concert pour promouvoir la poursuite du mouvement de
démocratisation qui a balayé le monde depuis 1989.
B. L'AVENIR DU MOYEN-ORIENT
1. Une situation inquiétante en Irak
a) Le tournant du mois d'août
Les
parlementaires américains rencontrés par la
délégation ont tous exprimé une très grande
inquiétude quant à l'évolution de la situation en Irak,
depuis la fin proclamée de la guerre.
Ces interlocuteurs se sont montrés préoccupés par
l'évolution de la situation sur le terrain, où des victimes
étaient à déplorer presque chaque jour. Le mois
d'août 2003 a en effet marqué un tournant dans
l'après-guerre : après l'attentat du 7 août contre
l'ambassade de Jordanie à Bagdad (10 morts), un camion
piégé visant le quartier général des Nations Unies
a tué 22 personnes le 19 août. Le représentant du
Secrétaire Général des Nations Unies sur place, M. Sergio
VIEIRA DE MELLO, fut lui-même victime de cet attentat. Depuis l'attaque
contre l'ONU, le cycle des violences s'est poursuivi de façon quasiment
ininterrompue. Le 29 août, une voiture piégée explosait
à Nadjaf, devant le mausolée de l'imam Ali, causant une centaine
de morts, dont l'ayatollah Mohammed BAQER AL-HAKIM.
Le 07 septembre 2003, le Président George W. BUSH a prononcé un
discours télévisé au cours duquel il demandait l'aide de
l'ONU et requérait 87 milliards de dollars auprès du
Congrès pour stabiliser et reconstruire l'Irak (et, à hauteur de
800 millions de dollars, pour la reconstruction de l'Afghanistan). Cette somme
portait à 160 milliards de dollars le coût total de la guerre.
Lors des entretiens de la délégation, le sénateur Chuck
HAGEL (R-Nebraska), approuvant le discours prononcé la veille par le
Président américain, a souligné la nécessité
de partager le fardeau et les responsabilités décisionnelles dans
le dossier irakien. Il a également insisté sur le fait qu'il n'y
aurait pas de stratégie de sortie possible sans l'aide et le soutien de
la communauté internationale. Il a précisé que le
Président George W. BUSH était dans une situation difficile, pas
seulement à cause de l'intervention en Irak, mais aussi en raison de la
situation économique et des déficits, des pannes
électriques qui ont concerné six Etats et des débats sur
l'assurance médicale.
Le sénateur John MCCAIN (R-Arizona) a, quant à lui, estimé
que l'Amérique vivait
« un moment de
faiblesse »
.
Un autre interlocuteur de la délégation, pourtant proche du
pouvoir, a reconnu que les Etats-Unis avaient commis deux erreurs
majeures : dissoudre l'armée irakienne et démanteler le
parti Bass. Plutôt que de
«
débassiser
», a-t-il précisé,
il aurait été préférable de
«
désaddamiser
».
La délégation a beaucoup apprécié que ses
interlocuteurs se soient exprimés aussi franchement et librement. Elle a
pu ainsi constater, en ce mois de septembre 2003, que la classe politique
américaine était déjà saisie par une vive
inquiétude.
b) Une situation qui n'a cessé de s'aggraver
Depuis
la visite de la délégation aux Etats-Unis, l'évolution de
la situation en Irak n'a pu que renforcer les craintes qui prévalaient
déjà alors. Un nouvel attentat a frappé l'ONU le 22
septembre, des attaques ont visé l'hôtel Bagdad le 12 octobre puis
l'hôtel Al-Rashid le 26. Le 27 octobre, le comité international de
la Croix-Rouge était, à son tour, visé. Le 2 novembre, un
hélicoptère de transport de troupes était abattu, causant
la mort de 16 soldats américains. Le 12 novembre, le contingent italien
était victime de cette escalade de la violence (28 morts à
Nassiriya, dont 19 Italiens). Encore ne s'agit-il là que des
opérations les plus spectaculaires.
Or la résistance des partisans de Saddam HUSSEIN ne suffit sans doute
pas à expliquer une telle évolution. Il est probable que des
terroristes étrangers aient infiltré le territoire irakien, comme
ce « djihadiste » yéménite
arrêté en octobre, qui détenait d'un passeport syrien.
Certes, les cibles visées par les terroristes ne sont pas exclusivement
américaines. Les Irakiens sont les premières victimes de cette
violence qui vise le chaos. Néanmoins, parmi les Américains
présents (130 000 hommes), le bilan est lourd : à la fin du
mois d'octobre 2003, le nombre soldats morts après la guerre (116) a
dépassé le nombre de tués lors des combats de mars-avril
(115). On est loin d'une situation semblable à celle de la guerre du
Vietnam. Néanmoins, l'opinion publique américaine est très
sensible à l'évolution de la situation en Irak, qui pourrait
devenir l'un des enjeux majeurs de la campagne présidentielle qui
commence.
L'aspect financier de la guerre est également préoccupant. A ce
propos, et même si le vote des sommes demandées par le
Président BUSH paraissait déjà acquis lors des entretiens
de la délégation, l'inquiétude des Parlementaires de
Washington annonçait des débats difficiles.
Le collectif budgétaire pour le financement de la stabilisation et de la
reconstruction en Irak et en Afghanistan (concernant l'année fiscale
2004) a été adopté par le Congrès américain
le 03 novembre 2003. Le Sénat s'est prononcé en faveur de ce
collectif par un vote à main levée, tandis que la Chambre des
Représentants l'a adopté par 298 votes contre 121. 64,7 milliards
de dollars sont destinés à l'effort militaire, tandis que 18,6
milliards seront affectés à la reconstruction de l'Irak (contre
20,3 demandés initialement par le Président BUSH). Cette
dernière enveloppe, destinée à la reconstruction, fut la
plus controversée, notamment au Sénat où huit
républicains se joignirent à la plupart des démocrates
pour demander la conversion en prêts de la moitié de l'aide. Cette
proposition n'a toutefois pas été retenue dans le texte final. En
outre, le Congrès a également adopté un crédit
d'1,2 milliard pour la reconstruction en Afghanistan, soit 400 millions de plus
que le montant demandé par le Président.
Dans un contexte de déficit budgétaire important (374 milliards
de dollars en 2003, plus de 500 milliards prévus pour l'année
prochaine), le vote de crédits supplémentaires pour l'Irak
était difficile à expliquer aux Américains, à qui
l'on avait prédit que les ressources pétrolières
viendraient financer l'effort de reconstruction.
Par ailleurs, le Congrès a adopté, le 12 novembre 2003, un budget
de 401,3 milliards de dollars pour la Défense (hors coût de la
guerre en Irak), en hausse de près de 2% par rapport à 2003. Un
feu vert est donné à la recherche sur des têtes
nucléaires de moins de cinq kilotonnes de puissance. Les responsables de
l'administration affirment que ce type d'armes permettra de détruire des
stocks d'armes chimiques ou nucléaires enterrés. Par ailleurs,
9,1 milliards de dollars sont affectés à la défense
anti-missiles, ce qui représente une augmentation de 17% par rapport au
budget 2003.
Le coût de la guerre en Irak, tant sur un plan humain que sur un plan
financier, sera donc incontestablement l'un des principaux enjeux de
l'élection présidentielle de 2004. Toutefois, l'Irak ne peut
être isolé de son environnement. L'attitude des pays voisins sera
déterminante, avec la crise israélo-palestinienne comme point de
cristallisation de toutes les tensions.
2. L'escalade dans le conflit israélo-palestinien
Les
entretiens ont donc porté également sur la situation en
Israël. A ce propos, le voyage de la délégation s'est
déroulé au moment des deux attentats-suicides du 10 septembre
2003, qui tuèrent 15 Israéliens à Jérusalem et
Tel-Aviv. Dès le lendemain, Israël répliquait par un tir de
missile sur Gaza, tuant deux proches d'un dirigeant du Hamas, Mahmoud AL-ZAHAR.
Le Cabinet de sécurité israélien adoptait le principe de
l'expulsion de Yasser ARAFAT, qualifiant le chef de l'Autorité
palestinienne d'
« obstacle absolu à toute tentative
de réconciliation entre Israéliens et
Palestiniens »
. Du côté palestinien, le
Président du Parlement Ahmed QOREI était pressenti pour assumer
la fonction de Premier ministre en remplacement de Mahmoud ABBAS.
Lors de son entretien avec la délégation, M. Dan FRIED a
rappelé qu'il existait un consensus, d'une part sur l'objectif à
atteindre (la coexistence de deux Etats) et d'autre part sur l'identification
des enjeux de la négociation (tracé des frontières, statut
de Jérusalem, avenir des réfugiés palestiniens et des
implantations juives de Cisjordanie). M. FRIED a estimé que
l'Autorité palestinienne ne semblait pas prête à s'engager
sur la voie de la paix et qu'il était difficile de faire pression sur
Ariel SHARON alors qu'Israël était victime d'actes terroristes. Le
conseiller du Président BUSH a jugé que Yasser ARAFAT ne
constituait plus un partenaire palestinien crédible.
Mme Elizabeth JONES, Directeur en charge de l'Europe et de l'Eurasie au
Département d'Etat, a estimé elle aussi que, pour faire pression
sur les Israéliens, il était indispensable d'avoir un partenaire
palestinien crédible. Elle a souhaité que la nomination d'Ahmed
QOREI au poste de Premier ministre, en remplacement de Mahmoud ABBAS, aille
dans ce sens.
M. David SATTERFIELD, Directeur-adjoint pour les affaires proche-orientales au
Département d'Etat, a souligné que c'était moins le nom du
prochain Premier ministre palestinien qui comptait que le degré de
responsabilités qui lui serait délégué. M.
SATTERFIELD a ajouté que le conflit israélo-palestinien
comportait deux autres dimensions :
D'une part, il a relevé que la dimension terroriste de cette crise
impliquait des interventions non seulement du gouvernement palestinien mais
aussi de la communauté internationale. A ce sujet, M. SATTERFIELD s'est
réjouit de l'inscription de la composante politique du Hamas sur la
liste européenne des organisations terroristes (entraînant le gel
des fonds du mouvement), ce qu'il a considéré comme un pas dans
la bonne direction. Le sénateur Evan BAYH (D-Indiana) a fait une
remarque analogue à ce sujet, lors de son entretien avec la
délégation.
D'autre part, M. SATTERFIELD a affirmé qu'il était
nécessaire qu'Israël prenne des mesures pour renforcer la
crédibilité du Premier ministre palestinien. Il a ajouté
qu'Israël devait éviter les actions susceptibles de passer pour des
provocations. L'Etat hébreu devait, selon lui, libérer les
prisonniers ayant une importance politique, prendre des mesures contre les
implantations juives illégales et veiller à améliorer les
conditions matérielles de vie des Palestiniens.
In fine
, il a
jugé qu'il avait sans doute été fait trop peu par les deux
parties au conflit.
Répondant à une question d'un membre de la
délégation, M. SATTERFIELD a considéré que Mahmoud
ABBAS avait été soutenu, autant que les circonstances le
permettaient, par les Etats-Unis et qu'il revenait à Yasser ARAFAT de
lui donner les moyens de gouverner en optant pour une structure efficace de
gouvernement et en acceptant l'unification des services de
sécurité.
Concernant le mur dont le gouvernement israélien a entrepris la
construction en réponse aux attaques terroristes, M. SATTERFIELD a
précisé que c'était moins le principe de ce mur qui
l'inquiétait que son tracé au-delà de la « ligne
verte » séparant Israël de la Cisjordanie, car ce
schéma risquait de conduire à l'annexion
de facto
par
Israël de secteurs du futur Etat palestinien promis par le plan de paix
international, la « feuille de route ».
3. Les autres « points chauds »
M. Dan
FRIED a évoqué l'Iran, qui représente selon lui une
véritable menace stratégique, en raison de son potentiel de
développement d'armes nucléaires. Il a noté que les
différences entre le Président iranien Mohammed KHATAMI et le
« Guide Suprême » Ali KHAMENEI n'étaient
peut-être pas aussi grandes qu'on avait pu le penser après
l'élection (puis la réélection) du premier. Il a craint
que l'Iran n'utilise ses ressources pétrolières pour faire
pression sur la communauté internationale. La situation serait d'autant
plus inquiétante que des liens existent entre l'Iran et la
communauté chi'ite (majoritaire) d'Irak
4(
*
)
.
Au sujet de la Syrie, M. SATTERFIELD a exprimé sa déception
à propos de l'évolution de ce pays depuis la mort d'Hafez EL
ASSAD et son remplacement par Bachar EL ASSAD. Il a jugé que le
gouvernement syrien n'avait pris que des mesures superficielles pour lutter
contre le terrorisme et qu'il lui restait encore à s'éloigner du
Hezbollah et à se désengager du Liban. Il a ajouté que la
France sous-estimait peut-être le danger constitué par la Syrie.
A propos des liens entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, le
sénateur Chuck HAGEL (R-Nebraska) a souligné l'efficacité
de la coopération entre les services secrets des deux pays
(échange d'informations, interrogation de prisonniers par des
Américains).
M. HAGEL a noté que la situation pakistanaise était plus
complexe, mais que le soutien au Président MUSHARRAF était d'une
important cruciale. Il a ajouté qu'il ne fallait néanmoins pas
approuver toutes les stratégies du Pakistan, afin de maintenir
l'équilibre avec l'Inde.
Le sénateur Evan BAYH (D-Indiana), répondant à une
question d'un des membres de la délégation évoquant
l'assassinat du journaliste américain Daniel PEARL, a lui aussi
indiqué qu'il fallait aider les autorités pakistanaises, y
compris en faisant preuve de franchise au sujet des éléments
incontrôlés qui existent dans cette société
conflictuelle. Il a considéré que le mieux risquait en ce domaine
d'être l'ennemi du bien et que les Etats-Unis faisaient leur possible
pour renforcer les éléments favorables à la
tolérance au Pakistan.
De façon plus générale, Mme Marcy KAPTUR (D-Ohio) et M.
James OBERSTAR (D-Minnesota) ont mis en évidence
l'incompréhension existant entre les Etats-Unis et les pays musulmans.
M. OBERSTAR a noté qu'il n'existait aux Etats-Unis que 34
universités sur 3000 qui proposaient des programmes d'études sur
le Moyen-Orient. En outre, selon lui, neuf universités seulement
proposent des enseignements d'arabe, et trois des programmes d'études
sur l'islam. M. OBERSTAR a jugé que les Etats-Unis devaient inciter
leurs universités à remédier à cette situation.
M. James OBERSTAR et Mme Marcy KAPTUR ont jugé que la France, quant
à elle, avait une bien meilleure compréhension des pays
musulmans. Mme KAPTUR a relevé que le terrorisme était bien plus
qu'un phénomène superficiel, qu'il témoignait de la
recherche d'identité de populations sortant d'une période
coloniale et n'ayant jamais connu de mouvement intellectuel comparable aux
« Lumières » européennes. Elle a
attiré l'attention de la délégation sur le fait que les
pays du Proche et du Moyen-Orient avaient finalement peu de relations directes
avec Washington. Elle a souligné qu'il y avait très peu de
communication entre les Représentants de ces pays d'une part, la Maison
Blanche et le Congrès d'autre part.
Confrontés à ces questions difficiles, les Américains
sollicitent volontiers l'aide de la France et de l'Europe.
II. DE FORTES ATTENTES VIS-A-VIS DE LA FRANCE ET DE L'EUROPE
A. LA FRANCE VUE DES ETATS-UNIS
1. Un malentendu persistant
Au cours
des entretiens, plusieurs interlocuteurs se sont exprimés au sujet du
ressentiment que les différends franco-américains des derniers
mois ont pu susciter à l'égard de la France. Aucun interlocuteur
n'a exprimé de sentiments hostiles vis-à-vis de notre pays :
tous se sont montrés ouverts au dialogue et ont espéré la
reprise d'une coopération étroite. Mais le ressentiment d'une
partie de la population américaine à l'égard de la France
a néanmoins été mis en évidence.
M. Tom LANTOS, Représentant (D-Californie) a ainsi longuement
expliqué à la délégation que le dommage serait
très difficile à réparer car beaucoup d'Américains
avaient le sentiment d'avoir été trahis. A Boston, Mme Kerry
HEALEY, vice-gouverneur républicain du Massachusetts, a également
jugé que le sentiment de déception à l'égard de
notre pays était très répandu chez ses concitoyens.
Plusieurs parlementaires américains ont rappelé que des
sentiments hostiles à la France s'étaient manifestés au
Congrès, par exemple lorsque, au lendemain de l'intervention du
Président français Jacques CHIRAC, au sujet de l'usage probable
de son droit de veto par la France (10 mars 2003), il avait été
proposé de rebaptiser les « french fries » en
« freedom fries » dans les restaurants se situant dans
l'enceinte du Congrès.
Par ailleurs, plusieurs parlementaires ayant voté contre la
résolution autorisant l'emploi de la force militaire en l'Irak
5(
*
)
furent vivement critiqués, notamment s'ils
avaient fait remarquer que certains éléments soulevés par
la diplomatie française n'étaient pas sans fondement. Mme Marcy
KAPTUR a indiqué avoir prononcé un discours en français
à la Chambre, qui lui fut très vivement reproché par la
suite. M. Paul SARBANES a également rappelé qu'un amendement
contre les participations française et allemande à la
reconstruction de l'Irak avait été déposé au
Sénat. M. SARBANES s'était opposé à ce texte qui
fut finalement retiré.
Si un certain ressentiment à l'égard de la France revient ainsi
périodiquement sur le devant de la scène politique et
médiatique américaine, ses conséquences réelles, en
termes économiques, sont difficiles à évaluer.
2. Des conséquences économiques difficiles à évaluer
La
dégradation de l'image de la France au cours des derniers mois est
indéniable. Elle est d'autant plus préoccupante qu'elle se
manifeste dans la frange la plus aisée et habituellement la plus
francophile de la population américaine, comme le révèle
un sondage Ipsos USA - Euro RSCG.
Toutefois, et peut-être justement parce que le ressentiment est venu de
francophiles déçus, ce sondage met également en
lumière un redressement rapide de l'image de la France entre mars et
septembre 2003. Alors que 50% des consommateurs américains
déclaraient, à la veille de l'intervention américaine,
avoir
« une très mauvaise image de la
France »
, ils n'étaient plus que 42% en avril et 13 % en
septembre. 60% des Américains trouvaient toutefois encore que le boycott
était
« plutôt »
ou
« tout
à fait »
justifié. L'étude Ipsos USA-Euro
RSCG révèle dont l'existence de deux Amériques
diamétralement opposées sur la question de l'image de la France.
Source : Ipsos USA - Euro RSCG (Etude menée du 12 au 14
septembre 2003 auprès de 1000 individus)
Certes,
au premier semestre 2003, nos flux commerciaux avec les Etats-Unis se sont
fortement contractés, nos exportations ayant fléchi de 10% et nos
importations de 7,1%. Au cours du premier semestre, le recul des ventes
françaises fut particulièrement sensible dans les secteurs de
l'aéronautique (avec une baisse de 46%), du vin (- 8,6% en volume) et du
tourisme (- 15% de touristes américains sur le sol français).
Mais, exprimés en dollars, nos échanges augmentent de 0,7%. Un
effet lié à un éventuel boycott des produits
français est difficile à mettre en évidence, pour de
nombreuses raisons, au nombre desquelles figure bien sûr
l'évolution de la parité euro/dollar. Mais il existe aussi des
facteurs structurels susceptibles d'expliquer certaines évolutions : les
ventes de boissons françaises aux Etats-Unis ont, par exemple,
progressé de 5% sur un an, un score inférieur aux performances
habituelles, mais qui s'explique surtout par le renforcement de l'environnement
concurrentiel et la montée en puissance des vins américains
(Chili, Argentine), australiens ou encore sud-africains.
Par ailleurs, les marques de luxe et, dans une moindre mesure, de grande
consommation, ont maintenu leurs positions
6(
*
)
.
Ces évolutions et l'étude Ipsos USA - Euro RSCG
précitée incitent à penser, qu'à supposer
même qu'il y ait réellement eu boycott des produits
français, celui-ci n'aurait affecté que de façon
ponctuelle et temporaire les relations économiques
franco-américaines.
B. LE SOUHAIT D'UNE COOPERATION TRANSATLANTIQUE ACCRUE
1. La perspective du vote de la future résolution 1511
Les
interlocuteurs de la délégation ont tous souhaité que la
communauté internationale soit impliquée, d'une façon ou
d'une autre, dans le processus de stabilisation et de reconstruction de l'Irak.
Au cours des entretiens, la délégation et M. Jean-David
LÉVITTE, Ambassadeur de France ont souligné les nombreux points
d'accord entre la France et les Etats-Unis dans la négociation sur la
future résolution 1511. M. l'Ambassadeur a notamment
précisé que la France acceptait les deux grandes orientations du
projet de résolution : d'une part, le mandat donné à
une force multinationale sous commandement américain, d'autre part le
retour à la souveraineté irakienne à l'issue d'un
processus politique devant faire l'objet d'un calendrier. Dès lors, les
divergences entre la France et les Etats-Unis ont pu être ramenées
à leurs justes proportions et les débats ont porté sur le
rythme adéquat du retour à la souveraineté irakienne.
A ce sujet, le sénateur John MCCAIN (R-Arizona) a estimé que le
transfert ne devrait avoir lieu que lorsque les Irakiens y seraient
prêts. M. Jean-David LÉVITTE, Ambassadeur de France, a, pour sa
part, préconisé un processus politique rapide, qui serait, selon
lui, un gage de confiance à l'égard du peuple irakien,
susceptible de modifier la situation sur le terrain.
Plusieurs interlocuteurs ont jugé souhaitable que ce soit les Irakiens
qui définissent eux-mêmes le calendrier du retour à leur
pleine souveraineté.
Le sénateur Chuck HAGEL (R-Nebraska) a souhaité, quant à
lui, qu'un accord à l'ONU établisse les bases de relations plus
solides entre les Etats-Unis et leurs alliés, avec à la clef un
partage, non seulement du fardeau financier, mais aussi des
responsabilités.
Le 15 octobre 2003, la résolution 1511 a été
adoptée à l'unanimité du Conseil de sécurité
des Nations Unies. Elle réaffirme les principes de souveraineté
et d'intégrité territoriale de l'Irak et invite le Conseil de
gouvernement à lui communiquer, au plus tard le 15 décembre 2003,
un calendrier et un programme pour la rédaction d'une nouvelle
constitution et la tenue d'élections démocratiques.
Considérant que la sécurité et la stabilité de
l'Irak sont les conditions de ce processus politique, la résolution
autorise une force multinationale sous commandement unifié à
prendre toutes les mesures nécessaires pour y contribuer.
Le 24 octobre 2003, la conférence internationale qui s'est tenue
à Madrid a décidé la création d'un fonds
multilatéral spécial géré par les Nations Unies et
la Banque mondiale, alimenté à hauteur de 33 milliards de dollars
en dons et prêts (jusqu'en 2007). Ces 33 milliards de dollars incluent
toutefois les 20,3 milliards demandés par le Président George W.
BUSH au Congrès américain, et dont seuls 18,6 milliards furent
finalement adoptés. La France et l'Allemagne n'ont pas promis de fonds
à titre individuel mais dans le cadre de l'Union européenne, dont
la promesse totale s'est élevée à 1,5 milliard de dollars.
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a exprimé le
souhait que la France, l'Allemagne et la Russie se montrent plus
généreuses à l'avenir.
La conférence de Madrid aura au moins marqué une convergence
d'intérêts pour l'Irak, de la part de pays naguère
partisans ou opposants à la guerre. Le prochain chantier sera celui de
la restructuration de la dette irakienne (environ 130 milliards de dollars),
pour laquelle les Etats-Unis plaident vivement.
2. L'avenir des relations transatlantiques
Les
entretiens de la délégation ont également porté sur
l'avenir des relations transatlantiques dans le contexte international nouveau
qui a vu le jour depuis quinze ans.
M. Dan FRIED, Conseiller de la Maison Blanche pour l'Europe et l'Eurasie, a
rejeté la thèse de l'unilatéralisme
américain : il a souhaité rappeler que les Etats-Unis
avaient constamment sollicité l'aide de leurs alliés. En
revanche, il a exprimé la crainte que la France n'ait profité du
différend sur l'Irak pour s'opposer aux Etats-Unis et promouvoir un
monde multipolaire. Il a estimé que l'Union européenne devait
être prête à travailler de concert avec les Etats-Unis, et
non se poser en rivale.
M. LANTOS a, lui aussi, craint qu'un certain égoïsme ne conduise
l'Europe à laisser les Etats-Unis assumer seuls une tâche
difficile.
La délégation a tenu à dissiper les craintes de ses
interlocuteurs sur ces points, en expliquant que la France, si elle avait mis
en garde contre les dangers d'une intervention militaire, n'avait jamais
cherché à « utiliser » ou à
« profiter » de la situation irakienne. Les membres de la
délégation ont rappelé que la France était
totalement solidaire des Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme,
d'autant plus que notre pays en avait également été la
victime. Il a été souligné à de nombreuses reprises
que la stabilisation de l'Irak était aujourd'hui dans
l'intérêt commun des Américains et des Européens.
D'ailleurs, plusieurs interlocuteurs (M. Evan BAYH, Mme Dianne FEINSTEIN, M.
Paul SARBANES) ont souligné que la coopération
franco-américaine fonctionnait de manière très fructueuse
dans au moins un domaine, celui du Renseignement.
M. Dan HAMILTON, professeur à l'université John Hopkins, a
montré très clairement à quel point la France, l'Europe et
les Etats-Unis avaient intérêt à avancer ensemble. Selon
lui, de bonnes relations euro-américaines demeurent une garantie de bon
fonctionnement du système international. Certes, l'ordre du jour des
relations transatlantiques est devenu mondial. Il n'est plus aujourd'hui
focalisé sur l'avenir de l'Europe, comme au temps de la guerre froide.
Mais, selon M. HAMILTON, un accord entre les deux rives de l'Atlantique est un
grand facteur de progrès au plan mondial, tandis qu'un désaccord
constitue un frein puissant à toute avancée significative. M.
HAMILTON a énuméré les domaines susceptibles
d'évoluer considérablement selon lui, à condition que
l'Europe et les Etats-Unis y travaillent de concert : d'une part, la
transformation du Moyen-Orient, d'autre part le renforcement de la
sécurité intérieure des Etats et, enfin, l'harmonisation
des normes de gouvernance.
Cette convergence d'intérêts entre l'Europe et les Etats-Unis est
au coeur du projet stratégique présenté par le
Haut-Représentant de l'Union européenne pour la politique
étrangère et de sécurité commune, M. Javier
SOLANA
7(
*
)
, lors du Conseil de Thessalonique.
Plusieurs interlocuteurs de la délégation ont mentionné ce
document. M. FRIED l'a pleinement approuvé, jugeant qu'il constituait
une excellente base de travail pour un partenariat transatlantique solide.
Dans ce document, le Haut Représentant pour la PESC estime que l'Europe
doit être prête à assumer sa part de responsabilité
dans un monde confronté à trois menaces principales : le
terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et la
déliquescence étatique qui favorise la criminalité
organisée.
Le projet présenté par M. Javier SOLANA propose en
conséquence trois objectifs stratégiques : étendre la
zone de sécurité autour de l'Europe, mettre en place un ordre
international fondé sur un véritable multilatéralisme et
faire face aux menaces précitées. Or
«
notre
concept traditionnel d'auto-défense (jusqu'à la guerre froide et
pendant toute sa durée) répondait à la menace d'invasion.
Face aux nouvelles menaces, c'est à l'étranger que se situera
souvent la première ligne de défense
. ». Pour
remplir de tels objectifs, le rapport préconise donc des
capacités de défense renforcées et promeut la
coopération avec nos partenaires :
« La relation
transatlantique est irremplaçable. En oeuvrant de concert, l'Union
européenne et les Etats-Unis peuvent constituer une formidable force au
service du bien dans le monde. En développant nos capacités et en
renforçant notre cohérence, nous deviendrions un acteur plus
crédible et un partenaire plus influent ».
Le renforcement des capacités de défense et de planification de
l'Europe devrait avoir pour cadre l'OTAN. A ce sujet, M. FRIED a exprimé
la déception des Etats-Unis sur la question du quartier
général européen séparé,
réclamé par un certain nombre de pays (France, Allemagne,
Belgique, Luxembourg)
8(
*
)
, tandis que la
Grande-Bretagne se prononçait, elle, en faveur d'une cellule de
planification au sein du quartier général de l'OTAN
(SHAPE
9(
*
)
) à Mons (Belgique).
On le voit, des divergences de vues subsistent sur certains aspects de la
relation transatlantique et ces divergences se reflètent au sein de
l'Union européenne. Néanmoins, un consensus émerge sur
l'essentiel : seule une Europe forte diplomatiquement et militairement
pourra être un allié crédible et efficace des Etats-Unis.
Quelles qu'en soient finalement les modalités, une Europe de la
défense est inéluctable. Et cette Europe de la défense ne
sera pas une rivale mais bien un partenaire des Etats-Unis, tant les
intérêts et les objectifs stratégiques sont similaires de
part et d'autre de l'Atlantique.
ANNEXES
I. LA CREATION D'UN CAUCUS SUR LA FRANCE AU CONGRES
A. DÉPECHE AFP (22 OCTOBRE 2003)
WASHINGTON (AFP) - Un parlementaire américain, Amory
HOUGHTON, a annoncé mercredi la création au Congrès d'un
groupe d'amitié franco-américain pour renouer les liens entre
Paris et Washington après l'affrontement sur l'Irak.
« Il est temps de repartir du bon pied et de reconstruire nos
relations », a déclaré M. HOUGHTON en annonçant
cette initiative en présence de M. Edouard BALLADUR, président de
la commission des Affaires étrangères de la Chambre des
députés française, lors d'un déjeuner à la
résidence de l'Ambassadeur de France à Washington.
Ce groupe informel, appelé « caucus » au
Congrès, compte déjà parmi ses membres environ 25
parlementaires américains, démocrates et républicains des
deux chambres du Congrès, a précisé M. HOUGHTON.
« Les deux pays doivent dissiper les malentendus. Cela fait trop
longtemps que cela dure » a ajouté le parlementaire, un
républicain qui avait voté contre la résolution
adoptée par le Congrès en octobre 2002 et donnant au
président George W. BUSH pratiquement carte blanche pour lancer une
guerre contre l'Irak.
Parmi les membres de ce groupe d'amitié figure notamment le
représentant républicain Bob NEY qui s'était
illustré en proposant de débaptiser les « french
fries » - les frites en anglais - en « freedom
fries » (frites de la liberté) dans tous les restaurants des
annexes de la Chambre.
La mesure avait été adoptée en mars dernier alors qu'une
campagne antifrançaise battait son plein dans les médias
américains.
M. HOUGHTON a une attache ancienne avec la France. Son père a
été ambassadeur à Paris de 1957 à 1961 sous la
présidence de Dwight EISENHOWER.
B. LISTE DES MEMBRES AU 03 NOVEMBRE 2003
CHAMBRE DES REPRESENTANTS
Amo Houghton (R-NY),
Président
Richard Baker (R-LA)
Chris Bell (D-TX)
Doug Bereuter (R-NE)
Lois Capps (D-CA)
Jo Ann Davis (R-VA)
Bill Delahunt (D-MA)
Jim DeMint (R-SC)
Paul Gillmor (R-OH)
Bill Jefferson (D-LA)
Chris John (D-LA)
Patrick Kennedy (D-RI)
Jim Kolbe (R-AZ)
John Larson (D-CT)
Jim Leach (R-IA)
Ed Markey (D-MA)
Jim McCrery (R-LA)
Jim McDermott (D-WA)
Jim McGovern (D-MA)
Bob Ney (R-OH)
Jim Oberstar (D-MN),
Vice-Président
Ron Paul (R-TX)
Thomas Petri (R-WI)
Jack Quinn (R-NY)
Jan Schakowsky (D-IL)
Chris Shays (R-CT)
Billy Tauzin (R-LA)
David Vitter (R-LA)
Bob Wexler (D-FL)
Joe Wilson (R-SC)
SENAT
George Allen (R-VA)
Joseph Biden (D-DE)
John Breaux (D-LA),
Vice-Président
Lincoln Chafee (R-RI)
Saxby Chambliss (R-GA)
Mike Crapo (R-ID),
Vice-Président
Dianne Feinstein (D-CA)
Lindsey Graham (R-SC)
Chuck Hagel (R- NE)
Edward Kennedy (D-MA)
Pat Leahy (D-VT)
John Warner (R-VA)
Les Sénateurs John McCain (R-AZ) et Paul Sarbanes (D-MD) participeront aux réunions mais ne désirent pas être listés comme membres du caucus.
II. CHRONOLOGIE DE L'EVOLUTION DES RELATIONS FRANCO-AMERICAINES AU COURS DES DERNIERS MOIS
D'après : AFP
Janvier 2003
22
: Irrité par les positions françaises et
allemandes contre une intervention à court terme en Irak, le
Secrétaire à la Défense américain Donald RUMSFELD
s'en prend à « la vieille Europe ».
Février
10
: La France, la Belgique et l'Allemagne opposent leur veto aux
demandes de soutien de l'OTAN à la Turquie, en cas de conflit en Irak.
14
: Le ministre français des Affaires
étrangères, Dominique de VILLEPIN, affirme devant le Conseil de
sécurité de l'ONU que « l'usage de la force ne se
justifie pas aujourd'hui », s'attirant les ovations de
l'assemblée.
Mars
10
: Jacques CHIRAC annonce que la France pourrait utiliser son
veto à l'ONU contre une nouvelle résolution sur l'Irak.
11
: Des membres du Congrès rebaptisent « freedom
fries » les « french fries » (frites).
20
: Quelques heures après les premiers bombardements sur
Bagdad, Jacques CHIRAC déclare que « la France
regrette » cette action engagée « sans l'aval des
Nations unies ».
Avril
10
: Le numéro 2 du Pentagone, Paul WOLFOWITZ,
déclare que la France devra « payer un prix » pour
son opposition à la guerre.
15
: Premier contact téléphonique entre Jacques
CHIRAC et George W. BUSH depuis le 7 février
22
: Le secrétaire d'Etat Colin POWELL affirme que la
France aura à subir des conséquences pour son opposition à
Washington.
23
: Dominique de VILLEPIN répond que la France continuera
à « défendre la légalité
internationale ». La Maison Blanche affirme que les propos de Colin
POWELL ont été mal interprétés.
24
: George W. BUSH affirme que ce n'est « pas demain la
veille » que son homologue français sera invité au
ranch texan de Crawford.
26
: Les relations franco-américaines ont été
« endommagées » mais « elles ne
péricliteront pas », assure Colin POWELL.
Mai
6
: Visite en France du ministre américain de la Justice
John ASHCROFT, la première d'un haut représentant de
l'administration Bush depuis le début de la crise. La ministre de la
Défense Michèle ALLIOT-MARIE assure que « le gros de la
crise est derrière nous ».
15
: L'Ambassadeur de France, Jean-David LÉVITTE,
dénonce une campagne de désinformation
« inacceptable ». Le Washington Post publie un article en
première page pour annoncer l'envoi d'une lettre de M. LÉVITTE
à des personnalités politiques (Administration, Congrès)
et aux medias, motivée par une longue « campagne de
désinformation destinée à nuire à l'image de la
France ». L'Ambassadeur note que la France a été
accusée d'avoir vendu des armes à l'Irak, de posséder le
virus de la variole, d'avoir fourni des passeports aux dirigeants irakiens en
fuite ou encore d'avoir cherché à signer des contrats
pétroliers avec l'Irak, juste avant le début de la guerre. Un
porte parole de la Maison Blanche réfute toute participation de
l'administration à une telle campagne de désinformation et
déclare que la France est « amie et alliée,
malgré les divergences que nous avons connues ».
22
: La France vote en faveur de la résolution 1483 levant
les sanctions contre l'Irak et accordant un rôle plus important à
l'ONU. Le vote de cette résolution est interprété comme le
début d'un processus de réconciliation entre Washington et les
pays opposés à la guerre en Irak. Colin POWELL affirme qu'il
s'agit d'un « pas dans la bonne direction » mais que les
désaccords ne sont pas oubliés. Le même jour, le Pentagone
annonce que la France sera tenue à l'écart de l'exercice annuel
de combat aérien « Red Flag » prévu en mars
2004.
29
: Le président BUSH affirme qu'il n'y aura pas de
sanctions contre la France, ajoutant qu'il n'est pas en colère contre
Paris mais simplement « déçu ». Il ponctue en
français un entretien avec des journalistes européens d'un
« vive la France ».
Juin
1er
: MM. CHIRAC et BUSH se serrent la main au début du
sommet du G8 d'Evian.
2
: Les deux présidents BUSH et CHIRAC ont un entretien en
tête-à-tête pour la première fois depuis le
début de la crise. Ils reconnaissent leurs désaccords mais
affichent la volonté d'aller de l'avant.
16
: Aucun appareil américain ne participe aux
démonstrations en vol au salon aéronautique du Bourget, une
première dans l'histoire du Salon.
Juillet
9
: Dominique de VILLEPIN déclare qu'une présence
militaire française en Irak n'est imaginable que sous mandat de l'ONU.
Août
21
: La France estime à l'ONU qu'il faut
« réviser profondément la stratégie »
suivie en Irak.
29
: Jacques CHIRAC prône un transfert du pouvoir aux
Irakiens « sans délai ».
Septembre
13
: Colin POWELL juge « totalement
irréalistes » les propositions françaises d'organiser
des élections en Irak avant le printemps prochain.
18
: Jacques CHIRAC fait un geste envers Washington, en affirmant
que la France est prête à former des policiers et soldats irakiens.
22
: Jacques CHIRAC fait savoir que la France ne mettra pas son
veto à un projet de résolution des Etats-Unis sur l'Irak, dans
une interview au New-York Times. Il ajoute : « Ce que je veux
que vous compreniez, c'est que moi je ne dis pas blanc parce que les
Américains disent noir. »
Octobre
16
: La résolution 1511 est votée à
l'unanimité au Conseil de sécurité des Nations unies. Elle
autorise la création en Irak d'une force multinationale sous
commandement unifié américain. Le ministre des affaires
étrangères français précise que cette
résolution constitue « un premier pas » mais
« n'est pas à la hauteur des enjeux ».
« Nous aurions préféré que ce texte fixe des
échéances plus contraignantes et plus rapprochées pour le
transfert des responsabilités et la transition politique » en
Irak, indique-t-il notamment.
17
: Le ministre des affaires étrangères Dominique
de VILLEPIN assure dans un entretien publié dans Le Monde que le vote de
la France en faveur de la résolution 1511 de l'ONU était
motivé par une « attitude de responsabilité et de
lucidité », malgré l'absence d'un calendrier
précis de retour à la souveraineté irakienne.
22
: Annonce officielle de la mise en place du groupe
d'amitié France-Etats-Unis au Congrès américain. Il sera
présidé par le Représentant Amory HOUGHTON (R - New
York)
III. L'INSTITUT FRANÇAIS - ALLIANCE FRANÇAISE DE NEW-YORK
Au cours
de ses visites des Alliances Françaises de Boston et de New-York, la
délégation a salué le remarquable travail de ces
organismes pour la promotion de la langue et de la culture
françaises
10(
*
)
.
Le
French Institute - Alliance Française
(FIAF) de New-York fut
créé en 1971 par la fusion de deux vieilles institutions
new-yorkaises : l'Institut Français, fondé en 1911 et
l'Alliance Française, qui date de 1898. Le but du FIAF, un organisme
américain indépendant sans but lucratif, est de resserrer les
liens culturels et éducatifs entre la France et les Etats-Unis.
La bibliothèque, héritée de l'Institut Français,
comporte 35 000 livres en français et 100 abonnements aux plus
importants périodiques et journaux français, ainsi que des
ressources multimédias (CD-Roms, DVD, vidéos). Les locaux de la
bibliothèque ont été magnifiquement rénovés
par l'architecte Michael Graves. Le fonds est doté d'un catalogue
informatisé accessible sur internet (
Bestseller Portfolio
). Au
cours de l'année 2002, la Bibliothèque a accueilli plus de 57 000
visiteurs. En outre, ses ressources sont partagées par le réseau
des Alliances Françaises, grâce au web. La bibliothèque
organise également de nombreux événements et animations.
Le centre linguistique du FIAF propose des cours de français de tous
niveaux, des cours spécialisés dans les entreprises, des ateliers
sur des sujets divers, des services de traduction.
Enfin, le FIAF dispose de deux grands auditoriums (dont le
Florence Gould
Hall
, récemment rénové, qui compte 400 places) et y
organise de nombreux événements culturels dans des domaines
variés (cinéma, théâtre, danse, littérature,
musique). Des personnalités telles que Jean-Pierre Jeunet, Jeanne Moreau
et Jane Birkin y ont récemment été accueillies.
Il faut souligner le remarquable travail de l'équipe du FIAF et de son
Directeur, M. David BLACK. Leur engagement a permis de lever d'importants fonds
privés pour la réalisation d'un véritable centre culturel
au coeur de New-York, une véritable chance pour notre pays.
IV. PRESENTATION DU MASSACHUSETTS
A. HISTOIRE DU « BAY STATE »
Source : http://www.mass.gov
« Ense petit placidam sub libertate quietem »
-
« c'est par l'épée qu'il conquiert une
calme tranquillité, abritée par la liberté ». Ce
sceau fut adopté en 1780 et officialisé en 1885. Il
représente un indien avec une flèche pointée vers le bas,
symbolisant la devise de l'Etat : « By the sword we seek peace,
but peace only under liberty ».
L'histoire du Massachusetts se confond avec celle des
Etats-Unis,
cet Etat ayant joué un rôle fondamental dans la colonisation et
dans l'émancipation américaines, ainsi que dans la formation de
l'Union. Plymouth a constitué la première colonie de peuplement
établie par les pèlerins du Mayflower qui souhaitaient
s'émanciper de l'Eglise anglaise (1620). En dépit de grandes
difficultés matérielles, leur colonie s'étendit. Le
premier « Thanksgiving » fut célébré
dans le futur Etat du Massachusetts en 1621, en remerciement aux Indiens qui
avaient permis aux colons de survivre grâce à l'enseignement de
leurs techniques de culture et de chasse. La colonie s'agrandit avec
l'arrivée des Puritains qui développèrent les villes de
Salem et de Boston à partir de 1630. La charte royale accordée
à la Compagnie de la Baie du Massachusetts fixa les premières
règles de gouvernement. Au cours des années qui suivirent, les
Puritains gouvernèrent cette région. Ils y
développèrent notamment l'enseignement (fondation de
l'université de Harvard en 1636).
Le Massachusetts fut par la suite à l'avant-garde du combat pour
l'indépendance des colonies. Après le « massacre de
Boston » du 5 mars 1770, le conflit anglo-américain
éclata au sujet des taxes et autres restrictions au commerce
(célèbre épisode de la « Boston Tea
Party » du 16 décembre 1773). La rébellion qui
s'ensuivit aboutit aux batailles de Lexington et de Concord (19 avril 1775)
puis de Bunker Hill (17 juin 1775), considérées comme les
premiers « fait d'armes » de la guerre
d'indépendance. Après le départ des Anglais de la
région (1776), une convention rédigea une constitution pour le
Massachusetts, ratifiée le 15 juin 1780. Ce texte servit de
modèle à la constitution fédérale
américaine. Il est considéré comme la plus ancienne
constitution encore en vigueur dans le monde. En 1788, le Massachusetts fut le
sixième Etat à ratifier la constitution des Etats-Unis.
Le dix-neuvième siècle fut marqué, du point de vue
économique, par un développement très rapide de
l'industrie (notamment textile) et, du point de vue intellectuel, par
l'émergence en Nouvelle-Angleterre du
« transcendantalisme » (Ralph EMERSON, Henry THOREAU),
mouvement littéraire, philosophique et social. A partir des
années 1830, la ville de Boston devint l'un des bastions du mouvement
anti-esclavagiste mené notamment par Frederik DOUGLASS. Le Massachusetts
fut le premier Etat à répondre à l'appel aux armes
lancé par le président Abraham LINCOLN après l'assaut du
Fort Sumter par la Confédération des Etats du sud (1861), qui
marqua le début de la « civil war ».
Après la guerre de Sécession, le Massachusetts connut un
développement économique rapide. Avec la poursuite de
l'immigration, les communautés irlandaise et italienne devinrent de plus
en plus influentes.
Depuis la seconde guerre mondiale et le déclin de l'industrie textile,
ce sont les secteurs de l'électronique, de l'informatique et de la
défense qui ont prospéré. Depuis les années 1990,
le Massachusetts est l'une des régions leaders en matière de
nouvelles technologies.
Plusieurs Présidents américains furent originaires du
Massachusetts : Parmi eux et après John ADAMS (président de
1797 à 1801) et John Quincy ADAMS (1825-1829) figurent John F. KENNEDY
(né à Brookline en 1917) et George H. W. BUSH (né en 1924
à Milton).
B. ECONOMIE : CRISE ET REFORMES
Source : http://www.enchantedlearning.com/usa/states/massachusetts/
Le
Massachusetts compte aujourd'hui 6 427 801 habitants. Il est le dixième
Etat américain en termes de richesse économique globale et le
second en termes de PIB par habitant (37 992 $). L'agriculture et la
pêche subsistent dans cette région qui a par ailleurs connu une
désindustrialisation marquée. Le Massachusetts s'est en revanche
rapidement développé dans le domaine des nouvelles technologies,
où il est, avec la Californie, l'un des leaders.
La région de Boston est aujourd'hui le siège de nombreuses
sociétés dans les secteurs de la défense (Raytheon), de la
Banque (FleetBoston Financial), des produits aux particuliers (Gillette, Reebok
International), de l'électronique (Analog devices, Teradyne), des
sciences et des biotechnologies (Biogen).
Au cours des dernières années, le Massachusetts a subi une phase
de crise économique (qui a débuté en décembre
2000). Les entreprises liées aux nouvelles technologies ont perdu, comme
dans le reste des Etats-Unis, de très nombreux emplois, après
l'éclatement de la bulle. Les transports aériens et le tourisme
ont également connu des difficultés majeures liées
à l'après 11 septembre. Grâce à une politique
économique expansionniste, cette récession demeure toutefois
moins grave que celle que le Massachusetts avait enregistré au
début des années 1990. Le taux de chômage ne devrait pas
dépasser les 6 % avant la reprise, prévue pour l'année
prochaine (ce taux de chômage s'élevait à 5,4% en avril
2003). Certains secteurs ont par ailleurs échappé à la
récession : il s'agit de la santé (hôpitaux), des
sciences médicales, de la pharmacie et des biotechnologies.
Le secteur des biotechnologies emploie 42 000 personnes en 2003, dans
près de 1000 entreprises. Ce secteur entretient des relations
très étroites avec les grandes universités de la
région. 5000 scientifiques dans les domaines des « sciences de
la vie » ont été recensés dans l'Etat, ce qui
constitue sans doute l'une des plus grandes concentrations au monde de
chercheurs dans le domaine médical. Lors de son entretien avec la
délégation, M. Robert TRAVAGLINI, Président du
Sénat du Massachusetts, a insisté sur l'importance de ce domaine
des « sciences de la vie » qui doit, selon lui, être
considéré comme le moteur futur de la croissance de la
région.
Malgré la reprise, annoncée pour l'année prochaine, des
inquiétudes demeurent, notamment en raison de prix du logement
très élevés qui sont peu attractifs pour les travailleurs
très qualifiés que l'Etat voudrait attirer sur son territoire.
Par ailleurs, comme l'a souligné Mme Kerry HEALEY, Vice-Gouverneur, lors
de son entretien avec la délégation, la reprise économique
semble plus lente dans le Massachusetts que dans le reste des Etats-Unis. Ce
rythme modéré de reprise doit, selon elle, être
imputé d'une part aux nombreuses suppressions d'emplois dans les
secteurs technologiques et, d'autre part, à une pression fiscale qui
demeure élevée.
Cette situation économique difficile, combinée à des
réductions d'impôts (nombreux dégrèvements fiscaux
au cours des dix dernières années), a entraîné un
grave déséquilibre budgétaire. Le déficit est en
effet de 4 milliards de dollars sur un budget global de 25 milliards. Ne
souhaitant ni recourir à une augmentation de la pression fiscale (par
crainte de délocalisations), ni réduire les services publics, le
gouverneur Mitt ROMNEY a choisi de privilégier la restructuration
administrative, comme l'a souligné Mme Kerry HEALEY. Cette
restructuration passe par des licenciements, y compris dans des secteurs tels
que l'éducation et la sécurité. Selon Mme HEALEY, ces
évolutions sont perçues de façon positive par l'opinion.
Huit mois après la prise de fonction en effet, le Gouverneur conservait
une cote de popularité de plus de 60%.
C. VIE POLITIQUE : UNE « COHABITATION » DIFFICILE
La
constitution du Massachusetts, qui inspira les rédacteurs de la
constitution fédérale américaine, met en pratique le
principe de séparation des pouvoirs.
Outre les postes de Gouverneur et de Vice-Gouverneur, quatre autres fonctions
exécutives sont pourvues par élections quadriennales. Ces
fonctions sont actuellement exercées par :
Gouverneur
: Mitt ROMNEY (Républicain)
Vice-Gouverneur
(Lieutenant Governor)
: Kerry HEALEY
(Républicaine)
Secrétaire du Commonwealth
: William F.
GALVIN
Trésorier et Receveur Général
: Timothy
P. CAHILL
Attorney General
: Thomas REILLY
Auditeur
: A.
Joseph DENUCCI
Un Conseil exécutif (constitué du Vice-Gouverneur et de 8 membres
élus pour deux ans) a pour fonction d'approuver certaines nominations et
d'autoriser les dépenses du Trésor.
Le Parlement (
General Court
) est constitué d'un Sénat (40
membres élus tous les deux ans) et d'une Chambre des
Représentants (160 membres, également renouvelés tous les
deux ans). Le bicamérisme est appliqué de façon souple.
Les textes sont en effet examinés par des commissions permanentes
communes aux deux assemblées. Il existe 21 commissions, qui comprennent
chacune six Sénateurs et onze Représentants. Ces commissions
tiennent des auditions publiques au cours desquelles les citoyens et notamment
les personnes intéressées par le projet peuvent s'exprimer. Les
commissions se réunissent ensuite à nouveau, émettent un
rapport qui comporte une recommandation sur le texte examiné.
Après trois lectures, les textes votés sont déposés
sur le bureau du Gouverneur qui peut les signer ou opposer son veto. Si le
Gouverneur n'agit pas dans un délai de dix jours et que le Parlement est
en session, le texte voté devient loi. Si le Parlement n'est plus en
session, cette abstention équivaut au contraire à un veto
(« pocket veto »). Seul un vote à la majorité
des deux-tiers permet d'outrepasser l'exercice du veto.
La plus haute instance judiciaire est la Cour Suprême, composée
d'une Présidente (Chief Justice Margaret H. MARSHALL) et de cinq juges,
tous nommés par le Gouverneur.
Les deux chambres sont actuellement très majoritairement
démocrates, tandis que le Gouverneur, élu en novembre 2002, est
républicain. Cette situation de « cohabitation »
entre un exécutif républicain et un parlement démocrate
entraîne des difficultés politiques, notamment sur les questions
budgétaires. Les tensions sont fortes entre le Gouverneur Mitt ROMNEY
d'une part et le Speaker de la Chambre Thomas M. FINNERAN ainsi que le
Président du Sénat Robert E. TRAVAGLINI d'autre part. Mme Kerry
HEALEY a estimé, lors de son entretien avec la délégation,
que cette situation n'avait pas empêché le Gouverneur de faire
voter les principales réformes inscrites à son programme. Mme
HEALEY a ajouté que, malgré cette
« cohabitation » un budget équilibré avait pu
être voté, sans augmentation de la pression fiscale. M. TRAVAGLINI
a estimé quant à lui que les pressions exercées par les
chambres avaient permis de sauver l'essentiel des services publics.
Lors des autres contacts de la délégation à la
« State house », la question de la peine de mort a
été abordée. La peine capitale fut instaurée dans
le Massachusetts en 1898. Après l'exécution de 65
condamnés entre 1898 et 1947, aucune exécution n'eut plus jamais
lieu. Depuis 1975, plusieurs décisions de la Cour Suprême de
l'Etat ont aboli la peine de mort. Cette question est
régulièrement débattue à la Chambre, où la
peine capitale fut rejetée à plusieurs reprises, durant les dix
dernières années. Par ailleurs, la peine de mort pourrait
être infligée au nom du droit fédéral, même
dans les Etats l'ayant abolie ou ne la pratiquant plus, ce qui est très
contesté dans les treize Etats concernés, et notamment au
Massachusetts (affaire en cours concernant Gary SAMPSON). Le Gouverneur ROMNEY
s'est prononcé en faveur d'une réintroduction de la peine de mort
au niveau de l'Etat. Le débat sur ce sujet est donc loin d'être
clos, cinquante-six ans après la dernière exécution. Une
commission d'experts a été mise en place pour déterminer
dans quelles conditions la preuve de la culpabilité pourrait être
administrée de façon scientifique, afin d'éviter, si cela
est possible, tout risque d'erreur judiciaire. Un vote pourrait avoir lieu au
début de l'année 2004.
D. PRESENCE FRANCAISE DANS LE MASSACHUSETTS
Le
Consulat Général de France de Boston recense 4545 ressortissants
français immatriculés dans le Massachusetts. Par ailleurs, 11,4 %
de la population américaine de l'Etat se réclament d'une
ascendance soit française (426 569 habitants) soit franco-canadienne
(258 291 personnes).
Les implantations économiques françaises dans le Massachusetts
sont nombreuses. Les principaux établissements industriels
français sont ceux de branches spécialisées des groupes
Saint-Gobain (1800 salariés dans l'unité de production de
Worcester), Essilor (500 salariés) et Schneider (70 ingénieurs).
La présence française est importante dans les secteurs de pointe
comme l'informatique et les télécommunications.
Les sociétés françaises implantées le long de la
« route 128 »
11(
*
)
sont
principalement STMicroelectronics, Sopra, Soitec ou encore Dassault
Systèmes. Dans le domaine des sciences de la vie, on note la
présence de Rhodia et d'un certain nombre de PME, en particulier dans le
secteur biotechnologique et pharmaceutique. Les sociétés
françaises sont enfin présentes dans le secteur de la
distribution, avec Decathlon ou Sodexho Pass, dans le service aux entreprises
avec Altran, ainsi que dans le domaine des services financiers par
l'intermédiaire d'investisseurs tels que Gérard Moufflet,
Acceleration Capital, Lafayette Développement ou encore Ixis, filiale de
la Caisse des Dépôts et consignations.
La Chambre de Commerce franco-américaine comporte un chapitre
régional pour la Nouvelle-Angleterre basé à Boston,
créé en 1985 et qui compte aujourd'hui 188 membres.
L'Alliance Française de Boston et Cambridge fut créée en
1898. La Bibliothèque Française, quant à elle, fut
fondée après la seconde guerre mondiale. En 2000, les deux
organismes ont signé un accord de coopération afin de promouvoir
ensemble la langue et la culture françaises. Aujourd'hui, la French
Library and Cultural center / Alliance Française , à statut
privé, travaille en partenariat avec le service culturel du Consulat
Général, avec pour objectif de promouvoir les relations
culturelles entre la France et le Massachusetts. Outre sa vaste
bibliothèque (plus de 30 000 ouvrages, ainsi que les archives de Marcel
Carné, léguées par l'intéressé), le Centre
propose des programmes toute l'année, notamment des cours de langue, des
conférences, des expositions.
Ces organismes doivent être encouragés dans leur travail de
promotion des entreprises françaises et de la culture de notre pays.
Enfin, la renommée des universités du Massachusetts (Harvard,
Massachusetts Institute of Technology, Boston College...) attire de nombreux
étudiants français ainsi que des scientifiques et chercheurs (une
centaine par an). Plusieurs entreprises françaises ont des contrats de
recherche avec ces universités prestigieuses, par exemple Saint-Gobain,
France Telecom, EDF et Thomson avec le MIT ou Harvard.
De nombreux interlocuteurs ont souligné que l'image de la France
auprès de la population américaine avait été
sérieusement écornée au cours des derniers mois.
Néanmoins, la délégation a pu constater qu'il existait
dans la région de Boston une véritable dynamique de terrain des
relations entre la France et les Etats-Unis, ainsi que des solidarités
concrètes. Souhaitons que le développement de ce type
d'échanges soit susceptible, à l'avenir, de dédramatiser
quelque peu la relation bilatérale, dans l'intérêt d'une
meilleure compréhension mutuelle.
1
Déjeuner offert par M.
L'Ambassadeur,
en présence de MM.
Robert BRADTKE
(Directeur adjoint Europe de
l'ouest, Département d'Etat),
David CALLEO
(Directeur des Etudes
européennes, Université John Hopkins),
Ivo DAALDER
(Senior
fellow, The Brookings Institution),
Michael HALTZEL
(Staff member,
Minority Staff, Comité des relations extérieures, Sénat),
Jim HOAGLAND
(Journaliste, Washington Post),
Eric JOHNSON
(Chief
of staff, Représentant Robert Wexler [D-Floride]),
James KITFIELD
(Journaliste, National Journal),
Vincent MORELLI
(Staff Director,
Majority Staff, Commission des relations extérieures, Sénat),
Michael MUCCHETTI
(Chief of Staff, Représentant Lloyd Doggett
[D-Texas]), Mme
Susan OLSON
(Chief of Staff, Représentant Doug
Bereuter [R-Nebraska]), M.
Tom OMESTAD
(Journaliste, US News & World
Report),Mme
Barbara SLAVIN
(Journaliste, USA Today)
2
Le projet choisi à l'issue de l'appel d'offres lancé
en août 2002 est celui de l'architecte Daniel LIBESKIND.
Conformément aux souhaits des familles des victimes, l'emplacement exact
des tours jumelles sera laissé libre de toute construction. Autour de
ces vastes espaces laissés libres, s'élèveront plusieurs
gratte-ciel aux toits inclinés ainsi que la Tour de la Liberté,
qui sera construite par un autre architecte, David CHILDS. Haute de 541
mètres, soit 1776 pieds, en hommage à l'année 1776, date
de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, elle constituera
la plus haute tour habitée du monde. Quant au Mémorial qui doit
également être érigé sur le site de
« Ground Zero », il fait actuellement l'objet d'un
concours. Quelque 5200 offres ont été déposées,
venant de 62 pays.
3
Il faut rappeler que les attentats du 11 septembre 2001 ont
coûté la vie à 2981 personnes, dont 2752 dans les tours
jumelles du World Trade Center à New-York, 189 à Washington
(avion lancé contre le Pentagone) et 40 en Pennsylvanie (crash du vol
UA93). Il s'agit là des derniers chiffres disponibles, le bilan
étant régulièrement actualisé (AFP, 29 octobre
2003).
4
Peu après le déplacement de la
délégation, c'est la diplomatie européenne qui est
parvenue à briser les réticences de l'Iran à
coopérer avec l'Agence internationale pour l'énergie atomique (21
octobre 2003). Les ministres français, britannique et allemand des
affaires étrangères ont obtenu du régime de
Téhéran la suspension de l'enrichissement d'uranium et la
ratification du protocole additionnel du Traité de non
prolifération, permettant des visites inopinées et
complètes sur tous les sites. Les Etats-Unis, qui ont jugé cette
évolution très positive, attendent néanmoins que ces
promesses se concrétisent dans les faits.
5
La résolution n° H.J.Res. 114 autorisant le
Président à recourir à la force contre l'Irak a
été adoptée à la Chambre des Représentants
le 10 octobre 2002 par 296 voix contre 133 (3 Représentants n'ayant pas
pris part au vote) et au Sénat le lendemain par 77 voix contre 23. Parmi
les parlementaires rencontrés par la délégation, le
Sénateur Paul Sarbanes (D-Maryland) et les Représentants Marcy
Kaptur (D-Ohio) et James Oberstar (D-Minnesota) avaient voté contre.
6
Sources : Centre Français du Commerce
extérieur, Direction des Relations économiques extérieures
7
Une Europe sûre dans un monde meilleur
, Javier
Solana, Haut représentant de l'UE pour la politique
étrangère et de sécurité commune, Conseil
européen de Thessalonique (20 juin 2003)
8 L'ambassadeur américain auprès de l'OTAN, Nicholas Burns,
résumait ainsi le point de vue de son gouvernement le 27 octobre dernier
:
"La constitution d'une force européenne parallèle à
l'OTAN et dotée d'un commandement séparé est un acte de
division désastreux pour la relation transatlantique qui
déséquilibrerait les forces en présence."
9
Supreme Headquarters Allied Powers Europe
10
Au sujet de la Bibliothèque Française - Alliance
Française de Boston, voir p.40
11 La route 128 est l'axe périphérique qui depuis 1951 ceint
l'agglomération de Boston (154 communes peuplées de 6 millions
d'habitants au total) sur un rayon d'une quinzaine de kilomètres, et le
long duquel se sont établies nombre de sociétés de haute
technologie, au point que leur concentration est exceptionnelle aux Etats-Unis.
La Route 128 est la Silicon Valley de la côte Est.