France - Liban : 2002, des preuves d'amitié viennent éclairer l'horizon
Compte rendu de la mission effectuée au Liban par une délégation du Groupe interparlementaire France-Liban du Sénat du 11 au 14 septembre 2002.
Table des matières
- COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
- PROGRAMME DE LA MISSION
-
INTRODUCTION
-
I. UNE SITUATION POLITIQUE TRÈS TENDUE
-
A. LES RIVALITÉS S'EXACERBENT ET LES DIVISIONS SE
CREUSENT
- 1. Une organisation confessionnelle des pouvoirs fragile
- 2. Des pressions accentuées sur l'opposition chrétienne
- 3. Une communauté chrétienne affaiblie par ses divisions internes
- 4. Des libertés publiques menacées
- 5. Une bouffée d'oxygène démocratique : le Mouvement pour le Renouveau Démocratique
- 6. L'appel vigoureux du synode des évêques maronites
- B. UNE SITUATION RÉGIONALE TRÈS PRÉOCCUPANTE
-
A. LES RIVALITÉS S'EXACERBENT ET LES DIVISIONS SE
CREUSENT
-
II. UNE ÉCONOMIE QUI A FRÔLÉ LA
FAILLITE
- A. LA DÉGRADATION DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE, FINANCIÈRE ET SOCIALE
- B. LA CONFÉRENCE PARIS II DU 23 NOVEMBRE 2002 : UN SUCCÈS INDÉNIABLE POUR LA RESTAURATION DE LA CONFIANCE DANS L'ÉCONOMIE LIBANAISE
- C. LA CONFIANCE DES MILIEUX ÉCONOMIQUES SEMBLE REVENUE, MAIS ELLE RESTE SUBORDONNÉE À LA MISE EN oeUVRE DE PROFONDES RÉFORMES STRUCTURELLES
-
III. DES RELATIONS BILATÉRALES PLUS QUE JAMAIS
VIVANTES
- A. UN SOUTIEN POLITIQUE JAMAIS DÉMENTI ET PARTICULIÈREMENT FÉCOND
- B - LE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE : POINT D'ORGUE DE LA COOPÉRATION ET DE L'ACTION CULTURELLES AU LIBAN.
- C - LA COOPERATION TECHNIQUE : UN HAUT NIVEAU D'ENGAGEMENT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DU LIBAN
- D - DES RELATIONS ECONOMIQUES ET COMMERCIALES TOUJOURS SOUTENUES
-
I. UNE SITUATION POLITIQUE TRÈS TENDUE
France
- Liban : 2002,
des preuves d'amitié viennent éclairer l'horizon
"Parce que c'était lui,
parce que c'était moi."
(Montaigne)
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
- M.
Adrien
GOUTEYRON
, Président du groupe interparlementaire,
Vice-Président du Sénat (Sénateur de la Haute-Loire),
- Mme Marie-Claude
BEAUDEAU
, Vice-Présidente du groupe
(Sénateur du Val d'Oise),
- M. Georges
MOULY
, Vice-Président du groupe (Sénateur de
la Corrèze),
- M. Bernard
SEILLIER
, Vice-Président du groupe (Sénateur
de l'Aveyron),
- M. André
VANTOMME
, Vice-Président du groupe
(Sénateur de l'Oise),
- M. François
ZOCCHETTO
(Sénateur de la Mayenne).
La délégation était accompagnée de Mme
Marie-Pascale
BOUTRY
, Conseiller au Sénat, Secrétaire
exécutif du groupe.
*
* *
Les
membres de la délégation expriment leur vive reconnaissance
à tous ceux qui ont contribué à son succès.
Ils souhaitent également rendre un hommage appuyé à
l'action particulièrement efficace de S.Exc. M. Philippe LECOURTIER,
Ambassadeur de France au Liban.
PROGRAMME DE LA MISSION |
Mercredi 11 septembre
7h15 : |
Départ de Roissy Charles-de-Gaulle |
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13h45 : |
Arrivée à Beyrouth. Accueil par S. Exc. M.Philippe LECOURTIER, Ambassadeur de France au Liban |
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14h30 : |
Déjeuner |
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17h 30 : |
Entretien avec le Président du Conseil des ministres, M. Rafic Hariri |
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18h30 : |
Entretien avec le Président du Parlement, M. Nabih Berri |
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20h30 : |
Dîner offert par M. l'Ambassadeur à la Résidence des Pins en l'honneur de la délégation sénatoriale |
Jeudi 12 septembre
9h30 : Départ pour Dimane, résidence d'été du Patriarche maronite |
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11h45 : Entretien avec le Patriarche maronite, Monseigneur Sfeir, suivi d'un déjeuner |
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14h30 : Visite du site des Cèdres |
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17h30 : Entretien avec M. Walid Joumblatt, Président du parti socialiste progressif |
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18h30 : Entretien avec les Conseillers du commerce extérieur |
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20h30 : Dîner au restaurant Al-Boustan à l'invitation de M. Fouad Al-Khazen |
Vendredi 13 septembre
9h : Entretien avec Cheikh Abdel Amir KABALAN, Vice-Président du Conseil Supérieur Chiite |
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10h30 : Entretien avec Cheikh Kabbani, mufti de la République |
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11h45 : Entretien avec M. Nassib Lahoud, député et Président du Mouvement pour le Renouveau démocratique, ainsi qu'avec d'autres représentants de ce Mouvement |
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13h : Entretien avec M. Michel Murr, Président du groupe d'amitié Liban-France, suivi d'un déjeuner dans sa résidence de Rabieh |
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21h : Dîner offert par M. Michel PIPELIER, Consul général, en l'honneur de la délégation sénatoriale |
Samedi 14 septembre
11h30 : Entretien avec le Président de la République, M. Emile Lahoud |
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13h00 : Déjeuner de travail à la Résidence des Pins avec S. Exc. M. Philippe LECOURTIER |
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15h40 : Départ de l'aéroport de Beyrouth |
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19h20 : Arrivée à Roissy Charles de Gaulle |
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INTRODUCTION |
« Tout ce qui concerne le Liban nous
concerne ».
Cette formule du Président Jacques CHIRAC,
notre délégation l'a elle-même ressentie, vécue
à l'occasion de la mission qu'elle a effectuée dans ce pays en
septembre dernier.
Heureuse de fouler une nouvelle fois la terre libanaise, notre
délégation est toutefois rentrée en France sans
excès d'optimisme. Depuis 1998, date de sa dernière mission, la
situation s'était dégradée sur tous les plans :
international et régional -avec l'épée de Damoclès
d'une éventuelle guerre en Irak, sur fond de fortes tensions au
Proche-Orient -, mais aussi interne au Liban, avec un paysage politique confus
et conflictuel et une économie au bord du gouffre.
Pour tout dire, notre délégation est rentrée à
Paris avec le sentiment que le pays était à la croisée des
chemins. Il pouvait s'enfoncer dans la crise ou, face à l'urgence et
avec l'aide de la communauté internationale - au premier rang la
France -, rebondir et repartir sur des bases saines.
Comme toujours au Liban, et c'est aussi ce qui nous y fascine, c'est la seconde
option qui semble s'affirmer.
Depuis cette visite de septembre, deux événements forts ont
marqué la vie libanaise, permettant un vrai regain de confiance :
le réel succès du 9
ème
Sommet de la
francophonie organisé à Beyrouth en octobre dernier et la
réussite de la conférence Paris II (en novembre), qui devrait
permettre au Liban de sortir du piège financier dans lequel il se
trouvait
((
*
)1)
.
En rentrant à Paris, nous avions quelques lueurs d'espoir. Aujourd'hui,
nous avons de réelles raisons de croire que les atouts sont à
nouveau maîtres dans le jeu libanais. Ce jeu est dans les mains de nos
amis libanais. A eux, dans l'unité et la responsabilité, de faire
en sorte que cette confiance retrouvée s'inscrive dans la durée
et qu'ils puissent vivre dans la sérénité, la
prospérité et la paix à laquelle ils aspirent.
I. UNE SITUATION POLITIQUE TRÈS TENDUE
En
1998
, année du dernier déplacement d'une
délégation de notre groupe interparlementaire au Liban,
la
situation dans ce pays nous avait semblé relativement apaisée
:
- Sur le plan intérieur, les accords de Taëf (d'octobre 1989)
étaient progressivement appliqués, marquant la fin de quinze
années de guerre civile ; les élections législatives de
1996 s'étaient déroulées dans des conditions relativement
satisfaisantes, de même que les élections municipales du printemps
1998 (les premières depuis 1963), et la perspective d'élections
municipales à l'automne 2000, illustraient un retour plus affirmé
de l'état de droit et du fonctionnement normal d'une démocratie.
Une certaine restauration de l'autorité de l'État,
accompagnée d'une réunification de l'armée et d'une
restructuration de l'administration, incitaient à l'optimisme.
- De même, la situation régionale semblait évoluer de
façon très positive, le gouvernement israélien ayant
annoncé officiellement qu'Israël reconnaissait - bien que sous
conditions - la résolution 425 du Conseil de sécurité de
l'ONU
(1)
, alors que les forces armées israéliennes
occupaient, depuis 1985, une "zone de sécurité" s'étendant
sur 800 km
2
dans le sud du Liban.
Certes, des "points noirs" subsistaient et la délégation avait,
dans le rapport qu'elle avait présenté au retour,
évoqué les
"contrastes et lumières"
qui
permettaient alors de décrire la situation nuancée du pays.
Par comparaison, la situation politique semble aujourd'hui beaucoup plus
tendue, du fait notamment de l'exacerbation des rivalités internes, mais
aussi en raison d'un contexte régional très
préoccupant.
_________
(1)
La résolution 425 du Conseil de sécurité de
l'ONU demandait un retrait unilatéral et sans conditions des troupes
israéliennes du Sud-Liban.
A. LES RIVALITÉS S'EXACERBENT ET LES DIVISIONS SE CREUSENT
1. Une organisation confessionnelle des pouvoirs fragile
Le
"Pacte national de 1943" avait organisé la répartition des
institutions politiques sur une base confessionnelle : Président de la
République maronite (Président LAHOUD), Premier ministre sunnite
(M. Rafic HARIRI) et Président du Parlement chiite (M. Nabih
BERRY). Si les accords de Taëf ont maintenu cette organisation, ils en ont
toutefois modifié l'équilibre, en particulier en réduisant
les pouvoirs du Président de la République au profit du Premier
ministre.
Dans les faits, les relations entre ces trois autorités sont
délicates et assez conflictuelles depuis deux ans, marquées par
des rivalités pour lesquelles les facteurs d'ordre personnel et
confessionnel occupent sans doute une place significative, mais auxquelles la
plus ou moins grande allégeance au voisin syrien n'est pas
étrangère.
Ces divisions de la classe politique libanaise servent en réalité
la Syrie, qui continue à se poser en arbitre des différends
libanais.
Ces différends - qui ne facilitent pas la prise de décision ni la
poursuite des réformes - s'expriment sur des dossiers très
concrets (tel que celui de la privatisation de la téléphonie
mobile).
Ces derniers temps, face à l'ampleur des difficultés
(économiques et financières, situation internationale ...), ces
rivalités se sont toutefois quelque peu apaisées. Pour combien de
temps cependant ?
De façon plus générale, il est vrai que le
confessionnalisme fait partie de l'identité libanaise et permet au
peuple libanais d'être représenté dans la diversité
de ses croyances. Il garantit aussi à chaque confession que les
évolutions démographiques ne mettront pas en péril sa
représentation au sein des institutions et, théoriquement, sa
sécurité.
Mais, décliné à tous les niveaux de l'organisation de
l'État, la question se pose néanmoins de savoir s'il ne freine
pas la réforme de l'État et de son administration. Le serpent se
mord malheureusement la queue :
le déficit démocratique
entraîne un développement du confessionnalisme et, par là
même, du clanisme et du clientélisme.
2. Des pressions accentuées sur l'opposition chrétienne
Depuis deux ans
, différentes affaires politiques
viennent régulièrement illustrer la dégradation des
relations entre le pouvoir et l'opposition chrétienne. On peut citer en
particulier :
- en août 2001, des rafles de chrétiens ;
- en 2002, le procès des membres des forces libanaises ;
- en septembre 2002, la fermeture de la chaîne de
télévision MTV - détenue par M. Gabriel MURR - et
l'invalidation de l'élection de ce dernier aux élections
législatives dans le Metn. Notre délégation a
été témoin de ce débat politico-juridique, sur fond
de guerre fratricide au sein de la famille MURR (ainsi que nous l'expliciterons
ci-après).
Il ne paraît pas excessif de dire que l'opposition chrétienne se
sent agressée, voire menacée. Il est vrai que les dissensions au
sein des chrétiens et la diversité des thèses qu'ils
défendent compliquent leur situation et les rend sans doute plus
vulnérables.
3. Une communauté chrétienne affaiblie par ses divisions internes
§
On peut aussi parler
d'antagonismes au sein du camp chrétien
. Les
divisions se traduisent par une multiplication des partis et un
développement du clientélisme.
Si personne ne semble réellement contester que les destins du Liban et
de la Syrie sont liés, l'ampleur de la présence syrienne et
surtout ses modalités le sont par une partie des chrétiens. Le
redéploiement très partiel de l'armée syrienne, pourtant
prévu par les accords de Taëf, est particulièrement
critiqué. Les avis sont partagés sur la nécessité
même de cette présence militaire (de l'ordre de 30.000 soldats
syriens).
En avril 2001, a été créé le rassemblement de
Kornet Chetwane, qui réclame notamment la stricte application des
accords de Taëf. D'autres, tels le Président LAHOUD ou M. Michel
MURR, député grec-orthodoxe, ancien ministre de
l'intérieur - auquel son fils, Elias MURR, a "succédé"
à ce portefeuille - défendent la présence syrienne comme
seule à même de garantir la sécurité, voire
l'unité, du Liban.
Mais c'est surtout l'intervention permanente de la Syrie dans les affaires
intérieures libanaises qui est contestée.
Si personne ne prône une rupture quelconque avec la Syrie,
l'opposition souhaite quant à elle un rééquilibrage des
relations entre les deux pays.
§ Le chef des Druzes, M. Walid JOUMBLATT, qui s'est rapproché
depuis deux ans des chrétiens, voit quant à lui dans la
présence syrienne un facteur de stabilité pour le Liban.
4. Des libertés publiques menacées
§
Ces tensions et divisions ont connu une phase particulièrement
aiguë avec "
l'affaire MTV
", en septembre et octobre 2002. Il a
été reproché au vainqueur des élections du Metn, M.
Gabriel MURR, d'avoir influencé le vote des électeurs, en
utilisant la chaîne de télévision MTV dont il est
propriétaire. Celle-ci s'est montrée très critique
à l'égard du pouvoir, en particulier du Président de la
République, et de la Syrie. MTV aurait ainsi enfreint la loi et le
Tribunal des Imprimés a décidé sa fermeture,
décision confirmée en appel par la cour de Cassation. Simple
décision de justice, prise en application de la loi, ou décision
politique, comme l'a qualifiée le ministre de l'Information ? La
situation, comme souvent au Liban, est complexe.
Toujours est-il que l'opposition chrétienne a vécu la fermeture
de cette chaîne de télévision, ainsi que l'invalidation de
l'élection du Metn
(2)
- pour laquelle M. Gabriel MURR
s'était vu opposer la candidature de sa nièce, fille de M. Michel
MURR - comme une répression difficilement supportable des
libertés.
Dans un communiqué, l'organisation "Reporters sans frontières" a
exprimé sa
"profonde préoccupation quant à la fermeture
de la chaîne de télévision MTV, qui est le principal outil
médiatique de l'opposition (...)"
. Elle a également
fustigé
"la violence exercée par les forces de
sécurité libanaises envers les employés de la chaîne
lors de l'application de la décision judiciaire de fermeture."
(1)
§ Plus généralement, il semble que les
services
secrets Libanais
soient de plus en plus actifs et un certain nombre de
Libanais paraissent préoccupés par la dégradation du
respect des libertés publiques.
________
(1)
Cité par le journal An Nahar du 13 septembre 2002.
(2)
Un nouveau député (M. MOUKHEIBR) a
été élu.
5. Une bouffée d'oxygène démocratique : le Mouvement pour le Renouveau Démocratique
Créé en 2001
sous l'impulsion du
député M. Nassib LAHOUD, le Mouvement pour le Renouveau
Démocratique veut rassembler autour d'idées politiques
plutôt que de confessions. Ce nouveau parti se fixe pour priorité
la défense des valeurs démocratiques et des libertés
publiques.
Il juge nécessaire l'élargissement progressif de la
"composante citoyenne"
de chaque libanais, dans le respect de son
appartenance confessionnelle et des traditions libanaises. Il prône
à cet effet l'accroissement de l'espace non confessionnel et le
développement d'un système de
"bonne gouvernance"
dans les
domaines politique, économique et social. Ses réflexions portent
également largement sur l'économie libanaise.
S'agissant de la Syrie, s'il est convaincu de la nécessité
d'entretenir de bonnes relations avec elle, ce sont ses interventions dans la
politique intérieure libanaise qui, selon lui, posent problème.
Notre délégation a pu rencontrer un certain nombre de
représentants de ce parti, de confessions variées, et avoir un
échange très franc et fructueux avec eux.
S'ils peuvent se prévaloir d'un discours moderne,
équilibré, argumenté, dépassionné et de leur
intégrité, leur audience est cependant encore limitée.
6. L'appel vigoureux du synode des évêques maronites
Dans le
contexte difficile décrit précédemment, le
4 septembre
2002
, Leurs Excellences les évêques maronites ont
décidé, pour la troisième année consécutive,
de rendre public un nouvel Appel (joint en annexe au présent rapport).
Ils y regrettent en particulier l'application au Liban, surtout d'ailleurs
parmi les chrétiens, du vieux dicton :
"diviser pour
régner"
.
Ils y dénoncent également les conséquences d'une
stratégie de
"bâton et carotte"
ou de
"promesses et
menaces"
qui favoriserait le développement de la corruption au sein
de l'administration, la dilapidation des fonds publics, la mise de la justice
"au service des intérêts des politiciens influents"
, et la
"perte du sens de la responsabilité".
Ce
troisième Appel
réitère le souhait de
l'Église maronite
"que les relations entre le Liban et la Syrie
soient assainies en appliquant les accords de Taëf, ainsi que les
résolutions des Nations-Unies"
. Il fait également part de ses
"appréhensions et craintes"
face à la situation
régionale et aux risques d'une guerre en Irak.
B. UNE SITUATION RÉGIONALE TRÈS PRÉOCCUPANTE
1. Un paysage régional assombri par le conflit israélo-palestinien
a) L'aggravation de la "question palestinienne", liée à l'enlisement du processus de paix
Il
est évident que la situation au Moyen-Orient exacerbe les tensions
internes au Liban.
Depuis notre mission de 1998, de grands pas en avant ont pourtant
été franchis, en particulier après le retrait des troupes
israéliennes du Sud-Liban (en mai 2000) - à l'exception notable
d'une enclave : la zone des fermes de Chebaa - et la poursuite du dialogue
entre Israéliens et Palestiniens, sous les encouragements vigilants des
États-Unis. La paix entre Israël et le Liban n'a cependant pas
été conclue et elle ne pourra sans doute l'être que dans le
cadre d'une négociation de paix globale dans la région, dont
l'échéance paraît s'éloigner toujours un peu plus ...
Dans ce contexte, le Liban apparaît un peu comme "l'otage" d'un processus
de négociations qui le dépasse et qu'il subit plus qu'il ne
l'influence.
Avec la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens,
s'éloigne aussi la perspective d'un règlement de la "question
palestinienne"
. Comme en 1998, voire plus encore, nos interlocuteurs ont
exprimé leurs préoccupations liées à la
présence de très nombreux Palestiniens sur le territoire libanais
: environ 300.000, davantage d'après certains (pour une population de 4
millions d'habitants, sans compter la présence massive de Syriens, au
nombre de 300 à 400.000). Or,
la situation dans les camps
palestiniens s'est sensiblement détériorée
. Ceux-ci
abritent un certain nombre d'activistes armés, auteurs d'incidents, de
crimes (mort de soldats libanais fin 1999 par exemple) et facteurs de risques,
y compris ceux liés au terrorisme international.
Un certain consensus semble exister au Liban sur le refus de l'implantation
définitive des Palestiniens sur le territoire. Comment le pays
pourrait-il d'ailleurs intégrer 300.000 personnes de confession chiite
sans bouleverser son équilibre politique ? Les autorités
libanaises sont confrontées à un arbitrage délicat : il
leur faut garantir la sécurité sur leur territoire, éviter
que les camps ne deviennent un refuge - voire un terrain d'entraînement -
commode pour des terroristes, sans pour autant trahir le lien de
solidarité qui les unit aux autres pays arabes. Ceci rend difficile le
désarmement des Palestiniens, alors qu'un sommet arabe l'a
autorisé afin qu'ils puissent se défendre en cas d'attaque par
Israël. Difficile jeu d'équilibrisme, Sabra et Chattila
étant encore dans les mémoires ...
b) La cristallisation des tensions autour de l'accès aux eaux du Ouazzani (1)
L'accès à l'eau, bien rare dans cette
région du
monde, constitue également l'un des enjeux d'importance dans les
relations entre le Liban et Israël. Le différend qui les oppose sur
le pompage par les Libanais d'une partie des eaux de la source Ouazzani
(1)
, au sud de leur territoire, était à son comble en
septembre et octobre derniers.
Nombre des personnalités que notre délégation a
rencontrées ont évoqué ce dossier épineux. Les
Libanais reprochent aux Israéliens de leur contester leurs droits sur
les eaux du Ouazzani, après avoir exploité celles-ci pendant la
période de l'occupation du Sud-Liban. Bien qu'Israël ait
déclaré en faire un
"casus belli"
, les autorités
libanaises ont poursuivi la mise en oeuvre d'un projet d'adduction d'eau au
profit de 36 villages du Sud-Liban manquant cruellement d'eau, projet portant
sur quelques mètres cubes d'eau (sur environ 150 m
3
au total).
Les gouvernements français et américain ont appelé les
deux parties à la retenue et envoyé des experts. Des rapports,
non publics, ont été commis par ces experts, français
comme américains, tandis qu'un rapport pouvait être prochainement
rendu public par la Commission européenne qui travaille à
l'élaboration d'un plan prospectif de développement de la zone
concernée.
2. Le spectre de la guerre en Irak
Bien
évidemment, nos interlocuteurs ont souvent évoqué la
menace d'une guerre en Irak et les risques qu'elle ferait peser sur la
situation géopolitique dans la région.
Chiites, sunnites et kurdes continueraient-ils à cohabiter en bonne
intelligence en Syrie, Turquie, Iran, voire même en Arabie saoudite (pour
les deux premiers) ? Ils craignent que la carte géopolitique de la
région ne vole en éclat, avec l'accord Sykes-Picot, et
n'entraîne une recomposition des États. En outre, ils ne croient
pas qu'une telle guerre puisse en aucune façon résoudre le
problème du terrorisme.
Les autorités religieuses musulmanes rencontrées, en particulier
le représentant des sunnites (cheikh Kabbani), ont clairement
exprimé qu'une offensive contre l'Irak serait comprise, dans le monde
entier, comme une offensive contre la Palestine, l'Islam et les Arabes.
________
(1)
Le fleuve Ouazzani est l'un des affluents du Hasbani (Liban-Sud)
; il prend sa source sur le territoire libanais et se jette dans le Hasbani,
toujours sur ce territoire. Le Hasbani coule ensuite en Israël et se jette
dans le lac de Tibériade, qui lui-même alimente le Jourdain.
Si aucun ne défend le bilan du Président irakien, tous se
félicitent de la position française et la soutiennent. Les
Libanais, comme les Syriens, n'ont pas envie d'avoir le feu à leur porte
... Le Président du Parlement libanais a résumé leur
position d'une expression forte, bien qu'imagée :
"les
Américains voient avec un seul oeil !"
.
II. UNE ÉCONOMIE QUI A FRÔLÉ LA FAILLITE
Fin 2002, la situation économique, financière et sociale libanaise était plus que préoccupante et la conférence Paris II, très attendue. Si celle-ci est incontestablement une réussite, elle n'affranchit cependant pas le Liban de nécessaires réformes structurelles.
A. LA DÉGRADATION DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE, FINANCIÈRE ET SOCIALE
En 1991,
l'économie libanaise était caractérisée par une
chute de l'investissement privé, un effondrement du secteur public et
une inflation galopante (de 70 %).
Les années qui ont suivi la guerre civile ont enregistré une
croissance soutenue, tirée notamment par la reconstruction (le secteur
immobilier en particulier) et le secteur bancaire (qui a financé la
dette publique). En sept ans, le PIB par tête a été
multiplié par 4 (à 4000 $) et l'inflation ramenée à
moins de 10 %. A partir de 1997 cependant, les principaux indicateurs
économiques se sont dégradés, même si quelques
signes sont encourageants.
1. Des indicateurs préoccupants ...
§
Le taux de
croissance
du PIB a chuté : 6,5 % en 1995, 2 % en 1997
et 1998, 1 % en 2001.
§ Surtout,
le niveau de la dette
s'élevait à
près de 180 % du PIB fin avril 2002 et le service de la dette absorbait
93 % des recettes de l'État (contre 88 % en 2000), rendant
problématique le financement de l'État en 2002. Les banques
libanaises, déjà exposées à hauteur de 4 fois leurs
fonds propres se sont en effet montrées plus circonspectes.
La dette extérieure publique a été multipliée par
15 en à peine dix ans.
§ Les représentants des entreprises françaises
présentes au Liban, rencontrés par notre
délégation, ont exprimé les
préoccupations du
monde économique
face au poids de cette dette, au niveau très
élevé des taux d'intérêt - qui pénalisent les
investissements et créent une économie de rentiers -, à la
fragilité du secteur bancaire libanais dans ce contexte, au manque de
visibilité pour les entreprises et aux réticences des Libanais
eux-mêmes à investir dans leur pays ...
§ Cette conjoncture a bien sûr des conséquences au
plan
social
. Le taux de chômage (estimé à 25 % environ)
augmente, celui des jeunes en particulier, incitant ces derniers à
émigrer. Cette situation exacerbe par ailleurs les ressentiments
à l'égard des Syriens : sont visés les 300.000
travailleurs syriens qui déséquilibrent le marché de
l'emploi et les importations de produits syriens à bas prix qui viennent
concurrencer les produits libanais.
Au total, la fracture sociale s'aggrave.
2. ...en dépit de quelques signes encourageants
§
Un certain nombre de
points positifs
sont toutefois venus
éclairer quelque peu cette sombre situation :
- l'introduction de la
TVA
, en février 2002, a constitué
un succès ;
- le Liban a bénéficié de
capitaux arabes
: par le
biais du tourisme, d'une part, par celui des investissements, d'autre part ;
- les tensions sur le
marché des changes
se sont un peu
atténuées au cours de l'été 2002. Étant
donné le déficit structurel très important de la balance
des paiements, la question de l'opportunité ou non d'une
dévaluation de la livre libanaise a été débattue,
dans un contexte d'économie fortement dollarisée ;
- un
accord d'association entre le Liban et l'Union européenne
a
été signé le 17 juin 2002 et le Liban a demandé
à adhérer à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC),
l'objectif étant de rapprocher la législation libanaise des
standards commerciaux internationaux ;
- en avril 2001, le Parlement libanais a adopté une loi visant à
lutter contre le blanchiment d'argent et le 21 juin 2002, le
GAFI
(Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux) a
supprimé le Liban de la liste des pays non coopératifs.
§ Le Premier ministre libanais,
M. Rafic HARIRI, souhaite
que
son gouvernement mette en oeuvre un
programme
de nature à
maîtriser la spirale de la dette et à assainir la situation
financière du Liban. Ce programme s'articule
autour de
quatre
axes
:
- la diminution du train de vie de l'État ;
- l'amélioration de la collecte des impôts et un accroissement de
la pression fiscale ;
- la restructuration de la dette publique libanaise détenue par la
banque centrale du Liban et le secteur bancaire, la baisse des taux
d'intérêt pouvant permettre une économie substantielle sur
le service de la dette en 2003 ;
- un programme de privatisation ambitieux.
B. LA CONFÉRENCE PARIS II DU 23 NOVEMBRE 2002 : UN SUCCÈS INDÉNIABLE POUR LA RESTAURATION DE LA CONFIANCE DANS L'ÉCONOMIE LIBANAISE
La
Conférence Paris II était très attendue par tous nos
interlocuteurs libanais, qui comptaient beaucoup sur la France pour mobiliser
pays amis et institutions internationales afin de sauver leur pays de la
faillite qui le guettait.
Tenue le 23 novembre 2002 sous la présidence du Président de la
République, M. Jacques CHIRAC, Paris II peut être qualifiée
de franc succès. La Conférence a réuni les responsables de
23 États et institutions internationales. De nombreux chefs de
gouvernement y ont participé en personne, de même que le
Président de la Commission européenne, les représentants
du FMI, de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de quatre
fonds arabes.
17 délégations ont proposé une
contribution
financière
dans le but de soutenir la mise en oeuvre du programme du
gouvernement libanais. Ces contributions, dont le total atteint
de 4 285
à 4 420 millions d'euros - dont 500 millions d'euros par la France
-, se répartissent comme suit :
Contributions annoncées lors de la conférence Paris II
sur
le soutien au programme de réformes économiques du Liban
En millions d'euros
|
Financement |
Projets |
Arabie Saoudite |
700 |
|
Bahrein |
200 |
|
Belgique |
35 à 70 |
|
Canada |
100 à 200 |
|
Émirats Arabes Unis |
300 |
|
France |
500 |
|
Italie |
200 |
|
Koweit |
300 |
|
Malaisie |
300 |
|
Oman |
50 |
|
Qatar |
200 |
|
Banque mondiale |
|
200 |
Union
européenne
|
20 |
80 |
Banque
Européenne
|
|
350 |
Fonds arabe de développement économique et social |
|
500 |
Fonds koweitien pour le développement |
|
150 |
Fonds monétaire arabe |
100 |
|
TOTAL |
3005 à 3140 |
1280 |
C. LA CONFIANCE DES MILIEUX ÉCONOMIQUES SEMBLE REVENUE, MAIS ELLE RESTE SUBORDONNÉE À LA MISE EN oeUVRE DE PROFONDES RÉFORMES STRUCTURELLES
L'objectif du gouvernement de M. HARIRI est d'arriver, à
l'horizon 2007, à la fois à un équilibre budgétaire
et à une baisse significative de la dette publique. Les contributions
financières annoncées à Paris II devraient permettre
d'accélérer la réduction de la charge de la dette
libanaise. Ceci est de nature à créer un climat de confiance
à même d'entraîner une baisse des taux
d'intérêt.
Paris II a d'ailleurs rapidement commencé à porter ses fruits
grâce à une chute des taux d'intérêt, à une
reconstitution des réserves de la banque centrale libanaise et à
une abondance des liquidités sur le marché. Par un accord
intervenu le 16 décembre dernier entre la Banque centrale libanaise et
l'association des banques libanaises, tous les établissements financiers
libanais sont convenus de contribuer à l'effort de Paris II en
souscrivant des bons du trésor à hauteur de 10 % de leurs
dépôts, évalués à 42 milliards de dollars.
Les contributions annoncées à Paris se mettent en place
progressivement : la Malaisie, les Émirats Arabes Unis, Koweït et
Oman ont émis leurs contributions pour un total de 950 millions de
dollars. Le concours français (prêt de 500 millions de dollars) a
été versé le 28 février dernier.
Il faut donc se féliciter du soutien apporté par la
communauté internationale et du succès de l'intermédiation
française en faveur de nos amis libanais. Le "choc de confiance"
attendu, et donc le succès réel de cette opération,
dépendront cependant essentiellement du volontarisme avec lequel les
autorités libanaises mettront en oeuvre les réformes et de la
solidarité dont elles sauront faire preuve pour sortir durablement leur
pays de l'adversité.
Le Liban s'est engagé dans un programme macro-économique
d'assainissement de la situation financière du pays articulé
autour de deux piliers principaux :
- budgétaire et fiscal (le budget 2003 - adopté le 28
février - a ramené le déficit à 8 % du PIB, contre
14 % dans la loi de finances pour 2002) ;
- politique de privatisations.
L'objectif est de parvenir à l'horizon 2007 à la fois à un
équilibre budgétaire et à une baisse significative de la
dette publique. S'agissant de la croissance, pour le gouverneur de la Banque
centrale du Liban, l'année 2003 devrait être celle de
l'ajustement, avant une reprise en 2004.
L'État libanais doit cependant continuer à renforcer sa
crédibilité, que seules des réformes structurelles
courageuses pourront restaurer sur le long terme.
Le programme de privatisations annoncé ne doit pas être davantage
différé. Ainsi, d'aucuns avancent que si EDL
(Électricité du Liban) avait été privatisée
assez tôt, les recettes issues de cette opération auraient couvert
la dette de 2002, tandis qu'une privatisation fin 2002 n'aurait payé que
les intérêts de cette dette ...
Ne conviendrait-il pas d'aller au-delà des objectifs affichés,
par exemple en réformant la fiscalité libanaise (la
répartition entre impôts directs et indirects est très
déséquilibrée, l'essentiel de l'effort portant sur les
seconds) et, plus généralement, en mettant en oeuvre un
système de "bonne gouvernance" de l'État ? De ce point de vue, la
récente introduction d'une taxe de 5 % sur les intérêts des
dépôts va dans le bon sens.
Le retournement de confiance tant attendu s'est produit. Le Président
CHIRAC a parlé d'
"engagements réciproques"
et la
communauté internationale a souhaité que les autorités
libanaises poursuivent et approfondissent leurs relations avec le FMI, afin
d'aboutir rapidement à un engagement financier significatif des
institutions financières internationales
III. DES RELATIONS BILATÉRALES PLUS QUE JAMAIS VIVANTES
Le
caractère privilégié des relations qu'entretiennent
traditionnellement la France et le Liban connaît une traduction
concrète dans de nombreux domaines :
- les relations politiques sont particulièrement fécondes ;
- les relations de coopération et d'action culturelles, dynamiques, sont
aussi stimulées par le Sommet de la francophonie ;
- la politique française de développement au Liban traduit le
haut niveau d'engagement de l'État français en faveur du Liban ;
- quant aux échanges économiques, financiers et commerciaux, ils
montrent globalement le maintien de l'intérêt des entreprises
françaises.
A. UN SOUTIEN POLITIQUE JAMAIS DÉMENTI ET PARTICULIÈREMENT FÉCOND
La Conférence Paris II précitée en est une illustration. Mais la défense continue par la France de la souveraineté libanaise, l'approfondissement des relations interparlementaires entre nos deux pays et l'organisation à Beyrouth du Sommet de la francophonie, en octobre dernier, constituent autant d'autres exemples probants de la réalité de ce soutien politique.
1. La défense de la souveraineté du Liban
Les
rencontres bilatérales de haut niveau se sont intensifiées depuis
quelques années et le Président de la République s'est
lui-même rendu quatre fois au Liban depuis avril 1996.
La position française repose sur l'affirmation constante de la
souveraineté et de l'indépendance du Liban, pays auquel nous
sommes historiquement, culturellement, humainement attachés. Sa
stabilité, dans le respect et la richesse de sa diversité, nous
paraît essentielle. Pont précieux entre l'Orient et l'Occident, le
Liban doit continuer à témoigner, à travers le vivant
exemple de son modèle original, en faveur de la démocratie et de
la tolérance.
La France, inlassablement, rappelle tant à ses interlocuteurs libanais
eux-mêmes qu'au sein des instances internationales, les conditions de la
souveraineté du Liban :
- le rétablissement de la pleine autorité de l'État
libanais sur l'ensemble de la zone libérée dans le Sud du
territoire à la suite du retrait des troupes israéliennes en mai
2000 ;
- le règlement global de la situation au Proche-Orient (incluant les
volets libanais et syrien), en vue d'une paix juste, globale et durable ;
- s'agissant de la difficile question des réfugiés palestiniens
au Liban - le refus de les voir s'implanter définitivement faisant
l'objet d'un rare consensus, ainsi qu'il a été relevé
précédemment -, elle devra faire l'objet d'un traitement
particulier de nature à garantir la cohésion du Liban, tout en
tenant compte du sort des populations concernées.
2. L'approfondissement des relations interparlementaires
La page
de la guerre civile enfin tournée, et la création d'un groupe
homologue au Parlement libanais à la suite des élections
législatives de 1996, ont permis l'organisation régulière
de missions à Beyrouth, soit dans le cadre de relations strictement
politiques (avril 1998 et septembre 2002), soit dans le cadre
d'opérations concrètes de coopération (février 2000
et février 2003, en partenariat avec l'Association des
Collectivités locales pour le Liban, présidée par notre
collègue Gérard LARCHER, vice-Président de notre groupe
interparlementaire : bibliobus, échanges entre écoles
françaises et écoles libanaises ...).
Nous nous félicitons, par ailleurs, de la signature par le
Président Christian PONCELET et le Président Nabih BERRY, le 10
octobre dernier, d'un
programme de coopération entre nos deux
assemblées
.
Cet accord s'inscrit dans la phase 2 du programme d'appui au Parlement libanais
mis en place en 1999 par le PNUD (programme des Nations-unies pour le
développement).
La coopération engagée avec le Sénat poursuit deux
objectifs : le renforcement des capacités et des compétences
administratives, d'une part, le développement de la fonction
législative, d'autre part.
Dans ce cadre, le Sénat mène des actions de formation au
bénéfice de personnels de l'administration de l'Assemblée
nationale du Liban, dans les cinq domaines suivants :
- le processus législatif,
- le vote et le contrôle de l'exécution du budget de la Nation,
- les études, recherches, renseignements et documentation,
- les relations interparlementaires,
- l'organisation et le fonctionnement de l'administration parlementaire.
Au total, cinq ou six groupes de fonctionnaires libanais francophones suivront
ces formations.
Par ailleurs, des députés libanais ont consacré la semaine
du 24 février dernier à une visite de travail au
Sénat afin d'approfondir leur connaissance du fonctionnement de notre
institution, et le Bureau de notre groupe a eu le plaisir de les recevoir pour
un déjeuner de travail très intéressant.
M. Adrien GOUTEYRON, Président de notre groupe interparlementaire, a
également participé à un séminaire organisé
à Beyrouth, du 4 au 6 février dernier, par l'Assemblée
nationale du Liban et le Programme des Nations-unies pour le
développement (PNUD), dans le cadre du « Projet pour la bonne
gouvernance dans les pays arabes » (POGAR-ONU).
Ce séminaire, qui réunissait des représentants de onze
parlements arabes, avait pour thème de réflexion « la
procédure d'élaboration des lois et la qualité
rédactionnelle des textes ». Ce séjour a
également permis à M. GOUTEYRON de dresser le bilan du
programme de coopération technique engagé par l'Assemblée
nationale libanaise, le Sénat français et le Bureau du PNUD au
Liban et de déterminer les futures activités de ce programme.
Il a, par ailleurs, été reçu par M. Nabih BERRI,
président de l'Assemblée nationale libanaise, M. Riyad
SALAMÉ, gouverneur de la banque centrale du Liban, et plusieurs
dirigeants politiques libanais. Il a enfin effectué un
déplacement à Tripoli, où il a rencontré M. Samir
CHAARANI, maire de la ville, puis a dialogué avec les étudiants
de l'université.
B - LE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE : POINT D'ORGUE DE LA COOPÉRATION ET DE L'ACTION CULTURELLES AU LIBAN.
L'organisation du 9 ème Sommet de la francophonie à Beyrouth est un signe politique et d'amitié fort manifestant le soutien de la France dans une période difficile. Elle révèle aussi la place de la langue et de la culture françaises au Liban, entretenue par notre présence culturelle active.
1. Le sommet de la francophonie : un franc succès.
Repoussée d'une année, après les
événements du 11 septembre 2001, l'organisation à Beyrouth
du 9
ème
Sommet de la francophonie a constitué en 2002
à la fois un point de consensus et une source d'espoir dans un contexte
globalement difficile. Nos interlocuteurs ont confirmé à la
délégation à quel point ce Sommet était attendu.
Tenu du 18 au 20 octobre dernier, l'événement a été
à la hauteur de ces attentes et notre groupe interparlementaire se
réjouit tant du succès qu'il a rencontré que de ses
retombées positives pour le Liban, pour l'image et le rayonnement
culturel de notre pays au Liban ainsi que pour la francophonie. Il faut aussi
saluer la remarquable organisation par les Libanais de ce premier Sommet
francophone en terre arabe.
• Beyrouth : un choix naturel
En 1914 déjà, Maurice BARRES constate sur place que
« les Libanais ont un amour pour la langue française que
beaucoup d'entre eux parlent avec une élégance bien rare chez les
étrangers ».
Pour Andrée CHÉDID,
« à la différence
du Suisse ou du Belge, le Libanais est bilingue plus par goût que par
nécessité ».
Portant son regard sur la
littérature francophone au Liban, un ancien conseiller culturel de
l'Ambassade du Liban à Paris, Abdallah NAARRAN, ajoute que certains
écrivains libanais choisissent de s'exprimer en français parce
« au-delà de leurs difficultés d'hier, se sont
toujours fait une certaine idée de la liberté, de la
fraternité et de l'universalité, concepts véhiculés
par la France qui a réussi, la première, à en faire, pour
elle et pour les autres, des vertus, voire une raison d'être. Tel est et
tel sera, en dépit des misères de l'histoire, le destin du
Liban ».
Outre qu'il aura permis de rappeler la place ancienne et éminente du
Liban dans la famille francophone, ce Sommet aura démontré le
souhait de cette famille de partager notre langue et, au-delà, des
valeurs. Comme le souligne Charles ZORGBIBE, président du comité
éditorial de la revue
Géopolitique africaine
:
« le lien culturel, noué à l'origine entre ses
membres, est devenu politique ».
• Une francophonie plus politique
L'orientation plus politique donnée au mouvement francophone par le
Sommet de Hanoï en 1997 a été pleinement confirmée
à l'occasion de ce 9
ème
Sommet. A cet égard, le
choix de Beyrouth n'était pas anodin : les prises de position sur
la situation au Proche-Orient ont permis d'affirmer à la fois la
nécessaire intégrité territoriale et souveraineté
du Liban, le droit d'Israël à des frontières reconnues ainsi
que celui des Palestiniens à un État et à un pays.
Les débats ont également largement porté sur la crise
ivoirienne, le terrorisme et bien sûr l'Irak. Sur ce dernier point, la
déclaration adoptée à Beyrouth rappelle «
la
primauté du droit international et le rôle primordial de l'ONU, en
appelle à la responsabilité collective pour résoudre la
crise et à l'Irak pour respecter pleinement toutes ses obligations,
relève avec satisfaction que l'Irak a accepté officiellement la
reprise inconditionnelle des inspections ».
• Pour une convention sur la diversité culturelle
Le choix du thème du Sommet n'était pas anodin non plus : le
dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre les mondes francophone
et arabophone.
Le message du Président de la République, M. Jacques CHIRAC, sur
cette terre libanaise était particulièrement porteur de
sens :
« La francophonie est par vocation au service du dialogue et de la
diversité des cultures. La mondialisation promet aux hommes plus de
liberté et de progrès. Nous y voyons aussi le risque de
l'uniformisation et une menace pour nos identités. Mais le repli sur soi
mènerait au déclin aussi sûrement que le renoncement
à soi. L'un des défis du monde fluide où nous vivons
désormais est d'apprendre à mieux être soi-même pour
mieux accueillir l'autre. Nous désamorcerons ainsi ce qu'Amin MAALOUF
appelle « les identités meurtrières ».
Les chefs d'État et de gouvernement présents ont souhaité
obtenir l'adoption par l'UNESCO d'une convention internationale sur la
diversité culturelle,
« consacrant le droit des
États et des gouvernements à maintenir, établir et
développer des politiques de soutien à la culture et à la
diversité culturelle »
dont
« l'objet doit
être de définir un droit applicable en matière de
diversité culturelle ».
Cette convention refuserait donc de laisser réduire les biens et
services culturels au rang de simples marchandises. Elle prônerait, au
contraire, l'égalité de toutes les cultures et le plurilinguisme.
La francophonie veut ainsi peser dans la recherche de moyens de maîtriser
la mondialisation.
• Une participation record
Au total, 54 des 55 pays membres associés et observateurs de la
Communauté francophone mondiale - qui regroupe près de 600
millions de personnes sur les cinq continents - étaient
représentés au Sommet, dont 36 par leur Chef d'État ou de
gouvernement.
Cette participation exceptionnelle, dans une capitale libanaise sous
très haute surveillance et dans un Proche-Orient en pleine
ébullition, est très encourageante, tant pour le Liban que pour
la francophonie.
2. Où en est aujourd'hui la langue française au Liban ?
Cet événement donne aussi naturellement l'occasion de faire le point sur la place réelle qu'occupe aujourd'hui la langue française au Liban, son apprentissage, son usage et les enjeux qui lui sont attachés.
Quelle place pour le français au Liban ? |
Quelques repères, chiffres et enjeux |
|
§ Une progression quantitative du français |
|
Le nombre de francophones au Liban est estimé à 1 million. |
|
49 % de la population résidente connaît la langue orale tandis que 52,8 % des Libanais adultes résidents connaissent le français écrit et oral à des degrés divers. Les plus importants taux de connaissance du français se rencontrent parmi les tranches jeunes de la population : 63 % (connaissance du français oral) chez les résidents ; 68 % (connaissance du français écrit et oral) chez les Libanais résidents âgés de 15 à 24 ans. Il apparaît ainsi que le français est quantitativement en progression. |
|
§ Une progression qualitative du français |
|
Le français connaît également une progression qualitative : 26,4 % des Libanais âgés de 15 à 19 ans connaissent moyennement ou bien le français écrit et oral, et 23 % de ceux qui ont entre 20 et 24 ans, contre 19,8 % de l'ensemble des Libanais adultes résidents, avec une supériorité significative de la population féminine. |
§ Diversité sociale et confessionnelle des francophones |
|
Les meilleurs francophones sont très nombreux parmi ceux qui exercent une profession libérale ou qui sont cadres supérieurs, mais ils sont également majoritaires parmi les cadres moyens et les employés. |
|
Si les francophones sont majoritaires au sein des communautés confessionnelles chrétiennes (maronites, grecs-orthodoxes, grecs-catholiques) à la différence des communautés confessionnelles musulmanes, la francophonie de bon niveau augmente dans toutes les communautés entre les 15-19 ans et les 30-49 ans, particulièrement dans la communauté chiite en raison d'une forte communauté libanaise chiite francophone installée en Afrique. Parallèlement, on note une augmentation du taux de francophonie élémentaire dans les communautés musulmanes alors que ce même taux baisse chez les communautés chrétiennes. |
|
§ Une progression qui n'est pas nécessairement le résultat d'une politique déterminée |
|
La forte avancée de la connaissance écrite et orale du français que l'on peut observer est à rattacher à la généralisation de la scolarisation. Elle ne découle donc pas nécessairement d'une volonté affichée de promouvoir la francophonie. |
|
§ Apprentissage et usage du français |
|
L'école publique, qui regroupe 44 % des scolarisés, ne donne pas de résultats similaires à ceux enregistrés par les écoles privées en ce qui concerne l'apprentissage du français. Pourtant, la francophonie est, au Liban, avant tout une question d'apprentissage scolaire. De plus, la majorité des bons francophones n'ont en réalité jamais l'occasion d'utiliser le français. |
|
Si la connaissance du français est en très net progrès, celle de l'anglais l'est également. Les francophones réels sont trilingues. Le danger réel réside dans le fait que la maîtrise de l'anglais à côté de celle de l'arabe puisse sembler suffisante. Un anglophone ne sera pas un bon francophone alors que l'inverse est vrai. |
|
§ Enjeux |
|
La population francophone est caractérisée par sa jeunesse . Il apparaît que s'il y a un francophone dans une famille, cela suffit pour que la proportion de l'usage du français dans le cadre familial double d'une génération sur l'autre. Par ailleurs, choisir le français peut être une stratégie pour placer ses enfants dans les meilleurs établissements scolaires. |
|
Finalement, il convient de souligner que, chez les francophones réels, il n'y a pas de répartition fonctionnelle des deux langues, arabe et française. Le Liban ne se caractérise pas seulement par le bilinguisme, mais bien par le biculturalisme . Il faut également mettre en avant la spécificité culturelle portée par le français , ainsi que le fait que le français doit être choisi comme langue étrangère puisque cela ne sera pas préjudiciable par la suite à l'apprentissage de l'anglais à un bon niveau. |
|
Ces observations montrent également l'importance à donner à l'école et à l'apprentissage scolaire du français, mais aussi à la création d'un environnement francophone qui permette à tous de réinvestir dans la vie quotidienne ce qui a été acquis dans un cadre scolaire. L'enseignement du français au cours des études universitaires est également essentiel. Or, l'enseignement de l'anglais est de plus en plus prépondérant dans les universités libanaises. Si l'on veut que le français soit la langue de la culture mais aussi de l' univers professionnel - afin que l'anglais ne devienne pas l'unique langue des affaires -, il est nécessaire qu'il soit enseigné à tous les stades de l'enseignement, y compris dans les matières scientifiques . Ceci suppose une amélioration de la formation des enseignants eux-mêmes. |
|
Un
accord de coopération culturelle, scientifique et technique a
été signé, en octobre 1993, et notre
budget de
coopération
avec le Liban est
le plus important de la
région
.
Notre présence culturelle et linguistique est
prépondérante, mais elle est confrontée au défi du
développement rapide de l'anglophonie. L'objectif est donc de la
consolider par le biais d'actions fortes, en particulier dans les domaines
suivants :
- le renforcement de l'enseignement du français dans le système
éducatif libanais ;
- le développement d'un pôle universitaire francophone à
vocation régionale ;
- la mise à niveau de notre présence dans le secteur audiovisuel,
qui est encore insuffisamment assurée aujourd'hui, ce que la
délégation de notre groupe interparlementaire avait
déjà relevé en 1998. Les émissions francophones
n'occupent que 20 % du temps d'antenne et nous attendons des autorités
libanaises qu'elles encouragent davantage le plurilinguisme au travers des
canaux audiovisuels.
C - LA COOPERATION TECHNIQUE : UN HAUT NIVEAU D'ENGAGEMENT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DU LIBAN
Dès la fin de la guerre, la France a eu à coeur
de
contribuer activement à la reconstruction et au développement du
Liban. Rappelons que, outre les accords d'apurement des arriérés
de paiements signés en 1992, des mesures financières de soutien
actif à la reconstruction du pays ont été
décidées en 1995. Cinq protocoles financiers ont
été conclus pour un montant total de 200 millions d'euros, dont
80% ont été engagés. L'aide française s'est
portée sur des secteurs stratégiques : l'eau (94 millions
d'euros), l'électricité (37 millions d'euros), l'aviation
civile (15,7 millions d'euros), mais aussi sur une assistance à la
remise à niveau des services de l'État comme le ministère
des Finances (dont 2 300 agents ont suivi un stage à l'Institut des
Finances à Beyrouth, organisme créé en coopération
avec le ministère français de l'économie et des finances.)
De nouveaux instruments prennent le relais de ces financements sur
protocoles.
Désormais, l'inscription du Liban dans la "zone de
solidarité prioritaire" et l'intervention croissante de l'Agence
Française de Développement constituent les instruments
privilégiés de notre action dans ce domaine.
1. L'inscription dans la Zone de Solidarité Prioritaire (ZSP)
Le Liban
a été inscrit dans la Zone de Solidarité Prioritaire (ZSP)
au
début
de l'année
1999,
ce qui lui permet de
recevoir des financements pour la mise en oeuvre de projets (au titre du
Fonds de Solidarité Prioritaire
-FSP).
Ce fonds, le FSP, est chargé de contribuer au développement des
pays figurant dans la ZSP par le financement, sous la forme de dons, projets et
programmes d'investissements matériels et immatériels, dans les
domaines institutionnel, social, culturel et de recherche. Les interventions du
FSP consistent principalement en des dépenses d'expertise, conseil,
formation, appui à la recherche, à l'innovation, à la
création, sans exclure un volet matériel d'accompagnement.
Outre les projets qui peuvent intéresser plusieurs pays, voire
l'ensemble des pays, le FSP peut permettre le financement de projets dans un
seul pays, qui sont exécutés dans un cadre bilatéral et
donnent lieu à la signature d'une convention de financement entre
l'ambassade et l'État bénéficiaire.
Il existe également des « Crédits
déconcentrés/
Fonds Social de
Développement
». Il s'agit d'une dotation globale,
accordée à l'ambassade pour réaliser plusieurs actions
avec, soit l'État, soit la société civile.
La coopération de proximité avec la société civile
figure, au même titre que l'appui au secteur éducatif et
universitaire, au secteur de l'audiovisuel public (radio) ou encore au secteur
agricole, parmi les priorités de l'aide bilatérale de la France
au Liban. Le Fonds Social de Développement sert ainsi
d'instrument
privilégié de la coopération française pour appuyer
des projets élaborés par les acteurs de la société
civile.
Il a pour ambition de cofinancer des projets de petite taille au
bénéfice immédiat de la population et avec sa
participation. Ses domaines d'intervention concernent aussi bien
l'éducation, la santé, la promotion des droits de l'homme et de
la démocratie. Le FSD ne finance les projets qu'à hauteur de 70%
de leur montant total, pour une contribution comprise entre environ
7 620
€ et 304.900 €,
les bénéficiaires devant
apporter au minimum 30% du montant. Les projets faisant l'objet d'un appui de
l'ambassade de France sont choisis sur avis d'un comité mixte de
sélection franco-libanais.
Deux nouveaux projets sont actuellement en cours d'instruction. L'un,
intitulé « Héritage culturel et développement
urbain » en cofinancement avec la Banque mondiale, concerne les
principales
villes anciennes
du Liban et porte sur des financements
d'infrastructures en matière d'assainissement et d'aménagement de
quartiers. L'autre consiste en un financement complémentaire à
celui accordé par protocole pour la réalisation de
cinq
stations de traitement des eaux usées.
PROPARCO
- société de promotion et de participation pour la
coopération économique, filiale de l'AFD consacrée au
financement des entreprises privées) - contribue à la promotion
et au financement du secteur privé directement (prêts, prises de
participation) ou indirectement (par le biais du refinancement des banques).
Elle a ainsi accordé une ligne de crédits de 10 millions d'euros
à la Banque Byblos, pour le refinancement de ses crédits aux
PME-PMI, en 1999. Elle a cependant dû arrêter toute activité
au Liban tant que le Liban a été inscrit sur la liste noire du
GAFI.
Le
Fonds français de l'Environnement mondial
(FFEM) participe,
quant à lui, sous forme de subventions, au financement de projets de
développement ayant un impact durable sur l'environnement mondial. Il
n'intervient qu'en appui à des projets ayant pour finalité le
développement économique et social. Au Liban, le FFEM finance des
projets dans les domaines de la protection de la couche d'ozone (9 projets), de
la biodiversité et de l'effet de serre.
2. Les interventions de l'Agence Française de Développement (AFD)
Les
financements accordés par le Groupe de l'AFD au Liban depuis
mi-1999
s'élèvent à
46,5 millions d'euros
(dont 10
millions pour la PROPARCO). L'AFD administre également les financements
accordés par le Fonds français de l'Environnement mondial (2,4
millions d'euros depuis 1997).
A la suite de l'inscription du Liban dans la Zone de Solidarité
Prioritaire, le gouvernement français a demandé à l'AFD
d'intervenir pour prendre le
relais des financements sur protocoles.
Le
domaine de l'eau
a immédiatement constitué une
priorité
en raison des importants besoins en matière
d'investissements, mais aussi de la compétitivité de l'offre
française dans ce domaine.
L'AFD a accordé quatre prêts au Conseil de Développement et
de Reconstruction (CDR), organisme emprunteur auprès des bailleurs de
fonds agissant sur autorisation du Conseil des ministres libanais. Les
financements accordés ont porté sur la mise en place d'un
Fonds d'études et de préparation du projet
, visant
à faciliter l'étude technique des projets proposés au
financement de l'AFD : la remise en état de l'alimentation en eau
potable de la région de Jezzine ; l'alimentation en eau potable de
l'agglomération de Tripoli ; l'adduction d'eau potable pour le
Sud-Liban. L'AFD a également accordé un prêt direct
à l'Université Saint-Joseph pour le financement partiel du
technopôle BERYTECH (1,5 million d'euros).
D - DES RELATIONS ECONOMIQUES ET COMMERCIALES TOUJOURS SOUTENUES
La France est aujourd'hui le premier partenaire économique du Liban : 3 ème fournisseur, 1 er investisseur, 1 er partenaire financier bilatéral.
1. Un triplement des échanges commerciaux en dix ans
Depuis
la fin du conflit, le total des échanges franco-libanais a plus que
triplé, atteignant 619 millions d'euros pour les exportations
françaises vers le Liban et 33 millions d'euros d'importations
françaises de produits libanais en 2001, ce qui fait de la France le
3
ème
fournisseur et le 6
ème
client du
Liban. Après une diminution sensible en 1998 et 1999, les
échanges commerciaux franco-libanais ont retrouvé de la vigueur
et les exportations françaises ont augmenté de 7,8 %,
dopées par la baisse des droits de douane et l'effet d'anticipation sur
l'introduction de la TVA.
Le Liban représentait en 2001 notre
14
ème
excédent commercial
et notre 3
ème
excédent
au proche et au Moyen-Orient, après les Émirats Arabes Unis et
l'Égypte. La France détient au Liban la
troisième part
de marché (8,4 % du PIB)
derrière l'Italie - premier
partenaire commercial traditionnel du Liban - et l'Allemagne, qui est
passée devant la France grâce à une politique commerciale
assez agressive menée depuis 1998.
Représentant 42 % des importations et 20 % des exportations libanaises,
l'Union européenne est le premier ensemble partenaire commercial du
Liban.
2. La France, premier investisseur étranger au Liban
Avec
près d'une centaine d'implantations, principalement concentrées
dans le domaine des services
, la France est aujourd'hui le premier
investisseur étranger au Liban (200 millions d'euros entre 1990 et
1998). Les établissements bancaires, financiers et d'assurance
constituent le noyau dur de notre présence. France
Télécom, à travers son réseau de
téléphonie mobile (250 000 abonnés), est le principal
investisseur français (270 millions d'euros), même si ses
positions sont actuellement menacées dans le cadre du programme de
privatisation de la téléphonie mobile (une procédure
d'arbitrage international a été lancée). Il est suivi par
TotalFinaElf (15,24 millions d'euros), premier distributeur de carburant dans
le pays. D'autres grands groupes sont bien implantés, soit
industriellement (Air Liquide, Alcatel Câbles, Lafarge, Colas), soit
commercialement (L'Oréal, AXA, AGF).
Cette présence est doublée par de nombreuses PMI/PME, actives
dans les secteurs en développement. Le nombre de franchisés
libanais d'entreprises françaises progresse rapidement dans le domaine
des biens et services mais aussi dans la distribution (BHV, Monoprix).
La France est le pays qui a remporté le plus grand nombre de grands
contrats liés à la reconstruction (1,07 milliard d'euros depuis
1992)
, que ce soit dans le domaine du BTP avec la façade maritime du
centre ville de Beyrouth (Bouygues), dans le domaine de la remise en
état du système électrique (EDF), dans celui des
télécommunications ou de l'eau (Vivendi, Suez-Lyonnaise des eaux,
Bouygues). Les entreprises françaises s'intéressent à des
projets à caractère privé concernant de grandes
infrastructures, mais aussi au programme de privatisation.
Les difficultés budgétaires du gouvernement et la crise
économique et financière, évoquées
précédemment, ont cependant induit un
ralentissement
des
projets de reconstruction et donc une raréfaction des grands contrats
qui lui sont liés. Globalement, les investissements internationaux au
Liban tendent à régresser.
Gageons que le récent regain de confiance en faveur de l'économie
libanaise stimulera à nouveau les échanges et les investissements
internationaux.
ANNEXE
I :
Le Liban en quelques chiffres et repères
INTITULÉ OFFICIEL: |
République libanaise
. Indépendance en
1944.
Constitution du 23 mai 1926 et révision en 1990 (accords de Taëf).
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PRÉSIDENCE: |
Toujours confiée à un Maronite. Election par le Parlement. Président actuel : M. Emile LAHOUD, élu en novembre 1998 pour 6 ans. |
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EXÉCUTIF: |
Pouvoir exécutif détenu collégialement
par
le Conseil des Ministres
(16 ministres).
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LÉGISLATIF: |
Pouvoir législatif monocaméral.
Loi
électorale du 13 août 1996. Conformément à la
constitution, le Président est toujours chiite.
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PRINCIPALES FORCES
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Le système politique repose plus sur un système néo-patrimonial et clientéliste que sur les partis politiques: Parti Kataëb (principal parti maronite), Bloc national (Chrétiens), Parti National Libéral (maronite - Dory Chamoun), Parti socialiste progressiste (druze, M. Walid Joumblatt), Amal et Hezbollah (partis chiites). |
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SUPERFICIE: |
- 10 452 Km2 |
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POPULATION: |
- 4,5 M
d'hab. dont 3,7 M de Libanais, 250.000 Palestiniens et 450.000 travailleurs
syriens. - Capitale: Beyrouth (1,5 M d'hab) - 382 hab. au km2 - Croissance :
1,8%
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ARMÉE: |
11
brigades opérationnelles (60 000 hommes)
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ECONOMIE: |
Monnaie
: 1 Euro=1508 Livres Libanaises (3 en 1980, 2.700 en 1992)
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RELATIONS BILATERALES |
Relations historiques privilégiées
(
proclamation de l'Etat du Grand Liban le 1er sept 1920
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(1) Réunion de 23 États et institutions internationales, dans le cadre du soutien au programme de réformes économiques engagé par le gouvernement libanais.