L'Ouest américain, berceau de la nouvelle économie
COMPTE-RENDU DE LA VISITE EN CALIFORNIE ET DANS L'ETAT DE WASHINGTON D'UNE DÉLÉGATION DU GROUPE INTERPARLEMENTAIRE FRANCE-ETATS-UNIS DU 15 AU 22 SEPTEMBRE 2002, PRÉSENTÉ PAR M. PAUL GIROD, PRÉSIDENT
Table des matières
- COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
- PROGRAMME DU DÉPLACEMENT
- INTRODUCTION
-
PREMIÈRE PARTIE : LA CALIFORNIE, UN ETAT
TOUJOURS TOURNÉ VERS L'AVENIR
- I-DES INSTITUTIONS ORIGINALES ET UNE ÉCONOMIE PUISSANTE
- II- UNE ÉTONNANTE CRISE ÉLECTRIQUE QUI N'A PAS BRISÉ L'ÉLAN TECHNOLOGIQUE CALIFORNIEN
- DEUXIÈME PARTIE : L'ETAT DE WASHINGTON, ENTRE ESSOR ET CRISE ÉCONOMIQUE
- ANNEXES
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
M. Paul
Girod, Président du groupe interparlementaire France-Etats-Unis
Sénateur de l'Aisne
MM. André Ferrand,
Sénateur représentant les Français établis hors
de France
Georges Gruillot,
Sénateur du Doubs
Bernard Joly,
Sénateur de la Haute-Saône
Max Marest,
Sénateur de l'Essonne
Jean-Marc Pastor,
Sénateur du Tarn
Michel Thiollière,
Sénateur de la Loire
La délégation était accompagnée de Mlle Catherine
Forgeard, administrateur, secrétaire exécutif du groupe
interparlementaire.
PROGRAMME DU DÉPLACEMENT
Dimanche 15 septembre
13h30 Départ de Paris - Charles de Gaulle vers San Francisco (vol AF
084)
15h55 Arrivée à San Francisco
Accueil par M. Gérard Coste, Consul Général
19h-22h Dîner de travail avec le Consul Général, M. Gérard Coste, et les principaux chefs de service du Consulat
Lundi 16 septembre
10h-11h Entretien avec le Professeur William F.Miller de l'Université de
Stanford (Graduate School of Business)
11h15-12h Entretien avec Mme Katharine Ku, Office for Technology Licensing (Office des brevets de l'université de Stanford)
12h15-14h Déjeuner en présence d'hommes d'affaires et de professeurs français : MM. Jean-Louis Gassée (ancien vice-président d'Apple et ancien président de Be Inc), Philippe Goix (Guava Technologies), Vincent Maret (Bouygues Telecom), Patrick Gauthier (Visa International), Robert McGinn (Professeur à Stanford), Emmanuel Mignot (Professeur à Stanford) et Jean-Bernard Le Pecq (membre de l'Institut, Professeur à l'Université Pierre et Marie Curie - Paris 6)
14h30-15h30
Entretien avec M. Marc Verstaen, CEO de Beatware
16h-17h30 Entretien avec M. Lionel Pelamourgues, Directeur, France Telecom
R&D
19h-22h
Dîner à l'Opéra de San Francisco offert par M. Thomas Horn,
Président du San Francisco War Memorial and Performing Arts Center, en
présence de M. William Brown, Maire de San Francisco et de M. et Mme
George Shultz (Secrétaire d'Etat de 1982 à 1989)
Mardi 17 septembre
9h30-10h30 Entretien avec M. Carl Wood, Commissaire, California Public
Utilities Commission (autorité de régulation des services publics
californiens)
11h00-12h00
Entretien avec M. Don Mc Grath, CEO, Bank of the West (BNP-Paribas)
12h30-13h30 Entretien avec M. Ken Alwyn, Partenaire associé,
PriceWaterhouseCoopers
13h45-15h45 Tour guidé de la ville de San Francisco en bus
17h10 Départ pour Seattle (vol UA 1822)
19h05 Arrivée à l'aéroport de Seattle, Accueil par M. Jack Cowan, Consul honoraire et Directeur de la Chambre de commerce franco-américaine du Pacifique nord-ouest
20h30 Dîner en présence de M. Jack Cowan
Mercredi 18 septembre
09h15
Arrivée chez Microsoft Corp à Redmond, visite de l'e-home (maison
du futur)
10h30-11h Entretien avec M. Jean-François Heitz, Directeur financier
adjoint de Microsoft
11h30-12h30 Entretien avec M. Alain P. Steven, Président d'Alstom Esca
12h45-14h Déjeuner en présence de M. Hubert de
Suduriaut, Senior Vice-Président de Costco et de M. Vincent Poitout,
Ingénieur, Institut de recherche du Pacifique nord-ouest, chargé
de recherche à l'INSERM
15h15-17h30 Visite de l'usine d'assemblage de Boeing à Everett, en
présence de M. David K. Reese, Directeur, Relations gouvernementales
(Boeing) et de M. Norbert Gaillard (SNECMA)
19h-22h Dîner offert par Boeing avec les responsables de Boeing et
quelques fournisseurs français dans le domaine de l'aéronautique
Jeudi 19 septembre
09h00 Départ pour Los Angeles (vol Alaska Airlines 480)
11h35 Arrivée à l'aéroport de Los Angeles, accueil par M. Jean-Luc Sibiude, Consul Général de Los Angeles
13h-14h
Entretien avec M. Luc Vanhal, Président, Vivendi Universal Games
19h30-22h Dîner à la résidence du Consul
Général
Vendredi 20 septembre
10h-12h
Entretien avec M. Zev Yaroslavsky, Président du Conseil du comté
de Los Angeles, et M. Jack Kyser, Chef-économiste du comté
12h15-14h Déjeuner à Trust Company of the West (51%
Société générale)
14h30 Visite du studio Walt Disney Feature Animation
16h Réunion avec la presse
17h-22h Tour guidé de Los Angeles et visite du Musée J. Paul
Getty
Samedi 21 septembre
10h Visite
des studios de Media Concepts (Yves Chicha), société de doublage
et d'arrangements-son
14h-16h Après-midi libre à Santa Monica
18h20 Décollage pour Paris (vol Air France 69)
Dimanche 22 septembre
14h Arrivée à Paris-Roissy Charles de Gaulle
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Une délégation du groupe interparlementaire France-Etats-Unis
s'est rendue en Californie et dans l'Etat de Washington, du 15 au 22 septembre
2002.
Le groupe interparlementaire s'était déjà rendu sur la
côte est des Etats-Unis et en Louisiane. La délégation a
donc choisi de s'intéresser, pour ce déplacement, à
l'ouest américain, région des Etats-Unis que la géographie
oriente naturellement vers l'Asie, plus que vers l'Europe. La visite
s'étant déroulée dans un contexte de campagnes
électorales
1(
*
)
peu propices aux
rencontres politiques, la mission a saisi l'opportunité qui lui
était offerte de s'intéresser plutôt à
l'effervescence économique qui caractérise cette région.
Malgré le ralentissement de la croissance américaine depuis la
fin 2000 (et trois trimestres consécutifs de récession en
2001
2(
*
)
), les Etats de Californie et de
Washington paraissent prêts pour un rebond qui semble inéluctable
à tous les acteurs. L'ouest des Etats-Unis, fidèle à son
histoire, a fait de l'économie sa « nouvelle
frontière ». Des contrastes régionaux sont
néanmoins perceptibles : si la Californie semble sortir très
rapidement d'une grave crise électrique et de l'éclatement de la
bulle internet, le Washington continue en revanche d'être affecté
par une récession qui a touché très durement les deux
secteurs emblématiques de cet Etat, à savoir
l'aéronautique et les nouvelles technologies. Pour ces deux
régions comme pour l'économie mondiale, l'avenir dépendra
beaucoup de l'évolution de la situation internationale. Toutefois,
l'ouest américain pourrait, une fois de plus, être à
l'avant-garde des évolutions économiques des prochaines
années.
La mission du groupe interparlementaire a également permis de nouer des
liens avec la communauté française présente en Californie
et dans l'Etat de Washington. C'est avec plaisir que la
délégation a pu constater que cette communauté
était présente et active dans cette partie des Etats-Unis.
A San Francisco, la délégation a étudié le secteur
des technologies de l'information, à l'Université de Stanford
(où il a été question de la recherche et des transferts de
technologies vers les milieux économiques) et lors de rencontres avec
plusieurs dirigeants d'entreprises français installés dans la
Silicon valley. Les autres sujets ayant fait l'objet d'entretiens furent la
dérégulation du secteur électrique et ses
conséquences, ainsi que la réforme de la législation
américaine en matière de gouvernement d'entreprise. La
délégation a également été reçue par
la municipalité de San Francisco et par son maire, M. William Brown.
A Seattle, le groupe interparlementaire s'est entretenu avec des dirigeants des
entreprises Microsoft, Alstom et Boeing. Parmi les nombreux sujets
abordés, ces entretiens se sont notamment préoccupés de la
crise économique qui frappe particulièrement cette région
des Etats-Unis, suite aux événements du 11 septembre 2001 et
à leurs répercussions sur le secteur aéronautique.
A Los Angeles, la délégation a rencontré des dirigeants
d'entreprises, dans les secteurs de la culture et de l'
« entertainment ». Enfin, le groupe interparlementaire a
été reçu par le superviseur du Comté de Los
Angeles, M. Zev Yaroslavsky, avec qui ont été
évoqués les problèmes politiques, économiques et
sociaux auxquels cette région de plus de 10 millions d'habitants est
confrontée.
PREMIÈRE PARTIE : LA CALIFORNIE, UN ETAT TOUJOURS TOURNÉ VERS L'AVENIR
I-DES INSTITUTIONS ORIGINALES ET UNE ÉCONOMIE PUISSANTE
A-UN ETAT AUX INSTITUTIONS ORIGINALES, PRIVILÉGIANT LA DÉMOCRATIE DIRECTE
1-Une constitution laissant une grande part d'initiative aux citoyens
Découverte en 1542, colonisée par l'Espagne
à
la fin du 18
ème
siècle, devenue mexicaine après
l'indépendance du Mexique en 1822, la Californie devint
américaine en 1846, après quelques semaines d'indépendance
(Bear flag revolution). Elle fut admise comme 31
ème
Etat de
l'Union le 9 septembre 1850, peu après que sa population eut
considérablement augmenté, en conséquence de la
Ruée vers l'or.
Ayant pour capitale politique Sacramento, l'Etat de Californie est
gouverné par des institutions
3(
*
)
mettant en oeuvre, sur le modèle de la Constitution
fédérale américaine, le principe de séparation des
pouvoirs. Avec toutefois une différence : le Parlement californien
(Assemblée et Sénat), en tant que parlement étatique, est
doté d'une compétence générale, sous réserve
du respect des textes constitutionnels (alors que le Congrès des
Etats-Unis dispose, lui, de compétences d'attribution strictement
énumérées). Quant au gouverneur
4(
*
)
, chef de l'exécutif, il est élu pour
quatre ans renouvelables une fois, à l'image du Président des
Etats-Unis. La principale originalité de la constitution californienne
réside dans la place qu'elle réserve aux procédures de
démocratie directe. Trois procédures sont, à cet
égard, particulièrement remarquables : par le
mécanisme de «
recall
», des élus
peuvent être révoqués par un vote populaire, initié
par une pétition signée par un nombre qualifié
d'électeurs ; l'
«
initiative
» permet aux citoyens de
légiférer, voire même d'adopter des amendements
constitutionnels, sans intervention des pouvoirs législatif et
exécutif (le projet, ayant fait l'objet d'une pétition, est
directement soumis au vote des électeurs) ; quant à la
procédure de «
referendum
» proprement dit,
c'est un vote de protestation, initié là encore par une
pétition, qui permet aux électeurs d'approuver ou de rejeter des
dispositions législatives déjà adoptées. Enfin, il
est notable que la Constitution de l'Etat ne peut être amendée
qu'à l'issue d'un vote populaire, après approbation de la
proposition par chaque Chambre à la majorité des deux tiers.
Bien que la constitution
5(
*
)
ait
été réécrite après la création en
1963 d'une commission de révision, elle demeure un texte long et
détaillé. Une nouvelle commission de révision de la
constitution fut créée entre 1994 et 1996 et chargée de
proposer notamment une réforme de la procédure budgétaire
et des relations entre l'Etat et les collectivités locales (villes,
comtés). En septembre 1995, cette commission présenta ses
premières conclusions : outre qu'elle proposait que le budget soit,
à l'avenir, voté pour une période de deux ans, elle
préconisait également une transformation du Parlement
bicaméral en une Chambre unique et l'élection du gouverneur et du
lieutenant-gouverneur sur un même « ticket ». Cette
réforme échoua lors de son passage devant l'Assemblée et
le Sénat.
2-Une administration locale complexe : l'exemple du Los Angeles County
L'organisation territoriale californienne n'a rien à
envier
à la nôtre pour ce qui est de sa complexité. Les
subdivisions territoriales de l'Etat sont, d'après la constitution, le
comté et la municipalité. Certaines zones n'étant pas
incluses dans le territoire d'une municipalité, relèvent
directement de l'administration du comté (« unincorporated
areas », communautés sans personnalité morale). Il
existe également des districts dits spéciaux (dotés d'une
ou de plusieurs compétences), qui peuvent être administrés
par un Conseil élu (ils sont alors dits indépendants) ou au
contraire gérés par une collectivité existante. Ces
districts peuvent être créés à l'initiative de
citoyens, après approbation du projet par une commission du comté
appelée LAFCO (
Local Agency Formation Commission
).
Il existe deux types de comtés : les comtés de droit commun
(
general law counties
, au nombre de 45 en Californie), d'une part, sont
administrés selon des règles fixées au niveau de
l'Etat ; les comtés disposant d'une charte (
charter
counties
, au nombre de 13), d'autre part, déterminent
eux-mêmes les modalités de leur organisation. Tous les
Comtés sont administrés par un Conseil de cinq directeurs, selon
une organisation dérogeant au principe de séparation des pouvoirs
car ce conseil cumule des fonctions législatives, exécutives et
quasi-judiciaires.
Le comté de Los Angeles, qui possède une charte, est le plus
peuplé de tous les Etats-Unis. Il compte 10 millions d'habitants, dont
près de 4 millions dans la ville de Los Angeles même. Son
territoire est l'un des plus riches du pays, avec un produit intérieur
brut proche de celui de la quinzième économie mondiale. Le
comté de Los Angeles est constitué de 88 villes et de 138
communautés sans personnalité morale (ces zones regroupent 1.5
millions d'habitants). Son budget annuel s'élève à 16.5
milliards de dollars et son autonomie financière est très
limitée, puisque 27% de ses ressources sont des subventions
fédérales, et 31% des subventions étatiques.
Le comté de Los Angeles agit en matière de santé et de
services sociaux : à ce titre, il gère notamment un
réseau de six hôpitaux et plusieurs centres médicaux. Trois
hôpitaux sont aujourd'hui menacés de fermeture, en raison de la
diminution des financements fédéraux.
Le comté a également des compétences en matière de
justice criminelle, de sécurité publique et de protection civile.
Le Sheriff assure la protection des citoyens habitant dans les zones hors
municipalités, ainsi que dans 41 villes qui achètent ses
services. Le Sheriff gère aussi neuf prisons, abritant 20000
détenus. Enfin, il coordonne les services d'urgence, auxquels le
comté est très attentif, l'agglomération vivant sous la
double épée de Damoclès de l'activité sismique et,
depuis le 11 septembre 2001, du terrorisme.
Enfin, le comté de Los Angeles assure la gestion de nombreux
équipements récréatifs et culturels, tels que des parcs et
plages, le Los Angeles County Museum of Art (LACMA), le Musée d'histoire
naturelle et le Centre de Musique, qui abrite notamment, sous forme de
partenariats public-privé, l'Opéra et l'Orchestre philharmonique
de Los Angeles.
Premier Etat des Etats-Unis en termes de population (35 millions d'habitants)
et troisième par son étendue (424 002 km2 ), la Californie est
également le premier Etat américain en termes
économiques.
B- PREMIER ETAT AMÉRICAIN EN TERMES ÉCONOMIQUES, LA CALIFORNIE A UN POIDS ÉQUIVALENT À CELUI DE LA FRANCE
1-Une économie puissante tournée vers le Pacifique, où la France est un investisseur important
D'après les chiffres de la Banque mondiale pour 2000, le
produit intérieur brut californien représentait, avec 1341
milliards de dollars, 13.6 % du PIB total des Etats-Unis. Ce chiffre signifie
que la Californie a un poids économique équivalent à celui
de la 5ème économie mondiale. Intégrée au
classement économique des Etats, la Californie se placerait donc juste
devant la France, dont le produit intérieur brut était en 2000 de
1294 milliards de dollars
6(
*
)
. En outre,
les activités économiques californiennes sont très
diversifiées, l'essor de la Silicon Valley et des activités de
services ne devant pas faire oublier que la Californie est aussi le premier
Etat agricole américain.
La Californie est le premier Etat exportateur des Etats-Unis. Elle
représente à elle seule 14.6 % des exportations
américaines en 2001. Les principaux secteurs exportateurs sont
l'informatique, l'audiovisuel, l'agriculture, la chimie et
l'aéronautique. Le commerce international est à l'origine d'1.5
millions d'emplois, soit plus de 10 % de l'emploi total dans le secteur
privé, ce qui a pour revers une très forte dépendance de
l'économie vis-à-vis de la conjoncture internationale. Les
principaux marchés d'exportation des produits californiens sont le
Mexique, le Japon et le Canada, ce qui résulte, d'une part, de
l'insertion au sein de l'ALENA (Association de libre-échange
nord-américain) et, d'autre part, d'une situation géographique
qui oriente naturellement la Californie vers le Pacifique et l'Asie. La France,
quant à elle, est le treizième pays de destination des produits
californiens.
Principaux clients de l'Etat de Californie (en millions de $) en 2001 7( * )
1 |
Mexique |
16 343,1 |
2 |
Japon |
14 635,1 |
3 |
Canada |
11 816,0 |
4 |
Taïwan |
5 664,5 |
5 |
Royaume-Uni |
5 588,8 |
6 |
Corée du Sud |
5 034,9 |
7 |
Chine |
4 676,1 |
8 |
Allemagne |
4 657,4 |
9 |
Pays-Bas |
4 318,2 |
10 |
Singapour |
4 226,8 |
11 |
Hong-Kong |
3 934,0 |
12 |
Malaisie |
2 554,2 |
13 |
France |
2 242,0 |
|
Total
|
106 777,0 |
(calculé d'après les données pour les 25 premiers pays
d'exportation)
La
Californie est l'Etat américain qui accueille le plus d'investissements
étrangers, les trois principaux pays investisseurs étant le
Japon, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. En 1999, Ces investissements
représentaient 115 milliards de dollars et un total de 638 000 emplois.
La France se plaçait au sixième rang des investisseurs
étrangers avec un montant de 7,2 milliards de dollars (en flux) et 47
000 emplois créés. Avec 250 implantations, la présence
économique française en Californie est donc significative.
L'investissement français y a bien sûr été
marqué par le rachat d'Universal par Vivendi en 2000, quoique le centre
de décision américain du groupe se trouve à New-York.
D'autres très grandes entreprises françaises sont
présentes en Californie : BNP-Paribas détient BancWest
Corporation (1.5 millions de clients, plus de 350 agences bancaires et 5300
emplois). BancWest résulte de la fusion de deux grandes banques de
l'ouest américain : Bank of the West, créée en 1874,
cinquième banque californienne (en termes d'actifs) et First Hawaiian
Bank, créée en 1858 qui représente 41% des
dépôts bancaires à Hawaii. Après la fusion le
1
er
novembre 1998, le groupe est devenu une filiale à 100% de
BNP-Paribas le 20 décembre 2001. Quant à la Société
générale, elle a racheté 51 % du groupe TCW (Trust Company
of the West, société de gestion d'actifs basée à
Los Angeles) en 2001. S'implanter en Californie s'est
révélé indispensable pour d'autres grandes entreprises
françaises, notamment dans le secteur des technologies de l'information
et de la communication. Ainsi, par exemple, le centre de recherche et
développement de France Télécom a ouvert un laboratoire
à San Francisco, dans la Silicon Valley avec pour objectif de
réaliser des études et développements dans le domaine du
multimédia, des communications de données et des techniques
radio-mobiles.
Par ailleurs, la présence française en Californie se traduit
aussi par l'existence de nombreux entrepreneurs qui ont créé des
entreprises petites et moyennes, dans tous les domaines, aussi bien dans les
secteurs traditionnels (services, restauration...) que dans les nouvelles
technologies de l'information et de la communication (informatique,
audiovisuel...).
2-Des difficultés économiques aggravées par le 11 septembre
En 2000,
la Californie entrait dans sa septième année d'expansion
économique. Cette longue phase de croissance a profondément
transformé l'économie californienne. La récession du
début des années 1990 a eu pour effet d'inciter la Californie
à se détourner en partie de l'industrie (et notamment de la
défense) pour s'orienter vers une économie des services
fondé sur le savoir (« knowledge-based »). La
Californie a ainsi confirmé sa position de leader dans les secteurs des
télécommunications, du multimédia, des biotechnologies,
des logiciels et d'internet. Son taux de chômage est passé de 9.4%
en 1993 à 4.7% en février 2001. La Bay Area (région de San
Francisco et de la Silicon Valley, soit neuf comtés et 6.7 millions
d'habitants) joue un rôle pionnier dans ces secteurs liés aux
nouvelles technologies : en 1998, 26 entreprises
Fortune 500
8(
*
)
y avaient leurs sièges. Parmi elles :
Apple computer, HP, Sun Microsystems, 3Com, Cisco, Oracle.
Néanmoins, l'économie californienne a subi de plein fouet le
ralentissement consécutif au 11 septembre, dans un contexte
déjà difficile marqué par la crise de
l'électricité et par le retournement de conjoncture dans le
domaine des nouvelles technologies. En 2001, les exportations californiennes
ont reculé de près de 11%. Le chômage, qui s'élevait
à 4.7 % de la population active en février 2001, est passé
à 6.3 % au premier trimestre 2002, soit un peu plus que la moyenne
américaine (5.6 %). Dans la Bay Area, le taux de chômage est
passé en un an de 2.5 % à 6 %.
Cette situation a eu des conséquences sur la population française
présente dans la Silicon Valley, avec de nombreux retours
anticipés suite aux licenciements de grands groupes (Hewlett-Packard,
CISCO...) et aux faillites et réductions d'effectifs des start-up.
II- UNE ÉTONNANTE CRISE ÉLECTRIQUE QUI N'A PAS BRISÉ L'ÉLAN TECHNOLOGIQUE CALIFORNIEN
A- LE BERCEAU DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE PRIVÉ D'ÉLECTRICITÉ : HISTOIRE DE L'ÉCHEC D'UNE DÉRÉGLEMENTATION.
Alors
même qu'elle jouait un rôle pionnier dans le développement
de la nouvelle économie, la Californie dut se résoudre à
être privée, pour un temps, de l'un des principaux bienfaits de la
deuxième révolution industrielle.
De novembre 2000 à mai 2001 en effet, 38 jours de pannes et coupures
d'électricité furent enregistrés. Un Californien sur trois
fut affecté par les conséquences de ces dysfonctionnements, qui
mirent en danger non seulement l'économie mais aussi la
sécurité publique. Cette crise fut causée par une
déréglementation mal maîtrisée, dans un contexte de
déséquilibre entre l'offre et la demande. Ce
déséquilibre fut aggravé par des pratiques pour le moins
contestables de la part des producteurs, comme l'a montré la CPUC
(California Public Utilities Commission) dans un rapport en date de septembre
2002.
1- Une déréglementation mal maîtrisée
Au
début des années 1990, les prix moyens de
l'électricité en Californie dépassaient déjà
d'environ 50% la moyenne pour les Etats-Unis. Dans un contexte de crise
économique, les entreprises menaçaient de se délocaliser.
Une réforme de grande ampleur fut donc décidée en 1996,
et mise en oeuvre par la loi AB ( Assembly Bill) n° 1890 (
The
Electric Utility Industry Restructuring Act
). Cette loi a établi les
principes suivants, applicables à compter du 31 mars 1998 :
- Les trois grandes compagnies privées (dites
investor-owned-utilities
ou IOU
)
, alors détentrices d'un
monopole sur les trois quarts des ventes au détail en Californie,
devaient céder au moins 50% de leurs centrales à combustible
fossile. Ces trois grandes sociétés _ Pacific Gas & Electric
(PG&E), Southern California Edison (SCE) et San Diego Gas and Electric
(SDG&E) _ étaient des monopoles intégrés verticalement
(assurant la production, le transport et la distribution
d'électricité). Elles durent, une fois la loi entrée en
vigueur, acheter et vendre sur le marché spot des ventes en gros
d'électricité (le Power Exchange ou PX), pour le jour même
et le lendemain.
- La régulation du réseau de transport est, depuis la
réforme, assurée par un organisme indépendant,
l'
Independant System Operator
(ISO) qui contrôle l'utilisation des
infrastructures afin d'assurer des conditions d'accès égales pour
tous les opérateurs (les IOU demeurent propriétaires de ce
réseau).
- Le marché de la vente au détail est devenu concurrentiel, ce
qui signifie que les consommateurs desservis par les IOU peuvent choisir leur
fournisseur. Les tarifs au détail furent gelés, après une
baisse initiale obligatoire de 10%, contrebalancée par la
création d'une taxe dite de transition à la concurrence. Les
compagnies municipales, desservant un quart des consommateurs, aveint toutefois
la possibilité de ne pas participer au nouveau système de
marché.
Cette organisation comportait des défauts intrinsèques qui n'ont
pas tardé à se révéler. En effet, les producteurs
d'électricité furent piégés par le gel des prix au
détail, alors qu'ils s'approvisionnaient à des prix fluctuant sur
un marché au jour le jour. La réglementation leur interdisait
tout contrat de long terme avec les producteurs, susceptibles d'assurer une
couverture contre les risques du marché. Comme le remarque la Banque
mondiale
9(
*
)
,
"cela revient à exiger de
tous les passagers d'un avion qu'ils achètent leur billet dans une vente
aux enchères obligatoire qui a lieu 30 minutes avant le
départ".
Par conséquent, confrontées à une hausse sans
précédent des prix de gros à partir du second semestre
1999, les compagnies connurent des difficultés financières
importantes. Tandis que SDG&E était autorisée à
répercuter la hausse des coûts de l'électricité sur
ses usagers (à compter de septembre 1999), PG&E était, quant
à elle, contrainte au dépôt de bilan en avril 2001.
2- Une pénurie d'infrastructures aggravée par des pratiques de rétention de l'offre
A partir
de juin 2000, la hausse des prix de gros sur le Power Exchange fut
considérable. D'environ 30$ par Mégawatt-heure en décembre
1999, les prix passèrent à environ 145$ / Mwh en juin 2000 et
à 377$ / Mwh en décembre 2000. Les épisodes de pannes
d'électricité se multiplièrent à la fin de 2000 et
en 2001.
- Pour une part, cette évolution résultait de l'insuffisance
de l'offre sur le marché, le renouvellement des infrastructures ayant
été négligé.
Depuis les années 1960 en effet, les investissements en infrastructures
n'ont pas été à la hauteur de la forte croissance
démographique californienne (environ 500 000 personnes de plus chaque
année depuis la Seconde guerre mondiale). Cette situation explique que
les prix de l'électricité était déjà plus
élevés en Californie que dans les autres Etats américains,
avant la déréglementation. Plus récemment, au cours des
années 1990, la capacité de production électrique en
Californie a baissé de 2%, tandis que les ventes au détail,
dopées par le développement de la nouvelle économie, se
sont accrues de 11% . La réglementation environnementale en est
partiellement responsable, puisqu'elle a considérablement retardé
la délivrance de permis de construire pour de nouvelles centrales. Par
conséquent, une part croissante de l'électricité
consommée par les Californiens était importée des Etats
voisins. Or la production hydroélectrique en provenance du nord-ouest
américain fut affectée par des niveaux d'eau exceptionnellement
bas. Enfin, l'augmentation du prix du gaz naturel eut également des
conséquences sur les prix de l'électricité.
- Néanmoins, ces causes économiques objectives ne sauraient
dissimuler une autre réalité, mise en évidence par la
California Public Utilities Commission dans un rapport de septembre
2002
10(
*
)
: les producteurs ont
créé les conditions d'une pénurie artificielle
d'électricité, dans le but de faire monter les prix.
L'enquête conduite par la CPUC met en cause la responsabilité des
cinq plus grands producteurs privés
11(
*
)
,
en indiquant que la plupart des pannes aurait pu être
évitée, si ces entreprises avaient utilisé pleinement
leurs capacités de production. Alors que les partisans de la
déréglementation espéraient que la concurrence ferait
baisser les prix, chaque producteur n'ayant pas individuellement de pouvoir sur
le marché, aucun système n'était prévu pour
empêcher que les producteurs sous-utilisent leurs capacités. Le
rapport de la CPUC conclut, de façon générale, à la
nécessité d'une re-réglementation. De fait, depuis les
débuts de la crise, l'Etat californien est intervenu sur le
marché, en achetant de l'électricité aux producteurs par
des contrats de long terme, pour les revendre à des prix acceptables aux
entreprises PG&E et SCE. Les pouvoirs de l'ISO ont été
accrus. Quant à la bourse de l'électricité californienne
(le PX), elle a fermé ses portes en janvier 2001. Aujourd'hui, les
autorités publiques sont redevenues des acteurs essentiels du
marché électrique californien.
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cet échec
d'un processus de déréglementation : en premier lieu, la
création de bourses de l'électricité doit aller de pair
avec la possibilité de conclure des contrats bilatéraux de long
terme, qui permettent de réduire l'incertitude sur les prix de gros. Par
ailleurs, la puissance publique doit demeurer garante de la
sécurité d'approvisionnement, puisque le marché ne
garantit pas à lui seul que les consommateurs pourront
bénéficier d'un approvisionnement continu à des prix
acceptables. Les autorités publiques doivent donc contrôler les
investissements de production, garants de la sécurité
énergétique à long terme et créer des conditions
équitables d'accès au réseau de transport. Enfin, le
marché mis en place doit être transparent, à charge pour le
régulateur de déceler d'éventuelles pratiques illicites.
B- UNE CONFIANCE INÉBRANLABLE EN L'AVENIR : L'EXEMPLE DE LA SILICON VALLEY, TOUJOURS EN QUÊTE D'UNE « NOUVELLE FRONTIÈRE »
1-Les clés du succès de la Silicon valley
« Les vainqueurs de cette compétition
mondiale
seront ceux qui pourront réunir le meilleur du design, de la
fabrication, de la recherche, de l'exécution, du marketing. Ces
différents éléments se retrouvent rarement dans un
même pays ou sur un même continent »
(Jack Welsh,
Président de General Electric).
La Silicon valley a su parfaitement tirer parti de la mondialisation, en
développant un « habitat » propice à
l'innovation, au point d'avoir acquis dans ce domaine un avantage comparatif
inégalé. D'après William F. Miller, professeur à
l'Université de Stanford, la force de la Vallée ne réside
pas seulement dans ses percées scientifiques ou technologiques, mais
aussi dans l'existence d'un milieu particulièrement favorable à
la transformation des idées en produits, mis rapidement sur le
marché grâce à la création de nouvelles entreprises.
Aucune région au monde n'a su, aussi bien que la Silicon valley, tirer
parti des synergies du couple innovation-entrepreneuriat.
Toujours selon le professeur Miller, les principales caractéristiques de
l' « habitat » siliconien sont :
-Des « règles du jeu » adéquates,
établies par les autorités publiques. Le respect de ces
règles (droit de la concurrence, de la propriété
intellectuelle etc.) est indispensable au développement
économique. Tout manquement doit être sanctionné par un
régulateur.
-L'existence de services aux entreprises, créateurs de valeur
ajoutée, en matière financière par exemple, ou en
matière de gestion des ressources humaines.
-Un fort développement du capital-risque, dans un climat
récompensant l'audace économique. A cet égard, le climat
qui règne dans la Silicon Valley est particulièrement favorable.
L'entrepreneur qui a échoué n'est pas
irrémédiablement écarté de la compétition
économique : il n'est pas considéré a priori comme
blâmable, la plupart des capital-risqueur s'attendant d'ailleurs à
ce qu'en moyenne une entreprise sur deux ferme ses portes après quelques
mois ou quelques années d'existence. Ce type d'échec est
considéré comme un événement normal dans le
processus de développement économique. Tirer parti des erreurs
commises permet à l'entrepreneur de repartir éventuellement sur
une autre voie plus prometteuse.
-La libre circulation des capitaux : c'est la condition d'une allocation
optimale des ressources.
-La circulation des idées est un autre facteur de réussite de la
Silicon Valley : elle favorise un processus
d' « apprentissage collectif »
(«
collective learning
») par des interactions
fortes entre le monde des affaires, la recherche et le secteur public. La
Silicon Valley sait profiter des savoirs acquis dans toutes les régions
du monde, grâce à ses liens au niveau mondial avec d'autres
« clusters » industriels, notamment grâce à
l'immigration.
-Enfin, le dynamisme démographique est également un facteur de la
réussite économique californienne. La population active
s'élève à 17,5 millions d'individus, pour 35 millions
d'habitants. La population californienne est en constante augmentation, 4.1
millions d'habitants supplémentaires ayant été
recensés entre 1990 et 2000. La libre circulation des personnes permet
d'employer le personnel le plus qualifié. La politique d'immigration
américaine a pris en compte cet impératif, ce qui s'est traduit
par une augmentation récente du quota de visas H1B,
réservés aux immigrants qualifiés, notamment dans les
secteurs scientifiques et technologiques. Beaucoup d'entreprises naissantes
sont créées par des migrants de première
génération.
State of
California, Department of Health Services
State of California, Department of Finance, Demographic Research Unit
(Augmentation prévisible de la population entre 2000 et 2020)
Un
exemple de promotion de la recherche au service de l'économie :
l'Office des brevets de l'Université de Stanford
L'Office of Technology Licensing (Office des brevets de l'Université de
Stanford) est l'un des organismes américains les plus actifs dans le
domaine du transfert de technologie de l'université vers l'industrie. Sa
mission se concrétise par la délivrance de brevets, dans le but
de générer un revenu qui sera utilisé pour soutenir la
recherche et l'enseignement. Le rôle de l'Office se fonde sur la loi
Bayh-Dole
12(
*
)
(du nom des deux sénateurs
qui en furent à l'origine). Ce texte établit que les droits sur
les inventions issues de la recherche universitaire subventionnée par
l'Etat fédéral sont dévolus aux Universités. La loi
autorise pour la première fois les universités à breveter
les inventions financées par le gouvernement, afin de favoriser les
transferts de technologies vers les entreprises et de rémunérer
les inventeurs et l'Université dans le but de soutenir la recherche
future.
Créé en 1970, l'Office est aujourd'hui
constitué de 25 personnes, essentiellement des experts dans les domaines
des sciences de la vie et des sciences physiques. En 2001, l'Office a
généré 41.2 m $ de revenus à partir de 371
technologies brevetées (dont 47 ont rapporté plus de 100000 $
chacune, et sept plus d'un million de $). Depuis 1970, le revenu
généré par l'activité de l'OTL
s'élève à 496 m $.
Redistribution des royalties (nettes des dépenses administratives de l'OTL) en 2001 Inventeurs9.7 m$Services ( Departments )10.5 m$Ecoles ( Schools )10.6 m$ OTL Research Incentive Fund (soutien à la recherche en amont)2 m$OTL Fellowship and Research Fund811 000 $ |
|
2-Les Français toujours présents malgré la crise
La Baie
de San Francisco et la Silicon Valley attirent de nombreux étrangers qui
y trouvent un environnement de travail particulièrement stimulant.
L'immigration générée par la pénurie de
travailleurs dans le secteur des technologies a apporté en retour un
savoir faire qui est aussi l'un des facteurs de réussite de cette
région. Les Français sont présents de façon
significative dans la Vallée, même s'ils sont peu
représentés par rapport aux Allemands, Britanniques, Indiens et
Asiatiques.
La population française autour de la Baie de San Francisco est
estimée aux alentours de 20 à 25000, dont environ 4000 à
4500 actifs dans le secteur des technologies de l'information et de la
communication
13(
*
)
. Ceux qui ne disposent pas
d'un visa permanent d'immigrant (green card) ont un visa temporaire.
Les principaux visas temporaires permettant d'entrer aux Etats-Unis
- Le
visa de type H1B, délivré pour une durée de trois ans, est
réservé aux immigrants qualifiés, notamment dans les
secteurs scientifiques et technologiques. Confrontées à une
pénurie d'informaticiens et d'ingénieurs, les autorités
américaines ont augmenté le quota alloué à ce visa
(115 000 en 2002). Toutefois, le nombre de visas H1B accordés aux
Français ne représente qu'environ 20% du total accordé
à l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ce dernier pays
représentant en 1997 plus des deux-tiers des H1B délivrés
à ces trois pays.
- Le visa J1 est accordé aux stagiaires et chercheurs se rendant aux
Etats-Unis dans le cadre d'un programme d'échange, pour une durée
inférieure ou égale à 18 mois.
- Le visa F1 concerne les personnes inscrites à plein temps dans un
organisme de formation (étudiants).
L'enquête menée par le service scientifique du Consulat
général de France à San Francisco montre que les
Français installés dans la Silicon Valley sont majoritairement
des jeunes, issus des écoles d'ingénieurs, qui souhaitent rentrer
en France après quelques années d'expérience (trois
à cinq ans) dans le secteur des TIC en Californie. La perspective d'un
retour accrédite la thèse de « cerveaux en
voyage » plutôt que celle de « cerveaux en
fuite ». Néanmoins, un tiers des personnes interrogées
lors de cette enquête soulignent le manque de perspectives
professionnelles en France, qui les a poussées à s'installer dans
l'ouest américain. Au moment de l'enquête, les créateurs
d'entreprises français dans la Silicon Valley étaient plus d'une
cinquantaine et on dénombrait environ une soixantaine de filiales
françaises du secteur des TIC installées dans la région.
Les entreprises qui ont un Français parmi leurs fondateurs sont par
exemple Be Inc, Xoom, Arraycom, Starfish, Winnov, Bravo Brava, Katalov,
Fireclick, Expertclick, Realnames, Loxxar, Pagoo, Beatware... Parmi les
filiales d'entreprises françaises implantées dans la Baie, sont
notamment présentes Bull, Gemplus, Alcatel, Sagem, Thomson et France
Télécom.
En 2001 et 2002, la présence française dans le secteur des
technologies de l'information et de la communication dans la Baie de San
Francisco a subi les conséquences de l'éclatement de la bulle
technologique. Les licenciements et les faillites n'ont pas
épargné les Français. Après trois années
d'augmentation, les écoles françaises de la région ont
connu une baisse de 3 à 7% des inscriptions des élèves en
2001 et une diminution importante des inscrits sur listes d'attente.
Dans l'ensemble, les start-ups françaises semblent avoir bien
résisté à la crise. Certaines en ont toutefois subi les
conséquences : ainsi par exemple Be Inc (créée en 1990) a
été cédée à Palm en 2001. Cette
société avait été fondée en 1990 par
Jean-Louis Gassée, qui avait commencé sa carrière chez
Apple. Be a créé le système d'exploitation BeOS, avant de
se concentrer, à partir de 1999, sur les « internet
appliances », alternatives au PC pour accéder à
internet. Après la cession à Palm, Jean-Louis Gassée a
démissionné au début de l'année 2002 et Be a
attaqué Microsoft en justice pour avoir empêché le
développement de ses activités, qui représentaient une
alternative à Windows. L'expertise des ingénieurs de Be sert
aujourd'hui à Palm, dont le système d'exploitation PalmOS 5 est
présent par exemple sur les ordinateurs de poche de Sony (gamme
Clié NX).
Bien que la crise du secteur des nouvelles technologies soit très
significative, elle ne devrait toutefois pas décourager les
Français qui souhaitent s'installer dans la Vallée, dans la
mesure où, comme on l'a vu, ceux-ci envisagent, quoi qu'il en soit, une
émigration temporaire. La présence française continuera
demain encore à représenter une richesse pour notre pays,
à condition de favoriser le retour en France de ces expatriés,
après quelques années passées dans l'ouest
américain.
DEUXIÈME PARTIE : L'ETAT DE WASHINGTON, ENTRE ESSOR ET CRISE ÉCONOMIQUE
I-LE NORD-OUEST AMÉRICAIN : PRÉSENTATION DE L'
« EVERGREEN STATE »
A-LE 42ÈME ETAT AMÉRICAIN : INTRODUCTION HISTORIQUE
Avant
l'arrivée des Européens, le territoire sur lequel se trouve
aujourd'hui l'Etat de Washington était occupé par plusieurs
tribus d'Indiens d'Amérique. Dès le 18
ème
siècle, les Européens furent attirés par le nord-ouest
américain, lieu stratégique pour le commerce des peaux et
fourrures. Suite à une grave crise diplomatique, Anglais et Espagnols
conclurent la convention de la baie de Nootka (1790), qui reconnut aux deux
puissances coloniales des droits sur la côte du nord-ouest
américain. En 1792, l'Anglais George Vancouver explora la région
du Puget Sound (bras de mer près duquel sont aujourd'hui
implantées les principales villes de l'Etat, notamment Seattle et
Olympia). Les Espagnols se retirèrent par la suite de la région,
après avoir abandonné l'espoir de trouver, dans le nord
américain, un passage entre le Pacifique et l'Atlantique.
L'implantation américaine sur ce territoire remonte symboliquement
à l'expédition de Meriwether Lewis et William Clark, qui,
après avoir parcouru environ 6 400 km, atteignirent l'océan
Pacifique le 15 novembre 1805, avant de revenir à Saint-Louis dans le
Missouri. Cette expédition, voulue par Thomas Jefferson, eut lieu
après l'acquisition de la Louisiane, qui avait ouvert la voie de
l'expansion américaine.
L'actuelle frontière entre les Etats-Unis et le Canada fut
établie en 1846, et ce qui est aujourd'hui l'Etat de Washington fut
inclus dans le Territoire américain de l'Oregon deux ans plus tard. En
1853, le Washington (qui prit alors le nom du président George
Washington) fut séparé de l'Oregon. Il connut par la suite une
période de guerres intermittentes liées aux conflits territoriaux
entre Blancs et Natifs. L'arrivée du chemin de fer stimula
l'économie du nord-ouest américain dans les années 1880,
ce qui préluda à la transformation du Territoire en un Etat de
l'Union à part entière (1889).
B-GOUVERNEMENT ET ADMINISTRATION LOCALE
Ayant
pour capitale politique Olympia, l'Etat de Washington compte près de 6
millions d'habitants (en 2001), ce qui en fait le quinzième Etat le plus
peuplé de l'Union. La population blanche représente 82% de sa
population totale. Une communauté de 94 000 natifs-américains est
également présente dans l'Etat (Indiens, Eskimos et Aleut).
Le Washington fut admis comme 42
ème
Etat américain le
11 novembre 1889. La constitution alors adoptée est toujours en vigueur.
Elle fut plusieurs fois amendée. Le Parlement washingtonien est
bicaméral, avec un Sénat élu pour quatre ans (49 Membres)
et une Chambre des Représentants élue pour deux ans (98 membres).
Le gouverneur, Gary Locke, est un démocrate qui fut élu en 1996
et réélu en 2000. Il est le premier gouverneur d'origine chinoise
dans l'histoire des Etats-Unis.
L'Etat comporte 39 comtés, dont la plupart sont administrés par
des Conseils composés de trois commissaires. Le plus grand de ces
comtés est le « King County », qui inclut la ville
de Seattle et comprend 1,7 millions d'habitants (ce qui en fait le
12
ème
comté au plan national). C'est dans le King
County que siègent les plus grandes entreprises installées dans
le Washington, notamment Boeing, Microsoft, Amazon, Starbucks et Nordstrom. Ce
comté est gouverné de façon particulière puisqu'il
comporte un Conseil législatif de 13 membres et un chef de
l'exécutif élu au suffrage universel direct. Avant de devenir
gouverneur de l'Etat, Gary Locke exerça les fonctions de chef de
l'exécutif dans le King County, un poste aujourd'hui occupé par
Ron Sims.
L'administration locale est également constituée de 268
municipalités, ayant à leur tête un maire et un conseil.
Enfin, l'Etat de Washington est représenté au niveau
fédéral par deux sénateurs et neuf Représentants.
II-UNE ÉCONOMIE EN CRISE
A-DES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES QUI SE SONT DIVERSIFIÉES AU COURS DU SIÈCLE
1-Les origines agricoles et industrielles
Autrefois connu essentiellement pour son agriculture et sa
production forestière, le Washington, qui conserve son surnom d'
« Evergreen state »
14(
*
)
, demeure un des premiers producteurs
américains dans des secteurs tels que le bois, le blé et la
pomme. La production agricole est concentrée dans la région du
Puget Sound. La pêche est également présente, dans les
ports du Pacifique. Plusieurs industries liées à cette production
agricole et forestière sont présentes (bois, papier, industrie
agro-alimentaire).
L'essor industriel de l'Etat de Washington remonte au début du
siècle. Un événement capital fut la création durant
la première guerre mondiale de l'entreprise Boeing. L'ingénieur
William Boeing, qui s'était installé sur la côte ouest en
1903 pour faire fortune dans le commerce du bois, mis au point son premier
avion en 1916, avec l'aide de George Westerwelt (l'avion fut nommé
B&W). La compagnie Boeing était née et, dans son sillage,
l'industrie du Washington allait se spécialiser dans le domaine
aéronautique. Après la seconde guerre mondiale, Boeing
était devenu le premier employeur privé de l'Etat, ce qu'il
demeure aujourd'hui.
Le Washington est aussi un important producteur d'électricité
hydroélectrique (qui représente 87% de sa production annuelle
totale d'électricité), avec six barrages sur le fleuve Columbia.
Enfin, l'Etat est également un point de passage portuaire obligé
vers l'Asie et vers l'Alaska, avec les ports de Seattle et de Tacoma.
2-Le tournant de l'informatique et des nouvelles technologies
En 1979,
la société Microsoft, fondée en 1975 par Bill Gates,
quitte le Nouveau-Mexique pour s'installer dans le Washington, à
Bellevue (puis, à partir de 1986, à Redmond), non loin de
Seattle. Dans le sillage de Microsoft, de nombreuses entreprises actives dans
le domaine du logiciel se sont installées dans la région (telles
que Nintendo, Attachmate...). Aujourd'hui, Microsoft emploie près de 26
000 personnes dans le Washington. Ce chiffre ne rend toutefois pas compte de
l'effet économique global d'une entreprise telle que Microsoft :
d'après une étude menée par Dick Conway
15(
*
)
, un économiste de Seattle, chaque emploi dans
la firme de Bill Gates soutient 3.4 autres emplois dans l'économie (ce
chiffre est de 2.5 pour Boeing). Par conséquent, Microsoft aurait
créé directement ou indirectement 128 000 emplois dans le
Washington, soit 3.6 % du nombre total d'emplois dans cet Etat.
Aujourd'hui, toutefois, on ne peut plus se contenter d'associer
l'économie du Washington à Boeing ou à Microsoft. Le
développement de la nouvelle économie a conduit à
l'apparition de plusieurs centaines de sociétés high-tech. Le
développement d'internet et des télécommunications a fait
de cette région une « Silicon forest » et cette
diversification se poursuit, avec l'essor des biotechnologies.
Boeing et Microsoft
Les données ci-dessous, publiées par le Seattle Times, montrent que Microsoft et l'industrie du logiciel sont en passe de devenir les principaux moteurs économiques du Washington. Malgré la crise actuelle du secteur aéronautique, Boeing conserve sa place de premier employeur de cet Etat.
Légende :
|
B-UN FORT RALENTISSEMENT DU RYTHME DE CROISSANCE DEPUIS DEUX ANS
1-Les déboires du secteur aéronautique
Les
difficultés de Boeing sont pour beaucoup dans la crise économique
qui affecte actuellement le Washington. Les causes en sont connues : le
choc subi par l'économie américaine à compter du second
semestre 2000 s'est aggravé à la suite du 11 septembre 2001, avec
des conséquences particulièrement rudes dans le domaine du
transport aérien. A ces événements conjoncturels, il faut
ajouter une concurrence croissante de l'Européen Airbus, aujourd'hui en
passe de dépasser son rival américain.
La production de Boeing est passée de 527 avions commerciaux en 2001
à 381 en 2002. En 2003, Boeing ne prévoit que 280 livraisons,
tandis qu'Airbus avance le chiffre de 300. Si ces chiffres sont
confirmés, l'Européen dépasserait alors pour la
première fois l'Américain en nombre d'appareils livrés. En
2001-2002, Boeing a licencié environ 20 000 personnes dans la
région du Puget Sound, en raison de la diminution des commandes. Au
cours des quatre dernières années, ce sont au total 40 000
emplois qui ont été supprimés par Boeing. D'après
le Conseil de la Prévision économique de l'Etat de Washington,
Boeing, ses fournisseurs et ses clients ne pourront pas revenir à la
croissance avant 2004. Cette évolution dépendra pour beaucoup de
la réussite du nouvel avion commercial qui devrait être
lancé prochainement par Boeing. La crise a en effet conduit à un
changement de stratégie, dont témoigne l'abandon du projet
d'avion à grande vitesse Sonic Cruiser. Le nouvel avion envisagé
devrait favoriser des technologies susceptibles de réduire les
coûts du transport aérien.
De façon générale, au cours des dernières
années, l'image de Boeing comme entreprise symbole de la région a
été sérieusement écornée par la
décision de déplacer le siège social hors du Washington.
Fondée en 1916 près de Seattle, la compagnie était
considérée comme un élément du patrimoine
historique et identitaire de la région. En mars 2001, la direction de
l'entreprise a annoncé ce déménagement, explicitement
motivé par la volonté de favoriser la création de valeur
pour les actionnaires, en choisissant une ville moins excentrée et
économiquement plus porteuse
(« business-friendly »)
16(
*
)
. L'objectif de Phil Condit, Président de
Boeing, était aussi de séparer le pôle stratégique
de l'entreprise des lieux de production, afin de permettre des décisions
plus objectives, en échappant notamment à la pression des
syndicats. En outre, Boeing souhaitait consacrer ainsi la diversification de
ses activités et son statut de géant de l'aéronautique,
au-delà de sa seule activité de constructeur d'avions
commerciaux. C'est la ville de Chicago qui fut finalement choisie pour
héberger le nouveau siège social de l'entreprise. La
décision, qui pourtant ne concernait que 500 salariés (sur les 78
000 alors employés dans le Washington) et ne remettait pas en cause
l'implantation industrielle de Boeing près de Seattle, a
néanmoins été vécue, par les salariés et par
tous les dirigeants et habitants de l'Etat, comme une trahison.
2-Une crise généralisée
En 2000,
le produit intérieur brut de l'Etat de Washington était de 220
milliards de dollars
17(
*
)
, plaçant le
Washington à la 14
ème
place nationale (l'Etat produit
2.2% de la richesse du pays). La 36
ème
conférence
économique régionale du Pacifique nord-ouest (qui s'est
réunie en mai 2002) a souligné que le Washington était
l'Etat de la région le plus touché par la récession qui a
affecté les Etats-Unis en 2001. En août 2002, le taux de
chômage du Washington (corrigé des variations saisonnières)
était de 7.2%, soit le plus élevé de tous les Etats-Unis.
L'Etat avait perdu 50 100 emplois entre août 2001 et août 2002.
De façon générale, l'économie du nord-ouest
américain est considérée comme plus cyclique que le reste
de l'économie américaine. En effet, cette région est
fortement dépendante de la conjoncture extérieure, puisque
largement tournée vers l'Asie. 33% des emplois du Washington sont
liés aux échanges internationaux. En outre, le ralentissement
économique de 2001 a particulièrement affecté les deux
secteurs emblématiques du Washington : l'aéronautique d'une
part, et les nouvelles technologies d'autre part. Des événements
comme le déplacement du siège de Boeing à Chicago et les
déboires de Microsoft devant la justice américaine
témoignent des difficultés économiques de l'Etat.
Toutefois, comme en Californie et comme aux Etats-Unis en
général, la crise a peu affecté les dépenses de
consommation, les achats de voiture et les achats immobiliers, ce qui en a
limité l'ampleur. La politique économique menée au niveau
national a joué un rôle déterminant dans le soutien de la
consommation privée au cours des années 2001 et 2002.
III-ENCOURAGER LA PRÉSENCE FRANÇAISE DANS L'ETAT DE WASHINGTON
A-UNE PRÉSENCE FRANÇAISE SIGNIFICATIVE
D'après des données fournies par le Consulat
général de France à San Francisco, dont la région
dépend, le nombre de Français immatriculés dans le
Washington était de 1403 en 2001. L'immatriculation n'étant pas
une formalité obligatoire, ce chiffre ne donne qu'une indication
imparfaite du nombre de Français réellement présents dans
la région. L'Etat compte une école franco-américaine, la
French-American school of Puget school, qui accueille les élèves
de la maternelle au CM2. Son effectif est de 200 élèves, dont 78
Français. Il existe aussi une Alliance française à
Seattle, qui propose des cours de Français.
La Chambre de Commerce franco-américaine du Pacifique Nord-Ouest,
installée à Seattle depuis 1987, recense 49 filiales
françaises dans le Washington. Ce chiffre est en forte augmentation
depuis quelques années, puisqu'il était de 22 en 1998. En 1995,
les investissements directs français dans le Washington
n'excédaient pas 300 millions de dollars. La croissance du nombre
d'implantations laisse entendre que ce chiffre a augmenté.
Principales entreprises françaises présentes dans le Washington
Industrie |
Services |
Commerce |
|
|
|
Saint-Gobain |
Publicis |
Louis Vuitton |
Thales |
Cap Gemini Ernst & Young |
Mephisto |
Cerep |
Alstom Esca |
Sephora |
Air Liquide |
Sierra Online (Vivendi Univ) |
L'Occitane |
SNECMA |
Axa |
Yves Delorme |
Zodiac Intertechnique |
|
Roche Bobois |
Sagem Morpho |
|
Cartier |
Alcatel |
|
Rail Europe |
Sarma Aerospace |
|
|
COGEMA |
|
|
Source : Chambre de commerce franco-américaine du Pacifique Nord-ouest
La
région dépend de la mission économique de San Francisco.
Sur place, c'est la Chambre de commerce franco-américaine qui offre un
service d'appui aux entreprises et de nombreux contacts d'affaires locaux.
L'Etat de Washington est le quatrième exportateur des Etats-Unis, avec
un total de 34.93 milliards de dollars d'exportation (dont 64% dans le secteur
aéronautique). La France est le 9
ème
client de l'Etat.
Principaux clients de l'Etat de Washington en 2001 (en millions de dollars )
1 |
Japon |
3 383.8 |
2 |
Singapour |
2 990.9 |
3 |
Chine |
2 928.7 |
4 |
Royaume-Uni |
2 737.3 |
5 |
Canada |
2 737.3 |
6 |
Corée du Sud |
2 131.3 |
7 |
Allemagne |
1 843.3 |
8 |
Taiwan |
1 594.2 |
9 |
France |
1 252.9 |
Source : US Census Bureau, Foreign Trade Division
B-UNE RÉGION QUI DEMEURE NÉANMOINS ISOLÉE
Malgré les progrès récents de
l'implantation
française dans le Washington, cette région continue de souffrir
d'un relatif isolement, en partie dû à son éloignement.
Certes, le Pacifique Nord-Ouest est naturellement tourné vers l'Asie,
plus que vers l'Europe, comme en témoignent les statistiques de son
commerce extérieur. Néanmoins, d'autres pays d'Europe, tels que
le Royaume-Uni ou le Danemark, favorisent, davantage que la France,
l'implantation dans le Washington.
La raison la plus évidente de l'isolement de la région Pacifique
Nord-Ouest par rapport à la France est l'absence de liaison
aérienne directe entre Paris et Seattle. Tandis que Londres est
desservie par British Airways, Copenhague par SAS et United Airlines, et
Amsterdam par KLM et Northwest Airlines, Paris est privée d'un
accès direct au nord-ouest américain. Il faut compter en moyenne
entre 14 et 17 heures de voyage entre la capitale française et celle du
Washington, ce qui constitue un handicap important pour l'implantation
française dans cette région. Au second semestre 2000 toutefois,
un représentant permanent d'Air France a été nommé
pour le nord-ouest américain.
Bien que Seattle se soit fait connaître en accueillant en novembre 1999
la Conférence de l'Organisation Mondiale du Commerce, les missions de
prospection commerciale française dans le Washington demeurent,
d'après la Chambre de commerce franco-américaine, peu nombreuses.
Les institutions officielles françaises sont elles aussi
éloignées de cette région. En 1998, le Directeur de la
CCFA, M. Jack Cowan, a été nommé Consul honoraire de
France à Seattle. Son action est relayée par le Consulat et la
Mission économique de San Francisco. Bien que cette action soit
très appréciable, il faut signaler que d'autres pays disposent de
représentations beaucoup plus étoffées, notamment le
Royaume-Uni qui se distingue avec la présence à Seattle d'un
consul, de deux vice-consuls et de trois employés. Il serait très
souhaitable que le Consul honoraire français présent à
Seattle dispose de moyens financiers plus importants et moins
aléatoires, pour appuyer son action dans cette partie des Etats-Unis.
La région du Washington, malgré la crise qu'elle subit à
l'heure actuelle, a en effet de nombreux atouts qui devraient séduire
les investisseurs. Au nombre de ces atout figurent un emplacement à
mi-chemin entre l'Europe et l'Asie, des travailleurs qualifiés dans des
domaines d'avenir, un coût de la vie qui demeure raisonnable et
probablement l'une des meilleures qualités de vie aux Etats-Unis.
ANNEXES
ANNEXE 1 : CIRCONSCRIPTIONS CONSULAIRES FRANÇAISES AUX ETATS-UNIS
Source : http://www.info-france-usa.org/fr/ambassade/consulats.asp
ANNEXE 2 : FICHES D'IDENTITÉ DE LA CALIFORNIE ET DU WASHINGTON
CALIFORNIE
Gouverneur
:
Joseph Graham Davis,
Démocrate (élu en 1998, réélu en 2002)
Législature :
State Assembly
: 48 Démocrates, 32
Républicains ; Speaker : Herb Wesson (D) ; Leader de la
majorité : Wilma Chan (D)
Senate : 25 démocrates, 15 républicains ; Président pro tempore : John Burton (D) ; Leader de la majorité : Don Perata (D)
Représentation fédérale
:
Représentants : 53 (33 Démocrates, 20 Républicains)
Sénateurs : Barbara Boxer (D), Dianne Feinstein (D)
Capitale :
Sacramento
Superficie :
424 002 km2 (4,5% du territoire
américain)
Population :
34.8 millions d'habitants (2001) soit 12,2% de la
population des Etats-Unis
Population estimée en 2025 :
54 millions
Population active :
17,5 millions (janvier 2003)
PIB :
1341 mds $ (2001) soit 13,6% du PIB total des Etats-Unis
Exportations :
107 mds $ (2001)
Revenu moyen par habitant :
32 275 $ (2000)
Taux de chômage :
6,5% (janvier 2003)
WASHINGTON
Gouverneur
:
Gary Locke, Démocrate
(élu en 1996, réélu en 2000)
Législature :
House of Representatives
: 52 Démocrates, 46
Républicains ; Speaker : Frank Chopp (D) ; Leader de la
majorité : Lynn Kessler (D)
Senate
: 25 républicains, 24 démocrates ;
Président pro tempore : Shirley Winsley (R) ; Leader de la
majorité : James West (R)
Représentation fédérale
:
Représentants : 9 (6 Démocrates, 3 Républicains)
Sénateurs : Maria Cantwell (D), Patty Murray (D)
Capitale :
Olympia
Superficie :
176 000 km2 (1,8% du territoire
américain)
Population :
6 millions d'habitants (2001) soit 2% de la population
des Etats-Unis
Population active :
3,1 m (décembre 2002)
PIB :
220 mds $ (2000) soit 2,2% du PIB total des Etats-Unis
Exportations :
35 mds $ (2001)
Revenu médian par ménage :
42 490 $ (2001)
Taux de chômage :
6,7% (octobre 2002)
1 Le 5 novembre 2002, les élections générales américaines ont renouvelé la Chambre des Représentants et un tiers du Sénat, ainsi que 36 des 50 gouverneurs. Les électeurs californiens étaient appelés à élire leurs 53 Représentants et, à l'échelon étatique, leur gouverneur, la totalité des membres de l'Assemblée de l'Etat et la moitié des sénateurs. Quant aux électeurs du Washington, ils étaient appelés à renouveler leurs 9 Représentants fédéraux et, au niveau de l'Etat, la totalité de la Chambre des Représentants et la moitié du Sénat.
2
Note de conjoncture internationale, Direction de la
Prévision (octobre 2002)
3
Sur les institutions californiennes, voir « California's
Legislature », par E. Dotson Wilson et Brian S. Ebbert (octobre
2000), disponible sur http://www.leginfo.ca.gov/califleg.html
4
Elu pour la première fois en 1998, le gouverneur Gray Davis
a été réélu en 2002
5
La première constitution californienne fut adoptée
en 1849, avant d'être remplacée par un nouveau texte en 1879.
Cette constitution fut par la suite modifiée par de nombreux amendements
( 334 entre 1880 et 1962).
6 Bien que n'étant pas un Etat souverain, la Californie est représentée à l'étranger par 12 postes économiques dont deux en Europe (Londres et Francfort), deux en Amérique, un en Afrique, un au Moyen-Orient et six en Asie. Les compétences des Etats en matière internationale sont très limitées, puisque la constitution des Etats-Unis ( Article I Section 10) leur interdit tout accord avec des pays étrangers.
7
Source : US Census Bureau, Foreign Trade
Division ; Mode de calcul : «origin of movement». L'Etat
considéré comme exportateur est celui où commence le
transport de la marchandise (ce mode de calcul s'oppose à une
méthode prenant en compte l'adresse de l'exportateur, qui peut
être un intermédiaire).
8
Classement des 500 plus grandes entreprises américaines (en
termes de chiffres d'affaires), établi par le magazine Fortune
9
Les Leçons de la crise de l'énergie en
Californie
, par John E. Besant-Jones et Bernard Tenenbaum, article paru
dans
Finances & Développement
(septembre 2001)
10
Report on Wholesale Electric Generation Investigation
,
CPUC (Septembre 2002)
11
Duke, Dynegy, Mirant, Reliant, AES/Williams. Ces entreprises (qui
représentaient alors 38% de la production d'électricité)
utilisent les capacités de production revendues par les IOU après
l'adoption de la loi AB1890.
12
University and Small Business Patent Procedure Act, adopté
le 12 décembre 1980 par le Congrès américain
13
D'après l'étude réalisée en juillet
2000 par Ludovic Ledru et Stéphane Raud,
« Présence
française en technologies de l'information autour de la baie de San
Francisco et dans la Silicon Valley »
(Mission pour la science et
la technologie, Consulat général de France à San
Francisco). Cette étude a fait l'objet d'une mise à jour en mai
2002.
14 L'Etat de Washington fut officiellement surnommé « The Evergreen State » en 1893, sur proposition d'un historien de Seattle nommé C.T Conover, en raison des abondantes forêts qui couvraient alors ce territoire et demeuraient vertes toute l'année. D'autres symboles sont reconnus par la loi de l'Etat (Outre le drapeau et le sceau du Washington, il existe d'autres insignes officiels comme le rhododendron, le chardonneret ou le sapin).
15
Et citée dans The Seattle Times (25
février 2003)
16
D'après The Seattle Times, 21 mars 2001
17 Source : Bureau of economic analysis, US Department of commerce (les chiffres pour 2001-2002 ne sont pas disponibles)